samedi 14 septembre 2019

Barbaste (du 07/09/2019 au 14/09/2019)


Confortablement installés au Moulin Neuf de Barbaste, au sud du Lot et Garonne, à quelques kilomètres des Landes et du Gers, choyés par un personnel aux petits soins, chaperonnés  par des guides alliant compétence et humour, nous avons eu le privilège de randonner sur ces terres chargées d'histoire, de vignobles, de vergers, et d'honorables tables gastronomiques.

Des espaces naturels consacrés à l'agriculture.
Le Buzet.
Connu depuis le Moyen Âge, le vignoble de Buzet se situe à mi-chemin entre Agen et Marmande, entre la rive gauche de la Garonne et les confins de la forêt landaise.
La cave coopérative des Vignerons de Buzet a vu le jour dans les années cinquante. Grâce à la volonté d’une poignée de viticulteurs ayant voulu s’affranchir de la tutelle des négociants, Buzet est désormais connu au-delà des frontières nationales. Son Appellation d'Origine Contrôlée date de 1973.
Les cépages utilisés sont :
cépages blancs : muscadelle, sauvignon et sémillon
cépages rouges : cabernet-franc, cabernet sauvignon, côt (malbec) et merlot.

Afin d'obtenir le label Agriculture Biologique (label AB), les vignes sont désormais conduites selon un cahier des charges précis (interdiction du désherbage chimique et de l'utilisation de produits de traitement de synthèse). La vinification répond également aux exigences du label. Mais, selon Chouchou, notre guide, il faudra encore du temps, ici comme ailleurs, pour que les sols soient débarrassés de tous les excès du passé.

L'Armagnac.

Le Bas-Armagnac, l’Armagnac-Ténarèze et le Haut-Armagnac constituent ensemble un vignoble à la forme d’une feuille de vigne qui représente 15000 hectares de vignes plantées.

Les cépages utilisés sont :
L’Ugni-blanc est le cépage de distillation par excellence.
La Folle Blanche est le plus connu. C’est le cépage historique de l’Armagnac.
Le Baco est une originalité dans le paysage viticole français. C’est un hybride, fils de la Folle Blanche et du Noah inventé par un instituteur landais, Monsieur Baco à la suite du phylloxéra. C’est un cépage plus robuste, qui nécessite donc une utilisation moindre de traitements phytosanitaires.
Le Colombard dont les arômes fruités et épicés sont appréciés en assemblage.
Le Plant de Graisse, la Clairette de Gascogne, le Jurançon blanc, le Meslier Saint François ou le Mauzac blanc et rosé sont tous des cépages anciens, autorisés dans le décret d’appellation, mais ils ne sont représentés aujourd'hui que par quelques hectares de vigne.
Vinification :
Le vin obtenu est généralement acide et peu alcoolisé ; il a ainsi une bonne capacité à conserver toute sa fraîcheur et ses arômes jusqu’à la distillation.
Distillation :
L'Armagnac est distillé avec un alambic traditionnel à taille artisanale. L'identification des alambics atteste que les capacités, nombre de plateaux ... sont conformes aux usages et au décret d'appellation.
Vieillissement :
L'Armagnac est élevé dans des chais appropriés où les conditions de vieillissement (qualité du bois de chêne, capacité des contenants, bâtiment, aérations ...) sont attestées par l'Identification des chais. L'Armagnac est contrôlé qualitativement la première année d'élevage afin d'écarter des eaux-de-vie qui ne mériteraient pas l'Appellation. 

Le Floc de Gascogne.
Il tient son nom de flòc (« bouquet de fleurs » en gascon) et de Gascogne, nom de l'ancienne province du Sud-Ouest de la France d'où il est originaire. C'est un vin de liqueur élaboré par mélange de moût de raisin et d'armagnac jeune. Il a obtenu en 1990 l'appellation AOC. Le floc de Gascogne se trouve sous deux couleurs : le blanc et le rosé (aussi appelé rouge).
Le blanc est élaboré à partir de jus de raisin issu d'une légère pressée. Le rosé est obtenu par éraflage, foulage et extraction des substances colorées. Le moût est alors additionné d'armagnac (deux tiers de moût et un tiers d'armagnac), le tout à l'abri de l'air. Après brassage on laisse reposer le floc de Gascogne jusqu'à la fin de l'hiver, puis ce sont les opérations de soutirage, collage, filtration et stabilisation Le floc de Gascogne est ensuite conservé un minimum de dix mois dans un chai, avant d'être conditionné en bouteilles.


