dimanche 20 septembre 2020

Notre séjour à Beg Porz (Kerfany-les-Pins/Moëllan) du 13/09/2020 au 20/09/2020.

Les photos de Didier.
Ce fut une particulièrement bonne idée d'avoir sélectionné ce bord du Bélon dans le Finistère Sud pour y passer, en toute quiètude, une semaine généreusement ensoleillée sous une douce température estivale pendant que le reste du pays ployait sous les chaleurs caniculaires d'un été indien torride. Merci François pour ton sens aiguisé de nos attentes en matière de confort climatique.
(Cliquez sur les images pour les voir dans leur taille originale.)

Domaine Maritime de Beg Porz.
Beg Porz, un site remarquable.

Le directeur du domaine nous accueille chaleureusement et nous dit quelques mots sur l'histoire des lieux. Il y a 57 ans fut créé un centre de vacances et de loisirs, dans la propriété des grandes huîtrières du Bélon. Quatorze ans plus tard, le centre fut racheté par la Mutualité sociale agricole de l'Isère.  Objectif : lutter contre le crétinisme goîtreux qui affectait ceux qu'on appelait les "crétins des Alpes" qui souffraient d'un ensemble de troubles physiques et mentaux dû au manque d'iode dans les régions de montagne. La Mutualité sociale agricole souhaitait combattre ce problème en envoyant les enfants prendre une bonne dose d'iode, là où il est naturellement abondant.
Notre excellent guide, Olivier, se présente à son tour et nous communique le programme des randos qui consiste en une quinzaine de kilomètres quotidiens  sur les sentiers côtiers où le concept de plat est tout relatif tant l'enchaînement de montées et de descentes dans des secteurs quelquefois escarpés est caractéristique de cette côte rocheuse à rias.

Un tout petit peu d'histoire...
Ici, en Cornouaille, on se plaît à dire qu'on est dans la "vraie Bretagne" et que la frontière avec le Morbihan est celle qui la sépare de la France. La plaisanterie révèle cependant un sentiment d'appartenance et d'identité particulière dont l'origine puise sans doute dans la pérennisation de la langue bretonne et dans l'histoire quelquefois agitée et toujours complexe des peuples installés ou venus s'installer dans la région.

Dolmens et menhirs attestent de la prèsence humaine depuis plusieurs millénaires. Puis les peuples armoricains eurent à connaître et parfois à résister contre la romanisation puis la christianisation. 

Les Mérovingiens puis les Carolingiens tentent d'intégrer cette région au royaume franc, avec des succès limités et éphémères. 

Nominoë, (800-851), fut souverain de Bretagne de 845 à 851. Il fut à l'origine de la naissance d'une Bretagne unifiée et indépendante, d'où le qualificatif de père de la Patrie. Mais ce Royaume s'effondre rapidement et un Duché lui succéde qui mena pendant plus de 600 ans une politique d'indépendance par rapports aux royaumes de France et d'Angleterre.

Le Duché naît en 936, en plein cœur de l'occupation de la Bretagne par les troupes vikings du chef Incon. Alain Barbetorte, libère le pays du joug normand et devient alors le premier duc de Bretagne. S'en suivit une impressionnante liste de Ducs qui vont se succéder jusqu'en 1547 quasiment sans interruption.  Le duché représentait un enjeu géostratégique considérable pour les deux grandes puissances (France et l'Angleterre). Cependant les Ducs  réussirent à affirmer la puissance de l'État breton toujours indépendant.
Au XVIéme siècle, le royaume de France, en guerre contre le Duché, réussit à effectuer un premier rapprochement, avec le mariage de la duchesse Anne au Roi Charles VII qui obtient tout droit sur le Duché.
Anne de Bretagne

Anne devenue veuve se remarie avec le nouveau Roi de France Louis XII. Enfin Claude, fille d'Anne, épouse François Ier qui organise habilement l'intégration progressive du Duché à la Couronne de France.
En 1532, l'union du duché de Bretagne et du royaume de France est proclamée. Celle-ci sera effective en 1547 lors de l’accession au trône de France du dernier duc de Bretagne, Henri. La nouvelle province française gardera cependant une grande autonomie, son propre parlement national, son caractère de nation à part entière et ses privilèges jusqu'à la Révolution française de 1789, qui l'en dépossédera.




Le drapeau breton : le Gwenn ha Du.



