Par cette après-midi un peu maussade avec cependant une température plutôt agréable pour la rando, Françoise nous accompagne sur une boucle d'un peu plus se 12 kilomètres entre Varenness-Jarcy, Quincys-sous-Sénart et Combs-la-Ville.
La villa Boieldieu.
Nous nous dirigeons vers l'ouest pour contourner le domaine des Bois de Jarcy, et rejoindre l'Abbaye de Jarcy. Sur notre droite, on aperçoit la Villa Boieldieu. Cette propriété, qui faisait partie du parc de l’Abbaye, fut à partir de 1826, la propriété de Madame François Adrien Boieldieu. Son mariage avec le célèbre compositeur eut lieu dans ces murs et dès lors, la demeure fut appelée "villa Boieldieu". Selon la légende, l’artiste y aurait composé la célèbre "Dame blanche" dont le style musical et le sens théâtral influencèrent toute une génération de compositeurs français (Adam, Bizet, Delibes, Chabrier).
En août 1824, Rossini s’est installé et rapidement imposé à Paris. Boieldieu, face à cette nouvelle concurrence, se lance dans l’écriture de son chef-d'œuvre. Il achève sa partition en vingt-neuf jours seulement. Il met un point final à l’ouverture de son nouvel opéra la veille de la générale. La première déchaîne les enthousiasmes. Plus de cent représentations de 🔰la Dame Blanche auront lieu dans l’année. La partition contient plusieurs airs remarquables comme celui de George Brown au premier acte (« Ah ! quel plaisir d’être soldat ») et celui d’Anna au dernier acte (« Enfin, je vous revois »).🔊Extraits de La Dame Blanche(Boieldieu-1825)
La maison normande.
Photo D.Armanini |
Un peu plus loin, sur notre droite, on peut entrevoir les couleurs vert et jaune de la belle propriété de Daniel Buren peintre, sculpteur, plasticien auteur des célèbres 🔰colonnes du Palais Royal à Paris.
L’Abbaye Notre-Dame de Jarcy.
Photo D.Armanini (juin 2020) |
C'est Jeanne de Toulouse, petite-nièce de Richard Coeur de Lion et belle-soeur de Saint Louis qui fonda en 1269 l'abbaye de Gercy qui a donné son nom au village médiéval, devenu ensuite Jarcy puis Varennes-Jarcy. Elle périt avec son époux Alphonse de Poitiers en Italie au retour de l'ultime croisade de son beau-frère le roi Saint Louis. Elle fut inhumée dans l'abbaye de Jarcy et sa tombe y a été conservée jusqu'à la révolution française. Elle décéda en l'an 1271, le jour de l'Assomption de Notre-Dame, d'où le nom 'Notre Dame' donné de l'abbaye .
En 1515, à la demande de la reine Claude de France, épouse de François Ier, l’abbaye fut réformée et l’ordre bénédictin remplaça alors l’ordre de Saint Augustin. L’abbaye de Jarcy prit de plus en plus d’importance jusqu’au XVIIèmesiècle qui verra toute la région ravagée par les guerres de religion puis par la Fronde (1652).
En 1777, l’abbaye est partiellement reconstruite. Le Comte de Provence, frère du Roi Louis XVI, pose lui-même la première pierre.
L’actuel château date donc du XVIIIèmesiècle, ce qui explique son style. Seuls subsistent l’église abbatiale, plusieurs caves et des départs de souterrains ainsi que la base d’une ancienne tourelle. La "tour des cloches" devant laquelle nous passons est surmontée d'un belvédère qui a remplacé un clocheton décapité. Cette tour de forme octogonale date probablement de la reconstruction de 1777 et remplace une des deux tours rondes antérieures présentes sur des gravures de 1704.
Le moulin de Jarcy.
En 1777, l’abbaye est partiellement reconstruite. Le Comte de Provence, frère du Roi Louis XVI, pose lui-même la première pierre.
L’actuel château date donc du XVIIIèmesiècle, ce qui explique son style. Seuls subsistent l’église abbatiale, plusieurs caves et des départs de souterrains ainsi que la base d’une ancienne tourelle. La "tour des cloches" devant laquelle nous passons est surmontée d'un belvédère qui a remplacé un clocheton décapité. Cette tour de forme octogonale date probablement de la reconstruction de 1777 et remplace une des deux tours rondes antérieures présentes sur des gravures de 1704.
Le moulin de Jarcy.
Photo D.Armanini |
Nous franchissons l'Yerres au niveau du Moulin de Jarcy. Ce moulin faisait partie du domaine de l’Abbaye et était destiné à convertir les blés en farine de boulanger et les grains moins nobles en farine pour bestiaux.