A côté de la vigne, l'espace agricole est majoritairement consacré aux productions fourragères (Maïs, Sorgho, Tournesol, Soja) ou oléiques (Maïs Tournesol, Colza).


Chez Céline, éleveuse de Blondes d'Aquitaine, l'ensilage du maïs est la méthode privilégiée pour conserver le fourrage. Le fourrage est tout d'abord haché en particules dont la longueur avoisine le centimètre, est stocké à plat, en couches successives, sur une aire bétonnée entre deux murs, puis compacté à l'aide de tracteurs afin d'expulser le maximum d'air interstitiel et enfin mis en anaérobiose définitive par recouvrement à l'aide d'une bâche de polyéthylène lestée dans le but d'obtenir une fermentation lactique. Il semblerait que les animaux adorent ce fourrage acide même si une polémique dénonce l'ensilage comme vecteur d'une viande de moindre qualité.



Le sorgho fait partie des plantes cyanogénétiques, c'est-à-dire des plantes qui sont à l'origine d'intoxications très graves à évolution très rapide. Pour un bon fourrage il faudra donc attendre la floraison et minimum 90 cm de hauteur, il faudra éviter les plantes chétives, qui ont souffert de froid ou de sécheresse (irrigation) et ne pas distribuer des déchets de sarclages aux animaux.
La dessiccation ou l'ensilage suppriment la toxicité et dans ces conditions le sorgho apparaît comme une excellente plante fourragère.

Le Pruneau d'Agen.

C'est au XIIémesiècle, que les moines Bénédictins de l'Abbaye de Clairac dans la vallée du Lot (entre Agen et Villeneuve) eurent l'idée de greffer des pruniers locaux avec de nouveaux plants de pruniers de Damas ramenés de Syrie. Une nouvelle variété de prunes est créée, elle est appelée Prune d'Ente (du vieux français « enter » qui signifie greffer). Cette nouvelle variété à peau fine d'une belle robe bleu mauve est bien adaptée aux terroirs du Sud-Ouest, à son climat comme aux conditions de séchage. Le nouveau pruneau qui en résulte est d'un gros calibre avec des saveurs et des arômes délicats. C'est grâce à son port sur la Garonne, qu'Agen est devenu la ville principale des expéditions de pruneaux. Ils étaient embarqués sur les « gabarres », petits bateaux à voile et de hallage, qui transportaient sur la Garonne les marchandises vers Bordeaux où ils étaient transbordés sur des bateaux adaptés à la navigation en mer. Comme ces pruneaux étaient estampillés du nom du port d'embarquement d'origine, ils étaient connu sous la dénomination « Pruneaux d'Agen » bien qu'Agen ne soit pas le lieu de production.
Les prunes fraîches juste récoltées sont lavées, triées et calibrées par tailles. Elles sont ensuite étalées sur des claies qui sont empilées sur de grands chariots pour être envoyées dans les tunnels de séchage. Leur taux d'humidité ainsi réduit permet une bonne conservation sur plusieurs années en atmosphère naturelle.
Une vive polémique oppose la grande distribution aux producteurs indépendants qui considèrent que la moindre qualité liée aux techniques de réhydratation du pruneau menace la filière toute entière.


Le Foie Gras.

La ferme de Gagnet, sur les terres de Mézin, est tenue par trois jeunes femmes : Marielle,Marion et Laure. C'est la ferme "des cousines". On y produit le foie gras entier de canard, l'armagnac et le floc de Gascogne. Les tout jeunes canards courent librement à l'ombre des mûriers à papier.. 
La période de gavage du canard mulard commence à l’âge de 11 semaines environ. Le geste essentiel du gavage consiste à déposer dans le jabot de l’animal un mélange de maïs et d’eau. Le dépôt de ce mélange se fait par le biais d’un tube lisse, appelé embuc, adapté à l’anatomie de l’animal. L’embucquage ne dure en moyenne qu’une dizaine de secondes par animal. La période de gavage du canard mulard dure 12 jours en moyenne soit un total de 22 à 24 repas, à raison de 2 repas par jour. L’accumulation de graisse dans les cellules hépatiques porte le nom de stéatose.

