mardi 21 janvier 2025

Marolles-en-Brie, Santeny, Servon ( Françoise le 21/01/2025)

Photos du jour.

 Françoise nous propose une rando d'un peu plus de 10 km, sur une très intéressante boucle sans réelle difficulté remarquablement diversifiée entre cœurs de villages, lotissements privilégiés, massifs forestiers, vallée du Réveillon et plaine des Étangs de Servon.

La météo du jour quasi ensoleillée, parfaite pour la pratique de la rando, rompt singulièrement avec la période maussade, que nous traversons depuis quelques jours, marquée par des pluies abondantes, une humidité tenace, et des températures glaciales.

Des dieux météorologiques bienveillants nous auront probablement pris en grande affection car nos dernières randos hivernales ont toutes bénéficié de ces parenthèses météo inespérées dans la morosité frileuse d’un hiver particulièrement arrosé.


 Photo Jacques Fillis.



Santeny.


Nous nous sommes garés sur le parking du Cimetière des Prés du Réveillon, un cimetière paysagé avec une belle allée bordée d’ifs. Ce nouveau cimetière était devenu indispensable pour compléter le vieux petit cimetière du Buisson, devenu insuffisant pour cette commune dont la population a décuplé en quelques années. Nous ne tardons pas à rejoindre les chemins du petit bois qui s’étend au sud de la commune. Ces bois ont été séparés de la forêt Notre Dame par l’implantation urbaine des nombreux lotissements au nord-est du vieux village. Nous voici arrivés devant les grilles du Château de Santeny. Le château de Santeny est édifié en 1868 pour la famille de Besse. Descendante de Barthélemy de Besse, cette famille qui avait acheté pendant la Révolution le domaine des Lyons, se rend peu à peu propriétaire des terres majeures de Santeny. Il lui restait, pour consacrer sa place prépondérante, à faire édifier une demeure à la hauteur de son patrimoine. Ce fut chose faite avec le château de Santeny. L'imposante demeure témoigne, avec ses étranges clochetons néo-moyenâgeux, de l'éclectisme des goûts de l'époque. Aujourd'hui, dans son parc de 4 ha, ce château du 19ème siècle met à disposition ses salons clairs et élégants pour les réceptions de mariage, les séminaires d’entreprise, etc...
Nous marquons un arrêt devant l'église Saint Germain d'Auxerre. Le bâti d'origine date du 13ème siècle. Cependant elle ne fut achevée qu'au 15ème siècle. Au 19ème siècle, l’église menace de tomber en ruine. En 1879, Madame Amélie Brac de la Perrière déclare prendre à sa charge la totalité des frais de restauration de l’église et du presbytère. La nouvelle église, entièrement rebâtie, fut consacrée le 21 octobre 1881. On peut y admirer, dans le collatéral nord, une Vierge à l’Enfant attribuée aux ateliers parisiens du 14ème siècle. Le clocher de Santeny ne possède plus qu’une cloche pour sonner la volée et le glas. L’ancienne église en comportait trois, mais en 1880 deux ont été fondues et converties en pièces de 5 centimes. Lors d'une précédente rando, animée par Françoise, nous avions eu la surprise de découvrir l'église toute parée d'un 🔰 gigantesque échafaudage s'élevant jusqu'à la pointe du clocher. L'église Saint Germain d'Auxerre se trouvait ainsi en plein travaux de rénovation. Ces travaux estimés à 700 000 € furent pris en charge pour moitié par la région, l'autre moitié incombant à la commune. L'église apparaît ainsi aujourd'hui dans toute sa beauté initiale.

 Les travaux de rénovation de l'ancien presbytère et du bâtiment pompe incendie sont encore en cours. Le projet consiste à réaménager les espaces intérieurs et extérieures du bâtiment afin d’y accueillir les activités culturelles et associatives.
Nous voilà sur le pont qui enjambe le Réveillon. Parallèlement à celui-ci, l'ancien pont campe toujours sur ses trois arches irrégulières, chevauchant le Réveillon. Ce vieux pont pittoresque est l'un des rares de la région à avoir conservé intactes ses piles en forme de bec, dont l'intérêt était de diminuer la force de pression des éventuels obstacles dérivant sur la rivière. On peut apercevoir, à l'arrière plan, l'ancienne ferme des Lyons et son imposant colombier. Cette ferme, comme le Château, faisait partie du fief de Cossigny devenu fief des Lyons au 17ème siècle. En 1766, Louis Richard de Lyons vend le château mais se réserve la ferme. Ce n'est qu'après la Révolution que Barthélemy de Besse de la Plante achètera le domaine. Ses descendants ont remanié la ferme en 1820.

