mardi 31 mai 2022

La Plaine de Samois (François le 31/05/2022)



Photos du jour.

François
nous entraîne aujourd'hui dans une balade entièrement forestière de 9 km à partir de Samois-sur-Seine, jolie commune de Seine et Marne blottie sur un coteau entre le fleuve et la Forêt de Fontainebleau.
Notre parking de départ se situe au pied de la colline qui domine la ville. Au-delà s'étend cette partie de la Forêt de Fontainebleau qu'on appelle 'la Plaine de Samois'. C'est cette plaine que François nous invite à découvrir par le réseau des chemins nombreux et étroits qui la sillonnent.
Le couvert forestier nous offrira une ombre particulièrement bienvenue en ce mardi généreusement ensoleillé. 
La Tour de Samois.

Depuis notre parking de départ, on aperçoit parfaitement la Tour de Samois située au point culminant du coteau. Cette tour qui figure dans 🔰le blason  de la commune de Samois fut construite en 1879 par Isidore Hébert, un artiste sculpteur sur bois. Il avait obtenu la concession gratuite de cet emplacement au point culminant de la ville afin d'y établir cette tourelle destinée à l’origine à constituer un pôle d’attraction touristique, avec une guinguette et des balançoires. En1928, la commune déplorant le mauvais entretien du lieu en prend la gestion et l’ouvre aux visiteurs. L'accès en devient payant, une buvette est installée au pied de la bâtisse. Pendant la la guerre, la tour servira de point d'observation. Équipée en son sommet d’une table d’orientation en 1962, elle permet de découvrir un vaste panorama forestier. Vandalisé, le site est fermée au public à partir de 2002 ce qui est une juste mesure de sécurité mais qui incontestablement enlève à l'endroit un peu de son attrait. Cependant,  avec ses énormes grès environnants aux formes étranges (éléphant, dromadaire, tête de mort, etc) tel  'le Gros Bourdon' sorte d'animal géant,  le site du 'Rocher de Samois' reste un lieu de promenade très apprécié des samoisiens.


Le Rocher de Samois.
Le Rocher de Samois est chargé , comme nombre d'autres sites remarquables du massif forestier, d'une part de légendes.  L'une d'elles se fonde sur la sonorité particulière du sol du Rocher pour affirmer que le sous-sol est totalement creux et renferme dans ses profondeurs une prodigieuse nappe d’eau, capable de submerger le pays si le Rocher venait à se disloquer par suite de quelque cataclysme. Cette légende fut confortée en septembre 1858, quand à la fête de Saint-Loup, les eaux d’un orage épouvantable et d’une trombe formidable, transformant les rues du village en torrents et se coalisant avec l’ouragan, emportèrent jusqu’à la Seine les établissements forains, dont les propriétaires s’arrachaient les cheveux de désespoir, pendant que les habitants terrorisés se lamentaient et que les anciens, au fait de la malédiction,  prévenaient « que le Rocher était crevé et que tout le monde allait périr ».

Une autre tradition orale légendaire porte sur la 🔰pierre druidique du Rocher.  Elle est toujours en place et on peut l'observer à quelques mètres face à la tour d’Isidore Hébert. Elle est parfois connue dans le village sous le nom de Pierre des Druides, ou Roche des Druides. On raconte ici qu’au temps des gaulois on y faisait des sacrifices humains et d’animaux.  La table de sacrifice est encastrée au centre d’un groupe de trois roches. La pierre tabulaire était percée d’un trou qui débouchait sur l’un des bords antérieurs. Cette cavité est aujourd’hui condamnée par du ciment. 
Le gros Bourdon. (Photo D. armanini)


La Plaine de Samois.
Nous circulons maintenant dans une pinède. La fragrance puissante trompe nos sens et on pourrait se croire téléportés dans quelques lieux magiques du littoral corse. Cependant cette magie a une explication bien rationnelle : cent quatre mille pins sylvestres dans la forêt de Fontainebleau ont été  greffés en laricio (pin de Corse) ou autres espèces rares à partir de 1850. La méthode de greffage permettait de produire sur place des semences qui autrement aurait été apportées à grands frais depuis des lieux très éloignés, d'où elles risquaient d'arriver avariées le plus souvent. C'est dans ce dessein économique que le greffage des pins en laricio fut annuellement organisé  en forêt de Fontainebleau. On estime aujourd'hui que le nombre de pins laricio dans cette forêt  n'excède pas un millier. Ce faible effectif tient aux incendies qui, au cours des cent dernières années, ont parcouru au moins une fois la presque totalité des parcelles résineuses de la forêt.

Nous poursuivons sur les sentiers étroits de la Plaine de Samois. Au carrefour d'un sentier avec la 'chemin des Turlures' nous marquons un arrêt devant le 'pavillon Magnier', du nom de son constructeur. Sa structure recouvrait les pompes qui alimentaient le village en eau potable. Les pompes sont aujourd'hui retirées et le puits bouché. Le pavillon sert maintenant de dépôt à la commune.
Nous entrons maintenant dans une partie de la forêt dominée par les feuillus. Nous pouvons y admirer de magnifiques chênes dont un marqué du petit cercle bleu qui signale les arbres remarquables du massif forestier. Nous continuons à bonne allure derrière François en pleine forme,  approchons de la voie ferrée où on entend clairement circuler les rames du RER D puis retrouvons les grès géants du Rocher de Samois et la Tour Isidore Hébert. Il ne nous reste plus qu'à descendre le sentier escarpé vers le parking et à remercier vivement François pour la conduite dynamique de cette très agréable balade forestière.



Le Veau Orloff.

Il est impossible de conclure cet article sur notre escapade dans la Plaine de Samois sans évoquer l'histoire du veau Orloff.
Nicolas Orloff (1824-1885), ambassadeur de Russie à Londres, Paris et Berlin, épousa Catherine, fille de Nicolas Troubetzkoï, propriétaire du 🔰château de Bellefontaine  à Samois-sur-Seine. Créateur de l'alliance franco-russe, Nicolas Orloff mourut en ce château de Samois-sur-Seine dont il était devenu le propriétaire après la mort de son épouse. Des funérailles imposantes y furent organisées dans la pure tradition orthodoxe. Son fils Alexis fit du château de Samois sa résidence d'été. Une nuit, de retour à Samois, il demanda au chef 🔰Urbain Dubois,  le cuisinier de Bellefontaine, d'improviser une recette pour ses amis. Le cuisinier accommoda merveilleusement les restes : un rôti de veau, une farce aux champignons, des épices, dont du paprika. Le plat fut immensément apprécié et 🔰la recette ne tarda pas à entrer dans la légende sous le nom 'veau Orloff' pour rendre hommage au père d'Alexis, le prince Nicolas Orloff.


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