Au cours d'une nos randos, Olivier, apercevant un "Gwenn ha Du" flottant au dessus d'une maison, nous explique l'origine de ce drapeau. Le premier Gwenn ha Du est créé entre 1923 et 1925 par Morvan Marchal, architecte et militant indépendantiste breton. On devine l'influence du design du drapeau des USA sur l'auteur.
Les neuf bandes représentent les provinces historiques. Les quatre bandes blanches sont choisies pour représenter les régions dans lesquelles le breton est parlé, et les cinq bandes noires celles où le gallo est parlé. Le carré d'hermines est gardé comme référence à l'ancien duché. Au cours de la visite de Pont Aven, Olivier reviendra sur le sujet et nous contera la belle légende de l'Hermine :  

En l’hiver de l’an de grâce 1327,  le duc Jean III s’en revenant  d’une chasse, un jour d'hiver, fut témoin d’une scène pour le moins édifiante. Un groupe de paysans avait acculé au bord d’un ruisseau aux eaux boueuses une hermine au blanc pelage. Celle-ci, pour une raison inconnue (les hermines sont bonnes nageuses) faisait audacieusement face à ses agresseurs. Jean conclut que le délicat animal préférait  mourir plutôt que de souiller sa fourrure immaculée. Le Duc demanda immédiatement la grâce de l'animal et associa à l’emblème de la Bretagne cette noble devise : Kentoc’h mervel eget bezan saotret (Plutôt la mort que la souillure).



D'abord la mer, ses paysages, les ressources qu'elle offre aux hommes. Rias et Abers..
Port Manec'h. Embouchure des deus rias : l'Aven à gauche et le Bélon à gauche.

Olivier, nous indique que les deux noms "Aber" et "Ria" désignent la même chose à savoir une baie étroite allongée, profonde formée dans la partie inférieure d'un fleuve côtier envahie par la mer dont les marées en façonnent progressivement le relief. "Aber" est utilisé au nord de la région : Aber-Wrac'h, Aber -Benoît etc (des petits malins s'empressent de citer l'Aber-Assion et l'Aber-Ézina 😂). Le nom "Ria" a été adopté au sud : les quatre principaux rias du Finistère sud sont l'Odet, l'Aven, le Bélon, la Laïta.  Le Bélon est réputé pour ses fameuses huîtres plates au goût de noisette. L'Aven fut longtemps exploité pour le transport du granite. Ces rias protégés des tumultes de l'océan abritent ces petits ports que nous avons eu le plaisir de visiter : Port du Bélon, Brigneau sur la rivière due Brigneau, Port Doëlan sur l'anse du Doëlan, Port Merrien, Port Manec'h à l'embouchure commune de l'Aven et du Bélon, Port du Pouldu sur la Laïta.

Le GR34, le sentier des "douaniers".
C'est le chemin de Grande Randonnée préféré des Français. Du Mont Saint Michel à Saint Nazaire, il suit au plus près la magnifique côte bretonne, en contourne les abers et les rias, les criques, les anses et les baies  soit, sur plus de 1800 km, un incroyable condensé de la Bretagne, offrant constamment d’imprenables vues sur la mer, sur tout ce qu’elle recèle de merveilles naturelles et bâties, de pointes rocheuses, de côtes sauvages, de jolies plages, de zones dunaires.
 
Fortin de Houard - La maison des douaniers.

Au XVIIIème siècle, on ne parle pas encore d’évasion fiscale mais la taxe sur les marchandises, mise en place en 1667, a pour effet de créer de nombreuses vocations de contrebandiers. Afin de lutter contre leurs commerces illégaux et les débarquements frauduleux, le premier sentier douanier est créé en 1791, le long du littoral breton. Il épouse chaque crique, chaque avancée dans la mer et représente la frontière française. Fleurissent maisons de douaniers, tours de gué et corps de garde.
À partir de 1942,  les dispositifs du "Mur de l'Atlantique" installés par l'armée allemande pour prévenir toute tentative de débarquement allié apparaissent sur chaque pointe stratégique de cette côte du Pays de l'Aven rendue particulièrement sensible par la présence de la base sous-marine allemande de Lorient. Bunkers, blockhaus, supports d'artillerie sont encore visibles au long du sentier.

Les Goémoniers  de Clohars-Carnoët.
Sur la rive Gauche de Doëlan, nous passons devant le phare rayé vert puis la maison rose et poursuivons sur le chemin côtier, nous ne tardons pas à rencontrer d'étranges murettes surplombant la falaise aménagées par les goémoniers d'autrefois.

