mardi 31 août 2021

Les étangs de Vert-le-Petit (Jacques le 31/08/2021)

Photos du jour. C'est, aujourd'hui, une bien belle journée ensoleillée que Jacques a retenue pour nous inviter à randonner sur un peu plus de huit kilomètres dans le cadre bucolique et apaisant des grands étangs de Vert-le-Petit, un petit coin particulièrement privilégié dans la basse vallée de l'Essonne. La tempéraure qui n'excède pas les 25°C est idéale pour la découverte du site.

Les étangs.
Photo D. Armanini

Nous nous sommes garés sur le petit parking qui côtoie "l'Étang Fleuri" qui doit ce nom au fait qu'il fut un temps où il était entièrement couvert de nénuphars. De l'autre côté de la route, on peut apercevoir "le Grand Étang" à travers le fouillis de la végétation. Nous passons devant le petit restaurant dont le nom est sans suprise "l'Étang Fleuri" puisque sa terrasse s'étend sur le bord dudit étang. Puis nous nous engageons à gauche sur un chemin qui s'allonge entre les deux grands étangs, "l'Étang Fleuri" sur notre droite et l'immense et magnifique "Étang à Chat" sur notre gauche. Des pêcheurs confortablement installés ont déployé leur matériel et patientent à l'affût de la moindre manifestion d'une frétillante présence au bout de leurs lignes... En effet, ces eaux possèdent une richessse halieutique de grande notoriété : gardons, rotengles, brèmes, tanches, carpes, sandres et brochets. Ainsi, chaque année, les pêcheurs sont plusieurs milliers à venir pratiquer leur loisir préféré sur les étangs de Vert-le-Petit. Munis d'une autorisation de pêche obligatoire, certains vont même jusqu'à planter la tente pour dormir sur place.

Photo D. Armanini

Ces grands plans d'eau nous donnent aussi  l'occasion d'observer d'autres  habitants des lieux : oies blanches, bernaches,   oies cendrées,   cygnes, foulques,   poules d’eau, canards... Il faut signaler également la présence particulière d'un petit héron, le blongios nain,   dont il ne reste que quelques couples en France, mais tout comme les quelques grèbes,   qui se tiennent cachées dans les roselières, il se tiendra hors de notre vue.  Nous avons dépassé "l'Étang Fleuri" sur notre droite et c'est le "Petit Étang" qui lui succéde. Des équipements plus ou moins complexes permettant une activité physique ont été installés sur le chemin le transformant en véritable parcours de santé pour les amateurs éventuels. Nous arrivons maintenant à la hauteur du "Chalet des Étangs", restaurant de très bonne réputation idéalement installé au bord du "Marais Communal", qui comme son nom ne l'indique pas est un autre bel étang que nous allons longer jusqu'au territoire du "Marais de Misery" qui lui mérite totalement sa dénomination.


Photo JPL

Ici, ce ne sont plus de beaux étangs en eau profonde qui s'étendent devant nous mais une vaste zone humide marécageuse. Cette mosaïque de milieux naturels surprenants (vieux boisements humides, saulaies, aulnaies, roselières, prairies…) s'est développée sur ce labyrinthe aquatique de petits étangs, de mares et de chenaux. Les lieux sont propices au passage des oiseaux migrateurs et des postes d'observations   de la flore et de la faune ont été installés dans le marais. Des panneaux pédagogiques sont à disposition permettant à l'amateur de nature d'identifier les différentes espèces.




 
Photo D. Armanini

Toute cette partie de la basse vallée de l'Essonne entre Ballancourt et Mennecy est originellement un immense territoire de marais qui s'étend de part et d'autre du cours de la rivière. L’histoire de Vert-le-Petit est intimement liée à la rivière et ses marais. Les grands étangs que nous avons eu le plaisir de découvrir aujourd'hui sont, en réalité, d'anciennes tourbières qui autrefois firent la richesse du village (et en tout cas celle de leurs propriétaires). En effet, les rives de l'Essonne, autrefois constituées de prairies et de bois, étaient très régulièrement inondées. Sous l'effet des eaux, la décomposition des différentes espèces végétales a produit au cours des siècles une grande épaisseur de tourbe. Ce type de sol, une fois débarrassé de son eau, peut être utilisé comme combustible. L’exploitation de la tourbe, jusque-là inconnue dans la vallée, s’est considérablement développée ici avec l’essor de l’industrie dans les années 1830. Puis, avec la concurrence du charbon et surtout de l’électricité, l'exploitation de ce combustible relativement pauvre s’est progressivement arrêtée. 

