mardi 27 août 2024

Soignolles-en-Brie, Solers (Pilou le 27/08/2024)

Photos du jour.
C'est avec une température élevée proche de 28°C, idéale pour la balade, sous un ciel parfaitement bleu que nous nous proposons de parcourir cette boucle d'un peu moins de dix kilomètres. Nous aurons, pas moins de six fois, l'occasion de traverser le cours paisible de l'Yerres qui serpente en larges méandres sur le territoire de ces deux charmantes petites communes seine-et-marnaises : Soignolles que la rivière traverse d'est en ouest et Solers perchée sur le coteau qui surplombe la rive droite de l'Yerres (il faut prononcer 'Solers' comme 'solaire'). 




L'Yerres.
Cette rivière, que notre association connaît très bien tant nous avons eu maintes occasions de longer ses rives, constitue aujourd'hui encore le fil conducteur de notre rando. Notre rivière est assez imprévisible et fréquemment en crue. Tantôt large lors de ces débordements, tantôt étroite, elle se franchit à Soignolles-en-Brie par quelques petites passerelles de pierre, par trois gués, praticables en dehors des périodes de crue, et un grand pont ; et à Solers par un gué, par un ancien pont ferroviaire et par le petit Pont Bossu (parfois abusivement appelé 'Pont Romain' bien qu'il n'ait absolument rien de romain). Nous allons traverser l'Yerres, une première fois, en empruntant un long platelage surélevé et une jolie passerelle en châtaignier. Nous allons suivre ensuite la rive dans une prairie où, à côté des champs semés en 'engrais vert' , s'étendent de vastes prairies où paissent nonchalamment de très nombreux chevaux.
Les agriculteurs du plateau Briard et de la vallée de l'Yerres ont choisi de louer leurs terres les moins rentables pour 🔰 le pâturage des chevaux appartenant à des particuliers tout heureux de trouver ainsi une solution adaptée pour le plus grand confort de leurs animaux.

Nous passons maintenant sur la passerelle longeant le gué de Barneau. Un petit tracteur stationne sur le gué. Une pompe est en action permettant de remplir un gros réservoir juché sur une solide remorque. L'eau ainsi puisée sera ensuite versée dans les abreuvoirs de l'installation équestre voisine. Chaque fois que l'occasion nous est donnée de passer ici, nous nous plaisons à nous remémorer la scène tragi-comique que nous avions vécue  lors d'une précédente rando : un 🔰 motocycliste s'était retrouvé à l'eau en tentant de passer le gué à moto. Le malheureux trempé s'en était finalement sorti grâce au dévouement secourable de nos amis André, Daniel et Yves venus à la rescousse du naufragé.
Nous reprenons notre route, plus fièrement encore, conscients d'appartenir à un groupe quasi héroïque.

Barneau.
Barneau est un charmant hameau de Soignolles connu pour sa gentilhommière du XIXéme siècle dont l'immense parc fut utilisé comme camp de naturistes jusqu'en 2009. 

Nous décidons paresseusement de ne pas remonter le coteau vers le centre du hameau, nous privant ainsi du point de vue sur la gentilhommière et  de l'occasion de redécouvrir la 🔰 croix de la Trinité qui fut bâtie sur son bloc de gré en 1776. Il fait chaud, nous allons préférer raccourcir par le  chemin du Val d'Yerres qui va nous conduire plus directement, sur le sentier ombragé du petit Bois de Barneau,  Nous voilà maintenant arrivés au gué du Mont, rue du Moque Panier, dont la passerelle nous permet de traverser  une troisième fois la rivière.

Le chemin des Roses.

Nous rejoignons le chemin des roses que nous suivons vers l'est et nous franchissons une nouvelle fois la rivière sur l'ancien pont de chemin de fer bâti, ici, à 3 kilomètres de l'ancienne gare de Coubert en direction du terminal de la ligne à Verneuil l'Étang.
Une 🔰 plaque commémorative évoque l’accident ferroviaire de Solers, survenu le 10 août 1918 qui eut lieu ici et qui causa la mort de 24 personnes et fit 61 blessés. Une centaine de chevaux furent également tués.
Circonstances de l'accident :
Le drame se produit dans la nuit du 10 août 1918 à 3 heures 30 sur l'ancienne ligne reliant Paris-Bastille à Marles-en-Brie. Un train venant de Paris s’immobilise à la suite d’une rupture d’attelage sur le viaduc de Solers. Le chef de train part le couvrir à l'arrière à l'aide d'un signal lumineux et de pétards placés sur la voie. Malgré ce dispositif, un train allant dans le même sens à quelques minutes d'intervalle ne parvient pas à s'arrêter à temps et percute le convoi à l'arrêt. Sous le choc, deux wagons sont projetés sur la voie contiguë au moment où arrive dans la direction inverse un troisième train. Celui-ci déraille, et certains de ses wagons défoncent le parapet et tombent dans l'Yerres six mètres plus bas.
Ces trains transportaient des artilleurs du 101e régiment d’artillerie lourde de Lizy-sur-Ourcq, et des soldats du 2e régiment de tirailleurs marocains de Maron à Rethonde.

L'ancienne gare de Coubert était établie sur « la voie des roses », où passaient des trains utilisés par les rosiéristes pour que les fleurs soient livrées à Paris. La ligne ferroviaire, d'une longueur de 66,3 kilomètres, reliait à son apogée la gare de Paris-Bastille à la gare de Marles-en-Brie via Verneuil-l'Étang. De cette "voie des roses" ne reste aujourd'hui que le "chemin des roses" soient 20 km de balade, de Yébles à Servon, sur un chemin bien entretenu, pour notre plus grande joie, où seuls piétons et cyclistes sont autorisés à circuler.
Nous quittons le chemin des roses et traversons le bois du Tremblay. Au beau milieu d'un petit sentier, nous découvrons une borne ancienne présentant des motifs symboliques habilement sculptés. 



