mardi 25 juin 2024

Chamarande (Christine et Dominique le 25/06/2024)

Photos du jour.

Pour cette première rando estivale de la saison, Christine et Dominique nous propose de passer la journée à Chamarande, cette charmante petite commune blottie entre la Juine et le coteau boisé de sa rive gauche. Nous consacrerons la matinée à une courte rando dans les bois de la Forêt Départementale du Belvédère et à la visite du village. Nous piqueniquerons, ensuite, sur les tables-bancs installées dans le parc du Château de Chamarande. L'après-midi, Christine et Dominique nous conduiront à travers les allées de l'immense jardin à l'anglaise du domaine.


Nous pourrons, tout au long de la journée, nous réjouir sous un ciel parfaitement bleu des premières chaleurs de cette année 2024 marquée, jusqu'à présent, par une pluviosité exceptionnelle et des températures inhabituellement basses. Cette chaleur bienvenue pour les uns, semblera pénible à d'autres, les corps n'ayant guère eu le loisir de progressivement s'y adapter. Personne, en tout cas, ne se plaindra du couvert ombragé des sous-bois, ni du petit vent rafraîchissant qui, aujourd'hui, agite doucement le feuillage des arbres majestueux de ce parc remarquable.

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Le Bois du Belvédère.

Nous nous sommes garés dans les travées du grand parking du Domaine de Chamarande. Il y a deux parkings pour accueillir les nombreux visiteurs du Domaine, celui où nous sommes : le "Potager" à l'intérieur du Parc et celui du "Belvedère", à l'extérieur, dans le bois. C'est ce bois que, tout de suite , nous décidons de rejoindre. Pour ce faire, nous empruntons la belle Allée d'Honneur du Château qui permet de sortir du Domaine au niveau de la grande allée forestière pavée qui s'élève à travers les Bois du Belvédère. Nous passons sous la 🔰voie de chemin de fer et quittons rapidement le pavage grossier de cette large allée pour emprunter un étroit chemin qui longe la voie du chemin de fer, où circulent les trains de la ligne du RER C qui permettent de rejoindre Étampes. Sur cette ligne, passaient les trains SNCF Paris/Bordeaux avant que ne soit inaugurée la ligne LGV qui promet désormais, depuis la Gare de l'Est, une arrivée à Bordeaux en 2h45'.
Le petit chemin qui longe la ligne est très étroit et quelque peu envahi par une végétation pas forcément sympathique comme ronciers ou bouquets d'orties, tous, certes, très utiles à la biodiversité mais beaucoup moins nécessaires à la progression aisée de randonneurs en short et chaussettes basses. Le chemin ne tarde pas, fort heureusement, à s'écarter des abords broussailleux de la voie ferrée pour s'élargir agréablement en pénétrant dans le sous-bois bien ombragé. Nous commençons l'ascension du coteau. La pente n'est pas négligeable mais reste tout à fait abordable malgré la chaleur du jour.


Nous arrivons à la Carrière de Panserot. Au milieu du XIXème siècle, on y taillait des pavés pour la ville de Paris. On fit appel à des Bretons venant du Finistère et à des Italiens pour ce travail ingrat. Dès l'aube, les carriers montaient à la carrière, habillés d'un pantalon de velours, d'une grosse chemise, d'une ceinture de flanelle et chaussés de sabots en bois ou de chaussures en cuir épais. Ils redescendaient à la tombée de la nuit, épuisés par le maniement des barres à mine ou des marteaux dont le poids atteint parfois 19 kg. On produisait annuellement, ici, plusieurs dizaines de milliers de pavés qu'il fallait descendre par voitures à cheval vers la halle aux marchandises. On ne comptait plus que 3 carriers en 1922 à Chamarande
Le grès est une excellente pierre de construction qui ne gèle pas, facile à travailler et à scier. Ainsi, on l'utilise pour les marches d’escalier, perrons, bordures de trottoirs, encadrements et appuis de fenêtres, portes, linteaux, etc. Très décoratif, il permet aussi de réaliser de beaux dallages extrêmement résistants. Les rues de Paris étaient d’ailleurs toutes pavées en grès de Fontainebleau, jusqu’à ce qu’il soit remplacé par des granits bretons, moins glissants. Une des rues parisiennes a d'ailleurs été entièrement pavée avec le grès de Chamarande.

Nous laissons le sentier qui longe la carrière pour monter sur la partie haute de l'épaisse platière de grès. Des chemins sinueux, bien ombragés, sur le haut de ce coteau dominant la vallée de la Juine permettent de gagner le Bois l'Abbé, un des bois appartenant au massif de cette Forêt départementale du Belvédère.

