mardi 4 juillet 2023

La cité médiévale de Provins (Aimé le 04/07/2023)

Photos du jour.
Photo D. Armanini

Aimé nous propose une rando pique-nique à Provins célèbre pour ses fortifications médiévales.
Provins était sous Charlemagne la troisième ville de l'ancien royaume des Francs, après Paris et Rouen.

🔰 L’enceinte de la ville haute, longue de 1 200 mètres et comportant 22 tours aux géométries variées, fut construite de 1226 à 1314. Ces remparts mesurent 25m de hauteur, et s’étendaient à l’époque sur 5 km de long, faisant assurément de Provins l’une des enceintes fortifiées les plus imposantes de France. Leur périmètre s’élargissait au fur et à mesure que la ville grandissait. Les comtes de Champagne avaient vu grand afin d’accueillir et de protéger les habitants et les très nombreux marchands qui venaient pour les Foires de Champagne. Aujourd’hui, il reste encore 1,2 km de remparts autour de la ville haute. On peut encore facilement imaginer le tracé initial grâce aux Allées d’Aligre, boulevard de promenade très prisé des Provinois.

Provins fut au Moyen Âge l'une des villes abritant les plus grandes foires de Champagne, alors que la ville était sous la protection des comtes de Champagne. C'est sûrement cette période qui laissa le plus de traces sur Provins. En 1617, Louis XIII porte confirmation des trois foires de la ville de Provins ainsi que de leurs franchises et de leurs privilèges. La première, appelée la foire de May, précède le jour de l'Ascension durant quarante-six jours ; la seconde, la foire saint Ayoul, durant du 14 septembre au jour de la Toussaint ; et la troisième, la foire saint Martin, qui commence le jour de la saint André et dure jusqu'à la fin du mois de décembre.

Aimé a soigneusement préparé, pour chacun, un document décrivant les principales étapes du circuit d’un peu moins de six  kilomètres qu’il propose d’effectuer en matinée.
N’ayant pu rejoindre cette rando qu’à midi, je reprends, ici, les termes du document concocté par Aimé, pour rendre compte de cette matinée riche en découvertes patrimoniales.


La rando en matinée.

Photo D. Armanini

🔰 La Porte Saint-Jean construite au XII° siècle, défendait la route de Paris qui traverse la ville haute de Provins jusqu’en 1733. Elle présente une entrée ogivale, flanquée sur les fossés de deux corps de garde arrondis, dont les pierres en saillies renforcent la résistance aux chocs.
Le dispositif de fermeture comprenait :
- un pont-levis, dont le tablier levé protégeait une porte charretière et une porte piétonnière,
- une herse en bois,
- une porte à deux battants s’ouvrant sur la ville.
Un escalier double est encore présent à l’intérieur de la porte, aussi bien pour monter à la plate-forme que pour descendre dans les parties basses.
Le clocheton de guet qui surmontait la porte a toutefois été démoli au XV° siècle.


Au n°2 de la Rue Saint Jean, la Grange aux Dîmes abrite toute une mise en scène, représentant les marchands et les métiers du Moyen Âge. Cette maison en pierre est typique de l’architecture de Provins des XIIe et XIIIe siècles.
De bas en haut, la salle basse, magnifiquement voutée, servait d’entrepôt, le premier étage de boutique, et le dernier étage d’habitation. On sait grâce à des baux retrouvés, qu’elle était louée, entre autres, par des marchands toulousains. Bien plus tardivement au XVIIe siècle, elle fut utilisée en tant qu’entrepôt pour la dîme – impôt sur les récoltes – d’où son nom actuel.

🔰 La Rue Couverte avec ses belles maisons à colombage est certainement la plus vieille rue de la ville.
🔰 Elle conduit à la place du Châtel, grande place de forme rectangulaire avec environ 80 m de long sur à peu près 30 m de large. Avec son puits et sa croix monumentale, cette jolie place est le cœur de la ville haute. La Croix des Changes et des Édits date du 13e siècle. C'est ici qu'avaient lieu les transactions de monnaie lors des foires de Champagne et qu'étaient proclamés les édits du comte, puis du roi.
Au nord-est de la place, se trouve les vestiges de l'ancienne Église de Saint-Thibault. Au nord-ouest de la place, la Maison des Petits Plaids est un ancien lieu de justice remontant au 12e siècle.

