samedi 11 juin 2022

Cheverny (Didier le 11/06/2022)

Photos du jour.

Didier nous emmène passer la journée à Cheverny. Nous consacrerons la matinée à une courte rando et l'après-midi à la visite du célèbre château. Nous déjeunerons à 🔰l'hôtel Saint Hubert.  Ce samedi s'annonce particulièrement ensoleillé et assez chaud. Il serait la journée prémisse d'une nouvelle vague de chaleur annoncée pour les jours à venir. Jonathan est le chauffeur de notre car. Les soutes viennent d'être refermées sur nos petits bagages et nous démarrons à 7h30 très précisément direction l'autoroute A10 pour rejoindre le Val de Loire. Le trafic est fluide, le ciel est bleu, le chauffeur est expérimenté. Nous nous ménageons un arrêt petit déjeuner, café, thé, croissant et pipi éventuel sur l'aire d'autoroute de Meung-sur-Loire, non loin de la centrale nucléaire de Saint Laurent des Eaux dont on aperçoit les deux immenses cheminées crachant d'énormes nuages de vapeur d'eau. 🔰Saint Laurent  est, après la centrale de Nogent-sur-Seine dans l'Aube, la seconde centrale la plus proche de la capitale. Jonathan reprend le volant. Nous quittons l'A10 à la hauteur de Blois et prenons la D645 pour traverser la Loire et atteindre notre destination sur le parking du château de Cheverny.


Balade dans le vignoble.
Didier
nous propose une petite rando avant de rejoindre, à Cour-Cheverny, le Saint-Hubert où nous attend un menu alléchant. Nous voici donc partis dans la campagne environnante. Nous longeons un vaste champ de fèves. Un peu plus loin nous empruntons un petit chemin de ferme marqué par les ornières du passage des engins agricoles. Nous marquons un arrêt pour saluer quelques vaches qui paissent nonchalamment à l'étable dans la ferme du Poëly. Nous poursuivons à travers champs. L'orge déjà blond semble prêt pour la moisson, le froment, un peu plus tardif, aura besoin de quelques jours encore pour recouvrer sa belle couleur d'or blond. Nous quittons le 'chemin de la Tibourdière' et entrons dans le vignoble du Domaine Le Portail. Les pieds de vigne scrupuleusement alignés en rangs serrés semblent bénéficier du plus grand soin. Les 🔰grappes très juvéniles  se présentent à cette époque sous forme de petites nurseries de bébés grains. Des rosiers de variété diverses ont été plantés en tête de chaque rang de vigne égayant ainsi le paysage quelque peu monotone du vignoble. Ces rosiers ne se contentent pas de participer à la beauté des lieux.  En effet, les rosiers de vigne sont sensibles à des souches de maladies ou d'insectes similaires ou identiques à ceux de la vigne ; ils peuvent donc parfois prévenir à l'avance de certaines attaques par des organismes ravageurs de la vigne tels que le mildiou, l'oïdium, le botrytis. (Dans certaines régions, à cet effet, on utilise plutôt le pêcher de vigne.)

Nous remarquons l'installation sur pylône d'une éolienne à deux pales. Une tubulure monte le long du pylône pouvant injecter un nuage de gouttelettes d'eau que le puissant ventilateur dispersera sur le vignoble. Ces 🔰tours-éoliennes  permettent de lutter contre le gel printanier qui menace les bourgeons naissants. En effet, le mélange eau/glace a la particularité physique de maintenir la température à 0°C, évitant ainsi la chute à des températures inférieures qui détruiraient les bourgeons. C'est un lourd investissement mais la bataille contre les gelées printanières est à ce prix.
Madame Cadoux, propriétaire du domaine, vient à notre rencontre et nous donne rendez-vous en fin d'après-midi pour une dégustation. Perspective alléchante, disons-le. Nous sortons du vignoble et nous nous dirigeons vers Cour-Cheverny, le village voisin de Cheverny où notre repas nous attend. Nous remarquons l'élégant clocher en longue pointe pyramidale de la petite église Saint Aignant. Nous tentons de nous imaginer les conditions très particulières du travail des charpentiers pour couvrir une charpente aussi aiguë. Nous passons devant la 🔰Mairie  dont on note le style très proche de celui du château voisin. Jonathan a eu la bonté de déplacer le car sur les lieux ce qui nous permet de récupérer notre bagage dans les soutes et de procéder à quelques ajustements de tenue pour nous présenter au restaurant dans les meilleures formes.
Nous sommes accueillis très agréablement à l'hôtel Saint-Hubert. La patronne est une maîtresse femme, le regard franc, le verbe haut, efficace.
On nous installe aux tables d'une 🔰grande terrasse  à l'ombre de lourds parasols et on nous propose différents menus tous d'excellente qualité. C'est fin, c'est copieux, c'est bien arrosé et c'est très bon. Tout le monde semble enchanté. À la fin du repas, le chef se présente à nous et spontanément nous l'applaudissons de bon cœur.



