La Seine entre Héricy et l'Île aux Barbiers (Samois). |
Photos du jour.(Jacques Fillis)
C'est une balade d'un peu plus de 8 km qui nous est proposée aujourd'hui dans le petit village de Héricy situé rive droite de la Seine entre Fontaine-le-Port et Vulaines. Nous étions déjà venus en rando à Héricy en septembre 2022 (Voir photos ici) et en décembre 2018 (Voir photos ici). Cependant aucun article rendant compte de ces randos n'avait été publié sur notre Blog. Le compte rendu de cette rando du jour s'impose donc.
La température carrément estivale dont nous avons bénéficié la semaine dernière pour la rando conduite par Claude dans la Vallée de la Brosse a laissé place à à une météo beaucoup plus conforme aux normales saisonnières et nous supporterons aisément une petite laine au cours de notre promenade.
Nous nous sommes garés Rue de La Gaudine tout près du quai de Seine d'où on a une vue remarquable sur Samois sur la rive opposée. On distingue parfaitement la 🔰passerelle édifiée entre les quais de Samois et la petite Île du Berceau que nous avions parcourue lors d'une belle rando conduite par Christine en juin 2023 (Voir CR ici).
Il enjambait le fleuve dans le prolongement de la Rue de la Gaudine où nous sommes garés jusqu'à la petite Île du Berceau qu'une voie traversait. Une dernière arche permettait d'atteindre le quai à Samois. Sa structure passait ainsi non loin de la pointe amont de la vaste Île aux Barbiers qui, elle, conservait sa totale insularité.
Seul ouvrage entre Melun et Montereau, ce pont est à l'origine du développement du village. C’est sans doute au 14ème siècle que le pont est pourvu de tours et que la cité s’entoure de murailles et de douves. Avec ses grosses portes fortifiées au sud et au nord, Héricy mérite alors le titre de ville.
Cependant ce pont fut un objectif stratégique tout au long des guerres de cent ans, pendant les guerres de religions, tantôt à tenir ou à détruire, tantôt à réparer ou reconstruire.
Il sera finalement emporté par la crue de la Seine de janvier 1658. Les documents graphiques en montrent le délabrement progressif : les arches qui subsistaient au milieu du lit se sont écroulées en 1839. Côté Héricy, les trois arches attenantes à la berge dont l'une supportait un moulin ont subsisté jusqu'en 1843. En 1844, ce qui restait du pont est dynamité pour permettre l’aménagement hydraulique de la Seine.
Photo Jacques Fillis. |
Photo Jacques Fillis. |
🔰Le coiffeur possède un sens de l'humour so british. Nous passons devant la 🔰Salle de l'Orangerie qui est la salle des Fêtes du village puis pénétrons un peu plus loin dans la cour qui s'ouvre sur le parc de la Mairie. Des petits élèves de l'école maternelle qui jouxte le parc profitent de ce bel espace pour se livrer aux exercices que leur propose la maîtresse. Nous nous engageons pour un petit tour du parc, foulons la pelouse sommairement fauchée d'un terrain de foot peu praticable et retournons vers le 🔰lavoir dont les eaux cristallines ont été colonisées par toutes sortes de poissons, des carpes de belle taille, des poissons rouges, des gardons, etc...
Nous contournons le lavoir et entrons dans le jardin du Château au milieu duquel un 🔰jet d'eau anime un petit bassin circulaire. C'est Alexandre Stoppa, colonel de la Garde Suisse, lieutenant général des armées de Louis XIV qui se fit construire ce joli château en 1688. Près de deux siècles plus tard, en 1850, le château fut racheté par Charles Boucher, grand-père maternel du célèbre peintre orientaliste 🔰Etienne Dinet.
Ce dernier y passa, enfant, ses vacances et y exécuta ses premières œuvres. Durant la Première Guerre mondiale, la famille Dinet transforme le château familial d'Héricy en hôpital pour accueillir les blessés de guerre.
En 1958, ce château fut racheté pour le compte de la commune et devint la mairie. Une ancienne dépendance du château devant laquelle nous passons maintenant servit de caserne des pompiers avant d'être reconvertie en 🔰médiathèque municipale.