Un peu plus loin, nous déecouvrons le Kroug, sorte de poteau dressé au dessus de l'abîme présentant un support de poulie. Ainsi, autrefois, on attelait un cheval de trait à une corde passant dans la poulie du kroug permettant, ainsi,  la remontée des lourds paniers, chargés de goémon, le long des parois lisses de la falaise et des murettes aménagées à cet effet. Les dépôts de goémon étaient extrêmement utiles à ceux qui devaient réunir une grande quantité d'engrais.

C'est là qu'on sèchait l'engrais marin, qu'on le laissait pourrir ; il était alors assez commode  de l'enlever, même à dos d'homme au besoin.








Le Port de Brigneau.

Nous avons fait deux randos qui nous ont donné l'occasion de visiter ce petit port ; la premiére fois, en descendant vers la mer en longeant sa rive gauche ; et la seconde fois en longeant la rive droite en remontant depuis la mer vers la source de la rivière de Grigneau. Ce village fut un port important avec trois conserveries qui connurent une forte expansion entre 1870 et 1950 comme en témoignent les murs encore présents du premier étge de l’ancienne conserverie Malachappe à l’entrée du port.

On y voit encore le plan incliné qui servait à hisser la cargaison de sardines vers les ateliers où travaillaient des centaines d'ouvrières, les Penn-Sardines. De nombreux bateaux mouillaient, alors,  à Brigneau, ce qui en faisait l’un des plus importants ports  à l’époque. L'activité sardinière qui a animé le port a permis l’essor de métiers autour de la construction navale tout autour de Brigneau. Aujourd’hui, l'endroit est devenu majoritairement un port de plaisance, d'où les bateaux à moteur et voiliers partent le temps d'une journée en mer. Olivier nous parle également de la vache de Brigneau, une grosse bouée d'eau saine chargée d'organiser l'attente des sardiniers au débarquement devant les conserveries.

Elle était équipée d'un système de sifflet qui lorsque la mer était grosse émettait un son prévenant les marins de la proximité du port même par visibilité très réduite. Le sifflet de la vache, comme son nom l'indique, évoquait le meuglement du paisible ruminant. Aujourd'hui, la vache sortie des eaux est échouée en bonne place à l'entrée du village. Ce village dont les habitants ont la réputation d'être hostiles à tout étranger à leur territoire aura cependant été le cadre de notre rencontre avec Michel, un natif très disert qui nous conta, avec émotion, quelques mésaventures ayant marqué sa jeunesse.




Le port de Doëlan.
Sur la commune de Clohars-Carnoët, dans une ria étroite aux eaux vertes, le petit port de Doëlan apparaît comme une véritable carte postale du port modèle tel qu’on le rêve : les pimpants bateaux de pêche, les chaumières de pierre et les jolies maisons blanches installées en gradins sur les rives, les phares rayés chouchous des photographes…

Olivier connaît toutes les anecdotes du petit port. Nous apprenons ainsi que De Léo Ferré à François Mitterrand, l'adorable maison de pierre, accrochée à la falaise de la journaliste et romancière Benoîte Groult a hébergé du beau monde. Mais c'est le séjour de Robert Badinter, en août 1981, qui la fit entrer dans l’Histoire. En effet, c’est dans cette maison que Robert Badinter rédige le discours qu’il va prononcer devant les députés, le 17 septembre 1981, pour leur demander d’abolir la peine de mort. Depuis qu’il a échoué à sauver la tête de Roger Bontems, en 1972, il travaille sans relâche à défendre les condamnés risquant la mort. Il en a sauvé plusieurs de la guillotine, dont Patrick Henry, assassin d’un garçon de 7 ans, en 1976. Cela lui vaut la haine de nombre de Français. La maison de la journaliste lui offrait un havre, à l'abri des menaces, pour y écrire un des textes les plus importants du siècle dernier.



Sur la rive Gauche de Doëlan, nous passons devant la maison rose dont la couleur provocante avait fait l'objet d'un procès intenté par un voisin indisposé. Cependant, l'affaire traîna jusqu'à ce qu'on reconnut à la bâtisse le statut d'amer remarquable, sorte de vigie utile à la navigation des bateaux de pêche. Dés lors, la couleur rose contestée à l'origine se transforma pour le propriétaire en obligation maritime. 