 
Solers.

Cette borne a été réimplantée en sa position initiale en octobre 2019 par les services municipaux.  Ce bornage correspondait à l'installation de moines Chartreux  sur le plateau Briard. Dans ce bois du Tremblay, il délimitait les lieux où, au-delà, les religieux s’interdisaient toutes possessions. Ainsi ces pierres marquées au signe des Chartreux signalaient la propriété de Seigneurie des Chartreux de Solers.
    Ce passé, marqué par la présence des Chartreux, est illustré de nos jours à Solers par la création du "Clos des Chartreux". C'est un vignoble fort de 400 pieds (300 en Chardonnay et 100 en Pinot Meunier) qui fait résonner le passé viticole de la région avant que les ravages du phylloxéra n’imposent une totale reconversion.
Nous descendons le coteau pour rejoindre la rivière au niveau du Gué de Rochefort où nous faisons une petite pause. Ce gué est essentiellement utilisé pour le passage des cavaliers venant du Haras d'Usta à Solers. Les engins agricoles l'utilisent également pour le travail des champs de hautes herbes fourragères où est moissonné un foin de qualité exceptionnelle.
Nous rejoignons le 🔰 Pont Bossu et traversons la rivière pour la cinquième fois. Un chemin grossièrement pavé et fortement pentu permet de remonter le coteau jusqu'au chemin du Dessus des Salles. Nous longeons les vignes du 🔰 Clos des Chartreux . Un petit panonceau indique que nous passons étrangement de la 'sente du Dessus des Salles' à celle du 'Dessous des Salles' bien qu'aucune différence de niveau ne justifie ce changement d'appellation. À la sortie de  Solers nous retrouvons le chemin des Roses que nous suivons en direction de l'ouest, vers Soignolles.
Le gué de Rochefort.


Le moulin de Soignolles.

Nous quittons le chemin des Roses à la Burelle, un autre hameau de Soignolles. Jacques prend le temps de faire un cliché de cette Vierge qui semble dominer tout le coteau de l'Yerres où se blottit le village. Elle n'est pas là par hasard. Face à elle, sur l'autre versant de l'Yerres, à plusieurs centaines de mètres de là, se dresse un calvaire dont le Christ crucifié lève le regard précisément dans l'exacte direction de la Sainte Mère qui lui fait face. Le village se trouverait ainsi protégé contre les grands malheurs par ce divin échange de regards affectueux entre  la Mère et le Fils.
Nous  descendons à présent l'étroit chemin escarpé de la Burelle puis empruntons la Rue du Moulin. Ceux d'entre nous qui imaginaient découvrir un joli moulin à blé aux ailes majestueuses animées par la douce brise d'un été prochain, se trouvent fort désappointés.
En effet, ce moulin à eau qui remonte à François Premier fut reconverti au 19ème siècle en un assez laid 🔰 moulin industriel, qui utilisait l'énergie hydraulique non pas de l'Yerres mais des ruisseaux qui descendaient de Coubert pour animer des tours de décolletage et des machines à battre les collets. Quand la force produite par l'immense roue de sept mètres de haut ne fut plus suffisante, on l'abandonna au profit d'une machinerie à vapeur. Le moulin a définitivement cessé de fonctionner en 1981 pour le plus grand confort auditif du voisinage.
Nous voici maintenant rue de la Planche dans les hauts de Soignolles. Nous redescendons vers le gué  de Cordon, longeons l'Yerres que nous traversons sur une 🔰 étroite passerelle pour nous diriger vers le centre du village.






L’église Notre-Dame-de-l’Assomption
Inscrite depuis 1926 à l’inventaire des monuments historiques, l'église, le chœur et la tour-clocher datent du Moyen-Âge (XIIème-XIIIèmesiècles). Le large vantail de 🔰 porte en chêne date du XVIèmesiècle.  La nef a été reconstruite au début du XVIèmesiècle à l’initiative du seigneur de Soignolles, François Jouvenel des Ursins. Les voûtes ne sont construites que près d’un siècle plus tard, comme en témoigne la date de 1616 portée par un chapiteau. D’importants désordres structurels ont affecté l’édifice et en particulier le clocher dont les fondations, insuffisantes, ont provoqué un affaissement de l’angle sud-ouest. Sa mise en sécurité urgente était un préalable à toute intervention ultérieure. Aussi d'importants travaux de restauration et de consolidation avaient été entrepris dès 2011. Mais, suite à des malfaçons scandaleuses lors de ce travail, le bâtiment se trouve aujourd'hui dans une situation ressentie comme catastrophique pour de nombreux habitants du village. La cloche est immobile depuis 11 ans. A l'extérieur, la tour se fissure. Des pierres tombent au sol. Face au risque d'effondrement, l’église est fermée au public. 
À Soignolles, on ne veut pas baisser les bras et les habitants croyants et non-croyants se mobilisent pour sauver l’église. L’Association pour la sauvegarde de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption (ASSENDS) a renouvelé son initiative, cette année encore, d'installer une crèche musicale devant l'entrée du bâtiment pour entretenir la mobilisation.
De plus, une vive bataille judiciaire est engagée et l'architecte en charge du dossier indique que les dernières décisions seraient plutôt rassurantes. Affaire à suivre...
Il ne nous reste plus qu'une grosse centaine de mètres à parcourir pour rejoindre le parking du cimetière de Soignolles où nos véhicules sont demeurés sagement dans notre attente.