Lors du gavage des oies et canards, la stéatose est un processus physiologique normal puisque c’est une des fonctions du foie de stocker les graisses. La stéatose ne doit pas être confondue avec la cirrhose. La cirrhose est une destruction des cellules du foie et leur remplacement par du tissu cicatriciel non fonctionnel. Les études scientifiques ne montrent aucune dégénérescence des cellules du foie des palmipèdes  pendant et après le gavage. L'accumulation de graisse dans le foie des oies et des canards est un mécanisme biologique naturel et totalement réversible. Si un palmipède engraissé est remis hors du circuit de gavage, son foie retrouvera son poids et son aspect normal, comme cela se produit dans la nature lorsque l’oiseau a épuisé ses ressources énergétiques après un long voyage migratoire. Un foie gras n’est pas un foie malade, c’est un produit sain.


Plantation de Peupliers et de *Carolins
Essence emblématique la région, le bois de peuplier connaît depuis ces dernières années une forte croissance de ses usages, en particulier pour le déroulage dans les secteurs du panneau contreplaqué et des emballages légers. Grâce à sa croissance rapide, le peuplier permet d’offrir aux industries une importante quantité de matière première en peu de temps tout en occupant une très faible partie de la surface forestière régionale. La rotation de l'exploitation des peupliers se fait sur 20/30ans. Mais cette brièveté rend l'exploitation très sensible aux notions de rentabilité économique et de marché du bois. On assiste ainsi depuis plus de quinze ans à un désengagement des populiculteurs, ce qui se traduit par la perte de surfaces considérables : le déficit de bois, et plus particulièrement de bois de qualité, est annoncé dès 2020 et pourrait atteindre environ 30 % des besoins. C’est pourquoi l’Etat et la Région se mobilise pour soutenir les populiculteurs avec des aides au premier boisement, des aides à la remise en production et des aides à l'élagage.
*carolin : ou peuplier noir de la Caroline; c'est certainement la plus belle espèce de peuplier, qui n'est pourtant connue que depuis peu d'années en France

Le Chêne-Liège.
La superficie en suberaies (plantation de chênes à liège) a significativement évolué en France au cours du temps, au gré du marché du liège. L’invention de la méthode champenoise par dom Pérignon (1688) combinée à l’usage du liège destiné à boucher ce vin pétillant se trouve à l’origine du développement formidable de l’utilisation de cette matière. Il semblerait qu’en ce début du XIXe siècle, le sud-ouest de la France constitue la zone la plus riche en chênes-liège. Mais l'hiver 1830 particulièrement froid (-35°) provoqua de très nombreux dégâts dans cette région de Barbaste. Les tentatives de repeuplement furent un échec. Puis l'extension formidable du pin maritime  suite à la loi du 19 juin 1857 allait consacrer l'abandon totale de l'exploitation du liège sur ces territoires.
Le démasclage.
Lorsque le tronc atteint une circonférence d’environ 70 cm ( il faut généralement que l’arbre soit âgé de 20 ans….) on ôte la première écorce qui est d’une épaisseur d’au moins 3 cm , c’est du liège mâle. Cette qualité de liège n’est pas extraordinaire. On l’utilise pour l’isolation ! Il faudra attendre quelque 10 ou 15 ans pour que le liège se reforme donnant la qualité femelle permettant de faire les bouchons ! 
Le démasclage est l’opération qui signe que l’arbre est en production. Elle ne peut se faire que lors de la montée de sève : en juin, juillet , août. Le liège est retiré sur une longueur d’une fois et demie la circonférence du tronc. On utilise une hache au profil tranchant et au manche biseauté. On fend l’écorce sur toute sa hauteur en faisant attention de ne pas blesser le tronc, le manche de la hache sert ensuite à décoller le liège du tronc, tout en douceur ! Le tronc de l’arbre mis ainsi à nu est d’un beau rouge. Il virera au gris. Puis se formera la seconde écorce en liège femelle que l’on récoltera dans 10 ou 15 ans.

