mardi 30 avril 2024

Grisy-Suisnes (Aimé le 30/04/2024)

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Photo D. Armanini (Janvier 2020)
La photo ci-dessus avait Ă©tĂ© prise par Didier en janvier 2020 lors d'une rando organisĂ©e Ă  Grisy-Suisnes par François. C'est AimĂ© qui se charge aujourd'hui de nous faire redĂ©couvrir ce village sur un parcours d'un peu plus de 8 km. Rendez-vous nous a Ă©tĂ© donnĂ© sur la Place de la Mairie tout autour de laquelle des panneaux indiquent que le stationnement y sera interdit, dans quelques jours, pour la durĂ©e de la fĂŞte annuelle oĂą les manèges occuperont le centre du village. 
Place de la Mairie. 

 Cette place est dominĂ©e par un remarquable beffroi et, un peu plus loin, par la flèche Ă©lancĂ©e du toit de l'Ă©glise. 
AimĂ© nous donne quelques informations sur ces monuments : Ă€ l'endroit oĂą s'Ă©lève aujourd'hui le beffroi, se trouvait đź”°l'Église Saint MĂ©dard dont le clocher vĂ©tuste a Ă©tĂ© dĂ©moli en 1883. Pour le remplacer, fut Ă©levĂ©, en 1897, ce beffroi municipal chargĂ© de sonner l'angĂ©lus offrant ainsi aux ouvriers agricoles, nombreux Ă  l’époque, un indispensable repĂ©rage dans le temps. L' ancienne Ă©glise Ă©tant condamnĂ©e Ă  terme, une petite chapelle fut construite, dès 1907, sur un terrain voisin appartenant au rosiĂ©riste Christophe COCHET. L' ancienne Ă©glise fut finalement dĂ©molie en 1910 malgrĂ© une campagne de presse et de pĂ©titions, Ă  laquelle participa l’écrivain de la droite nationaliste Maurice Barrès.

Cinquante ans plus tard, il fallut remplacer la trop petite đź”°Chapelle des Roses . Une association familiale entreprit, de 1964 Ă  1966, la construction d’une Ă©glise moderne : Notre-Dame-des-Roses . Antoine Koradi, architecte, opta pur une conception ternaire : toiture Ă  trois angles, trois murs en bĂ©ton et fenĂŞtres triangulaires.  Le toit parabolique couvert d'ardoises, surmontĂ© d'une flèche pyramidale de 42 m, figure une rose renversĂ©e.  
AimĂ© nous invite Ă  pĂ©nĂ©trer dans l'Ă©glise ; Ă  đź”°l'intĂ©rieur , la charpente en bois lamellĂ©-collĂ© supporte une voĂ»te lambrissĂ©e Ă©voquant la barque des apĂ´tres. A la jonction des murs, le couvrement dessine des baies triangulaires. Celles-ci sont remplies de verrières, dans une armature de plomb, sur le thème des stations du chemin de Croix. Ces vitraux ont Ă©tĂ©  rĂ©alisĂ©s par le maĂ®tre verrier Jacques Loire.

Nous nous dirigeons maintenant vers le 🔰lavoir de la Fontaine Houdart . On le trouve au bout d'une ruelle en impasse sur un terrain envahi par les mauvaises herbes. L'eau du bassin est remarquablement limpide. Nous rebroussons chemin pour rejoindre le Chemin des Guigniers qui permet de franchir le petit ru de la Barbançonne peu avant le Château de Villemain.

Photo D. Armanini (Janvier 2020)
La Barbançonne est un ruisseau de 12 km. Il prend sa source Ă  Chevry-Cossigny et se jette dans l’Yerres  Ă  Suisnes.
Ne pas confondre le mot "Barbançonne" avec son anagramme "Brabançonne", l'hymne national belge.
🎵 Hymne national belge.

Le Château de Villemain.

AimĂ© nous donne des informations sur cette ancienne seigneurie de style Louis XIII. Au XVIèmesiècle, le château, les jardins et le parc furent la propriĂ©tĂ© de đź”°Jean Nicot . Ce diplomate et voyageur Ă©rudit passe pour ĂŞtre l'auteur du premier grand corpus de dictionnaires français-latin. Mais il est aussi et surtout connu pour ĂŞtre l'importateur d'une plante aux grandes vertus mĂ©dicinales : le tabac (qui Ă  cette Ă©poque ne se fumait pas encore). L'herbe Ă  Nicot est Ă  l'origine de ce qu'on nomma plus tard "nicotine", cette drogue douce qui a engendrĂ© tant de grands malheurs pour le plus grand nombre et quelques immenses fortunes pour quelques uns.