La Rue de la Pie permet de rejoindre la Tour César. C’est le monument emblématique de la cité médiévale de Provins, un véritable concentré d’histoire. Ce donjon du XIIe siècle est impressionnant tant par sa taille que par sa forme. La "Grosse Tour", comme on l’appelle aussi, servit de tour de guet bien sûr, mais aussi de refuge et de prison. Les prisonniers étaient enfermés dans les tourelles et les cachots, étroits et parfois plongés dans l’obscurité totale. Elle abrite aujourd’hui les cloches de la collégiale Saint-Quiriace et sonne toujours deux fois : cinq minutes avant puis à l’heure pile. Avant d’atteindre la somptueuse charpente du XVIIe siècle, on passe successivement dans la salle des gardes ; la pièce dite “Chambre du Gouverneur”(très luxueuse avec sa cheminée et surtout ses latrines particulières) ; le Pâté aux Anglais et enfin le Chemin de Ronde.

 
Photo D. Armanini
La collégiale Saint-Quiriace est une église du XIIe siècle faisant partie du patrimoine historique de la ville. Elle présente la particularité de ne jamais avoir été achevée, la réalisation de l’église dans les proportions données au départ étant trop coûteuse. Une première collégiale entre les années 1022 et 1032, était devenue trop petite pour accueillir la communauté de chanoines présents. Le comte de Champagne Henri le Libéral décide de la faire reconstruire dans les années 1160. Mais sa mort  en 1181 laisse la collégiale inachevée. Deux seulement des huit travées de la nef seront finalement construites. Les difficultés financières du royaume sous Philippe le Bel feront que la construction restera dans cet état. La croix érigée à l’autre extrémité du parvis de la collégiale indique l’endroit où aurait dû se situer l’entrée de l’édifice si les dimensions d’origine avaient été respectées. Les ouvertures pratiquées sur la façade seront murées en 1625 et resteront dans cet état jusqu’à nos jours laissant un air d’inachevé à l'ensemble. La coupole sera restaurée successivement en 1773, 1836 et plus récemment, dans les années 1950, pour réparer les dégâts dus à la Seconde Guerre mondiale.

🔰 La maison romane est l'un des plus anciens édifices civils de Provins, datant du XIIe siècle. Elle se situe au N° 12 de la rue du Palais. Elle abrite actuellement le musée de Provins et du Provinois. Les façades et la toiture de l'édifice sont classées au titre des monuments historiques. On ne manquera pas d’admirer sa façade du XIIe s. et sa magnifique fenêtre dite "en diamants". Le musée abrite des collections inestimables issues de fouilles archéologiques réalisées à Provins et ses environs, notamment des vestiges exceptionnels du trésor de Saint-Quiriace : pièces d’orfèvrerie, icône trinitaire du XVe siècle et chasuble de Saint Edme en lampas de soie. À voir également des sculptures et peintures, des objets rares comme un "tour d’abandon" qui permettait aux mères dans la détresse d’y déposer leur bébé aux portes des églises dans l’anonymat.

🔰 La Maison de Saint-Thibault, ou maison des Orphelines, est une maison privée construite au XIIIe siècle. La façade et la cave voûtée sont inscrites au titre des monuments La rue Saint Thibault descend vers la ville basse et rassemble un grand nombre de maisons caractéristiques.

 


🔰 L’arche de la Poterne Faneron, porte le nom de la tour qui la jouxte. On l'appelle aussi "Arche du Trou à Chat". Ce trou qui n’existe plus n'a aucun rapport avec l'animal. C’était, en fait, une brèche béante dans le rempart provoquée par un instrument de combat durant la Guerre de 100 ans : le "chat", sorte de bélier avec une pointe en acier chargée de déchausser les pierres.

🔰 Le Caveau du Saint Esprit est situé au N° 34 de la rue de Jouy. Cet édifice, en partie inscrit au titre des monuments historiques est répertorié dans la base Mérimée, base de données sur le patrimoine architectural français du ministère de la Culture. Il abrite notamment une somptueuse salle basse voûtée, dernier vestige d'un ancien hôpital qui accueillait pauvres et pèlerins, construit au XIIe siècle et détruit par un incendie au XVIe siècle.



Le Spectacle des Aigles.

