mardi 7 juin 2022

Soignolles-en-Brie, Solers (Pilou le 07/06/2022)

Photos du jour.
C'est par une température printanière idéale pour la balade que nous sommes invités aujourd'hui, à parcourir cette boucle d'un peu moins de onze kilomètres où nous allons avoir, pas moins de six fois, l'occasion de traverser le cours paisible de l'Yerres qui serpente en larges méandres sur le territoire de ces deux charmantes petites communes seine-et-marnaises : Soignolles que la rivière traverse d'est en ouest et Solers perchée sur le coteau qui surplombe la rive droite de l'Yerres (il faut prononcer 'Solers' comme 'solaire').

L'Yerres.
Cette rivière, que notre association connaît très bien tant nous avons eu maintes occasions de longer ses rives, constitue aujourd'hui encore le fil conducteur de notre rando. Notre rivière est assez imprévisible et fréquemment en crue. Tantôt large lors de ces débordements, tantôt étroite, elle se franchit à Soignolles-en-Brie par quelques petites passerelles de pierre, par trois gués, praticables en dehors des périodes de crue, et un grand pont ; et à Solers par un gué, par un ancien pont ferroviaire et par le petit Pont Bossu (aussi appelé Pont Romain bien qu'il n'ait absolument rien de romain). Nous allons traverser l'Yerres, une première fois, en empruntant un long platelage surélevé et une jolie passerelle en châtaignier. Nous allons suivre ensuite la rive dans une prairie où, à côté des champs de blé tendre déjà bien levé, s'étendent de vastes prairies où paissent nonchalamment de très nombreux chevaux. Les agriculteurs du plateau Briard et de la vallée de l'Yerres ont choisi de louer leurs terres les moins rentables pour le pâturage des chevaux appartenant à des particuliers tout heureux de trouver ainsi une solution adaptée pour le plus grand confort de leurs animaux.

Nous passons maintenant sur la passerelle longeant le gué de Barneau. Là, un motard (d'un certain âge) observe l'eau vive inondant la route, tergiverse quelque peu puis prend la décision osée de passer le gué.
Pataplouf ! Voilà tout l'équipage à l'eau, le lourd engin et son passager. Nous observons la scène, depuis la passerelle, partagés entre amusement et compassion. Le malheureux trempé réussit péniblement à se relever. Cécile lui demande s'il a besoin d'aide. L'homme acquiesce; il semble assez évident qu'il ne parviendra jamais à relever seul les 240 kilos de son engin en pataugeant au milieu de ce gué terriblement glissant.
Daniel, l'eau par-dessus ses grosses chaussures de rando, André motard lui-même et Yves apitoyé se précipitent tous trois courageusement au secours de l'infortuné. Les quatre hommes conjuguent leurs efforts, réussissent finalement à relever la moto et, à petits pas prudents, la sortir du gué.
BDV
compte ainsi dans ses rangs trois valeureux héros auxquels notre 
reconnaissant motard mouillé exprime toute sa gratitude. Nous reprenons notre route, fiers de compter dans nos rangs 🔰les trois fantastiques. 


Barneau.
Barneau est un charmant hameau de Soignolles connu pour sa gentilhommière du XIXéme siècle dont le grand parc fut utilisé comme camp de naturistes jusqu'en 2009. 

Nous remontons jusqu'au centre du hameau, marquons une pause pour observer une croix de la Trinité qui fut bâtie sur son bloc de gré en 1776. Dans la documentation on trouve parfois que ce rocher est référencé comme étant un 'menhir'. Cette thèse paraît très fantaisiste . Cependant, ce qui est plus sérieusement attesté est qu'il existait à l'est du hameau une carrière où fut exploité un sable semblable à celui de Fontainebleau. Et même si l'industrie des carriers a fait disparaitre l'essentiel de ces blocs, on peut observer à son emplacement de grosses roches en grès encore aujourd'hui.
Nous descendons vers le chemin du Val d'Yerres qui va nous conduire au gué du Moque Panier dont la passerelle nous permet de traverser la rivière une troisième fois.


Le chemin des Roses.
Nous rejoignons le chemin des roses que nous suivons vers l'est et nous franchissons une nouvelle fois la rivière sur l'ancien pont de chemin de fer bâti, ici, à 3 kilomètres de l'ancienne gare de Coubert en direction du terminal de la ligne à Verneuil l'Étang. L'ancienne gare de Coubert était établie sur « la voie des roses », où passaient des trains utilisés par les rosiéristes pour que les fleurs soient livrées à Paris. La ligne ferroviaire, d'une longueur de 66,3 kilomètres, reliait à son apogée la gare de Paris-Bastille à la gare de Marles-en-Brie via Verneuil-l'Étang. De cette "voie des roses" ne reste aujourd'hui que le "chemin des roses" soient 20 km de balade, de Verneuil à Servon, sur un chemin bien entretenu, pour notre plus grande joie, où seuls piétons et cyclistes sont autorisés à circuler.
Nous quittons le chemin des roses et traversons le bois du Tremblay. Au beau milieu d'un petit sentier, nous découvrons une borne ancienne présentant des motifs symboliques habilement sculptés. 



 
Solers.

