mardi 11 juin 2024

Boissise-la-Bertrand, Boissise-le-Roi (Pilou le 11 juin 2024)

Photos du jour.
Après une semaine bien ensoleillée, le temps de ce mardi s'avère tout à fait incertain. Des nuages parfois menaçants succèdent à de belles éclaircies et c'est de l'une d'elles dont nous allons bénéficier alors que nous sommes garés sur la rive droite de la Seine, à Boissise-la-Bertrand, pour nous lancer sur un parcours de 9,5 km tracé, pour sa plus grande partie, sur la rive opposée du fleuve côté Boissise-le-Roi. Un épisode pluvieux, jugé rafraichissant par les plus optimistes, viendra quelque peu perturber notre déambulation, à mi-parcours, quand nous entrerons sur les chemins de la "Base de Loisirs Seine-École" qui s'étend entre Saint-Fargeau-Ponthierry et Boissise-le-Roi. Cependant le ciel va lentement se dégager et c'est sous le soleil que nous découvrirons le joli parc de la Mairie de Boissise-le-Roi avant de traverser la Seine pour rejoindre la rive droite et boucler cette rando.
(Notons que ce circuit s'inscrit tout entier en Seine et Marne et non pas, pour partie, en Essonne comme je l'ai affirmé par erreur au cours de la rando.)


Les photos qui illustrent ce compte rendu sont l'œuvre de notre ami Jacques Fillis.
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Le Barrage éclusé des Vives-Eaux.
Nous remontons la rue Pasteur, passons devant la Résidence Malka qui abrite un EHPAD de très bonne réputation,  apercevons la 🔰petite église Saint Germain de Boissise-la-Bertrand, puis entrons dans le petit Parc municipal des Vives-Eaux dont nous allons suivre les sentiers bien entretenus pour redescendre vers la Seine au niveau du Barrage des Vives-Eaux.
Le site comprend un barrage, deux écluses, une passe à poissons et un bâtiment de commandes. La plus grande écluse peut accueillir des convois de 180 mètres de long et 11,50 mètres de large pouvant transporter jusqu'à 4000 tonnes de marchandises. Le transport fluvial est fiable, silencieux, peu gourmand en énergie et justifie les investissements structurels qu'il implique. Ainsi, la reconstruction du site de Boissise a nécessité quatre années de travaux. Sa modernisation correspond aux enjeux de la transition écologique. Plus de 13 000 bateaux de commerce franchissent l’écluse de Vives-Eaux chaque année. Ce sont plus de quatre millions de tonnes de marchandises, principalement des céréales et des matériaux de construction, qui sont ainsi transportées sur la Seine, entre Melun et Paris.

La nouvelle passerelle, avec 185 mètres de long et 2,40 mètres de large, 263 tonnes dont 18 tonnes pour le garde-corps en fonte, est ouverte au public depuis février 2019. Elle présente une ligne architecturale soignée s’intégrant harmonieusement dans ce paysage. Les motifs des garde-corps de la passerelle publique fabriqués par la fonderie Vincent (du Rhône) évoquent les "vives-eau"» ou les eaux en mouvement.
Un ascenseur permet l'accès à la passerelle. Mais, randonneurs conséquents, nous préférons utiliser les longues rampes en pente douce.  La traversée du fleuve permet d'observer la structure du barrage formée de trois passes de 30 mètres. De lourds mécanismes activent les 🔰vannes à clapet qui s'orientent automatiquement en fonction de débit du fleuve. En temps de crue, les clapets sont abaissés et la Seine reprend son écoulement naturel.
Les "Voies Navigables de France" gèrent les barrages. Ils servent à réguler le niveau des eaux pour permettre la navigation fluviale toute l'année. Sans eux, la Seine dans son état naturel, ne serait pas navigable en période de basses eaux. Le maintien d'un niveau constant sert aussi à d'autres usages essentiels comme la production d'eau potable, l'irrigation agricole ou les activités de loisirs.

La base de loisirs "Seine-École".
Nous suivons maintenant le chemin de halage sur la rive gauche de la Seine en direction de l'aval. Nous sommes ici sur le GR2 sur le territoire de Boissise-le-Roi. Un panneau indique que nous entrons dans la "Prairie de Malécot". C'est un espace naturel sensible créé en 1993, pour garantir la préservation de ce site s'allongeant entre la Seine et un étang étroit de 2 km de longueur qui correspond à un ancien bras de Seine aujourd'hui refermé. Le pâturage de la prairie par des chevaux camarguais permet d’augmenter la diversité floristique. 232 espèces végétales dont 5 espèces rares, comme la véronique d'Autriche ou le rhinante velu, sont répertoriées sur le site. Le site offre la tranquillité au renard roux et aux passereaux comme l’hippolais polyglotte, le bouvreuil pivoine ou la fauvette grisette. Nous quittons le chemin de halage, traversons l'étang sur un petit pont et prenons le Boulevard de Seine qui n'est rien d'autre qu'une agréable impasse, remarquable de tranquillité, parallèle à la rive du fleuve. Des maisons sages aux jardins accueillants se succèdent tout au long de la ruelle. Au bout de l'impasse, un sentier permet de rejoindre le chemin de halage. 