 
Le Réveillon et les étangs de Santeny/Servon.
Le Réveillon est un affluent de l'Yerres. Ce petit cours d'eau briard est non navigable. Il est un lieu apprécié de promenade et de détente. Il prend sa source dans la forêt d'Armainvilliers à Gretz-Armainvilliers en Seine-et-Marne et se termine à hauteur de l'ancienne Abbaye de Yerres dans l'Essonne. En Seine-et-Marne, il traverse : Gretz-Armainvilliers ~ Chevry-Cossigny ~ Férolles-Attilly ~ Lésigny ~ Servon. Dans le Val-de-Marne, il traverse : Santeny ~ Marolles-en-Brie ~ Villecresnes. Dans l'Essonne, il traverse : Brunoy ~ Yerres ; entre ces deux communes, il a le rôle de frontière. De dynamiques associations de pêche se sont organisées pour développer leur loisir à l'étang de Villecresnes et aux étangs de Servon/Santeny.
Nous entrons dans cette plaine du Réveillon où se succèdent les étangs. Ces étangs ont été créés artificiellement, au tout début des années 2000. Ils sont alimentés par les eaux du Réveillon. Ils sont privés. Il s’agit avant tout d’une zone de silence et de protection de la faune et de la flore. L'étang le plus à l'ouest de la plaine, que nous longeons maintenant, se trouve sur le territoire de Santeny. Madeleine me rappelle qu'on l'appelle "étang de la Queue de Poêle", probablement à cause de sa forme. Les autres étangs qui s'étendent vers l'est sont sur la commune de Servon. La mairie de Servon a confié la gestion de la pêche à l’association "Les étangs de Servon" qui compte en moyenne 350 membres. Le permis d'y pêcher est délivré uniquement par l'association. Le permis national, délivré par la Fédération, n’autorise pas la pêche dans ces étangs. Des cartes à la journée sont en vente au bar-tabac "Le Servonnais". La pêche y est ouverte dix mois par an, de mars à décembre. Nous n'y verrons donc pas de pêcheurs en ce mois de janvier.

Servon.
Nous voilà maintenant dans Servon sur la petite Place de l'Église où se dresse l'Église Sainte Colombe. Françoise nous apprend que cette église fut bâtie au 14ème siècle, époque où le culte de Sainte Colombe était particulièrement vivace à Servon ; on y venait nombreux pour y invoquer Sainte Colombe et sa source magique favorisant le mariage.
Le clocher avait été prévu pour quatre cloches. Seule la plus grosse, Colombe, mesurant 1,12 m de diamètre et pesant 900 kg subsiste aujourd’hui. L'église a été restaurée de fond en comble entre 2011 et 2016.
Nous y pénétrons et en constatons 🔰 l'état impeccable. Au Moyen-Age, l’orientation des églises étant très précise, elles devaient indiquer exactement l’Est, « partie du ciel où le soleil se lève à l’époque des équinoxes ». Or l’église de Servon est curieusement orientée Nord-Est peut-être à cause de la réutilisation d’un site préalablement existant.

     Nous descendons jusqu'aux grilles du Château de Villemenon qui malheureusement interdisent le moindre regard sur cette petite merveille de château construit vers 1860 dans un 🔰 style Renaissance très sophistiqué. Villemenon existe comme terre et fief depuis le 13ème siècle, avec un premier château médiéval et un grand parc traversé par le Réveillon ; Louis XIII y fut reçu à déjeuner. Plus tard, saisi comme "bien national" et vendu à la Révolution, l’ancien château fut démoli vers 1840.

    La dernière propriétaire de l'actuel château fut la très étonnante 🔰 Hélène Martini. Née en 1924 en Pologne, de parents français et russe, Helène de Creyssac émigre à Paris après la guerre. En 1945, elle est mannequin aux Folies Bergère. Elle rencontre et épouse en 1955 Nachat Martini, d’origine syrienne ; ils investissent dans des cabarets à Pigalle et achètent Villemenon. Après la mort en 1960 de Nachat d’une crise cardiaque à Servon, Helène consolidera son empire en acquérant d’autres lieux de spectacle parisiens – Bouffes parisiens, Mogador, Comédie de Paris, Folies Bergère, Raspoutine et autres cabarets. Elle est surnommée "la reine de la nuit parisienne". Elle a possédé jusqu'à dix-sept cabarets et théâtres à Paris. Décédée en 2017, à 93 ans, sans enfant, elle a légué le château (ainsi que son remarquable mobilier créé par le décorateur et joaillier Erté) à une fondation pour les animaux.