Cette borne a été réimplantée en sa position initiale en octobre 2019 par les services municipaux.  Ce bornage correspondait à l'installation de moines Chartreux  sur le plateau Briard. Dans ce bois du Tremblay, il délimitait les lieux où, au-delà, les religieux s’interdisaient toutes possessions. Ainsi ces pierres marquées au signe des Chartreux signalaient la propriété de Seigneurie des Chartreux de Solers.
Ce passé, marqué par la présence des Chartreux, est illustré de nos jours à Solers par la création du Clos des Chartreux. C'est un vignoble fort de 400 pieds (300 en Chardonnay et 100 en Pinot Meunier) qui fait résonner le passé viticole de la région avant que les ravages du phylloxéra n’imposent une totale reconversion.
Nous rejoignons la rive de l'Yerres et marquons un arrêt pour observer le gué de Rochefort. Ce gué ne dispose pas de passerelle permettant un passage à pied sec. Il sert au passage des engins agricoles vers les cultures de la vallée. Nous traversons un champ de hautes herbes fourragères (brome dressé, pâturin, et autre fétuque géante), de quoi moissonner un foin de qualité exceptionnelle pour les chevaux si nombreux  dans ce petit coin de la vallée de l'Yerres.
Nous rejoignons le 🔰Pont Bossu  et traversons la rivière pour la cinquième fois. Puis nous empruntons le chemin du Dessous des Salles pour sortir de Solers et rejoindre Soignolles par le chemin des Roses que nous suivons en direction de l'Ouest, cette fois.




Le moulin de Soignolles.

Nous quittons le chemin des Roses à la Burelle, un autre hameau de Soignolles. Didier prend le temps de faire un cliché de cette Vierge qui semble dominer tout le coteau de l'Yerres où se blottit le village. Elle n'est pas là par hasard. Face à elle, sur l'autre versant de l'Yerres, à plusieurs centaines de mètres de là, se dresse un calvaire dont le Christ crucifié lève le regard précisément dans l'exacte direction de la Sainte Mère qui lui fait face. Le village se trouverait ainsi protégé contre les grands malheurs par ce divin échange de regards affectueux entre  la Mère et le Fils.
Nous  descendons à présent l'étroit chemin escarpé de la Burelle puis empruntons la Rue du Moulin. Ceux d'entre nous qui imaginaient découvrir un joli moulin à blé aux ailes majestueuses animées par la douce brise d'un été prochain se trouvent fort désappointés.
En effet, ce moulin à eau qui remonte à François Premier fut reconverti au XIXème siècle en un moulin industriel, assez laid, qui utilisait l'énergie hydraulique non pas de l'Yerres mais des ruisseaux qui descendaient de Coubert pour animer des tours de décolletage et des machines à battre les collets. Quand la force produite par l'immense roue de sept mètres de haut ne fut plus suffisante, on l'abandonna au profit d'une machinerie à vapeur. Le moulin a définitivement cessé de fonctionner en 1981 pour le plus grand confort auditif du voisinage.
Nous voici maintenant rue de la Planche dans les hauts de Soignolles. Nous redescendons vers le gué  de Cordon, longeons l'Yerres que nous traversons une dernière fois pour nous diriger vers le centre du village.






L’église Notre-Dame-de-l’Assomption
Inscrite depuis 1926 à l’inventaire des monuments historiques, l'église, le chœur et la tour-clocher datent du Moyen-Âge (XIIème-XIIIèmesiècles). Le large vantail de 🔰porte en chêne  date du XVIèmesiècle.  La nef a été reconstruite au début du XVIèmesiècle à l’initiative du seigneur de Soignolles, François Jouvenel des Ursins. Les voûtes ne sont construites que près d’un siècle plus tard, comme en témoigne la date de 1616 portée par un chapiteau. D’importants désordres structurels ont affecté l’édifice et en particulier le clocher dont les fondations, insuffisantes, ont provoqué un affaissement de l’angle sud-ouest. Sa mise en sécurité urgente était un préalable à toute intervention ultérieure. Aussi d'importants travaux de restauration et de consolidation avaient été entrepris dès 2011. Mais, suite à des malfaçons scandaleuses lors de ce travail, le bâtiment se trouve aujourd'hui dans une situation ressentie comme catastrophique pour de nombreux habitants du village. La cloche est immobile depuis 11 ans. A l'extérieur, la tour se fissure. Des pierres tombent au sol. Face au risque d'effondrement, l’église est fermée au public. 
À Soignolles, on ne veut pas baisser les bras et les habitants croyants et non-croyants se mobilisent pour sauver l’église. L’Association pour la sauvegarde de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption (ASSENDS) a renouvelé son initiative, cette année encore, d'installer une crèche musicale devant l'entrée du bâtiment pour entretenir la mobilisation.
De plus, une vive bataille judiciaire est engagée et l'architecte en charge du dossier indique que les dernières décisions seraient plutôt rassurantes. Affaire à suivre...
Nous passons devant l'école (qui possède la réputation justifiée d'avoir été l'école la mieux dirigée de l'Univers dans les années 90😃). Nous pouvons désormais rejoindre le parking du cimetière de Soignolles où nos véhicules sont demeurés sagement dans notre attente.


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