samedi 11 septembre 2021

Maurs-la-Jolie, Domaine de la Châtaigneraie, Cantal (du 11/09/2021 au 18/09/2021)

Photos du séjour.

Le centre de vacances - Photo D. Armanini

Notre voyage annuel se déroule cette année à Maurs-la-Jolie dans le sud du Cantal à quelques kilomètres de sa limite avec l'Aveyron au sud et de sa limite avec le Lot à l'ouest. Ainsi, nous sommes, ici, au carrefour des trois régions historiques Auvergne, Rouergue et Quercy. Maurs est la principale ville de la "Châtaigneraie Cantalienne", nom de la région naturelle qui s'étend au sud-est des volcans du Cantal. "Aubrac" est le nom de la région naturelle voisine qui s'étend au sud-ouest des volcans.

Le centre de vacances qui nous accueille porte le nom même de sa région d'implantation 'la Châtaigneraie'. Ce centre de vacances a été fondé en 1989. Sur l’initiative de la CCMSA (Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole), des MSA de la région Auvergne ainsi que des départements limitrophes, le centre de vacances fut associé dès l'origine au Centre de Réadaptation de Maurs qui trouve ainsi comme support de réadaptation l’activité liée à l'accueil et au service d'une clientèle extérieure payante. Cette association permet de conjuguer deux critères de qualités réadaptatives : le réalisme, dans un contexte qui ne se présente plus comme hospitalier au sens traditionnel du terme, et le contact avec un authentique public extérieur.

Nous avons ainsi pu bénéficier, de la part des jeunes issus du centre de réadaptation, d'un service empreint de beaucoup de sympathique attention. En fin de séjour, Isabelle Miquet , la directrice du centre, a tenu à ce que l'équipe se présente pour nous saluer une dernière fois et ce fut un grand plaisir d'applaudir longuement tous ces jeunes gens pour, outre leur qualité humaine, la qualité de leur prestation professionnelle.


Les Monts du Cantal.
Le Marais du Cassan - Photo D. Armanini

Le marais du Cassan et de Prentegarde, avec plus de 50 hectares, constitue l’un des plus vastes complexes humides du Cantal, imbriqués dans des espaces prairiaux et forestiers. Nos guides nous conduisent à travers les tourbières sur un cheminement aménagé constitué de longs platelages. Midi approchant, nous quittons l'étendue du marais et remontons vers les villages à l'est du lac de Saint-Étienne-Cantalès dans une recherche plus ou moins erratique d'un coin ombragé pour pique-niquer. Yves notre guide attire notre attention sur la panorama que nous pouvons découvrir sur la chaîne des monts du Cantal. À une quarantaine de kilomètres au nord-est de notre site d'observation, s'élève, parfaitement visible, le Plomb du Cantal, le point culminant avec ses 1855 mètres d'altitude. Yves, qui habite à Lioran, sur le flanc nord du Plomb du Cantal nous explique la vie de cette unique station de ski du département,  Super-Lioran, et notamment tout l'avantage que trouvent les cantaliennes et les cantaliens à trouver un téléski directement à la sortie de la gare ferroviaire de Lioran. Super-Lioran, malgré son altitude moins importante que les grandes stations alpines, bénéficie d'un enneigement hivernal abondant. La station offre 60 kilomètres de pistes de tout niveau accessibles grâce à 18 remontées mécaniques.
Vue sur les Monts du Cantal - Photo D. Armanini

Yves poursuit la description du panorama. Sur la gauche du Plomb du Cantal, on peut très distinctement observer le Mont Griou (1690 mètres) très caractéristique avec sa forme triangulaire. Plus à droite, c'est le massif Puy Chavaroche (1736 mètres) qui nous apparaît puis tout à l'ouest de ce panorama grandiose, on découvre le Peyre-Arse avec ses 1806 mètres d'altitude et enfin la Seycheuse qui culmine à 1647 mètres. Yves prècise que de l'endroit où nous nous trouvons, on ne peut guère apercevoir les 1783 mètres du célèbre Puy Mary masqué ici par le Peyre-Arse.
Les monts du Cantal (ou massif cantalien, ou volcan du Cantal) sont constitués des vestiges du plus grand stratovolcan visible d'Europe. Apparu il y a environ 13 millions d'années, ce volcan, dont les dernières éruptions sont datées d'environ 2 millions d'années, a été largement démantelé par des phénomènes d'effondrements massifs et d'érosion fluviale et glaciaire. Le massif situé autour du Plomb du Cantal a donné son nom 'Cantal' au département, à un fromage, et au cheval blanc que montait Napoléon Ier lors de la bataille d'Austerlitz. Le mot gaulois 'cantos' signifie 'cercle' et 'cantalon' signifierait 'pilier, monument circulaire'. Le mot 'Cantal' se réfèrerait ainsi au Plomb du Cantal en raison de la forme arrondie de son sommet.