C'est d'ailleurs dans ce bois que nous allons pouvoir nous attarder au "Belvédère", un escarpement rocheux assez raide qui offre, à son sommet, un splendide point de vue sur la vallée de la Juine, le château, ses jardins et le village en contre-bas. Des chemins très raides serpentent dans l'escarpement permettant de rejoindre directement le pied du coteau. Nous allons leur préférer le chemin de contournement moins sportif mais mieux adapté à la promenade. Nous descendons ainsi, relativement facilement sur la pente plus ou moins douce qui conduit jusqu'aux rues du haut de Chamarande.

Chamarande.

L’histoire du village est intimement liée au destin de son Château. À l'origine, Chamarande se nommait "Bonnes" ; ce nom proviendrait d’un ancien propriétaire du Château, un certain Ursio de Bonnis. En 1684, Gilbert d’Ornaison, dit "Chamarande" du nom de son fief dans le Forez, rachète le domaine et reçoit du roi par lettres patentes de 1685, l’autorisation d’ériger Bonnes en Conté de Chamarande. L'endroit se déclinera dorénavant sous le nom de ce nouveau propriétaire : "Chamarande".
Nous traversons la voie ferrée par le souterrain aménagé dans la petite gare du RER C. Nous sommes désormais au centre du village. Un ruelle permet de faire le tour complet de l'église Saint-Quentin. Elle est le bâtiment le plus ancien de la commune. Construite en grès, calcaire et meulière, elle est formée d'une nef unique se terminant par un chevet plat. Le clocher est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1926. À la fin du XVIème siècle, Bonnes est dévastée par les Calvinistes pendant les guerres de religion : le vieux château est en partie détruit, les conduites d’eau anéanties et l’église saccagée et incendiée par les protestants. Une importante restauration est entreprise au XIXème siècle ; les grès des carrières locales sont abondamment utilisés. De l’église primitive, il ne reste donc actuellement que la travée du chœur datant du XIIème siècle et la travée du XIIIème siècle sur laquelle s’appuie le clocher.
Tout près de l'église, on peut observer un grand 🔰lavoir. Construit en 1858, il est à impluvium central. Sa toiture à deux versants est en tuiles plates et le versant intérieur contribue à récupérer l’eau de pluie par ruissellement.
        Nous poursuivons autour de l'église et marquons un court arrêt devant le 🔰cénotaphe, une chapelle funéraire accolée au mur nord de l’église. Elle contient plusieurs pierres tombales de la famille d’Ornaison-Talaru, propriétaire du château à partir de 1736. Le cénotaphe fut profané pendant la Révolution. Il est le seul vestige de la présence du petit cimetière autour de l'église. Nous passons devant le modeste bâtiment de la Mairie et ne tardons pas à franchir le magnifique 🔰portail d'entrée du Domaine Départemental de Chamarande


Nous rejoignons le parking du "Potager" pour récupérer nos sacs de piquenique. Nous nous installons maintenant à l'ombre des grands arbres sur les tables installées tout près du parking et mises à la disposition des visiteurs. Nous sommes en juin, point culminant des sorties scolaires et de nombreux groupes d'écoliers et de collégiens s'affairent joyeusement dans l'espace ombragé des aires de piquenique. Il y a là suffisamment d'espace pour que cette juvénile allégresse ne nous parvienne que très atténuée et ne dérange en rien nos agapes. Cécile a préparé des salades variées en quantité et offre de les partager ; Chantal distribue des parts de son excellent brownie aux noix et Pascale sert à qui le veut une délicieuse crème aux œufs de sa confection. Sans égard inutile pour ma ligne, j'ajoute ces aimables suggestions à l'ordinaire initialement prévu. Il est temps de lever le camp pour suivre Christine et Dominique dans la visite du vaste Domaine de 98 hectares à la fois lieu d'histoire et lieu d'art contemporain accueillant spectacles vivants et expositions remarquables. Certaines 🔰œuvres acquises par le domaine y sont désormais à demeure.



Le Domaine Départemental de Chamarande.

Brève histoire du Domaine :
François Miron  fit réaliser, au 17e siècle, une demeure constituant l’actuel corps central du château.
Plus tard, Clair Gilbert d’Ornaison dit Chamarande, dont on a vu que le surnom fut donné au  village, engagea l’architecte Pierre Contant d’Ivry pour redessiner le jardin, réaménager l’entrée de la cour d’honneur. Dans le parc, sont créés parterres, allées, canaux et bosquets. Aujourd’hui, le site conserve cette ordonnance : l’auditoire, l’orangerie, le pavillon du belvédère, le buffet d’eau, le potager et le jeu de l’oie. 
Au 19e siècle, Jean-Gilbert Victor Fialin s’attache à doter le château d’une galerie d’apparat, et clôture le Domaine d’un mur d’enceinte en pierre. Le paysagiste Paul de Lavenne accentue le caractère d’un jardin à l’anglaise, notamment par la plantation d’essences exotiques.