Les Landes de Gascogne.
Jusqu'au milieu du XIXémesiècle, la lande se résumait à de grandes étendues nues, marécageuses, plates et insalubres. Les Landais vivaient du système agro-pastoral, cultivaient le seigle et le millet, base de leur maigre alimentation, et élevaient des moutons dont le rôle consistait à fertiliser les terres. Le berger landais perché sur ses échasses surveillait les troupeaux, se déplaçait rapidement et au sec, tout en évitant les piqûres d’ajoncs.
À partir du XVIIIémesiècle, des hommes d’affaire tentent de développer cette terre vierge. Ils plantent du riz, des arachides, du tabac, tentent d’élever du bétail (il y aura même des dromadaires !). Mais toutes ces tentatives se soldent par des échecs. L’empereur Napoléon III par la loi du 19 juin 1857, impose aux communes et aux propriétaires d'assainir et d'ensemencer les Landes. Or, la seule chose qui pousse correctement sur ces sols, c’est le pin maritime. Sur le littoral, cet arbre était déjà utilisé pour fixer les dunes. À l’intérieur des terres, il est la solution idéale pour drainer l’eau des marécages, responsables de la propagation du paludisme. La plantation de cette pinède se fait au détriment de la société agropastorale landaise. Les bergers, déjà très pauvres, n’ont plus d’espace pour faire paître leurs bêtes. Ils se révoltent et mettent le feu à la forêt naissante.Mais l’histoire est en marche. Les bergers se transforment peu à peu en résiniers. Du règne de Napoléon III au début du XXémesiècle, le gemmage est l'activité principale. Il consistait à récolter la résine en saignant les pins. Celle-ci était alors indispensable pour calfater les navires en bois et entretenir les cordages. Les chandelles à base de résine remplacèrent les torches fumeuses. La térébenthine, qui en est extraite, servait de matière première à la fabrication de plusieurs produits chimiques. La concurrence internationale met fin à cette activité dès 1950. En 1922, l'utilisation du Pin comme poteaux de soutènement dans les mines de charbon française et anglaise atteint son apogée. Puis, les Papeteries de Gascogne sont créées à Mimizan (1923) suivies de près par la Cellulose du Pin à Facture (1924). Après 1950, la chute de l'activité minière entraîne le déclin irréversible de l’utilisation en poteau et ce débouché ne correspond plus aujourd'hui qu'à 0,5% de la production de bois de Pin maritime. Le bois de trituration (papier, carton) correspond environ à 52 % du volume de bois produit. Les plus beaux arbres sont destinés à des usages nobles (bois d'œuvre). Ils deviendront emballages ou palettes de stockage, parquets, lambris et moulures, charpentes et quelquefois meubles.
La pinède qui avait été originellement plantée de manière aléatoire, est ravagée par un énorme incendie en août 1949, qui fit 82 morts. Plus de 50 % des arbres partirent en fumée. Dès 1950, elle est replantée de manière plus rationnelle et prend sa forme actuelle. Une politique de Défense de la Forêt Contre les Incendies (DFCI) n'a cessé de se développer depuis cette terrible tragédie. (essences plus résistantes, chemins pare-feu, allée d'accès, réservoirs, multiplication des guets, réactivité des personnels professionnels et volontaires, etc..).


Une terre chargée d'histoire.
Le Moulin des Tours-Barbaste.

Situé sur l'antique route de la Ténarèze qui, depuis la préhistoire, mène les hommes des Pyrénées à la Garonne à travers la Gascogne, Barbaste fût un important carrefour commercial.
Barbaste c’est le Moulin des tours, cette superbe bâtisse aux 4 tours carrées construit au XIIIémesiècle sur la rive droite de la gélise où, dit-on, le jeune Henri de Navarre logeait pendant ses séjours de chasse dans la région (le futur Roi de France était alors surnommé le "Meunier de Barbaste". Le moulin se compose de six étages au-dessus de l'étage des roues du moulin.
Hauteur des tours : 29 m. (pour la plus haute), 26 m. et 27 m. pour les autres.Ce remarquable moulin fortifié a plus servi de château fort que de moulin à minot* durant les guerres de religion de 1560 à 1580. Du sommet de ses tours, on pouvait aisément contrôler et sécuriser les passages sur le Pont Roman du XIIémesiècle aux 10 arches cintrées. Un ingénieux système d'avant-becs permettait aux piétons de s'écarter lors du passage des lourds chars à bœufs sur le pont. Les piles proéminentes qui supportent les avant-becs ont aussi l'avantage d'éviter les phénomènes d’embâcle lors des crues.
*minot : Farine de blé dur. (Celui qui fabrique le minot est le minotier.)