Port Manec'h.
C'est sur de frêles embarcations que nous devons traverser l'embouchures du Bélon puis celle de l'Aven pour rejoindre Port Manec'h. De là, nous remonterons la rive droite de l'Aven jusqu'à Pont Aven.
Port-Manec'h fut au XIXème siècle et au début du XXème siècle un port sardinier dynamique. Il accueillait au début du XXème siècle une cinquantaine de chaloupes sardinières à l’abri de sa jetée construite en 1907.

C’est actuellement un petit port de mouillage pour la plaisance.
Port-Manec'h devint à la Belle Époque un lieu prisé de villégiature à partir du moment où Julia Guillou, hôtelière de nombreux peintres à Pont-Aven, racheta le vieux fort situé sur les hauteurs de Port-Manec'h pour en faire un hôtel raffiné, la "Villa Julia". La notoriété de Port-Manec'h s'amplifia alors, au point de devenir dans les années 1930 une station balnéaire très en vogue. Des célébrités comme Jean-Alexis Moncorgé (Jean Gabin) et Léonie Bathiat (Arletty) fréquentèrent l'hôtel Julia pendant l'Entre-deux-guerres. Cet hôtel fut occupé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale ; ils l'incendièrent en 1944.
On est étonné en parcourant les rives de l’Aven de découvrir cette abondance d’énormes rochers de granite de plusieurs dizaines tonnes, cette présence géologique aconstitueé une belle rente de situation pour les carriers et les marins de Pont Aven qui exportaient les blocs, sur des caboteurs, afin d’aménager les ports de Belle-Île, de Lorient et même de Nantes. On peut découvrir les vestiges bien reconnaissables du travail des carriers. Olivier nous explique la technique de chauffe puis de refroidissement brutal de la pierre qu'utilisaient les carriers pour séparer les blocs.

Le Moulin à Marées.

En remontant l'Aven, nous passons au pied du Château de Hénan, seigneurie du XVème siècle, propriété de Jean de Cornouaille. Un peu plus en amont nous découvrons un joli moulin de mer installé sur une digue entre l'étang du Hénan et l'Aven. Comme son nom l’indique, le moulin fonctionnait à l’énergie marémotrice :
À marée montante, la mer poussait la porte permettant à l’étang de se remplir. Au bout de 6 heures, la mer ayant fini de monter, la porte se refermait d’elle-même grâce au mouvement de reflux de l’eau.

Le meunier ouvrait alors les vannes et tout le mécanisme s’ébranlait : les roues à aubes entraînant la meule.  
Le travail du meunier était difficile car si les marées sont prévisibles, elles présentent en revanche l'inconvénient d'obliger le meunier à s'adapter constamment au rythme diurne et nocturne des marées. 












Le Pouldu.

Sur le territoire de Clohars-Carnoët, Le Pouldu se situe à l'embouchure de la Laïta. Trois belles plages surveillées de sable blanc en font une station appréciée des plagistes et des surfers.  La Laïta est une rivière capricieuse, houle et bancs de sable rendent l'estuaire dangereux, provoquant naufrages et drames chaque année. Olivier nous raconte ainsi l'histoire d'une famille piègée sur un banc de sable où les enfants et l'adulte tentant de les sauver trouvèrent la mort.
Le Pouldu fut aussi le lieu de résidence de peintres célèbres. En 1887, Marie Henry fait construire la Buvette de la Plage réservée au début à la clientèle des pêcheurs et goëmoniers locaux. 
La buvette au Pouldu, aujourd'hui devenue la Maison Musée.

Mais le 2 octobre 1889, Paul Gauguin et le hollandais Meyer de Haan, vinrent y prendre pension. Ils décorèrent de fresques tout l'intérieur de la maison. Quand Paul Gauguin, de retour de voyage, revint sur les lieux, Marie Henry refusa de lui restituer nombre de ses toiles au titre du lourd arriéré de loyers qu'il n'était pas en mesure de régler.
















Le mât Fénoux (Mât pilote du Pouldu).