Le barrage hydro-électrique de Saint-Étienne-Cantalès.
Le lac de Saint-Étienne-CantalèsPhoto JPL

Sur la route du marais de Cassan, nous avons effectué un cours arrêt pour admirer le lac de Saint-Étienne-Cantalès. C'est un des nombreux lacs de barrage du Cantal. Ici, le barrage de 69 mètres de hauteur et de 270 mètres de long retient les eaux de la Cère. L'épaisseur de béton est de 35 mètres à sa base et de 5 mètres en crète. Le lac reçoit en outre les eaux de l'Authre. La retenue mesure 12,5 kilomètres de long. Le plan d'eau est une vaste étendue de 562 hectares aménagée pour la baignade et les sports nautiques. Une surprenante passerelle himalayenne de 124 mètres de long relie les presqu'îles de Rénac et d'Espinet. Le volume total de la retenue dépasse 133 millions de mètres-cubes et le barrage fournit une puissance de 106 méga-watts.
Il fut construit de 1939 à 1945, par Forces motrices du Cantal dont les ingénieurs, les techniciens et les ouvriers du chantier ont activement participé aux réseaux de la Résistance. Il fut inauguré le 1er juillet 1945 par le Général de Gaulle et le Sultan du Maroc. Le barrage fait partie du réseau des lieux de mémoire de la Résistance.
Les autre barrages du Cantal sont :
  • Barrage de l'Aigle (Hauteur : 92 m - Largeur : 290 m - Longueur de la retenue : 25 km )
  • Barrage de Bort-les-Orgues (Hauteur : 135 m - Largeur : 390 m - Longueur de la retenue : 21 km )
  • Barrage d'Enchanet (Hauteur : 69 m - Largeur : 230 m - Longueur de la retenue : 15 km)
  • Barrage du Goul (Hauteur : 19 m - Largeur : 90 m - Longueur de la retenue : 2 km )
  • Barrage du Gour Noir (Hauteur : 43 m - Largeur : 80 m - Longueur de la retenue : 3 km)
  • Barrage de Grandval (Hauteur : 88 m - Largeur : 376 m - Longueur de la retenue : 28 km)
  • Barrage de Lanau (Hauteur : 29 m - Largeur : 180 m - Longueur de la retenue : 12 km)
  • Barrage de Marèges (Hauteur : 90 m - Largeur : 347 m - Longueur de la retenue : 15 km)


Flore.
Pas question, bien sûr, d'évoquer ici toutes les formes de l'abondante flore de ces montagnes verdoyantes... Voyons seulement les espèces que nos guides nous ont signalées pour leurs vertus culinaires ou médicinales .
Françoise toute ébaubie devant quelques spécimens de beaux pilous.

Dès les premiers hectomètres de notre première rando, Céline et Yves attirent notre attention sur les châtaigniers si nombreux dans la région dont on comprend aisément qu'elle ait été nommée la 'Châtaigneraie Cantalienne'. Le châtaignier offre un bois généreux, facile à travailler, très riche en tanins ce qui lui confère une durabilité exceptionnelle. Outre ses qualités comme bois de chauffage, on l'utilise en charpente, tonnellerie, ébenesterie, menuiserie etc..
On apprend que la bogue épineuse du fruit est appelé ici, le 'pilou' et que celui-ci contient la précieuse 'castagne' artisanalement exploitée dans toute la région et vendue sous forme de crème, purée, confiture, liqueurs... Plus traditionnelement, la châtaigne était réduite en farine pour l'alimentation de la maisonnée et des cochons. 
Balade dans le Marais de Cassan.

Lors de la rando dans le marais du Cassan, ce sont les bruyères qui ont attiré notre attention. Il existe plus de 800 espèces de bruyères. Disposées en grappes, les fleurs sont le plus souvent roses, parfois blanches (Erica arborea) ou verdâtres (Erica scoparia). En France, on retiendra surtout trois types de bruyère :
-le genre Calluna présentant des feuilles opposées en forme de petites écailles sessiles imbriquées sur 4 rangs.
-le genre Erica possède des feuilles en forme de petites aiguilles verticillées par 3 à 4. La corolle urcéolée (en forme de petit vase, de grelot)  à 4 dents et à étamines libres est entourée à sa base par un calice vert.
-Le genre Daboecia possède des petites feuilles ovales lancéolées. Les fleurs également urcéolées sont disposées en grappe terminale.