La petite église d'Estussan (XIème siècle).

Ce type de clocher appelé clocher-mur (vertical et plat, placé en haut ou à l'avant d'une église) était souvent préféré pour des considérations économiques dans de petits villages qui ne disposaient guère de moyens considérables.





Les Bastides (Larresingle-Fourcès-Vianne)
Contrairement au terme provençal qui désigne une construction en pierre, la bastide de Gascogne, du languedocien bastida, désigne un village ou une ville qui construit sur un plan régulier sur un terrain octroyé par un suzerain laïc ou religieux dans le cadre d'un projet communautaire. Ce nom désigne plus de 300 villes neuves, fondées principalement dans le Sud-ouest de la France et sur une période unique entre 1222 et 1373, entre la croisade des Albigeois et la guerre de Cent Ans.
Le plan typique de la bastide comprend deux axes majeurs avec de part et d’autre un certain nombre de voies parallèles et de voies perpendiculaires. La place souvent centrale est de forme carrée ou rectangulaire entourée de bâtiments en arcades abritant les échoppes. Les îlots sont réguliers, généralement rectangulaires. Les contours de la bastide sont eux aussi géométriques souvent fortifiés.

Laressingle 

Ce plus petit village fortifié de France du XIIIéme siècle tirerait son nom de l'époque gallo-romaine... Le lieutenant romain Publius Crassus, sous les ordres de César, ne parvenant pas à assiéger le petit village Gaulois installé sur ce promontoire (Les sotiates, gaulois installés dans la région de Sos étaient des guerriers redoutables.) Crassus dut ordonner le repli ses troupes en criant "Retro Singuli" : en arrière un par un... !  Ces mots sont restés et se sont modifiés au cours des siècles pour donner Larressingle.
Ce sont les évêques de Condom soucieux de leur sécurité, confrontés à une population mécontente des taxes imposées par le clergé, qui font réaliser cette forteresse. Le village ne sera jamais attaqué jusqu'en 1589 où les huguenots dirigés par Montespan s'en emparent pour l'utiliser comme base afin de réaliser leurs razzias et méfaits, cela jusqu'en 1596. Dés le XVIIéme siècle, le château est délaissé par les évêques au profit de celui de Cassaigne plus moderne. C'est à la fin du XVIIIéme siècle que Mgr d'Anterroches, dernier évêque de Condom, fait démonter la toiture et transporter les bois de charpente au château de Cassaigne. À cette période le village lui-méme tombe dans l'oubli. Au début du siècle, la forteresse est vouée à disparaître. Avec l'aide d'Edouard Mortier, dernier Duc de Trévise, et d'un Comité de sauvegarde créé à Boston (USA) en 1926, le village sera admirablement restauré et est classé aujourd'hui parmi les "Plus Beaux Vlillages de France".

Fourcès
Également classé parmi les plus beaux villages de France, Fourcès est une bastide (ville neuve) fondée sur les vestiges d'un ancien château médiéval (Xéme siècle) détruit au XVéme siècle. L'originalité de la bastide est d'avoir été édifiée selon un plan circulaire sur un sommet lové dans une boucle de la rivière, l'Auzoue. Ombragée de platanes, sa superbe place ronde est entourée de pittoresques maisons anciennes à arcades. Notons aussi les jolies ruelles, la petite place des Cornières, le château du XVéme siècle ou encore le pont médiéval sur l'Auzoue. Notons enfin la tour de l'Horloge (XIIIéme siècle), ancienne porte de la cité, en forme de beffroi orné d'un clocher pyramidal, qui donne désormais accès aux anciens chemins de ronde. Ceux-ci ont été mis en valeur et constituent à présent des arboretums.