Entre 1922 et 1948, les Scouts de France installent sur le Domaine le centre de formation du mouvement. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Domaine est occupé par l’armée allemande puis l’armée américaine. Les scouts réinvestissent les lieux après guerre, mais la mise en vente du Domaine en 1948 met fin à leur présence sur le site. 
Entre 1959 et 1961, près du "Potager, le centre médico-social voit le jour grâce à l'action sociale de Auguste Mione, un entrepreneur d'origine italienne, militant antifasciste ayant quitté la Botte dans les années 1920.  L’édifice abrite des salles de soins, agréées et conventionnées par la Sécurité Sociale, ouvertes en priorité au personnel mais aussi aux habitants du village. Des équipements sportifs sont également réalisés : un gymnase, un sauna, piscine extérieure chauffée, terrains de tennis, de volley-ball et de basket-ball. Aujourd’hui, le Centre Mione est un lieu d’accueil et d’hébergement pour les groupes venant en séjour sur le Domaine.
En 1978, le Domaine devient propriété du Conseil général de l’Essonne par adjudication.
En 1999, les Archives départementales emménagent dans les anciens communs du château et sous la cour où un impressionnant silo de plus de 20 mètres de profondeur, sur 8 niveaux, est construit pour accueillir les magasins de stockage. Le document le plus ancien remonte au début du XIIe siècle.
En 2001, le Conseil général décide de faire du Domaine départemental de Chamarande un équipement culturel phare de l’Essonne, chargé de renouer avec la création artistique contemporaine à partir de son cadre naturel et accessible à tous.
En 2004, une porte en verre sablé extra blanc créée par l’artiste Anne Deguelle , la Porte des Écritures, symbolise ce franchissement des siècles pour faire réapparaître l’objet d’histoire et de mémoire.

Notre visite du Domaine :
C'est de ce vaste jardin à l'anglaise, chargé d'histoire,  que Christine et Dominique nous proposent de faire le tour complet :
Nous passons devant le "Manoir". Il a constitué le quartier général du centre de formation des scouts durant une trentaine d’années. Créé en 1922, Madame André-Thome, propriétaire du domaine, il devint le premier lieu en France à accueillir des camps école.

Un peu plus loin, nous apercevons  la ligne sobre et élégante de la 🔰"Fabrique". Conçu par Hervé Levaseux en 2012, ce bâtiment abrite le Fonds départemental d’art contemporain  constitué de plus de 300 œuvres d’artistes français et étrangers.

Nous prenons la direction du 🔰"Canal des amoureux". Dans l’histoire de ce jardin, la mise en scène de l’eau a évolué, passant d’un réseau de canaux rectilignes à un cours d’eau sinueux agrémenté d’un étang et d’une île.

Nous remarquons un 🔰étrange camion, manifestement accidenté, enfoncé dans un arbre. On imagine un cambriolage raté. La scène est tout droite sortie de l'imaginaire de l’artiste Alain Declercq.

Nous longeons le petit canal jusqu'à "l'Île". Cette île artificielle, aujourd’hui interdite au public, sert de refuge aux oiseaux ; foulques, poules d’eau, canards, oies, bernaches et même cygnes s’y retrouvent à l’abri des visiteurs.
Nous prenons le temps de contempler les 🔰cyprès chauves de Louisiane. Originaires du sud-est des Everglades cet arbre majestueux est un conifère qui a pour particularité de perdre ses aiguilles en hiver après qu’elles aient rougi à l’automne. Certains sujets centenaires présentent des racines dites "pneumatophores" qui viennent remonter à la surface de l’eau afin de pouvoir capter l’oxygène. Ce système racinaire forme de véritables îlots sur le plan d'eau.

Nous franchissons la 🔰"passerelle des amoureux" pour nous enfoncer dans les boisements au sud du domaine. Ils offrent un refuge pour la faune.
À l'extrémité sud-ouest du parc, nous trouvons le 🔰"Pavillon du Belvédère" qui fut construit en pierres et en briques pour répondre au style Louis XIII du Château. Son nom 'Belvédère" signifie 'belle vue'. En effet, avant le boisement au sud du parc, le jardin s'étendait jusqu'à ce pavillon qui bénéficiait d'une belle perspective sur le château. Cette dénomination n'a donc aucun rapport avec le belvédère de la forêt voisine que nous avons découvert ce matin. Des graffitis, laissés sur les murs par des soldats américains pendant la Seconde guerre mondiale, y restent aujourd’hui visibles. 
Le silence de l'endroit est quelquefois perturbé par la circulation heureusement peu intense sur la route d'Étréchy qui longe le domaine. 


