jeudi 18 avril 2024

Poterne des Peupliers, Butte aux Cailles, Quartier Latin, Notre Dame (Jean-Jacques & Marie le 19/04/2024)

Photos du jour.

Marie et Jean-Jacques ont choisi ce jeudi printanier un peu frisquet mais plutôt ensoleillé pour nous proposer une passionnante balade parisienne depuis la Porte d'Italie où nous sommes arrivés via le RER D et le métro. Nous allons ainsi déambuler dans les quartiers étonnamment calmes et bucoliques de la Poterne des Peupliers et de de la Maison Blanche. Un restaurant inattendu célébrant les Communards, rue de la Butte aux Cailles,  nous procurera un solide déjeuner. Puis nous poursuivrons sur l'avenue des Gobelins et la Rue Mouffetard pour rejoindre le Quartier Latin. Nous nous attarderons ensuite dans l'Île de la Cité pour nous émouvoir devant le "chantier du siècle", l'extraordinaire chantier de la restauration de Notre-Dame. Nous retrouverons finalement, à la station des Halles, les voitures du RER D qui nous ramèneront à la Gare de Boussy pour clore cette journée riche en découvertes.
Photo Didier Armanini.


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La Poterne des Peupliers. (Un peu d'histoire)
À quelques pas du métro 'Porte d'Italie', nous entrons dans le jardin du Moulin de la Pointe, un espace de détente installé au milieu de bâtiments résidentiels. On peut apercevoir la tour Chambord et la tour Super-Italie qui comptent parmi les premiers gratte-ciels de France. Jean-Jacques nous révèle que ces tours bâties dans les années 60 faisaient partie d'un projet beaucoup plus vaste, le projet 'Italie 13', soutenu par Georges Pompidou partisan d'une nouvelle conception de la ville où la trame urbaine n'est plus définie par les rues, mais par l'ordonnance des constructions. Ce projet partiellement mis en œuvre fut abandonné en 1974 par Valéry Giscard d'Estaing.

Nous rejoignons maintenant le 'Jardin de la Poterne', établi sur un tronçon conservé de l'ancienne ligne 'la Petite Ceinture', cette ancienne ligne de chemin de fer à double voie de 32 kilomètres de longueur encerclant Paris à l'intérieur des boulevards des Maréchaux.
Jean- Jacques nous conte l'histoire du quartier : La Poterne est un vestige de l'ancienne Enceinte de Thiers (les fameuses "fortifs""). Ici, la Bièvre, avant son enfouissement, pénétrait dans Paris. Une forte activité artisanale se développait sur ses rives. En 1874, la société de machines à bois Périn-Panhard achète une grande parcelle du côté des avenues de Choisy, d’Ivry et du boulevard Masséna. En 1891, devenue Panhard-et-Levassor, la société crée une voiture équipée d’un moteur Daimler et ouvre la première usine d’automobiles à pétrole du monde au 16 de l’avenue d’Ivry. Un bolide de la société parcourt les 225 kilomètres de Paris à Etretat à une vitesse moyenne de 10 km/h avec même quelques pointes à 17 km/h. L’âge d’or de la maison Panhard-et-Levassor commence. Elle emploiera jusqu’à 6 000 ouvriers.
Après le rachat de Panhard par Citroën et l’adaptation de ces usines pour produire des 2CV, la fermeture en 1967 s’accompagna du départ de 6.000 ouvriers. Dans le 13ème, plus de 680.000 m² de surfaces industrielles abandonnées aux promoteurs feront l’objet d’opérations d’urbanisme modifiant le tissu urbain de cet arrondissement.



