mardi 15 juin 2021

Noisy-sur-École, les Sables du Cul du Chien (Didier le 15/06/2021)

Photos du jour.
Photo BDV





Par ce très ensoleillé et très chaud mardi de juin, Didier nous entraîne en forêt de Fontainebleau, plus exactement, au sud-ouest du massif forestier, dans le secteur des "Trois Pignons" bien connu pour ses sables. Didier a réussi à nous organiser un circuit, sur un peu moins de 10 kilomètres, sans la moindre difficulté ce qui est fort appréciable étant données la chaleur et la difficulté des reliefs que nous allons fort habilement contourner.







Les villages: Noisy-sur-École et le Vaudoué.

Photo JPL
Nous nous sommes garés dans les parking de la "roche aux sabots", un important site d'escalade (les amateurs disent "spot de blocs"). Nous longeons le petit cimetière de Noisy-sur-École puis rejoignons le centre du village pour y découvrir sa belle église, Notre Dame de l'Assomption. Nous ne pourrons la visiter, cependant Didier nous en dit quelques mots. C'est une église du XIIème siècle, le portail et le choeur sont du XIIIème. La nef a été reconstruite au XVème siècle avec l'adjonction d'une chapelle latérale. Didier nous précise que cette aile de l'église a été revendue à de simples particuliers qui bénéficient aujourd'hui de ce cadre médiéval et du beau jardin attenant. Nous poursuivons à travers les rues du village aux belles maisons traditionnelles aux murs de pierres et aux toits de tuiles plates. Ces petits villages de l'Essonne ont décidément beaucoup de caractère. Longeant d'immenses champs plantés de jeunes maïs, nous nous dirigeons maintenant vers le très coquet village voisin, Le Vaudoué.


Photo D. Armanini

Là, à la demande de Didier, Michel Calmy, le Maire du village nous accueille chaleureusement et se propose de nous faire visiter son église. L'église Saint Loup de Sens, à l'architecture romane, date du XIIème siècle. Saint Loup ou Saint Leu est le patron du Vaudoué. Il fût archevêque de Sens au VIIème siècle. Son pèlerinage a lieu chaque année, au Vaudoué, le premier dimanche de septembre et cette tradition date de plusieurs siècles. Le collatéral sud ainsi que le chœur de l’église furent construits au XIIIème siècle. Sous la conduite de monsieur le Maire, nous pénétrons sous la voûte rafraîchissante de la nef. Michel Calmy nous explique qu'une des deux cloches fut fondue pendant la Révolution, probablement destinée à l'industrie des armes ; la cloche restante porte le doux nom d' Edmée. Elle est malheureusement fendue et on ne la sonne plus comme autrefois en la tirant pour que son lourd battant la fasse résonner. Maintenant, un marteau externe animé par un électro-aimant vient frapper la cloche sonnant ainsi les heures de jour comme de nuit. Michel Calmy explique que les habitants sont très attachés au son retrouvé d'Edmée qui rythme ainsi le cours de la vie quotidienne.


Photo JPL
Nous remercions notre hôte, notons ses conseils pour de prochaines randos et prenons la direction du nord vers le massif forestier. Ce faisant, nous passons au lieu précis où la rivière l'École prend sa source. L’"École" ou l’"Escolle", ou même la "Cole"… ces noms se déclinent autour du verbe “écouler”, du latin “colare”, ce qui semble indiquer un petit écoulement plutôt qu’un flux. Ici, le cours d’eau ressemble plutôt à un vilain fossé de drainage qui croupit à l’étroit entre deux propriétés. C’est une petite nappe des sables de Fontainebleau, qui l’alimente à la hauteur du Vaudoué. Au delà, elle prend des allures de petit ruisseau de campagne qui serpente à travers bois et champs de Noisy jusqu’à Chambergeot. De nombreuses sources souterraines continuent à alimenter ce petit cours d'eau jusqu'à Milly. Sur son haut cours, l’École est bordée d’anciens prés humides et de marais, marais d’Auvers, de Chambergeot, d’Oncy… Ces zones humides, tourbeuses fonctionnent comme des éponges, régularisent le cours de la rivière, absorbant les fortes pluies.
L'École se jette dans la Seine à Saint-Fargeau-Ponthierry après un parcours de 26,73 kilomètres qui traverse les territoires de 14 communes.Courances(91) ; Dannemois(91) ; Milly-la-Forêt(91) ; Moigny-sur-École(91) ; Noisy-sur-École(77) ; Oncy-sur-École(91) ; Perthes(77) ; Pringy(77) ; Saint-Fargeau-Ponthierry(77) ; Saint-Germain-sur-École(77) ; Saint-Sauveur-sur-École 77) ; Seine-Port (77) ; Soisy-sur-École(91) ; Le Vaudoué(77)
Elle recueille notamment les eaux du ru du Rebais, du ru des Fontaines, du ru d’Auvernaux-Moulignon et d’autres petits affluents. Au total, plus de 110 kilomètres de cours d’eau forment le bassin versant de l'École.


