mardi 6 février 2024

Pontcarré, Ferrières-en-Brie (Dominique le 06/02/2024)

Photos du jour.


Dominique
nous a donné rendez-vous sur le parking de l'Allée des Lions (aussi appelée 'Allée des Séquoias') et se propose de nous accompagner sur une boucle d'un peu moins de dix kilomètres autour de l'immense domaine Rothschild qui s'étend sur Ferrières-en-Brie et Pontcarré.

La météo, très pessimiste pour la fin de cette semaine, nous promet une après-midi sans pluie et une température supérieure à 10 degrés sous la couverture nuageuse. Nous attaquons donc cette balade dans les meilleures conditions même si les sentiers argileux et détrempés de la Forêt de Ferrières vont nous imposer une délicate et prudente progression pendant la toute première partie de notre cheminement.


Photo J. Fillis


La Forêt régionale de Ferrières.
Nous empruntons la magnifique Allée des Lions bordée par 🔰 97 séquoias géants. Cette allée conduit à la grille des Lions, l'une des nombreuses grilles d'entrée dans le vaste parc du domaine des Rothschild. Elle se prolonge au delà de la Porte des Lions, traversant tout le domaine, absolument rectiligne jusqu'à la porte nord-est du Domaine.  À mi chemin entre notre parking et la grille des Lions, nous quittons l'allée des Séquoias sur notre droite pour rejoindre Pontcarré.
Le chemin détrempé, souvent barré par les troncs des 🔰 arbres couchés par les tempêtes récentes, nous oblige à la plus grande prudence et c'est avec plaisir que nous retrouvons le sol ferme des trottoirs de Pontcarré. Nous passons devant 🔰 l'église Saint Roch, longeons le cimetière puis sortons du village par l'est pour retrouver la forêt. Un passage forestier en tunnel permet de passer sans inconvénient sous la D471 où le trafic est quasiment ininterrompu. Nous remontons plein nord en suivant les chemins qui contournent le domaine Rothschild par l'est.
Avec son sol plat et argileux, la Forêt régionale de Ferrières est très humide. L’eau y est présente sous toutes ses formes : des rus, des étangs, des mares comme celle du Cormier. Ce territoire était probablement marécageux avant d’être drainé pour favoriser la culture du chêne, vendu pour son bois. Ceci explique l'important réseau de fossés. Les forêts de Ferrières et d'Arminvilliers constituent le même massif forestier et partagent une longue limite commune d'ouest en est. Avec près de 3000 hectares, ce massif forme un des plus vaste espaces boisés de l'est parisien.
Source ONF

Une succession d'allées rectilignes et de carrefours en étoile caractérisent la forêt de Ferrières. Les 🔰 poteaux indicateurs aux carrefours forestiers ont été réalisés à l'identique du modèle créé par le Baron de  Rothschild au 19éme siècle. C'est l'un de ces carrefours en étoile que nous atteignons pour emprunter le Chemin des Rucheries. Ces carrefours permettaient d’observer les parties de chasse à courre ou de retrouver son équipage. Le gibier abondait en ces bois et, aujourd’hui encore, les promeneurs matinaux peuvent apercevoir chevreuils, sangliers, et  également le Cerf Sika, espèce originaire d’Extrême Orient introduite dans le parc du château de Ferrières par James de Rothschild en personne.
Le Chemin des Rucheries, parfaitement empierré nous conduit jusqu'à la porte nord-est du Domaine. Nous poursuivons jusqu'à la Rue du Château. C'est sur cette rue que s'ouvre 🔰 l'entrée d'Honneur du magnifique Château de Ferrières.


Le Château de Ferrières.
Photo J. Fillis

Inauguré par Napoléon III en 1862, ce château bourgeois, entouré d'un immense parc à l'anglaise de 125 hectares comptant parmi les plus beaux de France, a été bâti entre 1855 à 1859 par Joseph Paxton pour le compte du baron James de Rothschild. Ce n'est pas un hasard si l'escalier d'honneur est l'exacte réplique de celui du célèbre Crystal Palace aujourd'hui disparu ; en effet, c'est Paxton qui fut l'architecte du célèbre 'Palais de Cristal' qui, en 1851, abrita à Londres la toute première Exposition Universelle. Vingt-huit suites somptueuses composent les appartements équipés, dès l'origine, en chauffage central et autres commodités avant-gardistes comme l'eau chaude au robinet des baignoires en argent. Les cuisines, mises à distance  pour éviter bruits et odeurs, étaient reliées au château par un souterrain de 60 mètres équipé de rails pour acheminer les chariots transportant mets raffinés et accessoires de table. Une scène de la série "La Brigade du Tigre" fut tournée dans ce souterrain. De nombreux tournages de films ont d'ailleurs été réalisés dans le domaine comme ceux de La Banquière (1980), Le Guignolo (1980), Papy fait de la résistance (1983), Palais royal (2005) etc... Mylène Farmer et Beyoncé y ont également tourné des clips. Yves Saint Laurent et Pierre Bergé très impressionnés par les intérieurs du château de Ferrières ont pris le salon bleu du château comme modèle pour la décoration de leur propre demeure.

