mardi 24 août 2021

Soisy-sur-École (Didier le 24/08/2021)

Photos du jour.



Didier, notre spécialiste de la vallée de l'École et du Gâtinais, nous a récemment fait découvrir la source de l'École à Noisy-sur-École, et plus récemment encore, il nous conduisait le long de cette rivière entre Courances et Moigny-sur-École.

C'est aujourd'hui une bien belle journée ensoleillée que Didier a choisie pour nous proposer cette balade de près 9 kilomètres autour de Soisy-sur-École dans le cours inférieur de la rivière.


Photo D.Armanini






L'ouvroir de jeunes filles.
Photo D.Armanini

Nous nous sommes garés, place de la Mairie, tout près de la petite église Saint Aignan. De là, on peut apercevoir une pittoresque bâtisse à mansarde, colombage et cabochon qui semble un décor de théâtre dans une sorte de style architectural étrange mêlant inspiration normande et style troubadour. Toute proche de la petite église Saint-Aignan, cette bâtisse a longtemps servi de presbytère et de salle paroissiale mais une absence totale de confort et l'application des normes de sécurité ont mis fin à cette fonction. Autrefois, elle abritait un ouvroir, établissement encadré par des religieuses où étaient enseignées aux jeunes filles la couture, l’éducation ménagère et les compétences pour devenir de bonnes épouses. Ce prebytère fut construit en 1906 sous la direction d’Edouard Osmont du Tillet propriétaire du château des Réaux. Sortant du village par le nord, nous passons le long du Domaine des Réaux, où se dresse le château, invisible depuis la rue. Plus loin, nous trouvons une petite échauguette  . Celle-ci n'a en réalité, aucun but défensif et a été bâtie pour une fonction uniquement décorative. On la doit, tout comme l'ouvroir, au Comte Osmont de Tillet qui fit édifier "tours, tourelles et tourillons, lanternons et mansardes", dans le goût de l'époque (style dit 'Troubadour', en référence au Moyen-Âge et à la Renaissance). Les murs adjacents à l'échauguette ont eux-mêmes été crénelés, en ce début du XXème siècle, pour faire "genre Moyen-Âge".


La rivière l'École.
Nous arrivons dans le petit village de Saint-Germain-sur-École. Un petit détour nous permet d'aller découvrir le lavoir de Vaudrenas entièrement restauré. Ce lavoir possède une échelle de mesure des crues. Elle fait partie du réseau des 24 échelles de crues qui permettent, grâce à des relevés hebdomadaires, de surveiller les niveaux des cours d’eau, des crues et des étiages dans l'ensemble du  bassin versant de la rivière Ecole.
Un peu plus loin sur notre parcours, tout près du Moulin de Réaux, nous découvrirons un autre lavoir sur la rivière lui aussi totalement restauré. On recence neuf lavoirs dit "de rivière" le long de l'École. Ils font partie des 121 lavoirs ouverts au public du département. Tous ces lavoirs furent construits entre 1830 et 1850 en tant que lieux d'hygiène au moment où le pays était traversé par une vague épidémique de choléra. Ils furent implantés à des lieux stratégiques de manière à ne pas polluer l'eau potable.
Photo D.Armanini


L’"École" ou l’"Escolle", ou même la "Cole"… ces noms se déclinent autour du verbe “écouler”, du latin “colare”, ce qui semble indiquer un petit écoulement plutôt qu’un flux. À la source, le cours d’eau ressemble plutôt à un vilain fossé de drainage qui croupit à l’étroit entre deux propriétés. C’est une petite nappe des sables de Fontainebleau, qui l’alimente à la hauteur du Vaudoué. Au delà, elle prend des allures de petit ruisseau de campagne qui serpente à travers bois et champs de Noisy jusqu’à Chambergeot. De nombreuses sources souterraines continuent à alimenter ce petit cours d'eau jusqu'à Milly. Sur son haut cours, l’École est bordée d’anciens prés humides et de marais, marais d’Auvers, de Chambergeot, d’Oncy… Ces zones humides, tourbeuses fonctionnent comme des éponges, régularisent le cours de la rivière, absorbant les fortes pluies.
L'École se jette dans la Seine à Saint-Fargeau-Ponthierry après un parcours de 26,73 kilomètres qui traverse les territoires de 14 communes.Courances(91) ; Dannemois(91) ; Milly-la-Forêt(91) ; Moigny-sur-École(91) ; Noisy-sur-École(77) ; Oncy-sur-École(91) ; Perthes(77) ; Pringy(77) ; Saint-Fargeau-Ponthierry(77) ; Saint-Germain-sur-École(77) ; Saint-Sauveur-sur-École 77) ; Seine-Port (77) ; Soisy-sur-École(91) ; Le Vaudoué(77)
Elle recueille notamment les eaux du ru du Rebais, du ru des Fontaines, du ru d’Auvernaux-Moulignon et d’autres petits affluents. Au total, plus de 110 kilomètres de cours d’eau forment le bassin versant de l'École.


