mardi 21 mars 2023

Seine-Port (Dominique le 21/03/2023)

Photos du jour.
Ce sont les premières heures de ce Printemps*2023 que Dominique a retenues pour nous mener dans le charmant village de Seine-Port qui porte avec fierté son label "village de caractère". Et nous allons effectivement profiter d'un temps pritannier tout au long de ce parcours de près de 9 km à la découverte des rues et des sentes du village, de ses belles propiétés dotées de vastes jardins, des chemins bucoliques longeant la Seine et des allées ombragées de la Forêt de Bréviande .

*Printemps : Un article traitant de l'équinoxe est accessible ici dans la rubrique 'On en parle'.


←Nos Guides ( Photo J.Fillis)


La marquise de Montesson, épouse morganatique.

Nous nous sommes garés autour de la 🔰Place Montesson où sous les les 180 tilleuls se sont réunis des boulistes pour taper le cochonnet.  Sur cette même place, on  peut chiner à la brocante des antiquaires qui se tient le premier dimanche de chaque mois, cela depuis 40 ans.

Au XIIème siècle, dans le bois de Beaulieu, plusieurs ermites cisterciens fondent l'abbaye de Saint-Port. Des familles s'y installent près de leur moulin et ainsi naquit le village de Saint-Port. En 1156, la première pierre de l’église Saint-Sulpice est bénite. Louis Lefèvre de Caumartin, un proche d’Henri IV, obtient l’érection de la seigneurie en baronnie, achète l’abbaye, la fait détruire et remplacer par le 🔰château de Saint-Assise. Pendant la Révolution française, Saint-Port reste calme. L’ambassadeur des États-Unis en France, le gouverneur Morris, vient s'y réfugier pendant deux ans. Après cette période, le nom du village se transforme en Seine-Port.

C'est dans ce château de Saint-Assise,aujourd’hui monument historique, que vivra, au XVIIIe siècle, Charlotte-Jeanne Béraud de La Haye de Riou, Marquise de Montesson, l’épouse secrète de Louis-Philippe, Duc d’Orléans. Ce dernier, en tant que premier prince de sang, devait obtenir l’accord du roi Louis XV pour épouser Charlotte-Jeanne, mais il ne l’obtint que difficilement, et moyennant trois conditions : Madame de Montesson ne deviendra jamais duchesse d’Orléans, leur mariage devra rester secret, et surtout elle ne devra jamais venir à Versailles. Elle dut ainsi se contenter de son statut d'épouse morganatique. Un mariage morganatique unit un souverain, ou un prince d'une maison régnante, avec une personne de rang inférieur. Ce type de mariage est parfois dénommé "mariage de la main gauche" car, le jour des noces, le marié donne à sa fiancée la main gauche au lieu de la droite en la conduisant à l’autel.
Ne pouvant se rendre dans la ville royale, Madame de Montesson fit alors venir Versailles à elle en transformant le village de Seine-Port à la mode de Versailles. Elle fit percer quatre rues, deux places et fit ériger 30 maisons pour loger les artisans de son château. Elle impose un bâti identique : pierres meulières, tuiles (au lieu du chaume), orientation est-ouest, volets en bois, porte extérieure en bois également. "Elle a été la bienfaitrice de la commune, on lui doit tout. Avant son arrivée, le village n'avait qu'une rue. Elle copiait ce qui se faisait à Versailles.", souligne Madeleine Billoudet, présidente de l'association de sauvegarde de Seine-Port. Sur les quelque 700  demeures du XVIIIe siècle encore debout aujourd’hui, on trouve ainsi plusieurs grands domaines et une trentaine d’édifices marqués d’un 🔰carreau de porcelaine sur leur façade, représentant les "chiffres" du Duc, c’est-à-dire ses armoiries. Parmi ces demeures, le domaine de la Baronnie est devenu la mairie du village avec son jardin public très apprécié des habitants, le domaine des Ruisseaux est aujourd'hui une maison d’hôtes.