Le mât pilote du Pouldu a été désaffecté en 1924. C'est un des derniers que l'on puisse encore trouver sur les côtes françaises. Ce mât pilote, mis en service en 1847, servait à guider les bateaux qui souhaitaient entrer dans la rivière de la Laïta sans s'échouer sur les bancs de sable. Le principe a été inventé par le capitaine de corvette Fénoux (d'où la dénomination : mât Fénoux). Il permettait d'orienter les bateaux quand les pilotes ne pouvaient aller au devant d'eux par gros temps. Les pilotes, de veille à tour de rôle, positionnaient la flèche de 15 mètres de hauteur, installée sur la tour, selon un code connu des capitaines au cabotage, pour leur indiquer les manoeuvres à réaliser. Bien qu'aujourd'hui, la longue flèche soit perdue, l'aspect général du bâtiment est relativement peu modifié. 
La mer a fortement creusé la falaise sous le bâtiment qui pourrait bien s'effondrer d'ici quelques années. Cependant, Olivier précise que les fondations sont très profondément ancrées.





Naufrage à Nevez.
 
Nous nous dirigeons vers l'Île de Raguenez en partant de la plage de Tahiti appelée ainsi car avec sa grande étendue de sable blanc bordée d’une eau bleu turquoise, on se croirait en Polynésie.  C'est une île privée, mais le propriétaire autorise les pêcheurs à pied à y venir à marée basse.
Un peu plus loin, nous découvrons une plaque commémorative. Olivier nous conte l'histoire : Le 22 janvier 1917, le vapeur norvégien Ymer est coulé par un sous-marin allemand au large de l'île d'Oléron. Sept survivants dérivent dans une chaloupe jusqu'aux abords de l'île d'Yeu, où ils sont recueillis, le 26 janvier, par le canot de sauvetage "Paul-Tourreil" et son équipage de 12 sauveteurs. La tempête ne permet pas au canot de rejoindre son port, et il dérive, par un froid glacial, de l'île d'Yeu jusqu'à l'île de Raguénez, à Névez le 28 janvier. Jean-Marie Marrec, exploitant agricole de l'île de Raguénez, aperçoit le canot en détresse et le guide jusqu'à la grève de l'île. À son bord, neuf marins, dont six sauveteurs, sont morts gelés. Deux autres décèdent peu après. Les corps des sauveteurs vendéens seront rapatriés à l'île d'Yeu. Les cinq marins norvégiens de l'Ymer seront enterrés au cimetière de Névez.


Huîtrières du Château De Bélon.
Françoise, l'ostréicultrice nous explique son travail....

Olivier nous fait découvrir cette petite exploitation ostréicole attenante au Château de Bélon. Là, Françoise nous accueille et nous donne de nombreuses informations sur le cycle de l'huître et sur tous les différents aspects de son difficile travail.  On concluera la visite par une bienvenue dégustation d'huîtres plates et d'huîtres creuses le tout accompagné d'un sympathique petit blanc sec.
Le visionnage du petit film ci-dessous,  remplacera agréablement un long exposé technique qui aurait bien du mal à résumer toute la richesse des explications de notre hôtesse.



Maintenant la terre, l'exploitation qu'en font les hommes, les villages et les villes, le patrimoine.

Allée couverte de Kermeur-Bihan à Moëlan-sur-Mer

Dés la première matinée de randonnée, nous avons fait un fructueux détour à Kermeur Bihan, vers ce site archéologique daté du néolithique composé d'une "allée couverte" qui fut probablement un lieu de sépulture il y a plus de 4 mille ans. Olivier indique que tout laisse à penser que cette sépulture consacrait un personnage unique, quelqu'un d'important, une sorte de VIP du néolithique. Les allées couvertes de Bretagne se présentent comme une suite de dolmens (dol=table ; men=pierre).
La technique consistait, après avoir dressées les pierres verticales profondément enfoncées dans le sol à remplir l'espace des déblais pour hisser les énormes tables. Il suffisait ensuite d'évacuer le remblai.
Onze piliers avec six dalles sur les huit initiales forment l'allée de Kermeur-Bihan. Paul Châtellier, par ses fouilles en 1882, découvrit sur le site une écuelle, plusieurs vases, des haches polies et des outils en silex.


La chapelle de Saint-Guinal (Guénaël)
La chapelle de Saint-Guinal est située au village de Kermen probablement sur un ancien oratoire.
C'est un village de pêcheurs avec encore quelques chaumières au fond d'un vallon boisé situé sur notre circuit de randonnée. L'édifice actuel date du XVIIIème siècle mais a été restauré en 1954. Il est bâti avec des pierres provenant des chapelles précédentes.
Les fidèles invoquaient Saint-Guinal pour obtenir de belles moissons, de la pluie ou encore pour guérir les enfants de la "toque" et du retard mental. Ils lui offrent alors des graines, des bonnets et des robes d'enfant.