Le Château de Cheverny.
Le car de Jonathan nous attend à la sortie du restaurant et nous conduit directement aux portes du château.
Didier se charge des formalités à la billetterie et nous voilà en route vers l'entrée du château où nous attend la jeune guide qui va nous permettre de découvrir le château, son mobilier, son histoire et ses secrets.

Ses premiers mots concernent évidemment la référence à Tintin dont l'auteur, Hergé, s'est inspiré de Cheverny pour représenter Moulinsard le manoir du capitaine Hadock. Hergé avait choisi ce château pour la simplicité de sa ligne architecturale parfaitement adaptée au style de la ligne claire qu'il avait adopté dans ses dessins. Moulinsard est l'exacte réplique de Cheverny amputé des pavillons aux deux ailes de l'édifice. Notre guide nous indique un autre aspect anecdotique intéressant : une exposition consacrée au monde des Légos a eu lieu à Cheverny. Les œuvres présentées se sont révélées d'une telle qualité que le châtelain a souhaité en conserver quelques-unes  à demeure. Nous aurons ainsi l'occasion d'admirer ces étonnantes créations tout au long de la visite : deux magnifiques chiens plus vrais que nature, du mobilier reproduit en briques Légo avec un soin remarquable notamment 🔰une table et une chaise renaissance  dans la salle d'arme et même deux tableaux entièrement reproduits par les magiciens de la petite brique : une 'Joconde' et un 'Jeanne d'Aragon' tableau de la collection de Cheverny. 
Mais commençons par un peu de l'histoire des lieux : 
Il ne reste de l'ancien château de la famille Hurault  qu'un vague dessin du père Étienne Martellange qui visita la région en 1624–1625. Mi forteresse, mi château de plaisance, le bâtiment présentait de longs pavillons bas flanqués de tours, tourelles et poivrières, avec un grand pavillon carré au toit à la française. Une tragédie est à l'origine de la construction du nouveau château. Henri Hurault, conseiller de Henri IV était l'objet des moqueries de la cour du fait des innombrables infidélités de son épouse. Un jour, surprenant un page s'échapper par la fenêtre de la chambre conjugale, il acheva l'intrépide d'un coup d'épée puis laissa  à sa femme le choix  soit de subir le même sort soit d'absorber le poison qu'il lui tendait.  C'est le poison que l'infidèle choisit d'absorber. On s'apercevra ensuite que la défunte portait un enfant mâle depuis plus de cinq mois. Deux années plus tard, Henri Hurault se remarie avec Marguerite Gaillard de la Morinière. C'est à elle qu'on doit la décision de faire raser, dès 1630, l'ancien château avili par la funeste tragédie. Pour la reconstruction, on fit appel à l'architecte Jacques Bougier au menuisier Hevras Hammerber,  au peintre d'excellente réputation Jean Mosnier,  au sculpteur  Gilles Guérin. Les bâtiments seront terminés en 1634. Le château passa ensuite entre les mains de différents propriétaires, fut épargné pendant la Révolution , et finalement retourna, dès 1825,  dans le patrimoine de la famille Hurault et des marquis de Vibraye.  C'est 🔰Charles-Antoine de Vibraye  de cette même famille qui  habite encore de nos jours au château et Cheverny est devenu l'un des châteaux de la Loire les plus visités, renommé pour ses intérieurs riches et sa collection d'objets d'art et de tapisseries. 
Cheverny est construit dans un style classique homogène. Il est fait d'un matériau traité en appareil de bossages plats, la 'pierre de Bourré', un tuffeau qui a la particularité de blanchir et durcir en vieillissant, ce qui explique la blancheur de sa façade sud. Celle-ci est ornée de bustes d'empereurs romains. Les toits des pavillons latéraux, sous forme de dômes carrés surmontés de campaniles ajourés, encadrent les hauts toits à la française du corps principal.


La visite du château.
Le circuit de la visite qui nous est proposée à l'intérieur de l'édifice est très complet :

La salle à manger : Les murs tendus de cuir de Cordoue sont ornés de 🔰34 panneaux de bois  peints par Jean Mosnier, illustrant l'histoire de Don Quichotte. La cheminée monumentale, de style néo-Renaissance, dorée à l'or fin, est surmontée d'un buste du roi Henri IV.
Au-dessus de la 🔰table en bois,  pouvant accueillir plus de 25 convives, est suspendu un lustre hollandais en bronze massif argenté.

L'escalier d'honneur : De style classique il s'élève sous une voûte en berceau. Il est orné de sculptures champêtres (guirlandes, fruits), mêlées de motifs guerriers et de symboles des arts, sculptés directement dans la pierre.
Sur le palier, sont visibles une armure savoyarde de parade et un 🔰bois préhistorique  de plus de 6 000 ans issu d'un cervus megaceros, ancêtre de l'élan. Il fut  offert au  marquis de la Vibraye collectionneur passionné. Une des premières marches semble avoir été habilement 🔰réparée  après un choc qui l'aurait brisée. Hergé s'est emparé de cette anecdote de la marche brisée dans l'album 'Les bijoux de la Castafiore' où il met en scène différents protagonistes 🔰chutant  à cause de cette maudite marche brisée.

