mardi 4 novembre 2025

Brie-Comte-Robert (Pilou le 04/11/2025)


   Photos du jour.

Un temps assez ensoleillé, quasi miraculeux en ce début novembre plutôt maussade, a encouragé nombre d’entre nous à se rassembler sur le grand parking Beau pour s’engager sur un parcours sans difficulté de 9 km à travers les rues, ruelles, sentes et chemins de ce qui autrefois fut appelé la capitale de la Brie.

Brie-Comte-Robert, tout comme Varennes-Jarcy appartient à la communauté de communes Briards et Varennois sont  "voisins intercommunaux".

Le développement économique de cette vieille cité a permis d’importants efforts de restauration et de conservation du patrimoine, de création de parcs, tout cela contribuant à faire de Brie-Comte-Robert une ville fleurie où il fait bon vivre.
C’est ce que nous nous proposons de vérifier aujourd’hui.

Photo Didier Armanini.

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L’Hôtel-Dieu

Nous sortons du parking côté collège Georges-Brassens, croisons de jeunes lycéens gentiment surpris par cette rencontre avec le joyeux groupe de mamies et de papis que nous sommes. Nous passons devant Épi-Sol, l’épicerie solidaire, devant la porte de laquelle s’allonge déjà une file de personnes ayant grand besoin de cette aide pour subsister. Nous dépassons le portail d’entrée de l’Hôpital de Brie. À la hauteur de la Poste, nous découvrons le grand pignon d'une maison artistement mis en valeur par une représentant un arbre au cœur de l’été, symbole de vitalité et d’enracinement, à l’image même de la ville. Nous poursuivons pour rejoindre le centre-ville.

Nous marquons un arrêt place des Halles pour admirer la façade de l’ancien Hôtel-Dieu. Construit au XIIIe siècle, il fut d’abord un lieu de repos pour voyageurs et marchands de passage, puis hôpital, puis école de filles. Son élégante façade à pans de bois, finement restaurée, témoigne du soin apporté à la conservation du patrimoine local. Il sert aujourd’hui de salle d’exposition, où se tiennent régulièrement des expositions d’artistes locaux et des événements culturels.


L’église Saint-Étienne

Nous déambulons dans la rue de l’église, nous attardant un peu devant la belle vitrine de l'Antiquaire puis il nous faut lever la tête pour admirer les de l'église Saint-Étienne.

Ces sculptures, animales ou fantastiques, semblent veiller du haut des corniches. Leur aspect terrifiant aurait, selon certains, une fonction protectrice : éloigner le mal. D’autres y voient les démons fuyant l’église, repoussés par la sainteté du lieu. Leur rôle certain est cependant fonctionnel : elles servent à l’écoulement des eaux de pluie. Lors de la restauration de 1997, deux gargouilles furent taillées grâce au don de Madame Suzanne Crochard, bénévole de l’association Les Amis du Vieux Château, décédée en 1998. Elles portent les initiales de leur bienfaitrice.

Cette église est un vaste édifice, élégant, élevé et lumineux, d’un plan homogène et d’une exécution particulièrement soignée. L’église date de 1230. Typique du gothique briard, elle se distingue par son chœur élancé et ses vitraux d’une rare luminosité. Saccagée pendant la Guerre de Cent Ans, elle retrouve son éclat à la Renaissance à partir de 1540. Ce n’est qu’à partir de 1997 que commence un grand programme de restauration portant d’abord sur les structures extérieures.

La Charte internationale de Venise définit des règles strictes en matière de restauration. C’est dans cet esprit qu’on s’attacha à redonner à l’édifice son harmonie originelle : après avoir retiré le badigeon de chaux, on découvrit que l’église avait été, à l’origine, entièrement peinte. Les couleurs du XIIIe siècle ont été fidèlement reproduites.

Nous quittons le parvis, impressionnés par la beauté retrouvée de cet édifice qui a traversé les siècles.