Cet édifice de plan rectangulaire avec chevet à trois pans et clocheton à dôme a bénéficié d'une campagne de dons pour sa restauration et sa réouverture au public. 

Les eaux de la fontaine Saint Guinal à Kerfany-les-Pins  posséderaient le pouvoir magique de faire "marcher" les enfants.











La chapelle Notre Dame de la Paix au Pouldu / La "baladeuse".


Bâtie à l'origine à Nizon, petite commune de Pont-Aven, cette chapelle a été transportée, pierre par pierre, et reconstruite à l'identique en 1956 sur son site actuel par l'architecte Pierre Brunerie. Son premier surnom, la "baladeuse" illustre donc cette aptitude au déplacement. La chapelle date de la première moitié du XVIème siècle, certains éléments architecturaux de son chœur datent de la seconde moitié du XVème siècle, quant à ses vitraux, ils sont l'œuvre de deux artistes du XXème siècle : Manessier et Le Moal. Cette harmonieuse alliance du moderne et de l'ancien lui vaudra alors son second surnom de "chapelle des artistes"... En souvenir des peintres ayant séjournés au Pouldu, notamment Paul Gauguin, un monument commémoratif  a été érigé à l'entrée. 



La chapelle Saint Anne à Doëlan (Enclos Paroissial).



La chapelle, placée non loin de l'ancien prieuré de Doëlan au lieu-dit de La Grange, a été construite en 1951 (une excellente année 😅) d'après les plans de l'architecte Pierre Brunerie. Les vestiges du calvaire du début du XVIème siècle, placés dans l'enclos, proviennent de l'abbaye Saint-Maurice dans la même commune. L'inscription gravée en lettres gothiques sur la base du calvaire n'a pas été déchiffrée.

Olivier, qui s'amuse à appeler cette chapelle "Sainte Mixcli" (à cause le l'inscription en chiffres romains "MIXCLI" au dessus de la porte d'entrée), explique que nous sommes là en présence d'un de ces "Enclos Paroissiaux" si fréquents dans la Cornouaille. Celui-ci posséde, en effet, les éléments caractéristiques que sont le mur d'enceinte, le plâcitre (terrain herbeux), la chapelle, le calvaire, l'ossuaire. L'Enclos Paroissial est un domaine considéré comme sacré. Chaque dimanche, le paroissien y retrouve ses proches, vivants comme morts. Une dalle de pierre, placée verticalement, à l'entrée de l'enclos, oblige le visiteur à l'enjamber, interdisant ainsi le passage du bétail sur le terrain sacré.

Les men zao..

Les men zao sont des clôtures en granite du XVIIème et XVIIIème siècle. Ce sont des éléments d'architecture uniques, protégés par le label "Paysage de Reconquête".
Il s'agit de longues pierres plates (jusqu'à 2,70 m de haut sur 0,30 à 0,50 m de large et 0,20 à 0,25 m d'épaisseur, dressées verticalement, accolés les uns aux autres, pour constituer des murs. On les trouve, notamment, sur le territoire de la commune de Névez, où il existe de nombreuses clôtures et maisons d'habitation faites de de ces "pierres debout".



De la farine pour mes galettes...



De passage devant un champ, Olivier nous pose une colle. De quelle culture s'agit-il ? Les hypothèses fusent : boulgour, quinoa, etc.. Cependant la bonne réponse ne se fait pas entendre. Olivier nous éclaire : Cette plante à la haute tige rouge c'est le sarrasin ou le blé noir.

Elle n'est pas une céréale, ce n'est même pas une graminée. Elle appartient à une famille de plantes où on trouve, entre autres, la rhubarbe. Les fruits sombres sont des akènes à trois angles, qui contiennent une seule graine. Leur maturation est très échelonnée, ce qui rend la récolte plutôt délicate. La culture est répandue en Bretagne depuis le XIIéme siècle. Le sarrasin est indissociable des galettes bretonnes dont la pâte est élaborée à partir de la farine que ses graines triangulaires procurent. 






Les chaumières.