L'histoire moderne du château est lourde d'anecdotes angoissantes. Ce château abritait depuis 1983 "Foi et Pratique", la branche intĂ©griste du TablighLe tabligh (en français "Association pour la prĂ©dication") est un mouvement transnational de prĂ©dication de masse, nĂ© en Inde en 1927.
Son fondateur Muhammas Ilyas prônait une pratique individuelle pure proche de la vie menée par le Prophète, et une interprétation strictement littérale du Coran. E
n 2004, une enquĂŞte avait menĂ© quatre journalistes de Canal+ depuis le  Pakistan jusqu'aux portes de cet intrigant château oĂą ils soupçonnaient la prĂ©sence d'une Ă©cole coranique clandestine. Mohsen Hammami, avec son père, l'imam Mohammed Hammami et plusieurs jeunes de l'organisation, visiblement irritĂ©s par la prĂ©sence des journalistes, vont violemment les prendre Ă  partie et les passer Ă  tabac. 
Depuis la fermeture de l'internat en 2004, il y a très peu de signes d'activitĂ© au château. Si l'association "Foi et Pratique" est toujours propriĂ©taire des lieux, les travaux nĂ©cessaires Ă  la remise aux normes du bâtiment n'ont pas Ă©tĂ© effectuĂ©s et les grilles de la propriĂ©tĂ© restent closes. Du cĂ´tĂ© de la mairie, on est formel : Â«Le château de Villemain n'est plus habitĂ©.  Il n'y a plus aucun enfant lĂ -bas. Tous sont retournĂ©s dans leurs familles et ont Ă©tĂ© Ă  nouveau scolarisĂ©s Ă  l'Ă©cole rĂ©publicaine ».
Le 23 janvier 2008, l'Imam Hammami , son fils et deux jeunes membres de "Foi et Pratique", ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  des peines de prison par le tribunal correctionnel de Melun pour les graves violences infligĂ©es, quatre ans plus tĂ´t, aux reporters de Canal+.
(L'imam Mohamed HAMMAMI, fit l'objet, le 31 octobre 2012, d'une mesure d'expulsion du territoire français. Lors de ses prêches, il avait tenu des propos ouvertement hostiles aux valeurs de la République, proféré des propos antisémites et justifié le recours à la violence et aux châtiments corporels contre les femmes.)

Grisy-Suisnes, pays de la Rose.
Grisy-Suisnes est dĂ©finitivement liĂ©e Ă  l'histoire de la Rose comme nous allons le voir dans la seconde partie de cette rando. En effet, nous ne tardons pas Ă  rejoindre le Chemin des Roses que nous allons suivre jusqu'Ă  l'ancienne Gare de Grisy qui abrite le site du đź”°MusĂ©e de la Rose
Sur un terrain de 1700 m2, deux mille porte-greffes ont été plantés en novembre 2011, greffés en août 2012, pour une première floraison en juin 2013, au moment de l’inauguration du site. Les visiteurs peuvent y flâner librement, admirer et comparer les couleurs, humer les différents parfums, ou tout simplement profiter d’un banc au cœur des parterres de roses. Une buvette propose café, thé ou boissons rafraîchissantes.
Photo J. Fillis (Décembre 2022)
Le musée accueille les visiteurs tous les dimanches après-midi d'avril/mai/juin/juillet et septembre.
La gare de Grisy-Suisnes fut ouverte en 1892 sur la ligne Paris/La Bastille – Verneuil l’Etang qu'on appelait le "ligne de Vincennes" ou la "ligne V". C'est une des dernières lignes de chemin-de-fer créée Ă  partir de Paris. La ligne fut dĂ©finitivement fermĂ©e en 1964. La gare de Grisy-Suisnes Ă©tait tout particulièrement dĂ©signĂ©e pour accueillir le MusĂ©e de la Rose parce que c'est Ă  partir de ce lieu que sont parties des tonnes de roses,  vendues dans la nuit sur le carreau des Halles. A partir de 1900, les trains furent appelĂ©s "trains des rosiĂ©ristes". 
Grisy-Suisnes est le berceau de l'histoire de la rose dans notre rĂ©gion. L'Amiral Bougainville et  son jardinier Christophe COCHET eurent un rĂ´le fondateur dans cette histoire de la rose.
Bougainville, officier de marine et explorateur a effectuĂ© le premier tour du monde français entre 1766 et 1769. Le botaniste Philibert Commerson l'accompagnait au cours de cette expĂ©dition. 