Vianne
Au début du XIIIéme siècle, Vianne était la fille aînée de Vital de Gontaut-Biron sire de Montgaillard, seigneur de Villelongue et autres lieux. Dès juillet 1271, Vianne avait donné la seigneurie de Montgaillard et ses dépendances à son neveu Jourdain V, comte de l’Isle Jourdain. Un acte de paréage (convention de droits et de devoirs réciproques) fut signé le 22 novembre 1284 entre Jehan de Grailly, sénéchal du roi d’Angleterre et Jourdain V, pour qu’une bastide soit construite sous la juridiction de Montgaillard. Elle aurait dû porter le nom de Villelongue puisqu’elle était construite sur le site de ce nom. Mais par un sentiment de reconnaissance bien naturel envers sa tante, Jourdain voulut qu’elle porte le nom de Vianne.
La place centrale est l’âme du village, quatre rues s’y coupent à angles droits, suivant le plan orthogonal (en damier) caractéristique des bastides ; elle réserve aussi un lieu à partir duquel un seul guetteur suffisait pour surveiller les quatre tours-portes. Afin de gérer les entrées, ces dernières étaient équipées d’un appareil de défense sophistiqué : herses, assommoirs, archères, gonds de portes inversés, bretèches, barbacanes, douves et pont levis… Les remparts de 1250 mètres de périmètre, étaient pourvus d’un chemin de ronde et de murs crénelés. L’ensemble était complété de deux tours rondes et d’une autre carrée, placées dans les angles, toutes choses que l’on peut voir aujourd'hui encore.
L’actuelle église Saint Christophe serait l’oeuvre de Templiers, comme en attestent certains signes,  il y avait en effet de nombreuses commanderies dans cette région. Édifiée 150 ans environ avant la bastide, elle faisait partie du village Villelongue bien antérieur à la construction de Vianne. Au style roman des plus épurés, de la construction originelle, on ajouta une travée et un porche gothiques au XIVéme siècle. Nous découvrons les tombes du haut moyen-âge tout autour de la Porte Romane. Ces tombes pourrissoirs (ont dit aussi « à logettes ») comprenaient deux étages : déposant le corps au niveau supérieur, on l’abandonnait le temps nécessaire pour qu’il se décompose, puis l’on rouvrait la tombe, brisant les os afin qu’ils basculent au niveau inférieur. L’endroit était ainsi à nouveau disponible.
On note par ailleurs de nombreuses marques de tâcherons (ouvriers payés à la tâche) tout autour de cette porte, aujourd'hui murée. Il s’agit de signatures géométriques gravées sur leur travail par les constructeurs, afin qu’ils puissent réclamer le paiement de leur dû.
Sur le mur extérieur de l’abside, on observe l’étrange gravure d’une louve. On pourrait penser qu’il s’agit d’un graffiti récent, mais son existence et son message sont portés par la tradition orale depuis des siècles. On dit même qu’il y en aurait une seconde, que l’on cherche encore, et que, à elles deux, elles indiqueraient le cheminement d’un souterrain reliant Vianne au château de Montgaillard renfermant peut-être un trésor des templiers.


La Villa Gallo-Romaine de Séviac.
Séviac se trouve à une douzaine de kilomètres de la cité antique Elusa (aujourd'hui, Eauze).
Le site est découvert par hasard pendant la construction d'une ferme, au cours des années 1860. Des fouilles sérieuses sont entreprises avant la guerre de 14-18, puis le lieu tombe dans l'oubli. En 1959, Paulette Aragon-Launet (1913-1992), membre de la Société archéologique du Gers, réactive les fouilles, en cherchant seule, une bêche à la main, le « palais enseveli » dont son père lui avait parlé. Aidée de ses enfants, elle met au jour des mosaïques déjà inventoriées, puis dirige en 1961 une campagne de fouilles qui permettra de dégager l'aile ouest de la villa.
Séviac, classé monument historique en 1978 est particulièrement renommé pour son ensemble de mosaïques que les spécialistes désignent sous le nom d' École d'Aquitaine. Cet ensemble, unique en France, couvre les espaces de réception et de circulation. Ces mosaïques polychromes à trame géométrique, puis végétale furent restaurées à partir des années 1990. En 2018 ce sont près de 625 mètres carrés qui ont retrouvé une seconde jeunesse. Remises en place, elles sont aujourd'hui protégées des intempéries par une structure de 2070 mètres carrés à la toiture translucide.

