mardi 10 août 2021

Rocher Cassepot, Tour Denecourt, Circuit des Fontaines (François le 10/08/2021)

Photos du jour.



Tiens, voilà l'été... ; on ne l'attendait plus celui-là...

Nous pouvons enfin remiser impers et parapluies au placard, enfiler nos shorts et coiffer nos chapeaux sous ce soleil généreux que François, notre spécialiste de la Forêt de Fontainebleau, a convoqué pour nous accompagner aujourd'hui sur les sentiers Denecourt/Colinet n°2 et n°3 sur une distance de 8 kilomètres et demi, sans réelles difficultés mais qui offre cependant de nombreux points de vue panoramiques remarquables sur cette merveille qu'est le massif forestier de Fontainebleau.


Photo D.Armanini




Le Rocher Cassepot.
Photo JPL
Nous nous sommes garés sur le parking près de l'auberge de la Croix d'Augas. La Croix d’Augas est le point culminant du massif forestier et c'est probablement pour cette raison que l'auberge installée ici a été bâtie dans le style des chalets de montagne et que des plats savoyards sont proposés à la carte.
Nous attaquons le sentier Denecourt\Colinet N°3 pour nous diriger vers le nord. Nous passons dans un vallon rocheux après le Carrefour de la Béhourdière puis au delà de la route de la Vallée de la Solle, nous passons près de roches feuilletées. Une fois sur le plateau on peut admirer tous les rochers qui sont là curieusement sculptés par l'érosion. On dirait que certains sont en équilibre précaire. Nous sommes dans le Rocher Cassepot. Ici, une large esplanade rocheuse offre une vue lointaine sur la Brie,  Melun et les antennes de Sainte Assise. Sur la droite, on peut apercevoir quelques maisons de Bois-le-Roi. Difficile de trouver l'origine de ce nom étrange "Cassepot".
Casse-pot, est le nom vulgaire de la bétoine un petite plante à fleurs mauves, Y-aurait-il une relation ?
Une anecdote dramatique concerne l'endroit : En 1652, le pâtre du troupeau commun des habitants de Changy est assassiné, au Rocher Cassepot, par Pierre Poissard qui, jugé, fut exécuté sur la place du marché de Fontainebleau.

La Tour Denecourt.

Le miroir magique (Photo JPL)

Nous poursuivons sur le sentier N°2-3 qui longe une jolie crête perchée entre deux vallons profonds. Nous entrons dans un chaos rocheux où nous nous faufilons entre les grès dont certains ont des formes remarquables comme celui dénommé le "miroir magique".
Le sentier tortueux grimpe jusqu'à la Tour Denecourt. Cette tour fut bâtie par Claude François Denecourt, sur le sommet ouest de la chaîne du Rocher Cassepot. Inaugurée par Napoléon III le 22 novembre 1853, elle fut baptisée "Fort L'Empereur". Bâtie seulement à pierres sèches, elle s'écroula le 28 janvier 1878 à cause d'un tremblement de terre. Elle fut rebâtie, plus haut et plus solide, par Charles Colinet au moyen d'une souscription publique. En 1882, elle fut rebaptisée "Tour Denecourt" et un médaillon représentant Denecourt , œuvre du sculpteur Adam-Salomon, y fut scellé.


Photo D.Armanini

Claude François Denecourt
(1788-1875), concepteur des sentiers bleus de la forêt de Fontainebleau, a consacré l'essentiel de sa vie à faire connaître et contribuer à créer, souvent de toutes pièces, les richesses de la forêt de Fontainebleau. Combattant de l'Armée napoléonienne, il est nommé concierge d’une caserne de Fontainebleau en 1832, avant d’être révoqué en raison de ses idées républicaines. À 44 ans, il découvre les beaux paysages de la forêt qui lui apportent beaucoup de réconfort. Il décide alors de consacrer tout son temps et une partie de ses économies à faire connaître ce lieu aux touristes. Autodidacte, il publie ses premiers guides très rapidement : les guides Denecourt. Chaque édition était accompagnée d’une carte réalisée selon ses instructions. La carte permettait de repérer les différentes visites proposées dans le guide. C’est son approche pratique et concrète de la visite en forêt qui fit le succès considérable des "guides Denecourt". À partir de 1842, Denecourt ne se contente pas d’indiquer les promenades, mais il commence à tracer lui-même les chemins en forêt, souvent avec l’aide des carriers et autres tailleurs de pavés. À sa mort, 150 km de sentiers sont ainsi tracés et balisés au moyen de flèches bleues. Il fit également aménager des fontaines, des grottes et édifier la tour qui porte aujourd'hui son nom. Il baptisa enfin les lieux les plus remarquables : 600 arbres, 700 rochers, sites et points de vue. Ces noms, souvent empruntés à la mythologie, à l’histoire ou à la littérature, étaient l’occasion pour lui de raconter les légendes liées au lieu – légendes que souvent il inventait lui-même.  Les plus grands écrivains (Lamartine, Hugo, Sand, Musset, Baudelaire…) lui rendirent hommage à travers un recueil de textes où il fut nommé le "Sylvain de la forêt de Fontainebleau" par Théophile Gautier. De nos jours, ces sentiers bleus sont baptisés "Denecourt/Colinet". Charles Colinet (1839-1905), son disciple, fut l'infatigable continuateur de l’œuvre du maître. Claude François Denecourt est considéré comme un des pionniers de la randonnée pédestre et des chemins de randonnée modernes.
Les plus courageux d'entre nous grimpent les quelques marches vers le sommet de la tour pour admirer un paysage à 360°. Des tables d'orientations permettent de mieux apprécier le paysage.