Commerson rĂ©colta au brĂ©sil quelques spĂ©cimens d'une très jolie fleur prĂ©levĂ©e sur un arbuste qu'il nomma le "bougainvillier" en l'honneur de son capitaine. La  fleur reçut un nom très proche avec quasiment la mĂŞme orthographe : la "bougainvillĂ©e" (c'est une minuscule fleurette blanche  apparaissant au milieu de ce qui semble ĂŞtre une fleur mais qui est un rĂ©seau de petites feuilles terminales aux couleurs intenses).
Bougainvillier (Source Pixabay)
 Ce n'est qu'Ă  l'âge de 70 ans que l'Amiral Louis-Antoine de Bouganville s'installe dans le đź”°château de Suisnes . PassionnĂ© d'horticulture, il engage le jeune jardinier Cochet Ă  qui il offre une pĂ©pinière voisine pour y dĂ©velopper la culture des roses oĂą le jeune homme fait merveille.
Conscient de la valeur de son jardinier, Bougainville l'encouragea Ă  installer une vĂ©ritable roseraie. En 1802, avec l’aide financière de Bougainville, Christophe Cochet acheta le đź”°prieurĂ© de Vernelles oĂą il installa sa toute première roseraie. Grâce aux recommandations de l'Amiral, la roseraie Cochet devint très rĂ©putĂ©e dans la rĂ©gion et connut un rĂ©el succès. La collection de roses augmenta considĂ©rablement, les pĂ©pinières de Suisnes prirent une grande extension, elles atteindront bientĂ´t 28 hectares. (Ce dĂ©veloppement fut Ă©galement facilitĂ©  par l'abandon des terres consacrĂ©es Ă  la vigne victime du phylloxĂ©ra).
Blanc double de Coubert. Source Pixabay
Trois gĂ©nĂ©rations et soixante-quinze ans plus tard, le petit-fils de Christophe, Scipion (1833-1896), semeur de roses et rosiĂ©riste de grande renommĂ©e, rĂ©alisa que les hybrideurs français avaient besoin de dĂ©crire et d’illustrer avec prĂ©cision leurs crĂ©ations. Il fonda, Ă  Suisnes, le  đź”°Journal des Roses , revue mensuelle servant de relais entre les rosiĂ©ristes amateurs et les professionnels.Un autre petit-fils de Christophe Cochet, PhilĂ©mon Cochet, se maria avec la fille du maire de Coubert, et vint s’installer comme rosiĂ©riste Ă  Coubert. Son fils, Charles, savant botaniste, s’attacha Ă  poursuivre cette activitĂ©.
C’est Charles Cochet qui créa en 1892, une rose blanche dont les pétales fins et volumineux semblent se superposer indéfiniment. Elle est reconnue parmi les variétés de roses anciennes et a fait la célébrité de Coubert dans le monde entier sous le nom de « Blanc double de Coubert ».

Nous quittons le Chemin des Roses. Aménagé sur l'ancienne ligne entre Servon et Yèbles, il fut inauguré en 2010. (Une connexion piétonne entre le Chemin des Roses (Servon) et la Végétale (Mandres) a été inaugurée en juin 2023. (François a conduit une rando de découverte de cette connexion en janvier 2020.)

Nous  dĂ©passons le musĂ©e et la gare. Nous prenons un instant pour y observer une ancienne motrice qui, il y a plus d'un siècle, apportait vers Paris les wagons chargĂ©s de la production locale de roses.
Nous passons devant les serres de J.C. Boutcreux,  encore et toujours rosiĂ©riste malgrĂ© la concurrence fĂ©roce sur le marchĂ© de la rose classique  dominĂ© par l'Afrique, l'Équateur, les Pays-Bas, et mĂŞme l'Italie.
Plus loin nous empruntons le Chemin de la Justice Ă  travers les champs d'un beau vert tendre du  jeune blĂ© en herbe . Puis le Chemin de l'Ormeau va nous permettre de rejoindre le village et les places de parking de la đź”°Place de la Mairie oĂą nous allons pouvoir nous sĂ©parer non sans avoir pris le temps de remercier AimĂ© pour la belle organisation de cette intĂ©ressante rando. 


Il est bien difficile de conclure cet article sans dire un mot de Madame HĂ©got  qui a donnĂ© son nom Ă  une des rues qui encadrent la Place de la Mairie et sans faire rĂ©fĂ©rence Ă  Carine Lopes, la coiffeuse qui a installĂ© son salon dans cette rue.

-Madame HĂ©got, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1873, lĂ©gua Ă  la commune un quart de sa fortune sous condition de fonder une Ă©cole gratuite pour les deux sexes, dirigĂ©e exclusivement par des laĂŻques de moralitĂ© reconnue. Le leg serait frappĂ© de nullitĂ© si d'autres que des laĂŻques avaient eu la charge des jeunes âmes du village. Les travaux traĂ®nèrent et ce ne fut que le 1er juin 1881 que les garçons occupèrent la première classe.
Ainsi, Mme HĂ©got et la municipalitĂ© de Grisy apparaissent comme des prĂ©curseurs car 1881 fut prĂ©cisĂ©ment l’annĂ©e oĂą Jules Ferry institua l’instruction primaire laĂŻque, gratuite et obligatoire ! 

-Carine, la coiffeuse, est une personnalitĂ© tout Ă  fait originale, cĂ©lèbre pour exercer une inattendue activitĂ© "d'entremetteuse bĂ©nĂ©vole" auprès de ses clients cĂ©libataires Ă  la recherche d'une âme sĹ“ur. Voir, ci-dessous, le reportage diffusĂ© Ă  ce sujet, sur France 2.


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