Mézin.

La ville fut notamment un des bastions de l'industrie du liège en France au cours des XIXéme siècle et XXéme siècle. Le musée du liège et du bouchon, à Mézin, retrace l'histoire du liège en Gascogne, l'apogée et la décadence de cette industrie et quelques espoirs de renaissance permis aujourd'hui grâce à de nombreuses initiatives. Mézin c'est aussi l'imposante église Saint-Jean-Baptiste très originale de par sa construction massive qui lui donne l’allure d’un château fort plutôt que d’un édifice religieux. Elle est classée à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1840. Mézin c'est enfin la ville natale d'un président de la troisième république, Armand Fallières.

Armand Fallières est né en 1841, dans une maison accolée à l’Eglise Saint-Jean-Baptiste. Il gravit patiemment tous les échelons de la politique, maire de Nérac, conseiller général de Lot-et-Garonne, député, ministre (10 fois) et président du Sénat. Il était donc l’homme de la situation pour prendre la responsabilité suprême, ce 18 février 1906. C'est durant la présidence de Fallières que prend fin l'affaire Dreyfus réintégré dans l'armée, au grade de chef d'escadron. Opposant à la peine de mort, il gracie systématiquement les condamnés à mort pendant les premiers temps de son mandat. C'est d'ailleurs lors de son mandat, en 1908, qu'un projet de loi visant à l'abolition de la peine capitale est soumis à la Chambre des députés par le Garde des Sceaux Aristide Briand. C'est également sous la présidence d'Armand Fallières et sous le gouvernement du même Clemenceau que les forces de police sont modernisées, notamment par la création des "Brigades du Tigre". Encore de nos jours, Armand Fallières reste une grande figure locale de Lot-et-Garonne : à Mézin, une place porte son nom, de même que le collège ; le lycée agricole de Nérac porte aussi son nom.





Condom (sous-préfecture du Gers. 7000 habitants)
Les Cinq Mousquetaires : de droite à gauche : D'Armanini-Porthos-D'Artagnan-Aramis-Athos.
Une des villes les plus protectrices de France selon les anglais😃.
La ville de Condom est située sur un lieu de confluence, entre la Baïse et la Gèle, et c'est de cette particularité qu'elle tire son nom, Condomagos, terme gaulois signifiant marché de la confluence.
Sur la place Saint-Pierre, l'oeuvre du sculpteur géorgien Zurab Tsereteli, la statue des mousquetaires de Dumas se dresse depuis son inauguration en 2010. Elle s’impose à tous de par sa taille (2,50m de haut/4m de long) et son poids (5,5 tonnes). La statue a été offerte par le sculpteur à Aymeri de Montesquiou, sénateur du Gers et descendant du célèbre d’Artagnan né à Lupiac dans le Gers en 1612.

Cathédrale Saint-Pierre de Condom
Reconstruite en 1507, après que le clocher se fut effondré, par l’évêque Jean Marre et terminée par son successeur en 1531, c’est l’une des dernières réalisations du style gothique méridional, et sa nef unique amplifie puissamment le jeu de l’orgue construit en 1605. On peut y admirer des voûtes aux clefs ornées et dorées et de grandes baies à remplages flamboyants. Elle aurait sûrement été rasée en 1569 par les bandes de Montgomery, chef protestant et iconoclaste, si les habitants ne s’étaient pas cotisés pour la sauver, moyennant paiement d'une rançon de 30 000 livres. Le jubé visible de nos jours est sorti des ateliers des frères Virebent en 1844. L'extérieur ne manque pas d'allure avec les énormes contreforts qui enserrent les chapelles latérales, avec le portail flamboyant avec des personnages et des anges sculptés dans les niches à dais ouvragés du portail donnant place Saint-Pierre et avec la haute tour carrée qui domine à l’ouest. Sur le flanc nord, un vaste cloître aux voûtes gothiques, très éprouvé par les Guerres de religion, mais bien restauré, dessert les bâtiments de l’ancien évêché, maintenant occupés par l’hôtel de ville.