Le village.

Notre déambulation à travers les sentes de Seine-Port, nous offre un aperçu complet du village. On suit les chemins menant au Vieux Moulin construit par les moines sur le petit Ru de Balory qui se jette dans la Seine. Nous marquons une pause pour nous régaler du charme du petit vallon où s'élève ce magnifique bâtiment aux multiples fenêtres voûtées. Le parcours permet ainsi de découvrir quelques superbes demeures, certaines ayant appartenu à des artistes célèbres. L'agrément de Seine-Port à 42 km de Paris a attiré les artistes en quête de calme et de beauté. L'actrice Virginie Dejazet, dont un théâtre parisien porte le nom, a acheté une maison en 1840, sur la place du village. Elle y a vécu pendant 35 ans et a reçu le Tout-Paris chez elle. Michèle Torr a habité le village pendant 10 ans. Françoise Dorléac est enterrée à Seine-Port avec son père. La famille y possède toujours une maison secondaire. Catherine Deneuve jouait, enfant, la comédie dans la troupe théâtrale. Elle passait avec ses sœurs ses étés et une partie de ses week-ends dans la maison de vacances familiale de ses parents. La série télé "Un village français" a été tournée dans une propriété du village. Des écrivains ont séjourné dans le village : Alexandre Dumas vit son premier amour dans la propriété des Ruisseaux, Simenon y stationna sa péniche sur la Seine, l'académicien Victorien Sardou y écrit deux de ses œuvres. Le musicien Raymond Lefevre, compositeur du "Gendarme de Saint-Tropez" et de la "Soupe aux choux", termine ses jours à Seine-Port.

Dans le petit parc prolongeant le vieux bâtiment de l'école élémentaire de La Chesnaie, quelques-un(e)s s'amusent en une ronde improvisée, à tenter de circonscrire l'immense périmètre d'un 🔰cèdre majestueux.



La Seine et la Forêt de Bréviande.

D'autres 🔰petites sentes parfois étroites vont nous permettre de rejoindre la Seine qui s'écoule ici entre Seine-Port et Saint-Fargeau-Ponthierry dont on aperçoit quelques maisons établies sur la rive gauche. Côté rive droite, de vastes plans d'eau s'étendent séparés de la Seine par une étroite bande de terres sur laquelle nous nous sommes engagés. On a ainsi l'impression étrange de circuler sur un étroit îlot qui s'allongerait au centre du fleuve  Ces plans d'eau correspondent à d'anciennes sablières qui se sont emplies des eaux du fleuve en fin d'exploitation.
C'est ici, entre Ponthierry et Seine-Port, que le 24 Août 1944, les troupes du général Patton 🔰traversent la Seine pour libérer Paris de l’occupation allemande.

Nous quittons la berge pour rejoindre la Forêt de Bréviande. Les chenilles des lourds engins destinés à acheminer les futs des arbres coupés ont labouré le chemin qui remonte vers la forêt rendant notre marche moins aisée. Nous entrons en forêt sur des chemins heureusement impeccables. Le sous-bois est couvert d'un impressionnant 🔰tapis de jonquilles. Le bûcheronnage a été intense et d'innombrables troncs couchés s'entassent au bord de l'allée. Nous rejoignons la plaine de l’Ormeteau. Depuis 2013, l’Agence des Espaces Verts (AEV) de la région Île-de-France a mis en place un pâturage extensif sur ce site de 30 hectares de landes, qui jouxte les bords de Seine et le village.  Là paissent imperturbablement une dizaine de 🔰vaches de race Highland, originaires d’Ecosse. La rusticité de leur race s'accommode parfaitement de la végétation de l’Ormeteau.
Nous entrons dans le village par la rue des Canetières. Il ne nous reste plus que quelques centaines de mètres à parcourir pour clôturer cette très belle balade. Un grand merci à Dominique pour l'impeccable organisation de cette rando.
Photo J. Fillis

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