mardi 6 juin 2023

Samois : Bas Samois et Petit Barbeau (Christine le 06/06/2023)

Photos du jour.
Décidément, ce printemps 2023 qui avait si mal commencé, pluvieux, frisquet, brumeux n'en finit pas de s'excuser nous offrant désormais un temps radieux, des ciels azuréens, des températures estivales... 
Et, c'est  de ces conditions d'exception que nous allons bénéficier, aujourd'hui, aux côtés de Christine qui nous propose un circuit d'un peu plus de 11 km dans Samois, ce très beau village cossu, blotti sur le coteau de Seine entre le fleuve et la Forêt de Fontainebleau.
De 🔰nombreuses personnalités Le surintendant Fouquet, le prince Troubetzkoy, le prince Nicolas Orloff, Me Fernand Labori, défenseur de Dreyfus, Alfred Binet, psychologue de l’enfance.
Des écrivains  : Elémir Bourges, les frères Margueritte, Stéphane Mallarmé ; les romancières Patricia Highsmith et Hortense Dufour ; le poète surréaliste Daniel Abel…
Des peintres impressionnistes : Armand Guillaumin, Paul Signac, Albert Marque, Odile Redon, Jules Veyrassat, Jean de Maxim.
Des musiciens: Maurice Ravel, Gabriel Fauré, Claude Debussy
et bien sûr le célèbre guitariste de jazz, Django Reinhardt.
 séduites par le charme de l"endroit ont vécu ici.
Nous nous sommes garés sur le petit parking en bas du Boulevard Aristide Briand  tout près du Quai de l'Écluse où se sont installés de nouveaux samoisiens logeant sur d'anciennes péniches restaurées et réaménagées en résidence principale dotée de tout le confort moderne.

Photo J. Fillis



Le Bas Samois.
Photo J. Fillis
Nous rejoignons le Quai de la République. Deux îles, l'ïle aux Barbiers et l'île du Berceau, s'allongent, ici, dans le cours du Fleuve séparées du quai par des bras de Seine où s'était développée, autrefois, une activité portuaire importante, le port de Samois ayant servi à l’embarquement du bois de chauffage et des pavés de grès. Ces matières premières étaient extraites dans la toute proche forêt de Fontainebleau et envoyées à Paris. Aujourd'hui, ces bras de Seine constituent un abri bucolique propice à un tourisme fluvial parfaitement réglementé et intégré à la vie du village. Nous remontons le coteau par le Rue du Bas Samois. Certaines habitations dans cette rue datent des 17ème et 18ème siècles. La plus ancienne date du 15ème siècle.
L’une d’entre elles, plutôt modeste, 🔰au numéro 4, fut la dernière résidence du musicien de jazz Django Reinhardt dans les dernières années de sa vie. 
Nous gravissons le coteau par un dédale de sentes, de venelles et de ruelles : la Ruelle du Chevrier, la Ruelle des Grillés, le Chemin de Derrière l'Église. Le village compte ainsi de nombreuses voies piétonnes, dénommées souvent du nom générique de 🔰"sentes". Elles portent, en fonction de leur importance ou de leur nature, le nom de "ruelle", de "chemin", de "sentier" ou de "passage". A ce jour, 29 sont répertoriées pour 4 100 mètres cumulés de cheminement. 




Nous retrouvons la Rue du Bas Samois où nous marquons un arrêt devant le lavoir du village. C'est un ouvrage du 18e siècle, issu de la campagne publique d'édification de lavoirs engagée à l'époque  pour contrer l'insalubrité et les épidémies. Son bassin est alimenté par la captation et l'adduction de trois "dallots" dont la source est localisée dans le massif forestier. Il a été couvert par le bâtiment actuel en 1818, restauré à l’identique en 1998. Il est en parfait état et la clarté de son eau est surprenante.
Nous descendons le coteau vers la Seine par le Chemin des Berceaux et le Chemin du Petit Pont. Au débouché sur le Quai Franklin Roosevelt, nous marquons un arrêt pour admirer la 🔰Maison "Les Chimères" remarquable pour l'originalité des bas-relief qui surplombent portes et fenêtres. Ce sont des représentations de chimères, loups, dragons et autres animaux fabuleux.


Photo J.Fillis


L'Île du Berceau et Django Reinhardt.

Nous longeons le Bras de l'Avau-Terre, un bras de Seine séparé du cours principal de la Seine par l'Île du Berceau. Nous dépassons la succession des magnifiques demeures de bord de Seine pour atteindre la Passerelle du Bas Samois. Au pied de la passerelle, une plaque rappelle qu'un pont fortifié reliant Samois à Héricy se dressait à cet endroit, se développant sur 300 m de long, Dix-neuf moulins à  eau servant à moudre le grain existaient aux abord de ce pont. Un taxe devait être payée pour le traverser. Il fut détruit en 1658.
Photo JPL
Nous franchissons la passerelle pour pénétrer sur l'Île du Berceau. Le chemin de halage est établi sur le flanc est de l'île. Des platanes splendides, des tilleuls géants émergent de cet écrin de verdure que nous franchissons jusqu'à la petite passerelle au sud de l'Île qui nous permet de rejoindre le quai face au Country Club au niveau d'un petit square où s'élève depuis 2010 une 🔰belle statue en bronze à la gloire de Django Reinhardt.