 Ici, dans ces marais on trouve en abondance la bruyère cendrée (Erica cinerea) . Un peu plus tard, étant sortie du marais, Claudine nous fait apprécier l'odeur d'un petit bouquet de sarriette qu'elle vient de cueillir sur le bord du chemin.
 
Nos guides - Photo D. Armanini

Lors d'une autre randonnée, sur le 'chemin du miel aux abeilles', Céline, notre guide, nous vante les vertus de l'herbier local :
- L'ortie : très bon diurétique, elle agit contre les douleurs de l'arthrite et des rhumatismes et soulage en cas d'inflammation bénigne de la prostate ; elle favorise la stimulation du lait maternel. Les jeunes pousses sont utilisées en soupes, infusions, etc... seules ou mélangées avec d'autres plantes...
- Le plantin lancéolé : aussi appelé 'herbe à cinq coutures' ou herbe à cinq côtes', astringent, cicatrisant, le plantain s'utilise en infusion ou en cataplasme de feuilles broyées ou en sirop, contre toutes les maladies des organes respiratoires et tout particulièrement en cas d'engorgement des poumons, de toux grasse, de coqueluche, d'asthme pulmonaire, même en cas de tuberculose pulmonaire pour désinfecter les voies respiratoires. Contre les piqûres (moustiques, guêpes, orties…) et les démangeaisons, il faut frotter une ou plusieurs feuilles sur l’endroit de la piqûre jusqu’à en extraire le suc. Les feuilles fraîches, riches en mucilages, peuvent être utilisées en cataplasme sur les plaies pour arrêter les saignements ou soigner les ampoules. Yves nous fait une démonstration de l'utilisation du plantain en en écrasant quelques feuilles pour frotter énergiquement le coude de Françoise qui vient d'être piquée par des orties très urticantes.
- La pulmonaire : Par son mucilage, son tanin et ses saponines*, elle est émolliente, expectorante, astringente et diurétique. Elle a été utilisée depuis l'Antiquité pour traiter les maladies des voies respiratoires. Elle est encore traditionnellement utilisée contre divers troubles pulmonaires dans de nombreux pays.
*saponines : glucosides possédant des propriétés hémolytiques.
- Le pied jaune : Yves nous explique que cette petite pomme au goût sucré agréable est, ici, appelée 'pied jaune' car pour faire le cidre, on la foulait pieds nus et qu'ainsi, les pieds du fouleur prenaient une teinte jaune particulièrement tenace.
- La grande gentiane : Plante connue depuis des temps très anciens pour ses propriétés apéritives. Sa forte racine, qui contient des glucosides amers, sert à fabriquer des boissons apéritives très réputées comme la Salers et l'Avèze ou la Suze...

Alors que nous remarquons la bonne odeur que dégage la menthe  très abondante sur le bord du chemin que nous empruntons, Yves, interrogé sur les vertus apaisantes de la plante,  nous remet en mémoire un peu de vocabulaire : infusions, décoctions, et tisanes :
-l'infusion consiste à verser de l'eau frémissante sur les feuilles ou fleurs.
-la décoction suit le même principe mais concerne les parties dures des plantes (graines, tiges, racines).
-la tisane est le résultat de ces opérations d'infusion ou de décoction.

Bailar a manjar*
*Prononcez : bela a mandza ("Donnez-nous à manger" en patois auvergnat).
Varennois affamés - Photo D. Armanini
L'évocation des produits dérivés de la gentiane nous ouvre l'appétit. Voyons un peu le contenu de ces assiettes cantaliennes : 
- le fromage : sans majuscule, cantal désigne un célèbre fromage produit dans le département. C'est une pâte pressée non cuite,  fabriquée à partir de lait cru ou pasteurisé. La fourme de cantal   pèse entre 35 et 45 kilos. Selon la catégorie ('jeune' / 'entre deux' / 'vieux'), l'affinage varie entre 90 et 210 jours,
À l'origine, ce fromage était fabriqué dans les burons.   Ce sont de petites bâtisses, dans les zones de pâturage, construites en pierre, au toit couvert de lauzes. On utilisait le lait des vaches de Salers qui étaient conduites chaque printemps à l'estive dans les pâturages se trouvant autour du Plomb du Cantal. Aujourd'hui, le cahier des charges s'est allégé et le lait transformé en cantal peut provenir de n'importe quelle race de vache.
C'est pourquoi, au cours de nos randos, nous avons pu observer des vaches de toutes races : salers , bien sûr, mais aussi aubrac , limousine , monbéliarde , charolaise , holstein .