Les profondes carrières de tourbe, laissées à l'abandon, se sont emplies d’eau et ont donné naissance aux étangs que nous connaissons aujourd’hui. Ce sont donc cinq étangs qui s'étendent sous nos yeux sur une surface totale de plus de quarante hectares : le Petit Étang (1,5 ha), le Grand Étang (7 ha), le Marais Communal (8 ha), l'Étang Fleuri(11 ha) et le plus vaste l'Étang à Chat (15 ha). On imagine l'importance considérable de l'exploitation de la tourbe sur ce secteur. Aujourd'hui, ces étangs ont une vocation principalement écologique et touristique.


L'usine du Bouchet. 

Photo D. Armanini

Nous quittons le chemin des marais et poursuivons à travers champs pour rejoindre le village. Nous passons près des installations d'un apiculteur. De nombreuses ruches   sont disposées le long de l'allée qui y mène. Certains parmi nous se souviennent s'être arrêtés ici, lors d'une précedente rando, pour acheter du miel qu'ils nous disent avoir trouver délicieux.
Nous entrons dans le village par la rue de la Tournelle. Nous descendons vers la rive ouest de "l'Étang à Chat" sur laquelle on ne peut accéder directement car y sont implantées de nombreuses petites cabanes de loisir. Elles ont leur terrasse directement sur l'étang et possèdent de beaux jardins en arrière-cour. Des potagers méticuleusement entretenus nous séparent des maisonnettes. La terre, ici, semble particulièrement fertile. Un peu plus loin on remarque des installations récentes en bois, un promontoire, des platelages, un ponton qui permettent un accès direct à l'étang. 

On a vu que  l'exploitation de la tourbe était inscrite dans cette histoire locale de Vert-le-Petit. Mais un autre aspect de l'histoire de cette petite commune mérite d'être évoqué ici tant il a revêtu une importance considérable dans  notre histoire nationale. En voici un bref résumé en quelques dates :

En 1820, une poudrerie est installée dans le village au lieu dit "Le Bouchet" en lieu et place d'un ancien moulin.
En 1866, la poudrerie passe au service de l'Artillerie et devient la "Poudrerie Militaire du Bouchet".
Pendant la guerre de 1914 à 1918, dans l'usine du Bouchet, 5 000 travailleuses et travailleurs produisirent des quantités énormes de poudre et de munitions pour les besoins du front.
De 1920 à 1940, sans pour autant interrompre totalement la fabrication de munitions classiques, l’établissement orienta une grande partie de son activité vers de nouvelles technologies liées à l’hypothèse d’un conflit où seraient mis en œuvre des procédés chimiques, biologiques et bactériologiques. L’emprise des terrains utilisés pour les besoins de la poudrerie et de la station d’essais atteignit cent hectares.
En 1948, le commissariat à l'Énergie atomique (CEA) décide de produire au Bouchet le combustible nucléaire de la pile Zoé, puis de l'uranium métal sous forme de lingots.

 En novembre 1949,  Bertrand Goldschmidt et ses collaborateurs, Pierre Regnaut, Jean Sauteron et André Chesne réussissent, au Bouchet, l'extraction des premiers milligrammes de plutonium, étape essentielle pour la fabrication de la bombe atomique française.
En 1956, la production d'uranium métal, dans l'usine du Bouchet, atteint un maximum annuel de 500 tonnes de quoi alimenter tous les réacteurs nucléaires français de l'époque.
Photo D. Armanini

Dans les années 1960, l'usine du Bouchet reste une usine pilote en ce qui concerne le développement de nouveaux procédés chimiques de traitement de l'uranium. Le Bouchet produit plus de 4 000 tonnes d'uranium métal, notamment pour les réacteurs de recherche et les réacteurs à uranium naturel graphite gaz.
En 1971, le centre du Bouchet est définitivement fermé et le raffinage de l'uranium est désormais assuré en France par la société Comurhex à l'usine de Malvési (Narbonne, Aude).
Se conformant à un arrêté préfectoral, le CEA recouvre le site en 1993 d'argile compactée, de gravier et de terre arable.

L'esprit totalement éloigné de cette importante histoire militaire et industrielle, nous nous réjouissons surtout du caractère bucolique et apaisant de cet environnement privilégié où le challenge de la conservation des milieux naturels est manifestement relevé. Un grand merci à Jacques pour l'organisation de cette belle rando.



Carte de notre circuit :
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)

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