En 1958, ce château fut racheté pour le compte de la commune et devint la mairie. Une ancienne dépendance du château devant laquelle nous passons maintenant servit de caserne des pompiers avant d'être reconvertie en 🔰médiathèque municipale.
Nous franchissons le beau
🔰porche
de style Henry IV, passons devant les bâtiments de l'école élémentaire. Un petit escalier flanqué de deux toboggans conduit sur le chemin de l'église qui longe la cour de l'école où les enfants s'affairent dans un bruyant enthousiasme. Certains saluent joyeusement la troupe de mamies et de papis que nous représentons à leurs yeux.
Nous sommes à présent sur le parvis enherbé de l'Église Sainte-Geneviève.
Sainte Geneviève, patronne du village, aurait, selon la légende, fait escale à Héricy vers 451 pour y rassembler des vivres et les convoyer par la Seine aux Parisiens assiégés par les Huns.
Cet édifice comprend trois nefs, dont les dimensions témoignent de l’importance de l’ancienne cité. À l’origine, l’église était accolée à une toute petite chapelle de cimetière très ancienne, devenue la sacristie. A la fin du 15ème siècle, l’église a été agrandie par son bas-côté sud ; un grand portail central fut ajouté. Les statues qui l’ornaient furent démolies par les protestants lors des guerres de religions. Elle ne sera achevée définitivement qu'à la fin du 16ème siècle avec son bas-côté nord.
Sainte Geneviève, patronne du village, aurait, selon la légende, fait escale à Héricy vers 451 pour y rassembler des vivres et les convoyer par la Seine aux Parisiens assiégés par les Huns.
Cet édifice comprend trois nefs, dont les dimensions témoignent de l’importance de l’ancienne cité. À l’origine, l’église était accolée à une toute petite chapelle de cimetière très ancienne, devenue la sacristie. A la fin du 15ème siècle, l’église a été agrandie par son bas-côté sud ; un grand portail central fut ajouté. Les statues qui l’ornaient furent démolies par les protestants lors des guerres de religions. Elle ne sera achevée définitivement qu'à la fin du 16ème siècle avec son bas-côté nord.
Le coteau de la Brosse (jadis appelé la "Montagne de la Brosse").
Nous nous engageons entre deux murs de pierre dans la Rue du Fossé Chevalier ; à notre gauche : le mur d'enceinte du parc de la Mairie, à notre droite le mur d'enceinte de la très belle propriété du 59 de la Rue de Barbeau. Nous parvenons ainsi sur le quai de Seine à l'extrémité sud du parc de la Mairie où s'élève un petit pavillon carré. Une 🔰plaque sur un mur nous apprend que ce petit pavillon abritait l'atelier du peintre orientaliste Étienne Dinet au début de sa carrière. La famille possédant le château, il suffisait au jeune Étienne de traverser le parc pour rejoindre l'intimité de son atelier d'où il avait une vue imprenable, au sud, sur la Seine et sur l'Île aux Barbiers et au nord sur les jardins de la propriété familiale.
Nous longeons le chemin de halage vers l'aval jusqu'à sa jonction avec la Rue de Barbeau. Des arbres immenses, probablement fragilisés par les crues abondantes des derniers mois ont dû être tronçonnés ne laissant au regard que leurs énormes souches dont on se plaît à imaginer qu'elles pourraient être sculptées par quelque artiste local soucieux de mettre sa maîtrise au service de la mise en valeur de ces lieux tellement privilégiés.
Nous arpentons maintenant le coteau. Nous nous arrêtons un instant devant la grille de l'insolite Cave Sainte Geneviève. En échange des travaux d’aménagement, Alexandre Stoppa, notre colonel de la Garde suisse, bâtisseur du château, obtint l’autorisation de construire une canalisation nommée la "Cave Sainte Geneviève" pour amener l’eau des sources du coteau à sa propriété. Encore aujourd’hui, elle alimente le jet d’eau de la mairie et le lavoir du château.