Photo D. Armanini

Cette production laitière est fortement valorisée en Appellations d’Origine Protégée (AOP) : CantalSaint-Nectaire,  Bleu d’Auvergne,  Fourme d’Ambert et Laguiole. Une vingtaine d’entreprises laitières collectent et transforment ce lait en fromages.
 Seule, l'AOP Salers est exclusivement fermière. Le fromage 'salers' est la forme ancestrale qui était la norme pour les fourmes produites dans les burons pendant la période d’estive. La fabrication du salers ne peut se faire que pendant la période de mise à l’herbe des vaches entre le 15 avril et le 15 novembre. Pour bénéficier de l'appellation "salers", le lait cru et entier doit être transformé à la ferme tout de suite après la traite et ne peut, en aucun cas, être refroidi puis réchauffé. C'est ce cahier des charges très exigeant qui fait du salers le roi des cantals.

-la viande : 
Les morceaux nobles de la viande de vache 'salers' sont très estimés pour leur goût remarquable et leur tendreté.
La cochonaillle est particulièrement appréciée sur ces terres : tripoux, saucisses, couennes, terrines, etc sont des classiques de la cuisine auvergnate. La production porcine est assurée par une centaine d’élevages principalement situés en Châtaigneraie et en Planèze. Ces élevages, qui représentent quelques 2 900 truies, fournissent plusieurs filières de qualité, notamment celle du Porc de Montagne.

-four et colombier : 
Lors de notre rando sur le chemin du miel aux abeilles, Yves attire notre attention sur un four à pain qui aujourd'hui appartient à une personne privée mais qui fut municipal autrefois et même banal dans un passé plus lointain. L'adjectif 'banal' quand il s'applique à un four ou à un moulin signifie 'appartenant à la circonscription d'un Seigneur'. Ne pas confondre avec 'banal' signifiant 'sans intérêt'. Ces deux adjectifs semblables ont en fait un pluriel différent : on dira des 'fours banaux' (liès au droit seigneurial) tandis qu'on dira des 'des paysages banals' ou des 'histoires banales' pour qualifier des choses sans intérêt. On observe la même différenciation sémantique pour le mot 'banalité' qui selon le contexte signifie soit une redevance due au seigneur soit une chose qui n'a que peu d'intérêt.

Au passage près d'une très jolie étable , Céline nous demande ce que nous déduisons de la présence du grand colombier qui surmonte l'édifice de la ferme. Certains évoquent le rôle des pigeons dans la transmission des messages, d'autres pensent plus prosaïquement à l'intérêt culinaire des volatiles. Céline explique qu'en réalité, ces colombiers étaient édifiés dans le but principal de collecter la fiente des pigeons sur des zincs habilement disposés. Cette fiente très riche en matière azotée constituait un excellent engrais que le fermier utilisait pour les cultures maraîchères principalement.

-quelques spécialités :
La truffade   : Rien à voir ici avec les truffes : le plat tient son nom de l’occitan «trufada», qui signifie 'pomme de terre'. C’est une sorte de tartiflette à base de pommes de terre poêlées et de tomme fraîche de cantal. On l’accompagne généralement de charcuterie, d’Auvergne, bien sûr.
Le pounti est sorte de terrine de porc et de verdure aux pruneaux servie froide ou chaude avec une salade verte.
Le cornet de Vic est un biscuit formé en cornet abondamment garni de chantilly, de châtaignes, de fruits rouges.

Signalons encore les lentilles blondes de Saint Flour, la production locale de miel, et les bières locales comme la Gaïa et l'Antidote.

L'omble-chevalier : Enfin, si la chance est avec vous et qu'un chef auvergnat vous propose ce poisson, n'hésitez pas un instant. Ce poisson difficile à pêcher, présent dans les lacs volcaniques a une chair rose d'une grande finesse. On le marie volontiers aves des écrevisses et on le sert  nappé de beurre blanc accompagné d'une pomme de terre poellée. Un délice ! 

