Photo D. Armanini |
C'est un bel après-midi ensoleillé que Françoise a choisi pour nous faire découvrir la Forêt des Grands Avaux sur une boucle de plus de 10 kilomètres à partir du parking du Nain Jaune à Champcueil.
Françoise a pris grand soin de nous avertir sur le caractère très accidenté du relief. Cependant, l'ombre rafraichissante qu'offre le couvert de la forêt et la douceur de la température pourront nous aider à franchir les obstacles sans trop de difficultés et nous démarrons confiants, le cœur léger...
Avec ses 182 hectares, elle est la plus grande des forêts départementales de l'Essonne. Elle se subdivise en deux massifs :
-le massif du Duc à l'est (74 ha), sur une butte de blocs rocheux par laquelle nous partons,
-le massif du Buisson à l'ouest (108 ha), en bordure d'un plateau vers lequel nous nous dirigeons.
Photo D. Armanini |
Les espaces naturels sont variés : on compte une platière gréseuse, des landes à bruyères, des mares, une prairie... La végétation est typique des grès et sols sableux : chênaies à chênes pubescents, pédonculés, taillis de châtaigniers, robiniers aux acacias, résineux. Elle abrite une flore rare et une faune digne d'intérêt (lézards, serpents amphibiens, insectes). C’est aussi un lieu bien connu des amateurs d’escalade puisque le site propose des blocs d’escalade de tous niveaux. Nous ne sommes guère très éloignés de la magnifique Forêt de Fontainebleau et nous nous réjouissons de découvrir ici un remarquable paysage géologique et végétal tout à fait similaire. Même le balisage bleu des chemins rappelle celui des sentiers Dénécourt de la grande forêt voisine. Nous déambulons à travers le massif, louvoyant entre les rochers. Sur un chemin un peu plus large, nous découvrons un petit rocher quelque peu différent de ceux qui l'environnent. Françoise nous renseigne, c'est un menhir.
Le Menhir des Buttes Noires.
Ce n'est qu'en 1993 que ce menhir a été signalé pour la première fois. Des sondages effectués en 1994 ont permis de retrouver la fosse de fondation et les pierres de calage à 1 mètre de profondeur. Il est constitué d'une dalle de grès de 2,20 mètres de hauteur, large de 2,30 mètres et épaisse d'environ soixante centimères. Côté nord, des tessons de poterie, avec un décor de lignes parallèles, ont été découverts. Sur sa face sud, le menhir comporte quelques gravures réalisées par piquetage, dont une en forme de cloche. Leur appartenance probable à l'Âge de bronze est postérieure à la période traditionnelle d'érection des menhirs, le Néolithique.
Cliquez sur le lien suivant pour découvrir une belle animation 3D : menhir des Buttes Noires.
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Photo D. Armanini
Notre Dame de l'Assomption (Champcueil).
Photo D.Armanini |
Nous poursuivons vers l'ouest du massif forestier. Le sentier balisé bleu façon Dénécourt présente moins de difficultés maintenant. Au hasard du chemin, nous avons la surprise de découvrir deux chênes sculptés. C'est l'ONF qui a donné au sculpteur Jean-Philippe Monnard l'occasion ici d'exercer son art et de redonner vie ainsi aux deux arbres voués à l'abattage.
Nous sortons de la forêt par la rue des Dames Blanches à Champcueil direction le centre-bourg. Se dresse ici une très imposante église avec devant son porche un magnifique narthex de la fin du XVIème pourvu d’ouvertures gothiques l’avant et sur les côtés.
Cette magnifique église construite aux XIIème et XIIIème siècles impressionne par sa taille sans rapport avec les modestes dimensions du village.
En 1011, autour de cet An Mille marqué par la construction d’une profusion d’édifices religieux, Champcueil voyait s’achever une église de style roman. Plus de deux siècles plus tard, vers 1240, une dame Péronnelle, fille d'un fortuné vicomte, entreprit, avec les sous de son riche papa, de transformer l'église romane, de l'agrandir et de l’embellir en style gothique.
Des arcs boutants flanquent la nef et le chœur. Le clocher est doté de 7 cloches dont 2 sont protégées.
Françoise a eu l'excellente idée de prendre contact avec la Mairie pour pouvoir y récupérer les clés de l'immense église. Nous pouvons ainsi pénétrer dans la nef et découvrir la belle architecture intérieure du bâtiment. D'importants travaux de restauration ont eu lieu récemment mettant en valeur la beauté de la pierre originelle.
En 2003, à l’initiative de quelques passionnés, un projet d'installation de Grandes Orgues d’un coût total estimé de 390,908 € est approuvé. La réalisation est confiée à la manufacture belge d’orgues Thomas,
Le marché fut signé en 2007 et le magnifique instrument fut opérationnel en 2008.
Le premier festival public d’orgues dans l’église eut lieu en 2009.
Nous descendons vers le sud du village jusqu'à la rue des Châtaigniers qui donne accès à la forêt que nous allons à nouveau traverser cette fois-ci d'ouest en est.