Lors d'une de nos plus belles randos, Olivier, qui nous a promis des chaumières, nous conduit dans Kercanic puis un peu plus loin dans Kerascoët. Ces deux villages sont les puissants témoins de la belle diversité du patrimoine architectural breton. Kercanic, pourtant moins connu, est peut être encore plus beau que son voisin Kerascoët. Il y règne une totale authenticité et on n'y éprouve l'impression d'un plongeon en douceur dans un passé privilégié. Ce n'est pas un hasard si Pierre Tchernia, homme de goût avait choisi ce hameau comme lieu de villégiature. Ici, les chaumières ressemblent à des maisons de contes et légendes…

Ces chaumières sont de solides constructions en granite, extrèmement bien entretenues, fleuries, avec de petites fenêtres aux volets bleus souvent, rouges parfois. Les portes d'entrée semblent assez basses, cependant le plancher des maisons se trouve assez nettement sous le niveau apparent de la rue. Le chaume est fait de tiges de roseaux serrés, venus de la Briére (aujourd'hui c'est la Hollande et l'Asie ont pris le pas sur la production régionale française). Son utilisation était très répandue jusqu'à la fin du XIXème siècle en raison du faible coût du matériau et de l'excellente isolation thermique qu'il procurait. Un bon toit de roseau comporte 30 cm d'épaisseur en haut et 34 en bas.  Le faîtage, ici, est généralement végétalisé, notamment avec des iris, capables d'absorber toute l'humidité en excès. L'angle minimal du toit de chaume est de 35°. Le chaume doit être renouvelé tous les 30 ans environ.

Pont-Aven, "la cité des peintres".

Le port.


Pont-Aven était d'abord un port. Les bateaux de Pont-Aven transportaient – de Brest à Saint-Jean-de-Luz – du bois, du sel, du granite, des céréales et farines, du maërl en provenance des Glénan, du sable, des pommes de terre, du charbon... Ils ravitaillaient aussi les îles, surtout Groix et Belle-île. Pour développer le transport des huîtres du Bélon, la ligne de train Quimperlé-Concarneau via Pont-Aven est née.Ceci entraîna le déclin du port, les wagons étant préférés aux caboteurs. Plus tard c'est la route qui aura raison du train et la ligne sera fermée en 1936. 

Les moulins.


Bien avant les peintres, ce sont les moulins et leur étonnante concentration qui ont fait la réputation de la ville. Pas moins de 14 moulins se succédaient sur seulement deux kilomètres le long de l’Aven. Aujourd’hui des plaques commémoratives marquent chacun de leur emplacement et permettent de découvrir les déversoirs, biefs et chaussées de ces moulins aujourd’hui disparus. Les ouvrages de pierre et aménagements ingénieux du cours de l’Aven sont un ensemble hydraulique unique en Bretagne. Aujourd’hui il ne reste plus de moulins en activité à Pont-Aven mais une minoterie perpétue encore la tradition des meuniers.

Les galettes de Pont-Aven.


Les galettes et les palets de Pont-Aven, mondialement réputés, sont devenus l’un des symboles forts de la Bretagne. Les biscuits sont fabriqués, ici,  depuis le XVIIème siècle par les boulangers locaux, Cependant, les galettes de Pont-Aven n'apparaissent qu'en 1890, date à laquelle Isidore Penven succède à son père dans la boulangerie familiale installée non loin du pont. Son héritage a valu à Pont-Aven la distinction de "Site Remarquable du Goût".


Les peintres.

Le blé noir - Émile Bernard

Pont-Aven accueille des artistes depuis 1864. Les américains s’y installent en premier, Sur les conseils d’Henry Bacon, Wylie et Way descendent à Pont-Aven. Wylie tombe amoureux du village (il est d’ailleurs enterré dans le cimetière) et y fait venir de nombreux artistes qui viennent d’Angleterre, de Paris, des pays nordiques. Les Pontavénistes finissent même par tous les baptiser les  "Américains". Ces peintres ont l’habitude de séjourner chez Julia Guillou, dans son établissement  "Les Voyageurs".
D’autres peintres recherchent un dépaysement, ce sont les impressionnistes. Ils peignent avec de petits coups de pinceaux et recherchent les lumières. Beaucoup d’entre eux séjournent à la pension de Marie-Jeanne Gloanec car celle-ci leur propose des facilités de paiement.
Le changement pictural s’opère après l’arrivée à Pont-Aven, de  Paul Gauguin. peintre impressionniste, élève de Pissaro. C’est la naissance de l’Ecole de Pont-Aven qui prône les aplats de couleurs vives, la suppression des détails et de la perspective. Gauguin donne le droit de "tout oser".
Les ramasseuses de varech - Paul Gauguin

Paul Gauguin renonce finalement à l’impressionnisme et élabore avec Emile Bernard, une nouvelle théorie picturale le "Synthétisme".
Tous deux éliminent les détails et cherchent à simplifier la forme pour n'en garder que l'essentiel dans ce qu'elle suscite comme émotion. 
Aujourd'hui, avec son Musée et les 60 lieux d’exposition privés, Pont-Aven s’est résolument ancré dans sa vocation picturale.

