mardi 22 juin 2021

Forêt de Bréviande, Cesson-la-Forêt (Pilou le 22/06/2021)

Photos du jour.




La pluie du matin n'arrête pas le pèlerin...
       mais celle de l'après-midi entraîne les dédits.

 
Ainsi, en ce deuxième jour d'un été particulièrement mal parti, nombreux sont ceux qui ont renoncé à me suivre sur ces 12 kilomètres dans la pourtant tès belle forêt de Bréviande entre Vert-Saint-Denis et Cesson-la-Forêt. Les orages, les fortes pluies auront découragés les pessimistes. Cependant les quelques opiniâtres (ou inconscients) qui ont courageusement pris le départ verront leur optimisme légitimé puisqu'ils n'auront pas à déplorer la moindre goutte de pluie tout au long de cette randonnée. Ils connaîtront même quelques éclaircies vivifiantes et bénéficieront, tout au long, d'une température idéale pour le randonneur.



La Forêt Domaniale de Bréviande.
Photo D. Armanini

Nous avons garés nos voitures sur le parking forestier à Vert-Saint-Denis accessible depuis la D346, et nous rejoignons immédiatement le couvert des bois. Entre les forêts de Fontainebleau et de Sénart, les presque 3 500 hectares de la forêt de Bréviande se prolongent au Nord-Ouest par la forêt de Rougeau. La forêt régionale de Bréviande, très fréquentée des promeneurs, abrite en son sein la Réserve naturelle régionale des Bruyères de Sainte-Assise aujourd'hui fermée au public pour des raisons de sécurité et de préservation d'une flore réputée rarissime. Cette réserve naturelle est néanmoins accessible dans le cadre de visites guidées. La forêt de Bréviande est située entre Melun et la ville nouvelle de Sénart. Son massif occupe une grande boucle de la Seine, en bordure du plateau agricole de la Brie et s’intègre dans la succession des massifs forestiers le long du fleuve : Fontainebleau au sud, Rougeau et Sénart au nord.


Au Moyen-Âge, cette forêt était la propriété de l'Abbaye de Saint-Denis. Vers 1650, elle passe aux mains du Duc d'Orléans qui y élève un pavillon de chasse, à l'emplacement de l'actuelle maison forestière. La configuration du domaine reste encore perceptible à travers les vestiges du mur d'enceinte et le tracé des allées reliées entre elles par des carrefours en étoile, qui offrent aux promeneurs d’innombrables possibilités de balades à pied ou à vélo.

Les chênes constituent la toile de fond des peuplements, mais les châtaigniers, les bouleaux, les tilleuls, les charmes ainsi qu'une quinzaine d'autres essences y sont bien représentés. Au total, trois ZNIEFF (Zones Naturelles d'Intérêt Écologique Faunistique et Floristique) couvrent la forêt régionale et attestent de son importance patrimoniale pour les espèces recensées et les habitats.

Nous nous dirigeons, plein Sud, vers les bois de Marché-Marais qui bordent le quartier des Courtillerais à Melun.  Nous passons sous les lignes à haute tension qui traversent ces bois dominant une large trouée d'une végétation totalement différente de  celle  des bois traversés. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, c'est une diversité végétale très riche qui se développe sous ces lignes. L'inventaire, fait à la demande d'EDF qui gère le réseau haute et très haute tension, a répertorié 270 espèces rares, dont 18 protégées sous les câbles électriques. Cette présence inattendue s'explique par les coupes faites, tous les quatre ans environ, sur le tracé des lignes en forêt pour éviter que les arbres ne viennent provoquer des courts-circuits. Le passage du roto-broyeur. permet l'arrivée de la lumière dans un milieu fermé et, donc, permettent à cette flore de s'exprimer.

Nous prenons plein ouest, longeons un moment le vieux mur d'enceinte qui autrefois délimitait le domaine des chasses du Duc d'Orléans. Nous traversons la ligne du RER D sur une passerelle champêtre et longeons un immense champ de colza en direction de Cesson. Nous pouvons aisément observer, ici, les hautes mâtures qui supportaient les antennes  de l'ancien domaine des PTT des Bruyères de Sainte-Assise.


Le domaine de Sainte-Assise.

Screenshot Google Maps

Le randonneur est immédiatement frappé par la présence insolite de ces immenses pylônes qui émergent du massif forestier. Le domaine des bruyères de Sainte-Assise est situé sur la nappe d’eau sub-affleurante aux portes de Paris qui permet une réverbération du rayonnement vers la stratosphère. Cette particularité, aura fortement contribué, en 1920, à l’implantation d’un centre radioélectrique de l’administration des PTT sur ce site stratégique. À son inauguration en 1921, l'émetteur de Saint-Assise était le plus puissant au monde et couvrait le monde entier. En novembre 1921, y fut réalisé à titre expérimental la première émission radiophonique française. Mademoiselle Yvonne Brothier interpréta la Marseillaise, la Valse de Mireille et un air du Barbier de Séville. Par la suite, le site a été un centre d'expérimentation pour la télévision. En 1991, une partie de la station est vendue par France Télécom à la Marine nationale, pour devenir le Centre de transmissions marine (CTM) de Sainte-Assise chargé des communications unilatérales avec les sous-marins en plongée. Le site, est aujourd'hui un terrain militaire surveillé par une compagnie de fusiliers-marins.Un pylône de 250 mètres reste la propriété d'une filiale d'Orange, "Globecast". 
Le reste de l'immense domaine a été cédé pour constituer la réserve naturelle de Sainte-Assise. Son classement est principalement lié à ses intérêts floristiques et entomologiques. Pas moins de 276 espèces de plantes vasculaires y ont été observées dont 21 espèces assez rares, 12 espèces rares, 12 espèces très rares et une espèce extrêmement rare : Eleocharis multicaulis. Si le site possède une grande variété d’espèces protégées, il a aussi une grande variété de pylônes, eux aussi en voie de disparition sous l'effet du temps et de la rouille.
Quant aux pylônes qui supportent l'antenne de la Marine Nationale, ils sont, eux, parfaitement entretenus et totalement fonctionnels pour assurer les liaisons avec nos sous-marins nucléaires en opération. Notons qu'en 2013, la fermeture, imposée par le Ministère des Armées, de la voie qui relie le hameau de Saint-Leu à Boissise-la-Bertrand avait fait l'objet d'un bras de fer avec la Maire de Boissise et d'une pétition de la population qui au bout du compte dut céder et renoncer à ses habitudes de cheminement à travers le domaine forestier.
Les gars de la Marine (Jean Murat)


