vendredi 28 avril 2023

Courances, Moigny-sur-École, Dannemois (Didier le 28/04/2023)



Photos du jour.

 Direction aujourd'hui Courances dans le parc départemental du Gâtinais, Didier nous entraîne pour un vendredi pique-nique. Le ciel est légèrement couvert mais la température est idéale pour  le randonneur.

Didier nous a concocté un parcours matinal de 7 km  entre Courances et Dannemois. L'après-midi sera consacré à la visite du château de Courances sous la conduite d'une guide professionnelle. Nous nous sommes garés sous les platanes au fond de l'allée ombragée  réservée aux visiteurs du Château. C'est là-même, qu'à midi, nous sortirons tables et glacières pour nous revigorer à la fin de notre parcours dans les villages.


Photo cadrée par notre guide.



Les Villages.


Le parc du Château occupe un espace considérable de 75 hectares entre les trois villages Courances, Moigny-sur-École et Dannemois. C'est donc à travers les rues, ruelles et chemins qui circonscrivent ce domaine que Didier nous entraîne d'un bon pas. Nous nous dirigeons vers le centre du village de Courances. Ici, 300 âmes vivent dans le cadre tout à fait privilégié de cette vallée de l'École entre la Forêt de Fontainebleau et les Bois de Milly. Nous admirons les belles maisons en pierres apparentes avec leur jardin particulièrement soigné. Nous marquons un arrêt  devant le lavoir. C'est un double-lavoir du XVIIIème siècle  constitué par deux toits en impluvium. Les piliers de la charpente s'appuient sur des dès de pierre reposant dans le réservoir. Il est alimenté par la fontaine Saint-Etienne qui a donné son nom à l'église du village qui se dresse juste de l'autre côté de la petite rue.
Cette 🔰église Saint Étienne au lourd style roman est un bâtiment du XIIème siècle. La tour-clocher date de XVème siècle.

Nous sortons du village en longeant le long mur d'enceinte du parc du Château. À travers une grille, on peut observer une petite 🔰troupe de moutons allongés paresseusement sous le couvert des arbres. Nous nous dirigeons vers le Moulin Grenat bâti sur l'École*. Détruit pendant la Guerre de Cent Ans puis reconstruit dès 1371, c'est le plus vieux moulin de la commune. L'axe de sa roue hydraulique subsiste au dessus du flot de la rivière, mais la roue elle-même a totalement disparue.  Le site bucolique à souhait n'est dérangé que par les clapotis du ruissellement de la rivière le long des pierres.

Nous entrons dans Moigny-sur-École, faisons le tour de 🔰l'église Saint-Denis. L'édifice a été construit au XIIème siècle et il est restauré au XVème siècle. Nous observons la très haute tour avec son clocher à abat-sons. Moigny-sur-École avec ses quelques 1300 habitants, son église, ses deux lavoirs, ses deux moulins, est un très charmant village aux maisons sages, aux rues calmes que la municipalité s'enorgueillit de fleurir abondamment et plus encore harmonieusement.

*L'École se jette dans la Seine à Saint-Fargeau-Ponthierry après un parcours de 26,73 kilomètres qui traverse les territoires de 🔰 14 communes.Courances(91) ; Dannemois(91) ; Milly-la-Forêt(91) ; Moigny-sur-École(91) ; Noisy-sur-École(77) ; Oncy-sur-École(91) ; Perthes(77) ; Pringy(77) ; Saint-Fargeau-Ponthierry(77) ; Saint-Germain-sur-École(77) ; Saint-Sauveur-sur-École 77) ; Seine-Port (77) ; Soisy-sur-École(91) ; Le Vaudoué(77)
Elle recueille notamment les eaux du ru du Rebais, du ru des Fontaines, du ru d’Auvernaux-Moulignon et d’autres petits affluents. Au total, plus de 110 kilomètres de cours d’eau forment le bassin versant de l'École.