Louis Fernand Abel, maire de la commune de 1888 à 1903, donne jouissance du moulin à sa servante, Madame Thuillier qui se faisait appeler ” Ma Tante ”. Avec sa sœur, elle transforma le moulin en auberge. "Ma Tante" était une personnalité : «...Grande, forte, un brin moustachue, avec des cheveux gris, forte en gueule, “Ma Tante ” portait une sacoche de cuir noir en bandoulière. L'anecdote raconte : Un individu voulait s’emparer de la fameuse sacoche. Il ne savait pas qu’il avait affaire à forte femme! “Ma Tante ” l’attrapa par le fond du pantalon et lui fit faire un plongeon dans l’Yerres....»
Une des portes au fond, donnait sur un terre-plein au bord de l’Yerres plein de charme, ce qui explique l’engouement des artistes venant de Paris en semaine pour goûter et croquer ce coin verdoyant et bucolique. Le Moulin est devenu aujourd'hui une demeure de caractère dont on peut louer les salles pour banquets, séminaires, tournage de films, etc...
Nous passons près de l'Hôpital Gallien puis nous traversons les immenses parkings du magasin Cora. Nous empruntons le passage souterrain qui permet de traverser les voies du RER D en gare de Boussy-Saint-Antoine. Nous poursuivons vers le sud pour rejoindre la Forêt de Sénart.
Le château Leroy.
Photo D.Armanini |
Nous allons ainsi randonner en forêt sur quelques kilomètres avant de retrouver les rues de Quincy-sous-Sénart, comme cette avenue du Parc où s'élève le Château Leroy. Ce château fut bâti par l'architecte L.Oudiou pour le propriétaire Louis Isidore Leroy sur des terrains hérités par son épouse.
Louis Isidore Leroy est fondateur des usines de papiers peints Leroy (aucun rapport avec la famille Leroy Merlin qui elle a bâti sa fortune à la même époque à partir d'un négoce de surplus américains).
En 1929, le Comte de Monbrison mit le château de Quincy à la disposition d'une importante école de jeunes filles d’émigrés russes blancs. Signalons que la belle-sœur d’Henri Troyat a été l’une des pensionnaires de l’Ecole de Quincy. On retrouve d’ailleurs le château, sous le nom de « Château de Queroy », dans l’un de ses romans (le défi d’Olga).
En 1940, le château est occupé par des éléments de la Luftwaffe et des travailleurs allemands de l’organisation TODT.
Après la guerre en 1946, le ministère de l’Education Nationale loue le château afin d’y installer l’Ecole Nationale Physique Féminine.
En 1951, le château est mis en vente. La municipalité pense l’acquérir pour ses besoins administratifs et scolaires, mais elle recule devant le prix.
C’est finalement le ministère de l’intérieur qui achète la propriété le 25 octobre 1951. La compagnie Républicaine de Sécurité N°3 prend possession du château dès novembre 1951.
Et c'est encore la CRS qui occupe les locaux aujourd'hui.
Le célèbre maître verrier et orfèvre René Lalique a débuté à Combs-la-Ville !
Nous descendons maintenant vers la vallée de l'Yerres à Combs-la-Ville. Nous suivons le chemin du Moulin de Vaux-la-Reine les actuels bâtiments dédiés à la conservation du fonds d’archives patrimoniales (papier, vidéos et affiches) de la BNP Paribas. C'est sur ce site qu'en 1909, René Lalique loue, une verrerie, propriété de la Compagnie Générale d'Électricité. Il y produit des objets mobiliers comme des lampes, des vases et aussi, à la demande de François Coty, le célèbre parfumeur, des flacons qui vont révolutionner par leur conception originale, la présentation des parfums.
C'est ainsi que René Lalique crée pour Coty d'abord, puis pour Roger & Gallet, Houbigant, Gabella, d'Orsay, Worth et beaucoup d'autres parfumeurs, 🔰des flacons "dont l'ornement évoquait les senteurs" qu'ils habillaient. En 2009, la direction a décidé que la cristallerie allait quitter la commune pour être transférée à Wingen-sur-Moder. Sur les 38 personnes qui y travaillaient, 32 furent licenciées.
Il est maintenant 17H00 et déjà la nuit commence à tomber. Pour rejoindre Varennes-Jarcy et clore cette rando, nous restons sur la rive droite de l'Yerres qui a été judicieusement aménagée par de longs platelages permettant de franchir les zones marécageuses. Enfin le chemin de Lisba, lui même récemment réaménagé, nous permet de rejoindre le Moulin de Varennes et notre parking où nous ne manquons pas de remercier Françoise pour son excellent accopagnement.