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La Juine, une petite rivière très tranquille, marque, au nord du village sa limite avec Lardy, l'importante commune voisine, bien connue pour héberger sur son territoire le centre d'essais automobiles de la marque Renault qui s'est installé, ici, dans les années 1950 sur une partie de l'ancien domaine du château du Mesnil-Voisin qui lui-même est implanté sur le territoire de Bouray-surJuine.
C'est dire à quel point l'histoire avait confondu les deux communes dans une unité effective. C'est sans doute pour cette raison que les deux municipalités avaient en 2016 élaboré un projet de fusion complète en une unique commune nouvelle. Cependant, ce projet a échoué comme nous le verrons un peu plus loin.
Nous nous sommes garés sur le parking du stade municipal Jean-Claude Évin. Claude nous propose d'attaquer directement vers le sud, à travers champs, pour rejoindre le coteau boisé qu'on aperçoit vers le sud.
Aérodrome Jean-Baptiste Salis (Cerny).
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Dans, le ciel, un avion qui fut très probablement engagé dans de périlleuses missions au cours de la seconde guerre mondiale (la dernière espérons-le) nous régale de figures acrobatiques, piqués, loopings, et autres vrilles improbables. Nous sommes, en effet, tout près de Cerny, de son fameux aérodrome Jean-Baptiste Salis, de son Aéro-Vintage-Academy et de son Musée Volant. Le mythique meeting aérien de Cerny/La-Ferté-Allais rime normalement avec la Pentecôte. Mais avec la pandémie, le rendez-vous des passionnés d’aviation ancienne, annulé en 2020, a eu lieu cette année les 28 et 29 août.
GIF JPL |
Lardy
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Ce centre technique de Renault de Lardy est un point de passage obligatoire pour les nouveaux modèles que le constructeur souhaite commercialiser. 2300 personnes y étudient l’acoustique des véhicules, développent de nouveaux moteurs.
Screenshot Google Maps |
En 2016, un projet d'une commune nouvelle issue de la fusion de Lardy et de Bouray avait vu le jour, notamment soutenu par la Maire de Lardy. Le projet semblait en bonne voie. On avait même choisi le nom de la commune à naître : Mesnil-sur-Juine. Mais la mariée s'est défilée quelques jours avant les noces officielles. Le dépouillement du vote du Conseil Municipal de Lardy est sans appel : 14 contre, 14 pour et une abstention. La majorité absolue, indispensable à la réalisation du projet, n'a pas été réunie. Le Conseil Municipal de Bouray-sur-Juine s'est lui prononcé massivement en faveur du projet (15 pour, 4 contre, zéro abstention), mais en vain. Il n'y aura pas d'union et les deux communes devront se contenter de relations de bon voisinage. "Si on vote pour la création de la commune nouvelle, on balaye 200 ans d'histoire, on perd notre nom et donc notre identité", estimait une élue. Il est probable que ce type d'argumentation aura lourdement pesé dans la balance.
Les eaux limpides de la Juine.
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"La plus limpide et moins connue des rivières" disait Alfred de Vigny au sujet de la Juine.
Effectivement les eaux de ce petit affluent de la rivière Essonne sont d'une limpidité remarquable. On en trouve l'explication dans l'hydrographie locale mais aussi dans l'histoire.