La Vinzelle (Aveyron).
Photo D. Armanini

Nos guides nous proposent, aujourd'hui,  la visite de Conques. Sur la route suivant le cours du Lot vers la célèbre cité médiévale, nous allons faire étape à La Vinzelle, un petit hameau pittoresque perché sur un éperon rocheux dominant la vallée du Lot. Le petit village est rattaché à la commune de Grand-Vabre. Il fut important au Moyen-Âge et possédait "haute justice et château terrible". Ancienne terre des comtes de Toulouse, c’était une étape sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.
Aujourd'hui, en période hivernale, douze habitants maintiennent la vie du village. Grâce à eux et à l'Association des amis de La Vinzelle, le village a su garder son authenticité et son charme.
La Campana Bella (grande cloche) est une curiosité du village. Elle pèse 1250 kg, elle fut offerte par un homme aisé du village et mise en place vers 1870. Installée d'abord près de la porte de l'église, elle faisait un bruit si assourdissant lors des offices que les habitants décidèrent de la hisser sur le rocher dominant le village. L'église, dans ses parties les plus anciennes, date du XIème siècle : elle servait de chapelle au château. L'église est dédiée à Saint Clair et Saint Roch. Saint Roch est fêté le 16 août, lors de la fête du village. Cette chapelle est un vrai lieu de recueillement. Elle est ouverte, entretenue et fleurie par les villageois. La Vinzelle est magnifiquement fleurie en période estivale ;  les touches colorées, mêlées aux frondaisons des arbres, sur un fond de montagne, magnifient le village. La Vinzelle a été primé Village Fleuri depuis 1993 et a obtenu le label "première fleur" depuis 2000. Un
chemin de croix spectaculaire marque le départ du "très technique" sentier de randonnée du Peyral. Yves, notre guide attire notre attention sur les magnifiques toits de lauzes . Ici, ce cont des lauzes de schiste posées sur des voliges clouées sur de courtes pannes de chêne ou de châtaignier.
"Lou travel est un ferradou" nous explique Yves, à voix feutrée, devant une étrange installation de poutrelles de bois s'entrecroisant sous un petit toit de lourdes lauzes. Il s’agit d’un dispositif conçu pour maintenir de grands animaux comme les vaches et les bœufs lors du ferrage. A la différence du cheval, la vache ne peut pas rester debout seulement sur trois pattes. C’est pour cela qu’on devait la conduire au ferradou pour le ferrage. La patte d’un bovin est différente de celle d’un cheval. Elle possède deux sabots par patte. Ce sont donc deux fers de forme particulière qui étaient mis à chaque patte de l'animal.

Conques (Aveyron).
Photo D. Armanini

Nous laissons La Vinzelle et ses minuscules ruelles fleuries pour reprendre la route le long du Lot, direction Conques, ce joyau de l'art roman , étape incontournable sur le chemin de Compostelle. Les deux rivières du Dourdou et de l'Ouche forment à cet endroit une sorte de coquille ("Concha" en latin, "Conca" en occitan), qui aurait donné son nom au village. Ce lieu magique sur les routes de Saint-Jacques recèle, outre le trésor d'orfèvrerie le plus important de France, bien d'autres trésors : les maisons à colombages, le cloître roman,  l'abbatiale Sainte-Foy, ses 250 chapiteaux, ses vitraux contemporains de Pierre Soulages et son tympan aux 124 personnages sculptés dans la représentation du Jugement Dernier.
L’arrivée, après 866, des reliques d’une jeune martyre agenaise, sainte Foy, contribua au rayonnement de cette jeune abbaye bénédictine qui, très vite, se trouva à la tête d’une immense réputation qui s’étendait de l’Italie à l’Espagne. En effet, des fidèles de haut rang mais aussi des pèlerins, en quête de miracles, vinrent vénérer les reliques de la sainte et firent preuve, à l’égard de la communauté religieuse, d’une générosité extrême. Cette dévotion permet notamment de comprendre la constitution de l’exceptionnel trésor d’orfèvrerie et la reconstruction de l’abbatiale actuelle, en moins d’un siècle, de 1040 à 1130 environ. Un bourg monastique se constitua progressivement sur les versants ensoleillés dominant la gorge de l’Ouche. Protégée par une ceinture de murailles et par quatre portes fortifiées, cette petite cité – riche, dit-on, d’environ 3 000 habitants au début du XIVème siècle – connut une rapide prospérité, liée notamment à la diversité de ses activités commerciales ou artisanales.
La Révolution française entraîna, en 1790, la fermeture de l’abbaye et la dissolution du chapitre des chanoines. Au début de l’année 1793, les habitants réussirent néanmoins à sauver de la destruction les reliquaires d’or et d’argent. Quant à l’abbatiale romane, elle fut, elle-aussi, miraculeusement épargnée et, une fois les troubles passés, cet édifice, en assez mauvais état cependant, attira l’attention d’un jeune inspecteur des Monuments historiques, Prosper Mérimée, de passage à Conques en 1837. Ce dernier est à l’origine d’une véritable prise de conscience patrimoniale qui conduira à plusieurs campagnes de restauration de l’église, tout au long des XIXème et XXème siècles.
Aujourd'hui, le site de Conques est mondialement connu et il bénéficie d’un label de toute première importance. En effet, depuis 1998, l’église abbatiale Sainte-Foy et le pont des pèlerins sur le Dourdou sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, au titre des Chemins de Compostelle.
Photo JPL