Je rejoins le groupe de rando à l’heure du déjeuner. Nous nous installons sous l’immense Halle, parfaitement aménagée en aire de pique-nique avec de nombreuses tables et bancs en bois permettant d’accueillir les visiteurs. Aujourd’hui, en cette dernière semaine de classe avant les vacances, le site s’égaye de l’enthousiasme sympathique des élèves de très nombreuses classes ayant choisi Provins pour la sortie scolaire de fin d’année. Notre petit groupe de papis/mamies détone gentiment au milieu de cette joyeuse affluence. Ce qui ne nous empêche nullement de profiter du pique-nique et des petits extras préparés et généreusement distribués par les cordons-bleus du groupe. 

🔰 Il est temps à présent de remballer les glacières pour suivre Aimé jusqu’au Théâtre des Remparts où va se dérouler le célèbre spectacle des Aigles de Provins créé et dirigé par Philippe Hertel depuis 1993. 
Anaïs, fauconnière présentatrice, appartient à la famille de Jacques Fillis.


Des consignes précises nous sont données telles que ne pas se lever, ne pas lever les bras pendant le spectacle, ne pas nourrir les animaux etc..
🔰 Nous nous installons sur des bancs rustiques installés en amphithéâtre devant l’élévation des remparts où se déploie une troupe de fauconniers professionnels en habit d’époque. Anaïs, fauconnière émérite et membre de la famille de Jacques Fillis, présente au public une évocation historique de cet art ancestral. On apprend ainsi que la fauconnerie, pratiquée à travers le monde depuis plus de 4000 ans, connaît son apogée au Moyen Âge en Occident ; cette tradition respectueuse de la nature et de l’environnement, transmise de génération en génération, est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.



←Photos D. Armanini↓

Nous allons être ainsi transportés au cœur du Moyen Age, des steppes d’Asie centrale, en passant par le Proche Orient, jusqu’aux seigneurs féodaux par le magie d’une mise en scène qui associe le formidable ballet aérien des rapaces en vol libre à l’art équestre de la troupe dont les costumes magnifiques évoluent en fonction des époques et des régions évoquées.

 Un commentaire documenté, quelquefois savant, quelquefois humoristique accompagne les prouesses de la compagnie. Pour la fauconnerie en Occident sont évoqués seigneurs et fauconniers de bas-vol avec leurs buses, faucons crécerelles, aigles…rappel d’oiseau à cheval et exercice du leurre. 🔰 Nous découvrons un élégant serpentaire, un insolite échassier rare dont la volière de Provins a eu la fierté d’enregistrer quatre naissances en 2012.
Puis c’est aux Touaregs sur leurs chevaux fougueux de nous présenter les prouesses de la fauconnerie du Moyen Orient. Les aigles survolent en rase-mottes les têtes des écoliers enchantés de la performance.

Photo D. Armanini
 C’est maintenant la fauconnerie en Asie Centrale et en Mongolie qui est évoquée à travers la prestation des cavaliers Kazakhs avec leurs aigles des Steppes.
Suit un moment d’enchantement et d’émotion avec les oiseaux nocturnes, hiboux et chouettes, présentés par le druide et le cavalier de la forêt.
🔰 Nous voilà maintenant en Amérique où d’emblématiques pygargues à tête blanche nous font la démonstration de leur extraordinaire habileté à la pêche en fonçant sur une petite mare pour en extraire le poisson convoité.
Le spectacle offre à présent un moment de légèreté et de drôlerie avec un âne facétieux et des caracaras, oiseaux marcheurs qui viennent gambader sur les balustrades de l’avant-scène.
🔰 Les faucons, planeurs extraordinaires, et 🔰 les milans noirs vifs et agiles viennent clôturer le spectacle dans un bouquet final d'allers-retours aériens entre les hauteurs du rempart et les perchoirs de l’arrière-scène, frôlant les têtes ravies des spectateurs et saisissant au passage quelques larves d’insectes projetées dans les airs par les fauconniers.

Photo D. Armanini

Nous applaudissons de bon cœur  puis nous nous dirigeons vers la Volière des Remparts où nous allons pouvoir observer de très près les rapaces acteurs de ce spectacle qui nous a enchantés.
🔰 Avant de rejoindre notre parking pour le retour à Varennes-Jarcy, nous prendrons le temps de chaleureusement remercier Aimé, autour d’une boisson rafraîchissante servie à l’une des terrasses de la Place du Châtel au centre de la cité médiévale.

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