La Poterne des Peupliers et la Butte aux Cailles. (Un peu d'architecture)
Nous continuons sur la Rue Brillat Savarin. Les immeubles en briques rouges du quartier attirent notre attention : Ces HBM (Habitat à Bon Marché) furent conçus en 1913 par les architectes Paul de Rutté, Joseph Bassompierre et André Arfvidson lauréat du concours pour cet ensemble de 350 logements. Ils puisèrent leur inspiration dans les principes du mouvement Bauhaus et dans la modernité de l'Art Déco. L’ensemble ne fut livré qu’en 1924. L’aspect un peu "caserne" des logements est égayé grâce à la conception aux derniers étages de loggias en double hauteur décorées de splendides céramiques de couleur. Un peu plus loin nous entrons dans la 'Cité Florale'. Cette cité fut construite en 1928 sur un pré qui était régulièrement inondé par la Bièvre avant son enfouissement. La rivière avait rendu les sols trop meubles  pour accueillir des immeubles trop lourds, aussi seules des petites maisons furent construites dans ce quartier ouvrier. La cité n'a aujourd'hui plus rien de populaire. Les maisons construites en briques, au style art déco, avec leur petit coin de verdure, parfaitement fleuries, se négocient désormais à prix exorbitant.
Ce micro quartier est irrigué par une demi-douzaine de rues pavées portant toutes des noms de fleurs : rue des Liserons, des Orchidées, des Glycines, des Volubilis, des Iris, des Mimosas… L'ensemble dégage un charme bucolique rare dans la capitale.
Nous quittons ces lieux magiques. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises ; nous dépassons le petit square de la Place de l'Abbé Georges Hénocquea et nous voilà replongés au début du siècle dernier par la découverte, dans la Rue Dieulafoy, d'un alignement d'élégantes maisonnettes aux façades Pastel (menthe à l'eau, rose tendre, bleu ciel, gris perle) décorées parfois de mosaïques. On se croirait en territoire scandinave !
Nous pénétrons dans le square des Peupliers. La ruelle pavée, les maisons anguleuses en briques claires couvertes de vignes vierges, de lierre et de glycine, le calme incroyable de l'endroit abusent nos sens et nous rend difficilement perceptible le fait que nous ne sommes qu'à quelques centaines de mètres du vacarme de la capitale. Nous traversons maintenant la Rue Tolbiac et remontons vers la Butte aux Cailles par le passage du Moulinet.

Nous marquons un arrêt, Rue Bobillot, devant la 🔰 piscine de la Butte aux Caille.  Marie indique qu'elle fut Inaugurée en 1924, que son style art nouveau, en complète adéquation avec le quartier, lui a permis d'être, après Molitor  la seconde piscine classée de Paris. Elle offre trois bassins et dispose d'un bassin nordique extérieur, ouvert toute l'année, été comme hiver ! Cette performance est liée à la présence d'un puits artésien qui fournit à l'établissement une eau à 28°C en toute saison.
Les habitants du quartier viennent nombreux puiser cette eau, captée à 602 mètres de profondeur, à la 🔰 fontaine du puits artésien.

D'autres surprises architecturales nous attendent dans ce quartier de la Butte aux Cailles, : un étonnant ensemble de bâtiments, rue Daviel, comprenant 40 maisons à colombages en briques, dans le pur style alsacien, réparties tout autour d'une cour de 500m2. Face à cette 🔰 petite Alsace, on s'engage dans une ruelle pavée, la Via Daviel, où sont alignées de charmantes maisons, aux courettes merveilleusement paysagées. Plus insolite encore, la 🔰 petite Russie : un ensemble de 20 petites maisons construites... au troisième étage d'un immeuble, sur le toit d'un garage ! Complètement fou, non ? Elles ont été édifiées en 1912 par une compagnie de taxis afin d'héberger ses chauffeurs recrutés parmi la population de russes blancs, ces émigrés parfois issus de l'aristocratie qui fuyaient la Révolution de 1917. Dans ce quartier de la Maison Blanche et de la Butte aux Cailles vivent de nombreux artistes attirés par le calme et le caractère bohème de l'endroit.
Le quartier est ainsi devenu un haut lieu du Street-Art. La célèbre et regrettée 🔰 Miss.Tic y a promené ses pochoirs et ses bombes de peinture pour éclabousser les murs de tout son talent stimulant et provocateur. Ainsi sur les murs du quartier, se sont exercés avec plus ou moins d'inspiration nombre de ces artistes de rue pour une création infiniment variée allant des plus modestes cryptogrammes jusqu'aux grandes 🔰 fresques les plus ambitieuses.

Le temps des cerises . (Restaurant )

Marie et Jean-Jacques ont réussi à nous dégoter un restaurant assez extraordinaire. Le nom du restaurant fait référence à la chanson de Jean Baptiste Clément. Cette chanson est fortement associée à la Commune de Paris de 1871, l'auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la terrible Semaine Sanglante. Ce restaurant s'inscrit ainsi dans la tradition respectueuse des origines industrielles et ouvrières du quartier. Il est d'ailleurs organisé en SCOP, coopérative dont les membres associés sont les salariés eux-mêmes. Jean-Jacques indique que c'est le seul restaurant parisien ainsi juridiquement constitué.