Céline va particulièrement s'attacher à nous présenter le célèbre tympan de l'église abbatiale. Cette représentation du Jugement Dernier est une oeuvre monumentale avec ses presque 7 mètres de large sur 4 mètres de haut.
La composition peut être divisée en 3 niveaux : Au centre, trône le Christ en majesté, démesuré par rapport aux autres personnages (1,16 mètre). À sa droite, le Paradis : les saints et les élus représentent l'ordre, le calme. À sa gauche, l’Enfer, espace des damnés, des démons et du Diable  qui symbolisent l'agitation, le grouillement, le désordre.   Soient 124 personnages sculptés dans un calcaire jaune. Il ne reste que peu de traces des couleurs picturales appliquées à l'origine. Des inscriptions en latin de part et d’autre du tympan viennent préciser qui fera partie soit des élus soit des damnés et ce qui attend chacun. Pour les gens du peuple, qui ne savaient pas lire et qui ne comprenaient pas le latin (langue de la messe) cette sculpture était une illustration concrète du pouvoir du Christ sur les âmes. Les visions effrayantes de l’Enfer visaient à renforcer la croyance ou le respect des pratiques religieuses instituées par l’Église catholique afin de s’éviter de telles souffrances. La tournure narrative, pédagogique, du tympan, ses scènes très réalistes en font une œuvre accessible à tous.
Après notre visite sous les voutes en berceau de 22 mètres de haut de l'abbatiale, la plus haute des églises romanes, nos guides nous conduisent vers le cloître roman , voulu par l’abbé Bégon (1087-1107) et démoli en grande partie au début du XIXème siècle. Quelques beaux vestiges subsistent, notamment les arcades de la galerie occidentale ou le grand bassin central, en serpentine.
Quartier libre nous est finalement donné pour que chacun d'entre nous puisse profiter à sa manière de toute la richesse patrimoniale du site ou plus prosaïquement de toutes les offres commerciales des nombreuses petites boutiques qui y prospèrent.

Maurs-la- Jolie (Cantal).
Photo D. Armanini

Sur les bords de la Rance, c'est une des villes les plus anciennes d'Auvergne, dont les maisons à colombages et les toits rouges aux accents méridionaux tranchent sur la verdeur de la campagne environnante. Serrée autour de l’Abbatiale Saint-Césaire, vaisseau gothique du XIVème siècle, la cité a conservé la forme d’un cercle presque parfait que lui avaient donné ses remparts. L’Abbatiale renferme le buste reliquaire de Saint-Césaire, chef d’oeuvre d’orfèvrerie du XIIème siècle, ainsi qu’un ensemble unique en Auvergne de très belles statues de bois et stalles sculptées. Jeudi, c'est jour de marché à Maurs. Les marchands ont installé leurs étals sur le Tour de Ville, le boulevard établi sur des douves qui furent comblées en 1774 correspondant aux remparts disparus à l'intérieur desquels se blotissait l'ancienne cité médiévale. Autour de la vieille église et de son clocher trapu, des forains ont également déployé leur matériel et leurs produits. Ce marché passe pour être l'un des plus importants du département pendant la pleine saison estivale.
Maurs se trouve à la croisée de 3 départements et de 3 régions. Pour symboliser, cette situation géographique particulière, la ville possède trois fontaines disposées sur le "Tour de Ville", chacune étant dédié à un département. La place de la Grande Fontaine symbolise le département du Cantal et l'Auvergne, la fontaine place de la République représente le Lot et le Quercy et enfin la fontaine de la place Orientale, consacre l’Aveyron et le Rouergue. Les habitants de Maurs ont pris l'habitude de surnommer leur ville "la peite Nice du Cantal" peut-être en raison de son caractère plus méridional que les autres villes du département, de ses tuiles-canal rouges et de l'accent chantant qui résonne ici.

 
Saint-Santin, village double.

Deux clochers, deux mairies, deux écoles (anciennement), deux cimetières…
 À Saint-Santin, on trouve tout en double ou presque ! C’est que le village abrite, depuis 1790, deux communes bien distinctes : Saint-Santin-de-Maurs, dans le Cantal et Saint-Santin, en Aveyron.

La séparation entre les deux communes n’est matérialisée que par le monument aux morts commun, érigé après la Première guerre mondiale, symbole du lien qui unit malgré tout Cantalous et Aveyronnais.