Photo J. Fillis
L'Île du Berceau a accueilli de 1983 à 2015 le Festival Django Reinhardt,  un prestigieux festival de jazz manouche , aujourd'hui transféré dans le parc du Château de Fontainebleau. Cependant, chaque année, l'ouverture du festival, le "off" comme on dit aujourd'hui, continue d'être organisé dans la petite commune de Samois avant de rejoindre Fontainebleau le dimanche pour la grande scène.
Du petit square, on a une vue parfaite sur quelques unes des magnifiques demeures nichées dans l'écrin du coteau. Nous dépassons le Country Club et poursuivons sur le quai jusqu'à la "Fontaine Dieu", une autre de ces villas somptueuses des bords de Seine. Volumes complexes, hauteurs vertigineuses, tourelles médiévales, immenses toitures, vérandas cathédrales, faux colombages, ces majestueuses "Affolantes" méritent bien leur nom. Ces demeures de villégiature, construites le long du fleuve de 1830 à 1914, de Saint-Mammès à Seine-Port en passant par Thomery, Samois-sur-Seine, Héricy, Bois-le-Roi, Boissettes, appartenaient à des industriels et des commerçants melunais et surtout parisiens. Avec l'arrivée du chemin de fer, ils bâtissent ces villas pour y passer l'été et les week-ends au vert, entre forêt et cours d'eau. On doit le terme "Affolantes" à Marie-Françoise Laborde, architecte et auteure du livre Les Affolantes des bords de Seine.

Où il est question du Veau Orloff.
Nous remontons le coteau par la Montée de Therouane dont on attaque la pente par un 🔰escalier aussi raide que bucolique. Nous poursuivons sur un sentier à mi-coteau surplombant le Quai des Plâtreries, De temps à autre, à travers le rideau végétal, on peut apercevoir, sur l'autre rive de la Seine, le 🔰clocher du village de Vulaines-sur-Seine. Nous allons désormais suivre les chemins de la Forêt de Fontainebleau pour retourner dans les rues fleuries du village où nous marquons un court arrêt devant la petite 🔰église Saint-Hilaire dont il ne reste que peu d'éléments du Moyen-Âge et qui fut restaurée en 1999 et 2000.
Sur la Place du Parvis, une 🔰plaque rend hommage aux Princes Troubetskoï et Orloff bienfaiteurs du village.

Il est impossible de ne pas évoquer à ce moment de notre parcours l'histoire d'une célèbre recette, le veau Orloff.
Nicolas Orloff (1824-1885), ambassadeur de Russie à Londres, Paris et Berlin, épousa Catherine, fille de Nicolas Troubetskoï, créateur de l'alliance franco-russe. C'est à Samois dans le 🔰château de Bellefontaine  dont il était devenu le propriétaire après la mort de son épouse que ce prince Orloff mourut. Des funérailles imposantes y furent organisées dans la pure tradition orthodoxe. Son fils Alexis fit du château de Samois sa résidence d'été. Une nuit, de retour au château, il demanda au chef 🔰Urbain Dubois,  le cuisinier de Bellefontaine, d'improviser une recette pour ses amis. Le cuisinier accommoda merveilleusement les restes : un rôti de veau, une farce aux champignons, des épices, dont du paprika. Le plat fut immensément apprécié et 🔰la recette ne tarda pas à entrer dans la légende sous le nom 'veau Orloff' pour rendre hommage au père d'Alexis, le prince Nicolas Orloff.


Le Petit Barbeau.
Nous rejoignons le Chemin du Puits Bardin qui permet de sortir du village par le Nord. Le chemin traverse une zone agricole et ne tarde pas à pénétrer sous le couvert ombragé de la Forêt de Fontainebleau. Une fraîcheur bienvenue nous accompagne sur ce sentier qui correspond aux GR2 bien connu des randonneurs parisiens. Nous allons ainsi entrer dans les bois du Petit Barbeau. L'ancien hameau qui s'étendait ici doit son nom à l'illustre Abbaye de Barbeau située en face sur l'autre rive de la Seine à Fontaine-le Port. En effet, quand le pont médiéval reliait encore les deux villages, l'Abbaye participait pleinement à la vie de Samois par les moulins, la vinaigrerie, les droits de chasse qu'elle possédait sur le territoire. La destruction du pont en 1658 n'entraîna pas le refonte de la nomenclature du fief de l'Abbaye désormais coupé en deux par le fleuve devenu difficilement franchissable. Le petit Barbeau conserva ainsi le nom du hameau bien que séparé du domaine de l'Abbaye.
Nous rejoignons la rive de la Seine et prenons le chemin de halage direction sud. On aperçoit parfaitement de l'autre côté du fleuve sur la rive de Fontaine-le-Port, le domaine de Barbeau, son parc, son château.
Photo JPL

Nous poursuivons sur le chemin de halage. La rive droite de la Seine nous est maintenant masquée par la luxuriante végétation de l'Île aux Barbiers, la plus vaste île de Samois, inaccessible à pied, aucune passerelle ne la reliant au village. L’écluse de Samois avec son déversoir fixe côté Héricy et son barrage mobile côté Samois a aujourd’hui complètement disparu. La maison de l'éclusier-barragiste était dans cette Île aux Barbiers.  Les bateaux-lavoirs évoqués par Stéphane Mallarmé dans une de ses lettres ont eux aussi disparu du paysage. Le passeur dont l'existence remonte à l’effondrement du grand pont entre Samois et Héricy au XVIème siècle a permis jusqu’au début du XXème siècle de passer d’une rive à l’autre deux fois par semaine. Un passeur motorisé existe toujours, Le patrimoine fluvial est mis en valeur au travers de quelques plaques, devant les péniches amarrées, expliquant leur histoire. Ces plaques ont été réalisées par la Fédération de défense de l’habitat fluvial.
Il ne nous reste plus que quelques dizaines de mètres à parcourir pour clore notre parcours.  Nous n'allons pas nous séparer sans avoir vivement remercié Christine pour la belle organisation de cette balade sur  le territoire d'un de nos plus beaux villages de Seine et Marne.

Photo J. Fillis


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