Nous remontons jusqu'au 🔰"Jeu de l'Oie". Réhabilité en 2018, le jeu de l’oie est un aménagement du XVIIIe siècle, semblable à un labyrinthe de verdure et conçu à échelle humaine. Les convives venant passer quelques jours au château pouvaient ainsi y jouer, se plaçant sur les cases à la manière de pions.
On peut encore y jouer :  des dés en mousse peuvent être prêtés par le personnel du domaine.

Un peu plus loin, se trouve la 🔰"Glacière". Elle date des années 1740 ; elle apparaît aujourd’hui, après sa restauration, comme l’une des mieux conservées d’Île-de-France. Elle était dévolue, l’été venu, au rafraîchissement des boissons ou à la confection de desserts glacés, alors très prisés. L’hiver, lorsque la Juine ou les canaux du parc gelaient, des ouvriers devaient casser la glace puis la transporter et la  descendre dans la glacière à l’aide d’une poulie.  On disposait ainsi de suffisamment de glace jusqu’à la fin de l’été. 

Nous voilà devant 🔰"l'Orangerie". Sa façade en briques et pierres alternées, s’accorde aux autres bâtiments du Domaine. Elle date de 1760, et avait vocation d’abriter les arbres fragiles ou exotiques pendant la saison froide. Orangers, citronniers, lauriers, grenadiers et géraniums étaient entreposés. Depuis 1960, les orangers sont conservés dans la serre située à l’arrière de l’orangerie.

À l'approche du Château, on peut admirer le 🔰"Buffet'd'eau". Depuis sa construction en 1749, il a été fréquemment remanié ; il a perdu son décor sculpté originel : seuls subsistent désormais les bossages rustiques qui encadrent des panneaux de rocaille. Les deux sculptures que nous voyons aujourd’hui dans la partie haute du buffet d’eau datent du début du 20e siècle. Ces allégories des fleuves de la Garonne (figure de vieillard) et de la Dordogne (figure de femme) sont des copies des sculptures  du bassin nord des jardins de Versailles.

Nous arrivons au Château, élément patrimonial central du Domaine de Chamarande. Il porte  la marque des époques et des propriétaires qui se sont succédé, ce qui lui donne ce caractère composite. Son histoire est le miroir des succès et des échecs de ses propriétaires. L’harmonie du château, avec ses trois matériaux – pierre – ardoise – brique, a su, cependant, être préservée, dans les périodes de faste ou d’abandon. 
Un important projet de réhabilitation est actuellement en phase d’étude. Il doit permettre de pérenniser l’état du bâtiment et d’agrandir les espaces d’exposition, notamment le premier étage, actuellement fermé. 
Nous entrons dans la cour au niveau de la  Porte des Écritures. Anne Deguelle a conçu cette porte monumentale en verre pour marquer l'accès principal des Archives départementales. Sur la totalité de la surface vitrée, des documents choisis dans les archives sont reproduits par sablage, créant un effet de très légère surimpression sur la vision de la cour de la commanderie, d'un côté, et sur celle de l'auditoire de l'autre. 

Nous pénétrons dans la cour des communs. Sous le sol de cette cour, depuis 1999, un 🔰silo enterré de plus de 20 mètres de haut comprenant huit étages permet de stocker jusqu'à 32 kilomètres linéaires d'archives qui constituent le dépôt principal des Archives départementales de l'Essonne.
 Au fond de la cour, un 🔰hêtre pourpre s'arc-boute parfaitement autour de la petite Chapelle. «L'architecture de l'arbre a épousé celle de l'homme », estime Cécile Brune, chargée de mission. «Mais, depuis 1998, un champignon le grignote. Il est très abîmé de l'intérieur et donc très surveillé. Tout est fait pour le sécuriser...», explique-t-elle. Cet arbre a la particularité de posséder un feuillage pourpre dont les reflets évoluent au gré des saisons. Sous l’effet du soleil, les jeunes feuilles printanières passent du rose au pourpre vif, puis au pourpre foncé.
 C'est par l'entrée principale du château que nous allons en sortir. Elle est flanquée de deux pavillons : le premier abrite la chapelle, le second le logement du régisseur. On s'attarde devant la façade rythmée par un avant-corps peu saillant. Elle est dépourvue de toute ornementation : c’est le jeu sur la couleur des matériaux employés (brique – grès – ardoise)  architecturales qui, ici, a été favorisé.


Il est temps de rejoindre le parking du Potager nous devons nous séparer. Un grand merci à Christine et Dominique pour leur conduite éclairée de cette rando d'un grand intérêt patrimonial.



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