Le chemin des Fontaines.

Photo D.Armanini

Nous nous dirigeons à présent plein sud. Nous sommes sur le sentier Denecourt N°2, le chemin des Fontaines. Effectivement, sur ce sentier quelquefois pavé à la façon Denecourt, nous allons rencontrer quatre fontaines. Nous passons d'abord devant la Fontaine du Touring Club de France ainsi nommée parce que cet organisme très populaire après guerre a beaucoup aidé à la restauration des sentiers. Un peu plus loin nous trouvons la Fontaine "Désirée" découverte en 1837 et aménagée par Denecourt en 1852. ("Désirée" est le prénom de l’épouse du forestier Achille Marrier de Bois d’Hyver). Nous avons, à deux pas la grande table en grès installée à côté de la fontaine, un intéressant point de vue sur Avon. Nous passons maintenant devant la Fontaine Dorly créee et baptisée par Denecourt en 1852. Dorly était un négociant à Paris, conseiller municipal à Fontainebleau, un des premiers et des plus généreux souscripteurs de l'œuvre de Denecourt. Nous voici maintenant devant la Fontaine Isabelle. également crée et baptisée par Denecourt en 1866. Isabelle était le prénom de la fille du sculpteur Adam-Salomon à qui on doit le médaillon apposé sur la Tour Denecourt .

Nous poursuivons sur le Denecourt N°2, nous passons mintenant tout près de la "Roche Éponge" . Cette roche que Denecourt appelle la merveille des merveilles, est en effet assez curieuse. Elle devint vite une attraction touristique et une buvette y fut exploitée jusqu'en 1940. Elle porta de nombreux noms : la roche Madrepore, Polypier, Morille, etc. Elle doit son aspect curieux au travail sélectif des agents d'érosion. On envisagea même de la transporter sur une des places de la ville… Le projet fut vite abandonné.

La Roche Colinet.
Photo JPL

Un peu plus loin, nous découvrons la "grotte Colinet". Sur le rocher surplombant l'entrée de la grotte on peut voir deux bronzes consacrés à Charles Colinet surnommé le "Sylvain II" qui consacra les trente dernières années de sa vie à continuer l'oeuvre de Denecourt, traçant de nouveaux sentiers, et publiant les éditions de la carte topographique du massif: Le premier bronze est un médaillon-portrait qu'on doit au sculpteur Léo Gausson, le second est une gravure d'un sonnet écrit par Adolphe Retté en hommage à Colinet :
Passant, arrête-toi ! contemple le sylvain
Qui t'offre la forêt de songe et de mystère.
Unis ta voix au chœur des ainés de la terre,
Le hêtre, le bouleau, le grand chêne et le pin.
Ces sentiers sinueux ou fleurit la bruyère,
Il les trace, il les ouvre à ton pas incertain.
Les genêts d'or lui font un nimbe de lumière
Et les rocs assouplis tressaillent sous sa main
Par lui la source chante et la grotte profonde
Tandis qu'au seuil les faunes roux mènent leur ronde
Attire le rêveur en son obscurité.
Or, voici les amants de la forêt sauvage
En l'honneur du Sylvain révèlant sa beauté
Sur ce roc sourcilleux ont placé cette image.



La croix du Calvaire .
Photo JPL
Nous arrivons sur l’esplanade de la croix du Calvaire. Entre 1731 et 1755 on construisit sur l'un des pitons de la plaine du Fort des Moulins un Calvaire composé de trois croix, abritées par un petit toit. Abattues en 1793, relevées le 19 juin 1805, elles furent abattues de nouveau en février 1831. L'unique croix qui subsiste ici a été construite en 1838. On a, depuis l'esplanade, une vue magnifique sur Avon, sur le Carmel et les toits du château de Fontainebleau, et sur l'étendue de la Forêt, côté sud.
Nous traversons le spot d'escalade tout près de la croix du calvaire puis rejoignons notre stationnement à la Croix d'Augas. Un grand merci à François pour la bonne organisation de cette belle rando.


Carte de notre circuit :
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)
Photo JPL

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