Une petite pluie vient perturber notre cheminement sur le sentier parfois glissant qui s'insinue entre la Seine et la clôture de la Base de Loisirs. Nous arrivons à la passerelle qui permet de franchir le petit chenal qui alimente les bassins de la base de loisirs et son port de plaisance. Nous entrons dans la base, passons près d'un plan d'eau aménagé pour la pratique du téléski nautique. Nous n'apercevrons malheureusement pas, aujourd'hui, quelque pratiquant téméraire tracté par un câble, glisser à grande vitesse sur la surface, et enchaîner les sauts acrobatiques sur les tremplins installés dans l'étang. Le site intercommunal de Seine-École s’étale sur 25 hectares autour de trois plans d’eau. Il regroupe de nombreuses activités de loisirs. Une grande halle multisports s'élève à l'est du site et permet la pratique du tennis, volley, basket, hand, mur d'escalade, etc... Un terrain de beach-volley est ouvert aux amateurs.

Le  nom du site "Seine-École" correspond au fait que la rivière 'École' afflue dans la 'Seine' précisément, ici, à Saint Fargeau-Ponthierry. Le site  est aussi une base nautique : son port de plaisance est bien protégé des vents et courants.
Il compte 72 emplacements sur l’eau pour bateaux jusqu’à 10 mètres et donne accès à la Seine par le chenal que nous avons traversé à l'entrée de la base. Il dispose d’une cale de mise à l’eau et d'un ponton d’accueil pour les plaisanciers de passage.

Nous empruntons les chemins plus ou moins étroits qui contournent les plans d'eau. Nous rejoignons ainsi la berge de la  Seine au niveau du petit portillon de sortie/entrée de la base de loisirs Seine-École.
Nous allons  désormais remonter le chemin de halage vers l'amont jusqu'à l'étang de la Prairie Malécot. Les nuages se sont évacués, nous replions les parapluies, nous nous débarrassons des impers et des ponchos. Le soleil éclaire à nouveau notre route, le moral de la troupe retrouve des couleurs.


Boissise-le-Roi.

Nous remontons la Rue du Château, traversons les voies de la ligne du RER D en prenant bien garde à ne pas rencontrer le fameux train susceptible d'être caché par un autre. Nous marquons un petit arrêt pour admirer l'architecture de la petite 🔰église Saint-Denis, classée à l’inventaire des sites historiques. Elle a été entièrement restaurée en 1994 grâce au financement de la commune, du Conseil Général de Seine et Marne et de l’Etat. Les vitraux modernes décorant le fond de l’église sont l’œuvre d'un artiste local, J. Delhon.
 
Un petit passage longeant l'église permet d'entrer directement dans le parc de ce qui fut le château des Thumery, une famille de parlementaires possesseurs de Boissise-le-Roi. Gobert de Thumery, premier Sieur de Boissise restaura le château, après qu’il fut incendié par les anglais en 1429 pendant la guerre de cent ans. Le château reçut la visite d’Henri IV et l’une de ses salles en témoigne par un tableau du grand Roi. 


Par la suite , le château et ses dépendances ont appartenu à différents propriétaires : la famille Beausse puis Paul Bareiller*, puis Arthur de Fruchard qui a entièrement restauré le château et ses dépendances, avant de le vendre à M. Caballero de Bedoya, ministre plénipotentiaire du Paraguay qui le légua à l'homme d'affaires M. Desh. Puis en 1939 le château et son parc de 5 ha accueillirent, pendant presque 50 ans, une congrégation religieuse « les Orantes de Marie Médiatrice ». Le 14 Septembre 1983, la commune de Boissise-le-Roi acquiert le château qui deviendra officiellement l'Hôtel de Ville que nous pouvons admirer aujourd'hui. Sur une pelouse, se dresse la statue d'un magnifique coq de Barcelos, qui témoigne du grand dynamisme, sur la commune, de l'AFP (Association Franco Portugaise). Le coq de Barcelos est en effet un élément légendaire de la culture portugaise :
La légende conte qu'un pèlerin qui se rendait à Saint Jacques de Compostelle fut condamné de force pour un crime qu'il n'avait pas commis. Il demanda à être présenté au juge, qui prenait part à un banquet. Il affirma son innocence et comme personne ne le croyait, il désigna du doigt un coq rôti qui était sur la table et dit : "Mon innocence est aussi évidente, qu’il est évident que ce coq va chanter quand vous me pendrez." Et ce qui semblait impossible, arriva ! Quand l'infortuné fut sur le point d’être pendu, le coq rôti se dressa sur la table et chanta. Le juge fit alors immédiatement relâché le pèlerin. Aujourd'hui,  à  Barcelos (Portugal), la statue du coq constitue une attraction touristique majeure ; la représentation colorée du coq de Barcelos n'est rien moins que le symbole national du Portugal.
Nous cheminons sur les sentiers ombragés du parc de la Mairie dont nous sortons au niveau d'un lotissement dont la nomenclature des rues évoque les anciens propriétaires de château (Chevalier de Beausse, Thumery...). 