Les deux églises du village ne sont pour leur part séparées que par une vingtaine de mètres occupés par une bâtisse appelée "maison sur la frontière". Cette ancienne épicerie, 'Chez Trincot', est située à cheval entre Cantal et Aveyron, entre Auvergne et Rouergue, entre Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie.. Elle a donné du fil à retordre à l’administration fiscale, qui s’est demandé à qui son propriétaire devait payer ses impôts. La question fut tranchée en faveur de l’Aveyron car la chambre à coucher, lieu supposé privilégié pour la procréation de la nouvelle génération citoyenne, était bâtie côté Aveyron. Par chance, la pièce située dans le Cantal abritait l’épicerie et put ainsi bénéficier de l’électricité dès 1932, quand les locaux des comparses aveyronnais ont dû patienter jusqu'en 1943 pour bénéficier du service.

 
Chacune des deux églises, Notre-Dame (côté Cantal) et Saint-Pierre (côté Aveyron) a longtemps eu son propre curé et la messe était célébrée séparément. Il était alors implicitement interdit d'épouser un ressortissant de l'autre paroisse. Cependant, sortes de Roméo et Juliette Saint-Santinois, l’institutrice cantalienne et le receveur des postes aveyronnais auraient brisé le tabou et convolé en justes noces. 
L'écrivain Jean Anglade s'est inspiré de la situation particulière du village et de la rivalité ancestrale entre Cantaliens et Aveyronnais pour écrire son roman 'Un souper de neige' paru en 2000 aux Presses de la cité.

Photo D. Armanini
 


Le Château de Gironde.
Photo D. Armanini

Pour notre dernier jour de rando, nos guides proposent une balade à partir d'Agrès , petit village de la vallée du Lot, pour une ascension au Château de Gironde dont le propriétaire nous a gentiment donné l'autorisation d'utiliser ses jardins pour y pique-niquer. Ce pique-nique fut un véritable privilège tant la vue panoramique qui nous est offerte, ici sur la vallée du Lot, est spectaculaire.

Photo JPL

Historiquement, la famille de Gironde s'est installée dans les environs de Conques dès le XIème siècle. C'est elle qui à l’intérieur du domaine du château fonda la première chapelle. Les Gironde se maintinrent au château jusqu'au XIVème siècle.
 Au début du XIIIème siècle, riverains de la Dordogne et riverains de la Garonne se disputaient vivement pour savoir comment pourrait se nommer l'immense estuaire qui réunit les eaux des deux rivières. Arnaud de Gironde fut nommé par le Roi pour trancher le débat. Pour ne froisser ni les uns, ni les autres, ni son égo, il ne trouva que le choix de donner son propre nom à l'estuaire ainsi baptisé la 'Gironde'.
Plus tard, c'est le baron du Quercy, Gaspar de Felzins, qui prit possession du château de Gironde. Les Felzins y demeurèrent jusqu'en 1907. L'ingénieur Louis Panassié acheta alors le domaine. 
Louis Panassié, ingénieur de l’école des mines de Paris, parti à la recherche de pétrole en Russie dans les années 1885, va découvrir par hasard le plus gros gisement mondial de manganèse, des mines dont il se rendit aussitôt propriétaire. Le manganèse est alors utilisé pour durcir les aciers, principalement en armement… Inutile de préciser la fortune qui deviendra la sienne, en cette fin du XIXème siècle. Selon ses voeux, la tombe de Louis Panassié a été creusée dans la roche sous la chapelle .
Son fils, Hugues Panassié (1912,1974), devint un célèbre critique et producteur de Jazz. Cette passion dévorante a un coût et pour solder ses dettes accumulées, Hugues Panassié dut vendre  la chapelle à l’évêché de Rodez , puis, en 1953, le château aux oeuvres sociales de la ville de Constantine.
Le château passa ensuite aux mains de la famille Trussel qui finalement le vendit à la famille Desprat, les actuels propriétaires. Le 10 Octobre 1970, la foudre s’abat sur les toitures et les embrasent. La demeure détruite, fut reconstruite grâce à l’obstination du propriétaire, Roger Desprat.



Tribulations hors programme.
Soit que la rando du jour se termina suffisamment tôt, soit qu'ils se trouvèrent physiquement fatigués , soit qu'ils éprouvèrent le besoin de parfaire leur connaissance de la région....quelques-uns, parmi nous, ont désiré entreprendre quelques visites touristiques en dehors du cadre strictement programmé des randos. Il serait difficile de conclure sans évoquer quelques-unes de ces pérégrinations touristiques :
Photo D.Armanini




Figeac (Lot) :
 Ville natale de Jean-François Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes et fondateur de l’égyptologie, deuxième ville du Lot, Figeac est marqué par la richesse et la beauté du patrimoine. Son centre historique façonné par le Moyen Âge abrite un nombre remarquable de maisons de marchands aux façades sculptées. Ces demeures restaurées témoignent de la richesse de la ville qui commerçait avec toute la France et les grands ports méditerranéens.