Les sables du Cul du Chien.

Photo JPL

Nous pénétrons, à présent, dans la Forêt domaniale des Trois Pignons. Nous allons suivre ainsi le GR1 dans un magnifique paysage de pinèdes et de rochers aux formes diverses en remontant vers le Nord jusqu'au chemin du Rocher des Potets. L'endroit a quelque chose de méditerranéen. Certains croient même entendre le chant des cigales, ne s'étant guère rendu compte qu'un petit farceur à ouvert discrètement le son trompeur d'un smartphone facétieux.  Nous nous ménageons une pause, au rocher des Potets, pour nous désaltérer. Une photo dans le cadre de ce chaos rocheux s'impose. Nous nous orientons maintenant plein sud vers les fameux sables du Cul du Chien. Ils doivent leur nom à ce rocher isolé au centre d'une vaste plaine sableuse. En effet, la face  sud de ce rocher évoque une grosse tête de chien. On l'appelle également le "Bilboquet" car sa face ouest peut faire penser à cet objet. Les sables du Cul du Chien recouvrent deux vastes plages de sable successives comme un petit morceau de désert entouré de forêts. Cette immense plage sans mer, en plein cœur du domaine forestier est une curiosité géologique, qui témoigne du passé maritime des lieux. Il y a trente millions d'années, un océan aux eaux chaudes couvrait la région. Les géologues nomment cette époque le 'Stampien' (Stampae signifie Étampes en latin). La mer de sable que nous avons sous les yeux est le résultat du lent procéssus géologique de sédimentation des eaux océanes et notamment de la dégradation des quartz déposés au fond de l'océan. Ces sables dits "sables de Fontainebleau" forment une épaisse couche de 30 à 60 mètres. Un processus de silicification lié à l'érosion fluviale affectant ces sables a conduit à la formation d'une table de grès discontinue pouvant aller jusqu'à 5 mètres d'épaisseur surmontant les sables : ainsi le relief du massif des Trois-Pignons est principalement marqué par des plateaux orientés O/NO-E/SE dont les franges sont occupées par des éboulis de grès. La dalle de grès est, par endroits, recouverte de calcaire de Beauce, parfois lui même recouvert de sables soufflés d'épaisseur variable. Une fois ces diverses formations géologiques en place, l'érosion a continué son oeuvre. Cette histoire géologique est à l'origine d'une importante diversité paysagère : platières gréseuses associées à la lande à callune, aux pins et aux bouleaux, chaos rocheux et plages sableuses constituent ces paysages particuliérement riches et variés que nous avons le privilège d'arpenter dans nos randos en forêt de Fontainebleau.
Photo JPL
Ce sable, l'un des plus purs du monde, renferme plus de 95 % de silice. Sa pureté a permis son utilisation ancienne en verrerie et de nos jours dans l’optique de précision. Il a également servi à fabriquer les vitrages de la Pyramide du Louvre. Dans l’Essonne, un million de tonnes de sables siliceux est extrait chaque année et destiné à la verrerie, à la fonderie, au bâtiment, aux sables correcteurs, aux colles, au ragréage, à la céramique.
Le grès fut également longtemps exploité. Vers 1185, le roi Philippe-Auguste prend la décision de faire paver les rues de Paris ; c'est à cette époque que commence l'exploitation des grès de la forêt de Fontainebleau. Ils servent aussi à la construction du château de Fontainebleau et de son escalier extérieur. Dès 1669, sous le règne de Louis XIV, l'exploitation des grès devient soumise à autorisation. Celle-ci atteint son maximum en 1829 (3 millions de pavés débités par 2.000 carriers) et s'arrête définitivement en 1907. De nos jours, une seule carrière est encore en exploitation, à Moigny-sur-Ecole.


Notre parking n'est plus très éloigné du Cul du Chien. Cependant, nous préférons emprunter le chemin de contournement des hauteurs de la "Roche aux Sabots" et de la "Justice de Noisy" où les dénivelés sont particulièrement sévères et où la marche s'apparente parfois à de l'escalade. Nous arrivons ainsi très aisément au bout de notre randonnée par les allées ensablées d'une des plus belles forêts de France. Encore merci à Didier pour son organisation.

Plan de notre circuit.
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)

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