Gauguin, une fin de vie qui fait polémique...

Auto portrait avec le Christ Jaune - Paul Gauguin

À Londres, la National Gallery lui consacre une exposition prudemment accompagnée d'une mise en garde à destination du public : « L'artiste a eu de façon répétée des relations sexuelles avec de très jeunes filles, épousant deux d'entre elles et engendrant des enfants. Gauguin a de façon indubitable profité de sa position d'Occidental privilégié pour s'accorder une grande liberté sexuelle. »
Le message fait référence aux douze dernières années de la vie du peintre quand ce dernier part pour Tahiti puis les Marquises pour fuir la civilisation occidentale et retrouver une nouvelle inspiration. Paul Gauguin s'installe alors parmi la population locale et se met en ménage avec de très jeunes vahinés, une de 13 ans puis une autre âgée de 14 ans, alors qu'il a lui-même plus de 40 ans. Il peindra là-bas ses toiles les plus connues, vivant d'expédients parmi les locaux, rongé par la misère, l'alcoolisme et la syphilis, qui finira par l'emporter en 1903


Il est temps de conclure...


La richesse de ce séjour et l'importance des informations qui nous ont été apportées par notre excellent guide justifient, j'espère,  la longueur de cet article. Un grand merci à ceux qui nous ont accueillis tout au long de la semaine, au bar, au restaurant. Et un merci tout particulier à Olivier.


Toutes les cartes du séjour (Merci à Aimé pour ses traces GPS)
Cliquer sur les miniatures pour ouvrir les documents. Les lieux colorés en fushia renvoient aux articles.


Lundi 14 septembre le Matin : Beg Porz / Kerfany-les-Pins / Blorimond / Allée Couverte  / Port Bélon / Beg Porz.
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Lundi 14 septembre l'Après-Midi : Beg Porz / Chapelle Saint Guinal / Kerdoualen / Kersolf/ Île Percée / Pointe Kerhermen /  Plage de Kerfany / Beg Porz.


Mardi 15 septembre le Matin : Rivière de Merrien(rive gauche) / Corps de Garde de Houard / Port de Brigneau (Rive gauche) / Kermeuzac'h / Rivière de Merrien(rive gauche).


Mardi 15 septembre l'Après-Midi : Parking de Beg an Tour (Doëlan) / Kerangoff / Chapelle Sainte Anne / Doëlan (rive gauche) / Keruster / le Kroug  / Doëlan (rive droite) / Parking de Beg an Tour (Doëlan).


Mercredi 16 septembre le Matin : Beg Porz (bateau) / Port Manec'h / Anse du Poulguin / Kerdruc / Château du Hénan / Pique-nique.


Mercredi 16 septembre l'Après-Midi : Moulin à Marées du Hénan / Pont Aven (Visite de la ville).
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Jeudi 17 septembre le Matin : Parking des Grands Sables (Pouldu) / Notre Dame de la Paix / Keranquernat / Anse de Stervilin  / Laïta (rive gauche / Bas Pouldu / Le Mât Pilote / Maison Musée Marie Henry / Parking des Grands Sables (Pouldu).
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Jeudi 17 septembre l'Après-Midi : Parking Le Pont de Brigneau / Trélazec / Ménémarzin / Champ de Sarrasin / Kerabas / GR34 jusqu'à Conserverie de Malachap / Brigneau (rive droite) / Parking Le Pont de Brigneau.
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Vendredi 18 septembre le Matin :  Parking de la Plage de Tahiti (Névez) / Île de Raguénez / Lieu du Naufrage de l'Ymer / Kercanic / Kerascoët / Anse de Rospico / Parking Tahiti (pique-nique).
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Vendredi 18 septembre l'Après-Midi : Parking de l'Anse de Rospico / Doigt de Dieu  / Port Manec'h / Doigt de Dieu  / Parking de l'Anse de Rospico.
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Samedi19 septembre le Matin: Parking de la pointe de Penquernéo / Ruine du Fort de Bélon / Parking de la pointe de Penquernéo / Trajet en voiture jusqu'aux Huîtrières du Château de Bélon / Dégustation.
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Le programme.