Photo JPL

Entraygues sur Truyères (Aveyron)
:

De quelque direction que l'on vienne, par des charmantes routes qui musardent, on arrive à Entraygues. Cette cité, aux nombreux vestiges moyenâgeux blottie entre les eaux du Lot et de la Truyère, nous offre ses vieilles rues, cantous et ganelles, de superbes maisons à colombages datant du XVème et XVIème siècle, son château et ses ponts du XIIIème siècle...






Laroquebrou (Cantal) :
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Ancienne ville castrale, et ville de premier pont sur la
Cère, la cité fut longtemps centre actif de poterie, tannerie et cordonnerie.
Elle est classée "
petite cité de caractère*" et s’étire le long de la rivière Cère, à l’entrée des gorges qu’enjambe un pont du XIIIème siècle.

Notre Dame du Rocher (copie de la Vierge Notre Dame de Fourvière à Lyon) et le Château médiéval surplombent les ruelles bordées de maisons pittoresques....





Marcolès (Cantal)
 :

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Marcolès, comme Laroquebrou, fait partie du réseau des "petites cités de caractère*". Ville d'échanges sur le chemin allant de Maurs à Aurillac, la cité s'entoure de rempartsOn y pénètre par deux portes avec herse s’ouvrant sur la “Rue Longue” où se dressent de belles façades Renaissance, avec arcades, caves voûtées et fenêtres à meneaux. Autour de l’église Saint Martin, de style gothique méridional, les "carriérons" sont de petites ruelles abritant autrefois de nombreux artisans (forgerons, charron, sabotier…), des maisons typiques et quelques granges.







Screenshot Google Maps

 
Montsalvy (Cantal) :

Montsalvy offre au regard du visiteur ses toitures en lauze et de magnifiques panoramas du haut de ses 830 mètres d'altitude. Également classée "petite cité de caractère*", située au pied du Puy de l'Arbre (motte castrale érigée par les abbés d’Aurillac dès le Xe siècle pour surveiller le passage vers Rodez), elle s'articule autour de trois monuments historiques : l'Abbatiale Romane qui abrite la Salle Capitulaire dans laquelle est exposé le trésor d'art sacré du canton, le Réfectoire des moines et le Cloître Saint Gausbert.











*"Petites cités de caractère" :  ce projet des 'Petites cités de caractère (PCC)' est né il y a quarante ans. Plus de 170 cités ont rejoint le réseau associatif mettant en avant le tourisme et le patrimoine. Le Cantal compte huit villages classés. Laroquebrou, Marcolès et Montsalvy ont été les cités pionnières. Les ont ensuite successivement rejointes les villages de Murat, Saint-Urcize, Raulhac, Menet et Pleaux.
Ces communes se sont dotées d’outils de protection et de gestion adaptés tels que l’A.V.A.P.(Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine).  Les cités classées PCC s'engagent à mener une politique active de sauvegarde, d’entretien et de restauration de leur patrimoine, de sa mise en valeur, et de sa promotion auprès des habitants et des visiteurs.





Tous nos circuits cantaliens.
Cliquez sur les cartes pour ouvrir le lien vers la cartographie de Visorando

Le 12 septembre : Les environs De Maurs.
Distance : 8.11 km  Dénivelé positif : 185m



Le 12 septembre : Le plan d'eau du Moulin du Treil.
Distance : 5.89 km Dénivelé positif : 51m



Le 13 septembre : Les Marais de Cassan
Distance : 8.48 km Dénivelé positif : 70m



Le 14 septembre : Le Trioulou
Distance : 7.3 km Dénivelé positif : 170m



Le 14 septembre : Les deux "Saint-Santin"
Distance : 8.05 km Dénivelé positif : 96m



Le 15 septembre : À partir de Saint-Étienne-de-Maurs
Distance : 4.38 km Dénivelé positif : 90m



Le 16 septembre : de Vitrac au Trou du Diable (écourtée par la pluie)
Distance : 6.26 km Dénivelé positif : 95m



Le 16 septembre (Balades dans La Vinzelle et dans Conques)
Ces deux balades n'ont pas été enregistrées dans notre cartographie.



Le 17 septembre : de Pont d'Agrès au Château de Gironde