La verrerie d'art de Soisy-sur-École.
Photo D.Armanini
Nous nous dirigeons maintenant vers le Moulin des Noues. Cette belle demeure de 1800 est exploitée aujourd'hui pour des réceptions de mariage et propose également des chambres de gîte rural.
Tout près, sur les bords de l’École, se situe la très réputée Verrerie d’Art. Malheureusement pour nous, l'établissement est fermé le mardi et le lourd portail blanc émaillé d'inserts en verre coloré  ne nous permet pas de jeter le moindre coup d’œil au magnifique parc orné de nombreuses sculptures en verre dans le style Murano. Cette verrerie est la propriété de la famille Mercier-Fouillot qui dès 1856 fonda, dans le massif des Vosges, la verrerie de Passavant-la-Rochère. Mais ce n'est qu'un siècle plus tard en 1978 que la première pièce fut soufflée à Soisy par les maîtres-verriers. La proximité des sables très purs de Fontainebleau fut un élément de choix dans l'implantation de la société familiale où, avant l'actuel gérant, s'étaient succédées sa grand-mère et sa mère.

Photo Source Flickr



La création de pièces uniques, qui rompt avec la production industrielle de lots d’objets tous identiques, fait la renommée du lieu. L’autre facteur important est incontestablement l'ouverture au public de ce
véritable spectacle qu'est la production du verre.  L’endroit recèle de savoirs-faire extraordinaires qui, en 2006, ont été reconnus par l’obtention du Label "Entreprise du Patrimoine Vivant". 

La création commence par le 'cueillage' du verre en fusion dans le four à plus de 1100°C, puis il est teint avant d’être mis en forme en partie grâce au souffle des maîtres-verriers. Après un premier 'façonnage', la pièce est maintenue à 500°C pendant la journée avant de passer aux étapes de 'finition' et de 'gravure'. Au total, quatre personnes travaillent ces objets, dont deux souffleurs de verre et deux personnes qui se chargent des étapes de finition.



Le Moulin Neuf.
Photo D.Armanini

Nous suivons le GR32 puis remontons vers le Moulin de Réaux. Nous nous amusons d'une plaque fixée sur le grand portail indiquant "Chat féroce mal nourri". Une autre plaque  indique "Le Moulin de Réault"sur laquelle le mot "Réault" est curieusement orthographié 'a-u-l-t' contrairement au mot "Réaux" avec 'a-u-x' qui correspond à l'orthographe des cartes et à celle que nous retrouvons dans toute la documentation officielle portant sur Soisy-sur-École. Peut-être s'agit-il, sur cette plaque, d'une banale faute d'orthographe ?
Nous poursuivons vers le Moulin Neuf un peu plus bas en aval sur l'École. Le moulin neuf, comme son nom ne l'indique pas, date du XIVème siècle. C'est une magnifique bâtisse encore en pleine restauration. Il s'agit de travaux très importants. La pierre d'origine a été mise à nue, les huisseries des nombreuses fenêtres entièrement renouvelées. La réfection des mécanismes du moulin est encore à réaliser. Nous pouvons apercevoir l’échelle à poissons toujours en eau et fonctionnelle, qui permet aux poissons de l'École de passer d’un bief à l'autre, bien à l'abri de la roue à aube (dont il ne reste aujourd'hui qu'un maigre squelette mais qui assurément retrouvera sa beauté originelle à la fin des travaux).




Niki de Saint-Phalle, Jean Tinguely et Soisy-sur-École.
Nous poursuivons vers le petit hameau de Montaquoy que nous traversons pour rejoindre Soisy-sur-École et notre parking.
Niki de Saint Phalle fut un temps une habitante de Soisy. Elle laisse dans la commune, deux maisons décorées par ses soins et quelques souvenirs dans la tête de quelques Soiséens.
Elle débute sa carrière comme mannequin, puis s'essaye à la comédie et bien que n'ayant aucune formation artistique commence à peindre en 1952.
Photo Source Flickr

En 1963, elle s'installe à Soisy-sur-École avec son nouveau compagnon, Jean Tinguely, créateur de machines artistiques (Le Cyclop à Milly-la-Forê ; Le Golem à Jérusalem ; la Maison du Dragon en Belgique,) . C'est dans une ancienne auberge située Grand Rue, face au Tabac-Presse actuel, que Niki va entamer l'exploration des thèmes de la féminité, de la maternité et des différentes représentations artistiques de la femme. Elle le fera au travers de ces Nanas, poupées grandeur nature faites de laine, de fil et de tissu, posés sur des armatures métalliques grillagées. Ces Nanas se transformeront au fil des ans, passant de grandes à géantes et même monumentales comme la Nana monumentale du Musée Moderne de Stockholm en 1966. En 1971, c'est la Maire de Soisy, Madame Edith Marmier, qui maria Niki et Jean Tinguely. Après la mort de Jean, Niki part s'installer en Californie où elle poursuivra son œuvre. En 2000, elle reçoit le Prix Impérial qui équivaut au Nobel pour les Arts. Elle décède en 2002.



Carte de notre circuit :
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)

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