mardi 7 mars 2023

Saint-Méry, Bombon (Marie et Jacques le 07/03/2023)


Photos du jour.

Marie & Jacques nous ont soigneusement préparé cette rando d'un peu moins de 9 km sur un parcours inédit en terre briarde entre Saint-Méry et Bombon.
Le temps est plutôt clair encore aujourd'hui et, selon la météo, les pluies tant attendues (pour remédier à l'inquiétante sécheresse hivernale exceptionnelle que notre région connaît) n'interviendront qu'en fin de journée.
C'est donc au long de chemins parfaitement asséchés et praticables que nous allons découvrir toute la richesse patrimoniale de ce petit coin de Seine et Marne. Marie, notre cicérone du jour, va se charger, à travers ses notes, d'éclairer nos lanternes sur les intéressants aspects historiques et patrimoniaux de cette balade champêtre.


Photo J.Fillis

La 'Brie Humide'.
Colza fourrager
Nous nous sommes garés le long du chemin qui côtoie le cimetière de Saint-Méry et nous nous engageons plein sud sur ce chemin à travers champs. Le paysage champêtre de la Brie s'étend à perte de vue tout autour de nous; ici une étendue de jeunes pousses de colza fourrager, là de vastes champs de jeunes blés en herbe encore au stade végétatif. Durant l'Ancien Régime, la Brie était divisée en trois entités : la Brie Française (Brie Comte Robert) ; la Brie Champenoise (Meaux) ; la Brie Pouilleuse (Château-Thierry). De nos jours, on divise cette vaste région naturelle en une véritable mosaïque de petites régions naturelles. Ainsi, la partie de la Brie qui s'étend à l'est de Melun s'appelle la Brie Humide. Cette Brie dite 'humide' est en fait désespérément sèche aujourd'hui. Un petit pont nous permet de franchir l'Almont,  Ici, l'Almont se nomme 'Ru d'Ancœur'. L'Almont a en effet la particularité de changer de nom tout au long de son cheminement vers la Seine. Il porte le nom de ru de Courtenain de sa source à Fontenailles, puis ru d'Ancœur jusqu'en amont de Blandy, ru d'Ancœuil de Blandy au parc du château de Vaux-le-Vicomte dont il alimente les bassins et tout le système hydrologique, pour finalement prendre la dénomination 'Almont' jusqu'à sa confluence avec la Seine à Melun.  Nous remontons le coteau vers les Bois de Bombon.

Le Bois de Bombon. (article paru dans le Parisien Libéré)

Ce petit bois, au nord de la Forêt domaniale de Villefermoy, a été tragiquement au centre de l'attention des médias et des services de police au moment de l'affaire "Jean-Pierre Treiber". Cette affaire criminelle tristement célèbre fit suite à l'assassinat de deux jeunes femmes, la comédienne Géraldine Giraud et l'assistante sociale et chanteuse Katia Lherbier dont les corps avaient été retrouvés dans un puisard à Villeneuve-sur-Yonne chez Jean-Pierre Treiber, ouvrier agricole. Incarcéré, il s'évade le 8 septembre 2009 de la maison d'arrêt d'Auxerre.

Le Parisien Libéré publiait :

Traqué par les gendarmes dans la forêt de Bombon (Seine-et-Marne), Jean-Pierre Treiber, dit 'l'homme des bois', toujours en cavale depuis son évasion y avait donné rendez-vous à son amie. Il y avait même gravé un cœur sur un arbre en signe de reconnaissance.
«Les policiers ont localisé l'arbre, dans le Bois de Bombon y découvrant, en effet, un cœur gravé, et ont mis en place une surveillance», a expliqué  François Pérain, le procureur d'Auxerre. "Vers 22H00, quelqu'un s'est présenté dans l'obscurité complète, et a pris la fuite dès qu'il a entendu du bruit. Son visage n'a pas été vu par les policiers», a insisté le procureur, précisant qu'il ne pouvait «pas être certain» qu'il s'agissait de Jean-Pierre Treiber.


La fuite de JP Treiber prend fin le 20 novembre 2009 avec son arrestation, par le RAID, dans l'appartement d'un complice à Melun.

Détenu en quartier d'isolement dans sa cellule de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, il se pend avec ses draps.
Le suicide de Treiber met fin à l'action de la justice. François Vivant, ancien gérant de la société dans laquelle travaillait Treiber, estime que "c'est son dernier pied de nez à la justice". "Il part avec tous ses mystères. Il n'y aura pas de procès. On ne saura jamais tout à fait la vérité."