Le "Parc Urbain" de Cesson-la-Forêt".
Photo D.Armanini

Nous entrons maintenant dans le très charmant quartier de Cesson-la-Forêt. Cesson est une ville champignon où la démographie a galopé depuis l'avènement de la "Ville nouvelle de Melun-Sénart". Ce petit quartier, Cesson-la-Forêt, au sud de la ville, a été entièrement gagné sur le site du "Bois Brûlé" dans le domaine forestier de Bréviande. 

Photo D.Armanini

Les habitants des lotissements bénéficient du cadre privilégié d'un parc urbain où quatre bassins avaient été creusés dans les années 70 pour récupérer les eaux pluviales. Cinquante ans après, il était nécessaire de restaurer ces bassins et de les réinventer (comme on dit maintenant). Ainsi, la destination du parc a été totalement repensée : allées, végétation, aires de jeux, et principalement un plan de gestion qualitative de l'eau et de traitement des pollutions soucieux de l'aspect paysager et de la biodiversité. Une végétation abondante et diversifiée occupe les plans d'eau qui, curieusement, nous semblent aujourd'hui très insuffisamment mis en eau. Cependant, là où le niveau d'eau est suffisant, on peut observer outre la flore remarquable toute une faune qui s'y développe notamment canards et oiseaux. Il arrive trop souvent qu'on déplore le manque d'âme des espaces d'habitation dans la ville nouvelle... Le concept de "Parc Urbain" développé à Cesson-la-Forêt démontre qu'une qualité de vie remarquable peut être apportée dans ces nouveaux espaces lotis. Nous poursuivons vers l'est pour rejoindre le massif forestier. Des passerelles permettent de franchir aisément les voies de circulation et la voie ferrée.


L'Arboretum et la Maison de l'Environnement.
 
Photo D.Armanini

Nous contournons le domaine de la maison forestière, pour découvrir l'arboretum de Bréviande.
Un sentier botanique spécialement adapté pour les aveugles avait été aménagé ici en 1980 (balisage des cheminements avec un pavage adapté aux aveugles). Ce sentier visait à présenter au public une vingtaine d’espèces communes en Île de France. Ce sentier est aujourd’hui incomplet des tronçons ayant disparu, mais on y retrouve une grande diversité d’essences sylvestres, Sequoia - Tulipier - Houx bordé de blanc - Ginko biloba - Sumac de Virginie - Viorne obier - etc... des tables de pique-nique ou encore des jeux pour les enfants… Ces vastes espaces paysagés, bien entretenus, sont au service de très nombreux habitants et habitantes, principalement des classes populaires, de Melun, du Mée, de Vert-Saint-Denis, de Cesson, de Boissettes, de Boissise-la-Bertrand, attirés par la présence en son sein d’une Maison de l’Environnement, de l'arboretum, du sentier botanique, des nombreux sentiers permettant les activités physiques et des aires de pique-nique aménagées avec des barbecues. Ces populations fréquentent beaucoup moins le massif de Fontainebleau qui, nécessitant de se déplacer en voiture, ne peut jouer le même rôle social.

Photo D.Armanini
Nous pénétrons  dans la Maison de l'Environnement où nous allons nous attarder un peu. Elle est gérée par l’agglomération de Grand Paris Sud ; elle a une mission pédagogique et une vocation d’accueil du public et des scolaires. Tout au long de l’année, on y propose de nombreuses animations, dans ce cadre exceptionnel, pour sensibiliser les habitants, petits et grands, à la protection de l’environnement.
Nous parcourons les allées, attentifs aux indications fournies sur les végétaux, fleurs, légumes, arbustes qui y sont cultivés. Quelques animaux de la ferme vivent ici également présentant un vif intérêt pédagogique pour les enfants des milieux urbains qui habitent dans les environs. Nous quittons la Maison de l'Environnement et rejoignons la partie nord de la forêt de Bréviande. Pour ce faire un passage souterrain à été aménagé sous la très roulante D346. Nous ne tardons pas à découvrir un paysage forestier assez différent, très proche de celui que nous pouvons rencontrer dans la forêt de Fontainebleau avec ses chaos de blocs de grès et ses clairières de sable très fin. Il ne nous reste plus qu'à regagner notre parking, très heureux de constater que, malgré une météo fort pessimiste, nous aurons pu marcher sous un ciel clément profitant d'une température très agréable.

Carte de notre circuit :
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)

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