Tout près de cette "cave", un étroit chemin entre deux propriétés pourrait permettre de rejoindre le sentier des Fontaines pour finir l'ascension du coteau. Cependant, l'envahissement de la minuscule sente par des ronces hostiles nous oblige à rebrousser chemin. C'est donc par les rues plutôt que par les sentes que nous allons poursuivre.
C'est un peu dommage car ces sentes multiples sont authentiquement caractéristiques de Héricy. Elles sont un témoignage du passé viticole du village et de ses hameaux :"la Brosse" et "Fontaineroux" qui étaient reliés au bourg et au port par de nombreux sentiers.
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Ravages du phylloxéra. |
Cette puissante abbaye cistercienne avait dû quitter son ancienne implantation à Seine-Port pour des raisons de salubrité. Les moines habiles viticulteurs ont ainsi inauguré le destin agricole des villages alentour.
Plus tard, l'implantation du Chemin de Fer et de son implacable tranchée coupant les parcelles viticoles sur le coteau avait très sérieusement affecté l'exploitation. La petite mouche américaine dévastatrice, le phylloxéra, remontant inexorablement la vallée du Rhône a fini par sonner le glas du travail de la vigne dans toute la région. Les vignes arrachées vont être remplacées par des vergers de pommiers. Les aménagements connexes permirent d’araser le raidillon qui séparait Héricy et la Brosse et d’accéder plus facilement à la place du puits.
C'est de cette facilité dont nous profitons pour rejoindre sans encombre la petite place de la Brosse avec son joli puits couvert. Ici, dans une des granges de la place, on pressait le raisin. Dans une autre grange, se trouvait l’alambic pour faire le marc. Le puits n’est plus en service depuis les années 1970.
Accident de chemin de fer.
Le petit chemin du Pont Philippe nous permet de traverser le petit "Ru de Froideur" qui longe la "Route des Vallées" que nous descendons vers la voie de chemin de fer.
(Je dois préciser ici, pour les amateurs de bonne cuisine, qu'en remontant cette "Route des Vallées" jusqu'à son intersection avec la "Rue des Ânes", nous aurions trouvé le "Domaine du Jardin" où s'est installé un restaurant de très belle réputation "l'Âme du Jardin" dont le chef Sébastien Tasset vient récemment de recevoir le Trophée Terroir d'Exception de Gault & Millau.)
Nous voici arrivés au passage piétonnier sur les voies de la ligne R du Transilien. Ce passage est abondamment utilisé par les habitants de la Brosse pour rejoindre le centre du village. Aussi grande fut leur frustration, voire leur colère quand ils découvrirent un jour de novembre 2021 que des barrières avaient été lourdement mises en place empêchant toute utilisation du précieux passage.
Un adolescent de 14 ans, domicilié dans le village, le lundi 8 novembre 2021, vers 9 heures, voulant traverser les voies fut heurté par un train qui passait ici à plus de 100km/h. Vraisemblablement en raison du léger brouillard et encore plus vraisemblablement en raison de l'absorption de son attention par l'écran de son smartphone, le jeune garçon n'avait pas vu arriver le train. Par miracle, ses jours n'ont pas été mis en danger.
La Mairie avait alors pris la décision immédiate de fermer le passage en attendant de promouvoir des solutions, en accord avec la SNCF, permettant d'améliorer la sécurité. Les négociations entre les différentes parties se sont malheureusement éternisées au grand désarroi des riverains, et ce n'est que fin juin 2024, après quelques dizaines de mois de polémique, que le petit passage piétonnier fut enfin réouvert, pourvu d'une signalisation ostensible censée galvaniser les plus distraits.
Nous franchissons donc les voies de chemin de fer aussi prudemment qu'il nous est conseillé. La Rue Saint Marc nous conduira sur la berge de Seine que nous allons suivre sur quelques dizaines de mètres avant de retrouver nos véhicules sur le petit parking tout en herbe de la Rue de la Gaudine.
Gentilé
Héricy : 2 511 habitants
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Héricéens / Héricéennes
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Samois : 2 066 habitants
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Samoisiens / Samoisiennes
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Farandole de jeunes filles. Etienne Dinet, peintre passionné d'Algérie. |