Le Jardin des Bienfaîtes

Nous traversons la place des Minimes pour rejoindre le Jardin des Bienfaîtes. (Simon des Bienfaîtes fut le seigneur du fief au XIIIe siècle.)

Un cantonnier s’évertue à rassembler les feuilles mortes à l’aide d’une souffleuse assourdissante. Nostalgiques, nous repensons au temps béni où le râteau suffisait.

Nous découvrons la petite ferme installée à l’entrée du jardin : des poules et des coqs rivalisant d’élégance, des paons majestueux, une petite chèvre et un âne affable nous accueillent dans leur espace. Nous poursuivons sous la tonnelle dont on imagine la splendeur l’été venu. Cette longue tonnelle, couverte de multiples rosiers, exprime sa beauté pendant

Aujourd’hui, nous la découvrons dans son état hivernal. Cette roseraie rappelle la tradition horticole de la région, dont la production de roses eut une renommée internationale pendant plus d’un siècle.

Nous sortons du petit parc pour rejoindre la ruelle de la Grenouillère, où s’élèvent les locaux de l’association La Fontaine, importante structure culturelle et artistique locale proposant musique, théâtre, langues et arts plastiques à tous les âges. Sur la petite place ombragée, des ouvriers s’affairent au marteau-piqueur sur le pavage. Après l’épisode de la souffleuse municipale, voici un nouveau vacarme à supporter. Heureusement, à notre passage, l'homme à la manœuvre, affable, a le réflexe gracieux d’interrompre son terrible engin. L’incroyable difficulté de sa tâche n’a manifestement pas entamé son sens de l’altérité. Merci, monsieur.

Nous quittons le jardin, reconnaissants de ces petites attentions humaines qui embellissent la balade autant que les fleurs du parc.


Le Château

Nous déambulons de ruelle en ruelle, traversons la place du Marché, passons devant la Librairie du Château où œuvre Yves Grannonio, excellent libraire, proche de ses clients, toujours de bon conseil, qui invite régulièrement des auteurs à venir dédicacer leurs ouvrages dans une ambiance des plus conviviales. Nous voici arrivés à la porte sud du château.

Le château de Brie-Comte-Robert fut construit vers 1160 par Robert Ier de Dreux, premier seigneur de Brie — ce « Comte Robert » dont la ville porte le nom. (L'ancien nom de Brie est "Briga", un mot gaulois qui signifie "plateau".)

Au XIVe siècle, sous Jeanne d’Évreux, épouse de Charles IV le Bel, le château devient une résidence confortable. Après les destructions de la Guerre de Cent Ans, il est reconstruit au XVIe siècle dans le style Renaissance et accueille François Ier lors de ses passages. Puis viennent les siècles de dégradation : tours arasées, douves comblées, ruines envahies.

En 1997, une réflexion globale s’engage sur la conservation du site. On décide d’y créer un Centre d’Interprétation du Patrimoine, dédié à la recherche historique, à l’archéologie et à la pédagogie. Le château redevient alors un lieu vivant : pour les habitants, les touristes, les scolaires et les passionnés d’

Chaque année, début octobre, la cité médiévale renaît le temps d’un week-end ! Le château et les rues pavées s’animent de spectacles et de musiques grâce à la

Cet événement attire chaque année plus de 25 000 visiteurs, dans un tumulte sonore et visuel où se croisent chevaliers, artisans et troubadours. Un bel hommage à l’histoire, vécu dans la bonne humeur et la convivialité.


Le Chemin des Roses

Chemin des Roses – vue générale

nous passons devant le beau bâtiment en briques rouges des bains-douches municipaux, qui fonctionnèrent de 1928 à 1970. Il abrite aujourd’hui l’Office du Tourisme et du Commerce.

Nous traversons la rue du Général-Leclerc au niveau du restaurant La Mosaïque, puis rejoignons le quartier Pasteur. Nous traversons le lotissement de la rue du Chêne par un dédale de sentes engazonnées qui nous mène jusqu’au

Ce tracé emprunte l’ancienne ligne de Vincennes reliant Paris-Bastille à Verneuil-l’Étang.