La déco intérieure est conforme à cet état d'esprit : nombreuses affiches consacrées au soulèvement parisien de 1871, nombreuses références à la culture anarcho-syndicaliste, le tout parfaitement organisé dans un savant désordre plein de ce charme très parisien. Le menu est copieux et offre un choix entre quatre entrées, quatre plats et quatre desserts. Le vin est assez savoureux et les prix sont très mesurés. Chaque samedi, ici le menu 'spécial étudiants' est proposé à 1€. Chapeau bas ! Nous saluons et remercions les patrons/salariés de l'établissement et quittons les lieux dans un joyeux brouhaha assez enthousiaste. Merci à Marie et à Jean-Jacques pour cette trouvaille insolite.

La Bièvre.
Nous traversons le Boulevard Auguste Blanqui. (Ce ne peut être un hasard si le nom de Blanqui a été retenu pour désigner cette voie. Blanqui, révolutionnaire français, fondateur du journal "Ni Dieu Ni Maître" aurait probablement été très fier de voir son patronyme associé à cet arrondissement de Paris si impliqué dans l'histoire du mouvement ouvrier. Il aurait été, sans doute aussi, très désappointé de constater à quel point le phénomène de gentrification a consisté à vider ce même quartier de ses couches populaires). 
La rue Corvisart nous permet de rejoindre le Square René-Le Gall dont nous traversons la grande aire de jeu et les jardins.
Ces jardins sont situés à l’emplacement de l’ancien potager des tapissiers de la Manufacture des Gobelins que la Bièvre entourait autrefois de ses bras. À Paris, une réouverture partielle de la Bièvre fait également l'objet de discussions. Trois principaux secteurs sont envisagés : le parc Kellermann et ses abords, le muséum national d'Histoire naturelle et ce square René-Le-Gall. Au total, 2 300 mètres de la Bièvre devraient à nouveau s'écouler librement dans Paris. Pour l'heure, dans ce parc,  seul un petit ruisseau artificiel préfigure le cours de la Bièvre toujours canalisée sous terre.


 En 1443, Jean Gobelin posa ses valises dans le faubourg Saint-Marcel, aux bords de la Bièvre. Sa fleurissante entreprise familiale doit sa renommée à un procédé de teinture, permettant d'obtenir un rouge écarlate. Le bruit courut alors que cette réussite était liée aux qualités exceptionnelles des eaux de la Bièvre. C'est ainsi que de nombreux teinturiers s'installèrent sur les berges de la rivière dans l'espoir de faire fortune. Au XVIIIe siècle, teintureries, blanchisseries, tanneries, mégisseries et riverains se partagent l'eau de la rivière, puis les activités industrielles se diversifient : entrepôts et usines s'installent à leur tour. La Bièvre devient un égout à ciel ouvert, source de mauvaises odeurs et de potentielles maladies. Après une canalisation de la rivière à partir de 1828, elle fut progressivement bétonnée et enterrée. En 1912, la rivière avait totalement disparu des rues de la capitale et du paysage parisien.
Aujourd'hui, dans plusieurs communes, comme Fresnes et L'Haÿ-les-Roses, la rivière s'écoule à nouveau à l'air libre grâce à des travaux d'aménagement. Cette redécouverte de la Bièvre se poursuit depuis 2019 dans le Val-de-Marne avec des travaux de réouverture d'un tronçon de 600 mètres à Arcueil et Gentilly.

Encore quelque pas dans le 13ème arrondissement.

À peine sortis  du Square René-Le Gall, nous marquons un arrêt devant la façade du Cabaret de Madame Grégoire occupé à présent par un restaurant basque. Jean-Jacques nous dit un mot de cette dame Grégoire : Au tout début du 19ème siècle, son établissement accueillait les amateurs de partie de campagne où il fait bon vivre, où la musique, les rires et le vin abondent fortement. Les ménétriers y faisaient danser les filles au rythme de leurs violons. Dans cette période du romantisme, les plus grands poètes, auteurs et têtes pensantes y faisaient régulièrement apparition. C’était le cas de Victor Hugo, Pierre-Jean de Béranger, Alphonse de Lamartine, François-René de Chateaubriand, Alfred de Musset, mais aussi de Courcy, Nerval ou encore le Marquis de Lafayette. Ils venaient ici pour se ressourcer et même s’y abandonner délicieusement aux charmes de madame Grégoire et de ses jolies serveuses.
Nous parcourons une petite centaine de mètres et faisons un nouvel arrêt devant les immenses bâtiments qui abritent les ateliers du Mobilier National. Là, les meilleurs artisans rivalisent de compétence pour créer et produire le mobilier utilisé dans les palais de la République, dans les ministères, les ambassades, etc... Juste en face, de l'autre côté de la rue, s'élève un immeuble mesure 67 mètres de haut comptant 23 étages. C'est la 🔰 "Tour Albert", le tout premier gratte-ciel de logements de la capitale. Il fut construit par l’architecte Édouard Albert de 1958 à 1960. À l'époque, la tour Albert s’impose rapidement comme l’image ultime de la modernité. Pour la première fois, on trouve une tour de métal sans mur porteur, avec un chauffage par le sol et bénéficiant d’ascenseurs rapides.
Nous poursuivons sur l'Avenue des Gobelins, passons devant le splendide bâtiment de la 🔰 Galerie des Gobelins qui abrite la célèbre manufacture de tapisseries. Rattachée à l’administration du Mobilier national depuis 1937, la Manufacture nationale des Gobelins tisse comme autrefois, utilisant exclusivement, depuis 1826, la technique de "Haute Lice".