L'aqueduc de la Vanne et l'aqueduc du Loing.Nous descendons vers le sud du village jusqu'à la rue des Châtaigniers qui donne accès à la forêt que nous allons à nouveau traverser cette fois-ci d'ouest en est.
Nous approchons du passage des deux aqueducs parallèles, l'aqueduc de la Vannes et le l'aqueduc du Loing invisibles ici puis qu'ils traversent la forêt des Grands Avaux en souterrain. On les devine cependant à la présence d'ouvrages qui sont des postes permettant les interventions de maintenace sur les aqueducs. Nous n'avons, bien-entendu, aucune conscience de la présence de ce flot, sous nos pieds, d'une eau absolument vitale pour les parisiens, et pourtant, elle est bien là, canalisée à quelques mètres sous terre.
Ces aqueducs portent le nom des sources des rivières qui les alimentent : la Vanne, un affluent de l’Yonne, et le Loing, un affluent de la Seine. L'aqueduc du Loing est parfois nommé aqueduc du Loing et du Lunain.
D’une longueur de 156 km, l’aqueduc de la Vanne dont la construction a commencé en 1866 et s’est achevée en 1874, est l’œuvre de l’ingénieur Eugène Belgrand qui l’a conçu à la demande du baron Haussmann qui souhaitait faire venir l’eau potable de sites éloignés de Paris afin de garantir une alimentation en eau de qualité avec un débit régulier. Les deux aqueducs se rejoignent au niveau du fort de Montrouge, pour finalement atteindre le réservoir de Montsouris, leur destination finale à Paris.
Les '100 marches' et la Tour du Buisson.
Nous nous éloignons à présent du passage souterrain des aqueducs pour nous diriger vers le plateau élevé de la Padole. Il faut gravir les fameuses "100 marches" qui sont en réalité un peu plus nombreuses. Elles sont très hautes et assez "casse-pattes". Elles ont été construites entre 1868 et 1874 pour accéder plus facilement au plateau de la Padole et ainsi poursuivre la construction du double aqueduc en souterrain. Nous franchissons courageusement l'obstacle...Arrivés en ce point élevé du massif, nous découvrons La Tour du Buisson. C'est un ancien observatoire astronomique construit par le Docteur Lionnet et sa femme descendante de la famille Breguet, propriétaire du château du Buisson en contrebas. Ils y menaient des expériences scientifiques. Du haut de la tour la vue est très étendue et, par temps clair, on peut y voir la tour Eiffel et la tour Montparnasse à l'horizon. Cette tour a été restaurée en 1999 par le conseil départemental.
Photo D.Armanini (30/04/19)
Les platières du Télégraphe.
Nous poursuivons, vers l'est, en traversant l'extraordinaire paysage des platières. On les appelle platières du Télégraphe car il s'y trouvent les ruines d'une acienne tour abritant un télégraphe de Chappe. C'était une tour de la ligne télégraphique Paris-Lyon qui a fonctionné de 1805 à 1850 pour la transmission de messages à l’aide d’un pendule articulé situé à son sommet. Elle recevait les messages d’autres édifices situés au nord à Vert-le-Grand et au sud à Fleury-en-Bière.
Photo D. Armanini |
Les platières du Télégraphe sont des affleurements de grès, qui ont été exploités en carrières au cours du XIXème siècle. Elles offrent une remarquable succession de plateaux rocheux, petites falaises, chaos et mares. Elles abritent une faune et une flore remarquables. Une fine couche d’humus permet le développement des plantes pionnières de milieux pauvres, les vasques et mares accueillent également papillons, libellules, ainsi qu’une espèce de batracien emblématique : le triton crêté.
Sur notre droite, on peut observer un effondrement de la platière qui a engendré la formation d'un chaos constitué de blocs de grès aux arêtes encore vives. Ce n'est que beaucoup plus tard, par l'action de l'érosion que ces blocs prendront ces formes arrondies si caractéristiques des rochers des forêts du Gâtinais. On a, ici, sous nos yeux, un abrégé des innombrables millènaires de l'histoire géologique des lieux :
- le sable : très riche en silice dont on imagine mal que la couche peut atteindre plus de 60 mètres d'épaisseur,
- la platière cet effleurement gréseux qui s'est constitué après un très long processus physiquo-chimique de silicification de la couche supérieure des sables,
- Le chaos qui résulte de l'effondrement de la platière,
- les rochers de grès aux formes diverses qui font la réputaion de ces forêts en même temps que le bonheur des fans d'escalade.
C'est un véritable privilège d'avoir, à nos portes, des paysages si riches d'enseignement. Nous amorçons la lente descente vers le petit village de Beauvais où nous entrons par le chemin des Postes. Nous regagnons rapidement le couvert ombragé de la forêt pour rejoindre enfin le parking du Nain Jaune où nous pourrons retrouver nos véhicules. Un grand merci à Françoise d'avoir organisé pour nous cette très belle rando.
Plan de notre circuit.
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)
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