Aujourd’hui, les rails ont disparu au profit d’un cheminement bucolique. Les wagons qui transportaient jadis la production des rosiéristes vers les Halles de Paris ont disparu eux aussi, à l'exception conservée au Musée de la Rose à Grisy-Suisnes.

Victor Étienne Gautreau, horticulteur-rosiériste à Brie-Comte-Robert, créa dès 1885 plusieurs variétés, dont la fameuse

La plus ancienne tradition festive briarde demeure Chaque printemps, plus de 250 000 roses en papier décorent une dizaine de chars qui défilent dans les rues de la cité briarde, perpétuant un savoir-faire ancien.

Nous dépassons fermée en 1953. À l’abandon pendant plusieurs années, cette vieille station fut restaurée pour accueillir en 2012 les services de l’intercommunalité L’Orée de la Brie. Nous ne tardons pas à quitter le Chemin des Roses pour rejoindre la zone industrielle de la Pierre-Blanche, la plus ancienne de la ville. Le contraste est saisissant entre la douceur du sentier fleuri et le grondement lointain des ateliers.


La Maison du Bourreau

Maison du bourreau
La maison du bourreau

Nous nous engageons sur le Chemin des Justices, longeant un domaine jadis appelé la Justice de Pamphou. Ici se dressaient les fourches patibulaires où l’on pendait les condamnés à mort par décision du Bailli de Brie. La petite allée Sanson Charles-Henri conduit aujourd’hui dans un lotissement bâti sur cet ancien domaine.

La famille Sanson fut une dynastie d’exécuteurs. Charles-Jean-Baptiste Sanson habita la maison du domaine de Brie, encore visible aujourd’hui. Son fils, Charles-Henri Sanson, exécuteur à Paris, fut partisan discret de l’abolition de la peine de mort. C’est lui qui inaugura la machine de Joseph Ignace Guillotin et qui procéda à de Louis XVI et Marie-Antoinette.

Charles-Henry réalisa 2 498 exécutions pendant la Révolution. Son prénom resta dans la mémoire collective, valant à la guillotine les surnoms de la fille à Charlot ou la bascule à Charlot.

* Le mot « bourreau » était interdit pendant la Révolution ; on disait « exécuteur ».


Le Parc François-Mitterrand

Nous rejoignons la rue d’Iverny, qui permet d’accéder au parc par le nord. Nous contournons les superbes plans d’eau où se prélassent canards colverts et oies bernaches. (Je me souviens avoir rédigé un petit article sur la sexualité chez le colvert, si particulière.
 (Vous trouverez ce court texte en suivant ce lien 🔰.)

 Avec ses 25 hectares de verdure, ce parc représente à lui seul la moitié des espaces verts de Brie-Comte-Robert. Il comprend un plan d’eau, un bois, un terrain de football et un terrain de pétanque.

Lieu favori des promeneurs, on y pratique le jogging, le vélo, la balade. Les élèves du lycée Blaise-Pascal profitent de cet espace mitoyen. La pêche y est autorisée et gérée par l’association « La Pêche Briarde ».

Le bois situé au sud du parc s’est développé sur l’emplacement d’une ancienne sablière. Son relief accidenté, aux allures de cratères, provient à la fois de l’exploitation ancienne du sable et des terrassements réalisés lors de la construction de la Francilienne toute proche.

Nous traversons ce petit bois et sortons du parc par sa porte sud. Un passage discret, ménagé dans une haie, débouche sur l’impasse Bougainville. Encore quelques dizaines de mètres, et nous longeons le mur d’enceinte du cimetière, dont les portes ouvertes dévoilent l’extraordinaire aux lendemains de la Toussaint.

Ainsi s’achève notre balade briarde de novembre, sous un ciel paisible et quelques rayons de soleil bien moins timides qu’on aurait pu le craindre.


Gentilé.
Brie-Comte-Robert: 19000 habitants
BriardsBriardes