Le festival international des Bandas.
Ce festival se tient tous les ans en Mai. La ville est fermée à la circulation pour l'occasion et les clefs de Condom sont remises aux musiciens. C'est le départ de trois jours de festivités pendant lesquels la bière coule à flots. C'est aussi un concours très important pour ces formations de cuivres qui peuvent compter jusqu'à 70 musiciens. Un prix obtenu à Condom assure au groupe primé de solides engagements dans les Férias et les fêtes de Bodegas qui auront lieu le reste de la saison sur tout le territoire.

Nérac (sous-préfecture du Lot-et-Garonne (7500 habitants)
Photo D.Armanini

Cette ville est attachée à deux noms, Henri IV, le « Vert Galant », et à Huguenots. En effet, le passé protestant de cette ville calviniste est avéré et de nombreux témoignages des grands personnages théologiens et penseurs de la Réforme accueillis à Nérac, sont présents : Théodore de Bèze, Jacques Lefèvre d’Etaples, Calvin ou des poètes comme Clément Marot… La reine Margot, créa à Nérac une vie de cour aussi flamboyante que celle du Louvre. On y rencontre Agrippa d'Aubigné et Montaigne…

Le château de Nérac :
Sur les bases d'un ancien fort gascon, le château est édifié au XVéme siècle par Alain d'Albret le Grand,  Devenu résidence royale par l'accession des Albret au trône de Navarre en 1484, le château témoigne  de l'apogée de la famille d'Albret à la Renaissance. Jeanne d'Albret, Reine de Navarre, grande figure du protestantisme y installa sa cour. Son fils Henry de Navarre futur Henry IV y mena grand train, et plus anecdotiquement y connut nombre d'aventures galantes ce qui précipita sa rupture avec son épouse Marguerite de Valois (reine Margot). Le château comprenait quatre corps de bâtiment au XVIéme siècle. A la Révolution française, la résidence est démantelée, seule l'aile nord est conservée. Elle révèle une élégante galerie aux colonnes torses et chapiteaux sculptés. Cette aile, qui abritait les appartements de la reine de Navarre, présente l'exposition permanente "de la saga des Albret aux origines d'Henri IV ". Des collections du XVIéme siècleau XIXéme siècle retracent l'histoire du château, l'histoire des guerres de religion qui furent le cadre de l'ascension de ce roi dont l'image et la légende ne cesseront d'évoluer au fil des siècles.

L'église Saint Nicolas.

Au milieu du XVIIIéme siècle, les notables de Nérac décident de construire une nouvelle église à la place de l'ancienne tout près de l'aile subsistante du château. Elle est un exemple de style néo-classique : rigueur des lignes, ornements inspirés de l'antiquité, sobriété de la décoration.. ce n'est qu'un siècle plus tard qu'elle recevra ses deux clochers, son mobilier, ses vitraux, ses somptueuses peintures murales. L'orgue de belle facture romantique est installé en 1852.

Le parc de la Garenne :
Il fut créé au XVIéme siècle par Jeanne d'Albret et Antoine de Bourbon, le long de la rivière Baïse et au pied du château, agrandi par la reine Margot, première épouse d'Henri IV. Avec l'allée des 3000 pas bordée de la fontaine Saint Jean, avec la fontaine du Dauphin, avec le chemin des amoureux, il reste le lieu de promenade favori des Néracais.





Fleurette de Nérac.
Jeune habitante de la ville de Nérac, elle était la fille d'un jardinier du château.
La légende raconte que Fleurette fut, de toutes les maîtresses d’Henri IV, la seule qui l’ait aimé sincèrement et la seule qui lui resta fidèle à tel point que la douce Fleurette délaissée par son noble amant se jeta dans la Baïse et s'y noya. (En réalité, on sait qu'elle survécut, se maria et eut deux enfants.) Une statue de Fleurette réalisée par Daniel Campagnac en 1896, est exposée dans une grotte du parc de la Garenne, à Nérac. Le monument est accompagné d'une plaque : « Fleurette : à peine ils s'étaient vus qu'ils s'aimèrent d’amour. Elle comptait 16 ans ; lui, trois de plus. Ravie, Fleurette à cet amour donna toute sa vie. Henri, Prince d’Albret ne lui donna qu’un jour ».
Le goût d'Henri IV pour la gente féminine lui valut plus tard le surnom de "Vert Galant".