Nous poursuivons la visite passant en revue le mobilier remarquable du vestibule, de la galerie, du petit salon, de la bibliothèque qui conserve plus de 🔰2 000 ouvrages,  dont des collections complètes.

La salle d'armes :  Décorée par Jean Mosnier, c'est la plus grande pièce du château une collection d'armes et d'armures y est exposée. La cheminée est de style Renaissance, peinte et restaurée à la feuille d'or. Le mur opposé est orné d'une immense 🔰tapisserie des Gobelins  représentant 'L'Enlèvement de la belle Hélène par Pâris'.

La Chambre du Roi :  Elle est la plus richement décorée avec huit tapisseries représentant les travaux d'Ulysse ; celles-ci proviennent de la manufacture de Paris qui est antérieure à celle des Gobelins. Le plafond à caissons à l'italienne est lambrissé avec des peintures à thème mythologique réalisées par Jean Mosnier. La chambre est meublée d'un lit de 🔰style dit 'à la duchesse'  de 2 mètres de long sur 1,60 mètre de large, recouvert de broderies persanes. Aucun roi de France n'y a jamais dormi mais le lit servit à Henri IV lors d'un passage dans l'ancien château.

Nous sommes de retour au rez-de-chaussée et entrons dans le grand salon :
On peut admirer plusieurs portraits, dont deux de part et d'autre de la glace : Jeanne d'Aragon (reproduit en légos) et Cosme de Médicis. On y voit également le portrait de Philippe Hurault de Cheverny, et celui de son épouse Anne de Thou, ainsi que celui de Marie-Johanne de La Carre Saumery, comtesse de Cheverny, Au-dessus des portes, les portraits de Louis XIII  et de Anne-Marie-Louise d'Orléans, dite 'la Grande Mademoiselle' et de l'autre côté, Gaston d'Orléans et Anne d'Autriche. On remarque également une magnifique 🔰harpe Érard  du dix-huitième siècle toujours fonctionnelle.

Nous terminons la visite par le salon des tapisseries :
Cinq tapisseries flamandes réalisées d'après les cartons du peintre flamand David Teniers Le Jeune décorent le lieu. Notre guide attire notre attention sur le réalisme des scènes de la vie quotidienne qu'illustrent ces tapisseries où l'on peut apercevoir un homme uriner sur un mur représenté dans un coin d'une de ces tapisseries. Nous pouvons admirer une commode de style Boulle et d'époque Louis XIV en marqueterie d'écaille de tortue rouge, laiton et bois, réalisée par Nicolas Sageot et une magnifique 🔰horloge dite 'aux trois mystères'  indiquant, outre l'heure, le mois, le jour et la phase lunaire. Cette horloge est toujours fonctionnelle.
Nous remercions notre jeune 'Cicérone' pour la qualité de ses commentaires et nous nous dirigeons vers le parc où Didier nous a donné quartier libre pour une petite heure. Six sculptures monumentales en bronze se dressent dans le parc du château, oeuvres du sculpteur suédois Gudmar Olovson. Le 🔰Jardin de l’Amour  est un hommage à la vie, à l’amour bien sûr et à la famille. 
Dans le parc de près de 100 hectares qui entoure le château, un jardin à la française est reconstitué. On y trouve également un cours d'eau, et un jardin anglais, planté de tilleuls, de séquoia giganteum et de plusieurs variétés de cèdres, ainsi qu'un potager. La salle des trophées présente 2 000 bois de cerfs, une cheminée monumentale et un vitrail contemporain, réalisé par le maître Jacques Loire. Le chenil est occupé par une meute d'une centaine de chiens de race destinés à la vénerie. Le repas qui leur est servi chaque jour, la 'soupe', donne lieu à un véritable spectacle, où le piqueur fait une démonstration de son autorité sur ses animaux. L'orangerie reçut pendant la Deuxième Guerre mondiale, une partie du mobilier national. Elle accueille aujourd'hui congrès, séminaires, et mariages.

Épilogue gourmand.
Il est maintenant l'heure de quitter les lieux. Nous rejoignons Jonathan et son car sur le parking du château. Nous sommes conduits au domaine Le Portail où nous sommes accueillis par Damien Cadoux et son épouse. Nous sommes invités à déguster les différents crus de leur production. Le blanc remporte un succès certain. L'appareil à délester les cartes bancaires surchauffe. On charge les soutes du car avec de nombreux cartons du précieux breuvage puis on embarque pour le retour à Varennes-Jarcy.
Un très grand merci à Didier pour l'organisation irréprochable de cette excellente journée.

RETOUR