En chemin vers Bombon.
Photo J.Fillis

Nous poursuivons notre route vers Bombon. Nous marquons un arrêt devant le Domaine de Bailly. Un 🔰petit panneau annonce une "salle de réception chic et authentique". Marie confirme le caractère exceptionnel de ces lieux consacrés aux réceptions de mariage et autres évènements de groupe privés ou professionnels. Le Domaine de Bailly s'est installé dans un grand corps de ferme datant du XIXème siècle. Les granges à avoine et la bergerie ont été entièrement rénovées. Une grande terrasse en partie couverte, attenante à l'immense salle de réception, ouvre directement sur un somptueux parc arboré et fleuri de 3000 m², éclairé de surcroît à la nuit tombée pour conférer aux cérémonies un caractère romantique inoubliable. Un peu plus loin, Marie nous invite à un nouvel arrêt pour nous apporter quelques précisions sur le 🔰Château de Montjay que nous découvrons au détour du chemin. C'est un château du XV ème siècle qui a conservé le charme des vieilles pierres chargées d’histoire. En 2012, une résidence senioriale a été installée en ces lieux. Un bâtiment neuf fut alors édifié pour assurer aux personnes âgées tout le confort moderne qu'elles méritent. Les résidents bénéficient également du grand parc ombragé pour s'y promener et s'y reposer.
Tout près du château se trouve le 'Domaine de Montjay'. Kevin Josse, ancien élève de la formation jeunes chevaux au Pin et à Saumur est l’actuel directeur du ce Domaine de Montjay  où sont accueillis 250 chevaux de la Royal Cavalry d’Oman.


Le château de Bombon.
Photo J.Fillis
Nous suivons maintenant une petite route bordée de pommiers envahis par des boules de gui. Nous franchissons à nouveau le 'Ru d'Ancœur' pour remonter vers le village. Nous voici devant le Château de Bombon. Marie nous en dit quelques mots : Il est construit  au XVIIIème siècle dans un style typiquement français, avec chaînes de pierre et murs de briques, et recouvert d'un toit d'ardoise. Cet ensemble est sans doute édifié sur les ruines d'un château médiéval dont aucune trace ne subsiste. Cette magnifique propriété privée entourée de douves en eaux vives est  classée monument historique et établie dans un écrin de verdure de plus de 30 hectares de jardins et de bois. Le château fut rien moins que  le quartier général des Forces alliées commandées par l'illustre maréchal Foch. Marie fait également allusion au conflit d'héritage qui divise la famille du père de l’indépendance ivoirienne, Houphouët Boigny,  qui fut propriétaire des lieux. Le patrimoine accumulé du président de la Côte d'Ivoire dépassait le milliard de dollars au moment de sa mort, sous la forme de propriétés immobilières et de comptes bancaires. Ceci explique sans doute la zizanie entre les deux épouses du président.



Jacques nous engage sur une 🔰petite sente bucolique qui permet de rejoindre le centre du bourg.
Sollicitée par Jacques🔰Madame Joëlle Salazar, Maire du village, nous attend et se propose de nous conduire à l'intérieur de l'église, 🔰l'Église Saint-Germain-de-Paris, pour nous conter un peu de la riche histoire de son village :
"Un mot pour commencer sur cette église du XIIIéme siècle" nous propose-t-elle.  "Vous pouvez y admirer un Christ en bois ; un retable Renaissance, le maître-autel en marbre orné de statuettes en bois de Saint Germain et de Saint Louis et un beau tableau peint sur bois représentant les scènes de la vie du Christ et de la Vierge...

Madame Salazar s'attarde maintenant sur une 🔰belle plaque en marbre toute consacrée à la gloire du Maréchal Foch. "C'est à Bombon que le général Ferdinand Foch installa son poste de commandement de juin à octobre 1918." commente-t-elle, " La commune devint alors le Grand Quartier général des armées alliées (GQGA). Le maréchal Foch et quelques officiers élurent domicile au sein du château. Le village fut choisi car il est discret, à peine indiqué, pas sur une grande route, et central par rapport au front.  Tout l'Etat-Major et l'intendance s'y installèrent. Soit près de 300 personnes.  Il y avait des généraux, des colonels... Ils furent hébergés par les habitants eux-mêmes dans une quarantaine de fermes et maisons. Grâce à un travail de fourmi, la mairie est parvenue à identifier les maisons des Bombonnais ayant hébergé ces militaires français, américains, belges, britanniques, italiens..  Une plaque a été posée sur chacune de ces habitations pour donner l'information au public... C'est également ici que Foch reçut le 23 août 1918 son bâton, emblème concrétisant sa nomination comme maréchal de France, des mains du président de la République, Raymond Poincaré, en présence du président du Conseil, Georges Clemenceau."
Madame Salazar évoque la grande fête qui eut lieu à Bombon le dimanche 11 novembre 2018 pour célébrer de manière exceptionnelle le centenaire de la fin de la guerre (11 novembre 1918), avec notamment la présence de plusieurs descendants du maréchal Foch et de ses généraux.

Madame Salazar confirme enfin les propos de Marie sur la vive opposition entre Isabelle Grunitzky, fille du président du Togo et seconde épouse d'Houphouët Boigny,  actuelle occupante du château, et Marie-Thérèse Brou, première épouse qui s'estime spoliée et en revendique la propriété entière.

Nous prenons congé de Madame la Maire et emboîtons le pas à Jacques qui a dégoté d'autres petites sentiers à travers un lotissement pour rejoindre, au sud du village, les chemins champêtres qui vont nous permettre de boucler ce parcours original. Un grand merci à Marie et à Jacques pour la préparation soignée de leur accompagnement.

RETOUR