Le Domaine de Sainte-Assise.
Au fond d'une impasse, nous découvrons une discrète sente qui rejoint le petit 🔰Ru de la Mare aux Évées dont nous suivons le cours pour redescendre vers la Seine. Nous retrouvons le chemin de halage et, un peu plus loin, la grande passerelle du Barrage des Vives-Eaux. Depuis la passerelle, au delà des installations fluviales, on aperçoit nettement les immenses pylônes qui émergent du massif forestier côté rive droite. Le domaine des bruyères de Sainte-Assise est situé sur la nappe d’eau sub-affleurante aux portes de Paris qui permet une réverbération du rayonnement vers la stratosphère.  
Cette particularité, aura fortement contribué, en 1920, à l’implantation d’un centre radioélectrique de l’administration des PTT sur ce site stratégique. À son inauguration en 1921, l'émetteur de Saint-Assise était le plus puissant au monde et couvrait le monde entier. En novembre 1921, y fut réalisée, à titre expérimental, la première émission radiophonique française. Mademoiselle Yvonne Brothier interpréta la Marseillaise, la Valse de Mireille et un air du Barbier de Séville. Par la suite, le site a été un centre d'expérimentation pour la télévision. En 1991, une partie de la station est vendue par France Télécom à la Marine nationale, pour devenir le Centre de transmissions marine (CTM) de Sainte-Assise chargé des communications unilatérales avec les sous-marins en plongée.
Le terrain militaire est surveillé par une compagnie de fusiliers marins. Un pylône de 250 mètres reste la propriété d'une filiale d'Orange, "Globecast". 
Le reste de l'immense domaine a été cédé pour constituer la réserve naturelle de Sainte-Assise. Son classement est principalement lié à ses intérêts floristiques et entomologiques. Pas moins de 276 espèces de plantes vasculaires y ont été observées dont 21 espèces assez rares, 12 espèces rares, 12 espèces très rares et une espèce extrêmement rare : éleocharis multicaulis. Si le site possède une grande variété d’espèces protégées, il a aussi une grande variété de pylônes, eux aussi en voie de disparition sous l'effet du temps et de la rouille.
Cependant, les pylônes qui supportent l'antenne de la Marine Nationale, eux,  sont parfaitement entretenus et totalement fonctionnels pour assurer les liaisons avec nos sous-marins nucléaires en opération. Notons qu'en 2013, la fermeture, imposée par le Ministère des Armées, de la voie qui relie le hameau de Saint-Leu à Boissise-la-Bertrand avait fait l'objet d'un bras de fer avec la Maire de Boissise et d'une pétition de la population qui au bout du compte dut céder et renoncer à ses habitudes de cheminement à travers le domaine forestier.
Il ne nous reste plus qu'à parcourir quelques dizaines de mètres pour rejoindre notre parking et clore ainsi cette rando inédite que j'ai eu le grand plaisir de conduire.

Gentilé
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*La triste histoire de Paul Bareiller :
Le château de Boissise-le-Roi appartenait au sieur Paul Bareiller depuis 1828. Par son testament olographe en date du 24 février 1887, Bareiller instituait pour son légataire universel le Komprinz d'Allemagne. Le château et ses dépendances étaient, d'après le vœu du testateur, destinés à former une colonie allemande.
Ce legs paraissait totalement ahurissant alors que la France venait de perdre l'Alsace-Lorraine depuis 1871 et que le prussien était l'ennemi juré. Un journal de l'époque documente cette infâmie : Paul Bareiller bourgeois méfiant, orgueilleux et brutal fut maire de la commune pendant cinq ans, mais par son apathie, les affaires municipales étaient dans un état déplorable ; il fut forcé de démissionner. Ce tyranneau de village qui jouait au féodal et cherchait des querelles à tout le monde, lors d'un colère démente, fracassa la mâchoire d'un ouvrier d'un coup de revolver. Il fut arrêté et emprisonné à Melun. Il voulait se venger. Quelle vengeance pourrait-il bien exercer contre la loi qui le condamnait et contre la société qu'il détestait ?
Une idée machiavélique germa dans son cerveau malade : il donnera son château et ses terres à l'ennemi juré. Voilà ce qu'il avait finalement trouvé de plus abominable et de plus sanglant. Cette offense à la patrie le soulagea et il mourut très tranquillement. Peu rancunier, on installa sa pierre tombale à droite du porche de l'église.