On y produit, aujourd'hui, des tapisseries d’après des 🔰 œuvres contemporaines témoignant ainsi des multiples possibilités d’un mode d’expression ouvert à toutes les tendances esthétiques et contemporaines.
Avant de rejoindre le boulevard Arago, Marie nous invite à un petit détour vers la rue Gustave Geffroy où nous allons découvrir le Château de la Reine Blanche. La reine Marguerite de Provence, veuve de Saint Louis, qui fit construire en 1290, au moulin de Croulebarbe, un manoir au bord de la Bièvre où elle se retira jusqu'à sa mort en 1295. Marie explique que cette résidence est appelée "Hostel de la Reyne Blanche ", du fait que les reines françaises veuves s'habillaient en blanc, couleur de deuil. Le bâtiment connut bien des péripéties de destruction et de reconstruction. Aujourd'hui, c'est un bâti totalement restauré dans la forme qu'il avait au 16ème siècle.
Il est grand temps de rejoindre le boulevard Arago que nous allons traverser au niveau des Gobelins quittant ainsi le 13ème arrondissement pour passer dans le 5ème.

La Rue Mouffetard, le Quartier Latin (5ème).
Nous entrons dans la Rue Mouffetard, la "Mouffe", comme l'appellent les habitants du quartier, une des plus ancienne rue de Paris. Avant l'enfouissement de la Bièvre on y entrait après avoir franchi un petit pont sur la rivière, "le pont aux tripes", ainsi appelé du fait de l'activité de nombreux bouchers sur la berge de la Bièvre.
Cette partie basse de la rue Mouffetard est réputée pour son marché fermier quotidien, riche en couleurs et en ambiance. Nous admirons la façade du n°134, juste en face de l'église St-Médard. Si l’immeuble date du début du 17e siècle, la fresque est quant à elle plus récente. Réalisée entre 1929 et 1931 par un maçon italien, Adigheri, pour décorer la façade d’un charcutier-traiteur, la technique utilisée est celle du "sgraffito".Cochons bien gras, cerfs, chèvres, gibiers et volailles en tout genre, cette façade est une véritable balade champêtre, enrichie de volutes, fleurs et arabesques typiques de l’Art Nouveau.

Par un décret de 2023, la rue a été rendue aux piétons et c'est maintenant un grand plaisir que de pouvoir se balader, hors du trafic parmi toutes les échoppes, petits bars, brasseries, restaurants, épiceries fines, commerces de bouche. Nous sommes maintenant au niveau de la Place de la Contrescarpe. Les terrasses des café sont envahies par une joyeuse clientèle bien décidée à profiter des rayons de soleil qui illuminent la Place. Déjà célèbre, la fontaine au centre de la place n'est pourtant pas si ancienne : elle date de 1994. Nous poursuivons en remontant la Mouffe. On s'arrête au N° 69 devant la devanture du 🔰 Vieux Chêne, un ancien bal datant de 1864. Il est réputé pour être le plus ancien bar de Paris. Récemment encore, c'était une petite boîte de jazz. Nous passons à présent devant le Lycée Henry IVJean-Jacques, notre cicérone, fut élève, il y a bien longtemps quand il était encore jeune et beau. 
Nous dépassons l'immense espace des bâtiments qui abritaient l'École Polytechnique déménagée à Palaiseau, rue de Saclay. Les bâtiments toujours en travaux vont désormais accueillir le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Le Quartier Latin fut et reste le principal pôle universitaire de la capitale. On l'appelait autrefois le Pays Latin parce que le latin y était abondamment utilisé dans la transmission des savoirs autant dans le domaine des Sciences que dans celui des Lettres. Aujourd'hui encore de nombreux établissements siègent dans le bâtiment historique de la Sorbonne et plusieurs grandes écoles se sont également installées dans le quartier. En descendant la Rue de la Montagne Sainte Geneviève, on peut entrapercevoir la nouvelle Flèche de la cathédrale Notre Dame dont le coq doré domine à nouveau le centre de la capitale. Nous traversons maintenant le Boulevard Saint Germain et rejoignons le quai où les bouquinistes s'affairent, désormais assurés qu'ils pourront continuer à enchanter l'univers des quais pendant la période des JO. Une décision incongrue des autorités, heureusement abandonnée, avait commandé de simplement les déloger.