Retour à Marolles.
Nous suivons maintenant la large allée contigüe à la D261 où s'écoule un trafic relativement important. Nous allons ainsi rejoindre les quartiers du nord de Marolles. Ces quartiers datent des années 70 où la commune connut une formidable extension passant, en quelques années, d'à peine quatre cents habitants à plus de cinq mille. (C'est à Marolles que j'ai eu mon premier poste d'instituteur dans l'ancienne petite école ronde, récemment détruite. Son architecture était tout à fait semblable à celle de l'école de Varennes-Jarcy. M. Jaquinot, directeur, et moi-même y accueillions, à l'époque, 28 élèves au total de la maternelle au CM2. Rien à voir, évidemment avec la configuration scolaire du Marolles d'aujourd'hui avec sa population décuplée). Des lotissements de belle qualité se sont installés, ici, dans le nord du village, dans le triangle séparant Gros-Bois à l'ouest de la Forêt Notre-Dame à l'est. Les lotisseurs ont eu alors la bonne idée de ménager de belles allées verdoyantes ondulant entre les habitations et Françoise a choisi ce cheminement piétonnier bucolique pour nous permettre de rejoindre la petite Place des Quatre Saisons où le Père Noël a garé son immense traîneau. Claudine, Agnès et Françoise s'empressent d'y embarquer.



Nous poursuivons sur le "Chemin Vert" jusqu'à la Rue de PressoirFrançoise marque un arrêt pour nous conter l'histoire de la magnifique demeure qui se dresse devant nous, la Maison de la Belle image. Elle se situe en lisière du Domaine de Grosbois, une de ses allées permet d'ailleurs de rejoindre cet immense Domaine tout entier consacré à l'entrainement des plus grands champions du trot international. Cette propriété tire peut-être son nom d'une chapelle aujourd'hui démolie qui se trouvait à proximité, et dédiée à la Vierge . On observe d'ailleurs, faisant face à la maison, une 🔰 statue de la Vierge à l'enfant dans une niche ménagée dans un mur.  De nombreuses légendes circulent au sujet de cette maison. On dit qu'elle aurait été un rendez-vous de chasse édifié par Henri IV qui s'en serait servi pour y recevoir ses maîtresses. On dit encore qu'une chambre avait été prévue par le baron de Batz pour la reine Marie-Antoinette, si sa fuite de Paris du 21 juin 1791 s'était déroulée comme prévu. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a été annexée en 1813 au domaine voisin de Grosbois par le Maréchal Berthier, prince de Wagram et aide de camp de Napoléon 1er. Après la mort du Maréchal, sa veuve y accueille de 1824 à 1828 son neveu Maximilien Joseph, futur duc de Bavière et père de Sissi. Ce passage justifie le surnom de "Pavillon Max" donné à la bâtisse.

Nous marquerons un dernier arrêt devant la petite église de Marolles. Jouxtant le Prieuré, l’Eglise Saint-Julien-de-Brioude s’élève à l’emplacement d’une ancienne Chapelle Carolingienne datant du IXe siècle. Véritable témoignage de la transition entre le style roman et le style gothique, on y trouve notamment l’une des premières voûtes en croisée d’ogives de la région. Vers 1120, les moines bâtissent le transept, le chœur, les absidioles et le clocher, tels qu’ils subsistent encore aujourd’hui. La petite église est ainsi une des plus anciennes églises de l'Île de France. Après la dernière guerre mondiale, le village ayant été épargné durant la période d’occupation, un porche est construit à la demande des Marollais reconnaissants, pour installer sur son fronton, une statue en bois de la Vierge et l’Enfant.
Sur l'espace à l'arrière de l'église, s'élève le 🔰 Prieuré bénédictin Saint-Arnoult ; cette magnifique bâtisse a connu plusieurs vies. Fondé au XVIIe siècle, ce prieuré abritait un petit nombre de religieux. Vendu en 1795, il abritera de nombreux personnages célèbres tels que Emira Marceau ou Henri Rochefort. Agrandi et revendu, il appartient aujourd’hui à un particulier.

Notre parking se trouve à quelque pas de l'église. Nous prendrons un instant, avant d'embarquer, pour remercier Françoise pour la parfaite conduite de cette très intéressante rando.