En fait, la Juine n'est pas une rivière naturelle au sens habituel du terme. Elle est largement artificielle et fut en grande partie façonnée par la main de l’homme lors de l’implantation historique des moulins. La rivière a été alors détournée, remodelée, sectionnée en biefs (parties de rivière comprises entre deux chutes d’eau). On dénombre sur son lit principal 40 biefs – bassins fermés qui déversent leur eau en continu, d’un bassin dans l’autre – et 45 biefs sur ses 4 affluents ( l’Eclimont, la Marette de Guillerval, la Louette et la Chalouette). Ces 85 biefs surplombent la rivière naturelle ou ancien lit, appelée "marette". La Juine est une rivière de nappe, alimentée à 80% par les eaux claires de la nappe de Beauce. Les variations de la hauteur de la nappe ont une incidence directe sur le point de naissance de la Juine : la source active (située dans le Loiret au sud d'Autruy) peut se déplacer sur une distance de 4,5 kilomètres. L'alimentation naturelle de la Juine se fait également par toute une une série de sources aux eaux cristallines. Elle suit son cours jusqu'à sa confluence avec l'Essonne à Vert-le-Petit. Entre Autruy et Saclas, de nombreuses cressicultures sont alimentées par ces sources dont les eaux pures s'écoulent dans le cours de la rivière après avoir couru dans les bassins des cressonnières. Ces sources nombreuses qui alimentent la rivière ont toutes une température à peu près constante d'environ 12°C en toutes saisons. Les eaux sont, ainsi, généralement poissonneuses et la faune variée : gardons, goujons, ablettes, vandoises, brèmes, chevesnes, brochets, perches, tanches et anguilles. Les truites sont présentes dans la haute vallée et les écrevisses s'y propagent épisodiquement. Son cours de 52 kilomètres de longueur est paisible et régulier, et ne connaît ni crue ni étiage. Ses rives ont une végétation luxuriante : peupliers, aulnes, osiers et frênes qui trouvent un biotope favorable sur ces terrains tourbeux. De sa source jusqu'à sa confluence, la Juine arrose 18 communes Autruy-sur-Juine ~ Le Mérévillois ~ Saclas ~ Saint-Cyr-la-Rivière ~ Boissy-la-Rivière ~ Ormoy-la-Rivière ~ Étampes ~ Morigny-Champigny ~ Étréchy ~ Auvers-Saint-Georges ~ Chamarande ~ Janville-sur-Juine ~ Lardy ~ Bouray-sur-Juine ~ Saint-Vrain ~ Itteville ~ Ballancourt-sur-Essonne ~ Vert-le-Petit.
Bouray-sur-Juine.
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Nous remontons ces petites rues où a notamment vécu Eva Joly, magistrate et femme politique bien connue. Nous nous arrêtons un instant devant l'église Saint-Pierre-ès-Liens. Elle daterait de 1120. Ruinée par les désastres de la Guerre de Cent Ans, elle est restaurée au XVIème siècle. Les vestiges de l’église romane sont le clocher carré et le chœur à chevet plat. En revanche, la porte latérale est du style Renaissance. Le chœur et l’autel ont été restaurés au XIXème siècle par le Châtelain de Frémigny. (Il y a deux châteaux à Bouray-sur-Juine : Le château de Frémigny avec son style à l'italienne, son péristyle à colonnades et ses terrasses, perrons, escalier à balustres. Et le château de Mesnil-Voisin du XVIIe siècle avec son parc remarquable.)
Le Musée des Vieux Métiers, situé en plein cœur du village dans l'ancienne école de filles, regroupe plusieurs milliers d'objets du XVIIIème siècle et XIXème siècle et tente de retracer la vie et les métiers d'autrefois. On y trouve par exemple une ancienne salle de classe reconstituée, une épicerie, un foyer familial, mais également l'atelier d'un forgeron, celui d'un serrurier ou d'un maître tisserand.
Il serait enfin parfaitement inconcevable de terminer cet article sans mentionner Le Dieu de Bouray . C'est une statuette de bronze de 42 cm de hauteur représentant le dieu gaulois Cernunnos. Elle fut découverte en 1845 dans le parc du château de Mesnil-Voisin, lors d'un dragage de la Juine. Le Musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye possède l'original depuis 1934, et une copie est exposée dans la salle du Conseil municipal, en mairie de Bouray-sur-Juine. Le personnage divin est assis les jambes repliées, dans la pose dite bouddhique. Le torse est disproportionné. Les membres inférieurs qui paraissent atrophiés sont des pattes de cerf avec leurs sabots. La tête est admirablement traitée, à la fois juste d’allure et de proportions, belle dans son expression figée, grave, hautaine.
Il ne nous reste plus qu'à rejoindre le parking du stade municipal pour y retrouver nos véhicules et y remercier Claude pour nous avoir permis ces découvertes.
Carte de notre circuit :
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)
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