Le Chantier du Siècle (1er arrondissement).


Depuis la rive gauche de la Seine, on découvre l'incroyable enchevêtrement des mâtures de l'immense échafaudage qui recouvre comme une carapace de fer le corps meurtri de Notre Dame de Paris. La flèche de Violet-le-Duc, que l'incendie du 15 avril 2019 avait engloutie, a été reproduite dans les moindres détails et chirurgicalement remise en place sur son socle octogonal, soit la manipulation à grande hauteur de quelques 500 tonnes de bois recouvert par 250 tonnes de plomb, au total 750 tonnes du pur talent des compagnons à qui on doit ce chef-d'œuvre. Le 🔰 coq doré à la feuille d'or peut, à nouveau, s'égosiller à 96 mètres au dessus des eaux de la Seine.

Nous traversons le Bras de la Monnaie (Seine) par le Pont de l'Archevêché et rejoignons la Rue du Cloitre Notre Dame qui longe la clôture de l'immense chantier. Tout ici est hors du commun : cette clôture de chantier, absolument remarquable, consiste en une succession d'immenses panneaux d'exposition où sont évoqués tous les aspects de la reconstruction. Les métiers, les techniques, l'engagement, les compétences de tous les acteurs sont illustrés par de très belles photos pleines de sensibilité, souvent émouvantes. On se promène dans cette étroite ruelle comme dans un musée, silencieusement, absorbés par la qualité de l'iconographie.
On admire la méticulosité d'un restaurateur d'art s'affairant sur un minuscule détail d'une toile. On imagine la passion des facteurs d'orgue chargés de ressusciter le Grand Orgue de Notre Dame, ses 19 sommiers et ses 8 000 tuyaux. On admire le travail des charpentiers, des tailleurs de pierre... On mesure les risques pris par les échafaudeurs gambadant sur d'étroites poutrelles, ignorant le vertige.
 Nos yeux fouillent le fatras extravagant de l'échafaudage au dessus de nos têtes pour tenter d'apercevoir un petit bout de la paroi, une sculpture, un détail architectural. Le bruit qui émerge au delà de la clôture prouve à quel point on s'affaire ici. Nous atteignons le parvis sur lequel a été établie une 🔰 structure de gradins pour permettre aux badauds d'admirer les deux tours intactes le la cathédrale si chère au cœur des parisiens et de ses visiteurs.


Nous nous dirigeons vers le Marché aux Fleurs de l'Île de la Cité. C'est un agréable coin de nature aménagé il y a plus de 2 siècles sous des pavillons métalliques d’époque 1900 dont l’architecture n’est pas sans rappeler certains des plus beaux passages couverts de Paris. On y trouve des plantes rares, des arbustes, aussi bien qu’une offre diversifiée de fleurs, insolites ou communes, qui se succèdent au fil des saisons. Avant de sortir de l'Île de la Cité par le Pont au Change, nous jetons un petit coup d'œil à la Tour de l'Horloge du Palais de la Cité (l'actuel Palais de Justice). L'horloge, magnifique, est la 🔰 plus ancienne horloge publique de Paris. Elle donne l’heure aux parisiens depuis 1371. Entièrement restaurée en 2012, elle n’est évidemment plus celle commandée par le roi Charles V en 1370. Le cadran est entouré de deux figures allégoriques représentant la loi (à gauche) et la justice (à droite). Il ne nous reste plus que quelques centaines de mètres à parcourir dans ce 1er arrondissement, en suivant la Rue Saint Denis, puis la Rue des Halles, pour rejoindre notre station de RER au métro Chatelet-les-Halles.


Un très grand merci à Marie et à Jean-Jacques pour la parfaite organisation de cette rando et pour la qualité de leur documentation qui a permis d'éclairer utilement nos découvertes.

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