Pendant le Siège de Paris lors de la guerre franco-allemande de 1870, c'est dans ce château,  que se déroula les 19 et 20 septembre 1870, la célèbre entrevue entre Otto von Bismarck, qui y avait installé ses quartiers, et Jules Favre, ministre des Affaires étrangères de la toute jeune Troisième République. Si le contenu de cette entrevue est resté secret, on sait cependant que c'est lors de cet entretien que Bismarck exigea la cession de l'Alsace et la Lorraine comme condition de paix.

En juillet 2013, le château est confié à une société privée pour y créer l'école Ferrières qui s'organise autour de trois pôles : gastronomie, hôtellerie et luxe. Cette école dotée d'une solide réputation prépare des diplômes de bachelor et master Le Baron, restaurant gastronomique, est ouvert au sein même du château ; les cuisines sont dirigées par le Chef Patrick Juhel, Meilleur Ouvrier de France 2000. Un restaurant bistronomique, Le Chai, a également été créé juste à côté du Château, dans le domaine, en novembre 2015.


Ferrières-en-Brie.

Photo J. Fillis
Nous entrons dans un petit lotissement bâti dans l'espace originel du domaine. Ce genre de concession de terrain aux promoteurs immobiliers tient évidemment à des raisons économiques et particulièrement à la nécessité de faire face aux frais considérables liés à l'entretien de domaines aussi importants.

Un cheminement piétonnier traversant le lotissement permet de rejoindre le beau bâtiment de style anglo-normand des anciennes écuries classé aux Monuments Historiques.  Nous marquons un arrêt devant l'église Saint Rémy.  On remarque immédiatement l'absence de clocher.

Un 🔰 modeste campanile  attenant, nettement moins haut que le bâtiment principal, supporte les deux cloches de l'église restées sans doute inconsolables depuis la démolition du grand clocher qui, jusqu'en 1860, les abritait fièrement.  Le parvis de la petite église s'ouvre sur la vallée du petit Ru de la Brosse qui, ici, s'élargit en vastes plans d'eau. 




Photo J. Fillis
Nous longeons l'étang de la  Taffarette dominé par les imposants bâtiments de l'ancienne Buanderie. Ancienne laverie du Château Rothschild, elle faisait à l'époque l'admiration de tous. De dimensions imposantes, elle fut construite par Joseph Froelicher en 1840. Sa décoration de bois découpé et d’application d’essences différentes, qui constitue une sorte de marqueterie sous les fenêtres et sous les rebords de toit, ainsi que le détail de son ornementation, l’apparentent à l’architecture anglaise et augurent de ce que seront, dix ans plus tard, les 🔰 réalisations de Davioud au bois de Boulogne.
Admirable, en effet, c'est ainsi que la Buanderie apparaissait avec le linge blanc au séchage et ses filets de vapeurs. Quinze employés y étaient chargés du linge du domaine. On y lavait environ 80 mille pièces par an. Elle ferma en 1955, après 80 ans de bons et loyaux services.
Aujourd'hui, bien que classée Monument Historique, elle semble dans un état de total abandon.



Photo J. Fillis
Nous poursuivons vers la sud par l'allée de la Taffarette pour retrouver le couvert de  la Forêt de Ferrières. Une allée plantée de poiriers conduit à une clairière bordée d'une étonnante rangée de totems sculptésC'est l'œuvre originale de Daniel Stinus qui, en 1990,  obtint  un contrat avec l'ONF, l'autorisant à réaliser ces sculptures sur des arbres morts encore sur pied.

Nous apercevons déjà la haute futaie des séquoias de l'Allée des Lions et nous ne tardons pas à rejoindre le parking où nous attendent nos véhicules. Avant de nous séparer, nous prenons le temps d'adresser un grand merci à Dominique pour la conduite de cette très intéressante rando.

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