Nous poursuivons le contournement de l'immense parc du Château de Courances en remontant son flanc ouest vers le nord par un étroit chemin à travers champs. Nous dépassons un 🔰troupeau de vaches toutes occupées à se repaître des délices de la prairie printanière. Un peu plus loin, nous avons la surprise de trouver un 🔰couple d'oies bernaches suivi de près par un frétillant cortège de tous jeunes oisons encore duveteux. La petite troupe nous devance sur l'étroit chemin et nous adaptons notre cadence au rythme de cette famille. Nous arrivons ainsi à la limite nord ouest du grand parc dont nous allons nous écarter maintenant pour rejoindre le centre du village de Dannemois. La rue de la Messe nous conduit naturellement au pied de l'église Saint-Mammès. C'est une vieille bâtisse construite en grès de Fontainebleau. dans un style roman au XIème siècle. Elle fut transformée au cours des siècles. En 1900, le chœur s'effondra, ne laissant que les ruines du chevet. Dannemois est surtout connue pour son moulin qui fut la demeure du légendaire Claude François. Le chanteur fut enterré au 🔰cimetière du village le 15 mars 1978 ; ses obsèques amenèrent une foule considérable dans le petit village.

Nous voilà de retour dans la belle allée de platanes où nous attend notre pique-nique. Nous avons déplié et  regroupé les tables pour un moment partagé. "Qui veut goûter ma salade de lentilles ?" ;  "Pourquoi pas  un petit verre de rosé de Provence ?" ; "Prendrez-vous quelques œufs au lait ?" propose Pascale. À la fin du repas, on apprécie l'excellent gâteau au chocolat qu'a confectionné Nunzia et le café bien chaud qu'a apporté Thérèse.



Le Château de Courances.
C'est déjà l'heure de la visite du Château. Une jeune guide, très professionnelle nous accueille et nous prie de la suivre sur l'Allée d'honneur pour rejoindre le passage sur les douves où elle nous entretient de l'histoire mouvementée du Château.. Le modeste pavillon de chasse du XVIème siècle s'est vu transformé par ses différents propriétaires et notamment par Aymar Jean de Nicolay, au XVIIIème siècle  La tourmente révolutionnaire n’épargna pas Courances et la famille Nicolay.  Aymar Charles de Nicolaÿ  fut guillotiné le 7 juillet 1793 ainsi que son fils aîné. Laissé à l’abandon pendant quarante ans, le château fut entièrement restauré à partir de 1872 par la Baron Samuel de Haber, riche banquier suisse. L'influence de l'architecture du Château de Fontainebleau est ici manifeste. On a utilisé la brique rouge sur toute les façades. On a ajouté un grand escalier en fer à cheval tout à fait semblable au fameux escalier de Fontainebleau. Pendant la première guerre mondiale, le château a accueilli un hôpital de 80 lits pour les militaires blessés. De 1940 à 1944,le château fut occupé par les Allemands. Les pelouses furent bétonnées pour permettre aux officiers de se perfectionner dans la conduite automobile....
En 1906, le château appartient à Berthe de Béhague, petite-fille de Simon de Haber et mariée à Jean de Ganay qui procède à un réaménagement complet du parc et des pièces d’eau. Il installe de gigantesques pelouses et choisit de laisser une plus grande place à la nature, donnant au parc une touche classique romantique, profitant notamment des multiples possibilités offertes par la traversée du domaine par la rivière l'École.

Le magnifique parc  s’étend sur 75 hectares. Quatorze sources alimentent dix-sept pièces d’eau, des escaliers d’eau et des cascades . Le style classique français du 17ème siècle, le style "à la française" du 19ème siècle et le "japonisme" cohabitent en ces lieux.

Notre guide nous invite à prendre l'escalier monumental pour rejoindre la grande salle d'apparat. Ce grand vestibule est aussi appelé la salle des marbres car les murs sont recouverts de sept marbres différents. C’est une copie du salon d’Hercule, à Versailles. La cheminée est surmontée d’un médaillon qui représente de profil Louis XIV. Au-dessus, les poutres présentent plusieurs motif s en "H" sur toute leur longueur. "H" comme Haber le banquier qui fut le maître des lieuxAu mur, un grand tapis de la Savonnerie a été trouvé par la marquise de Ganay. On y voit les initiales JBC de Jean-Baptiste Colbert et son emblème, la couleuvre. Sur un meuble sont posées des photos de personnes ayant séjourné au château : Charles III (il ne l’était pas encore!), le comte de Paris, Elisabeth II… les photos traditionnelles voisinent avec les photos de famille. Notre guide précise que les propriétaires ont choisi de mélanger mobilier historique et souvenirs personnels, c’est pourquoi on ne pourra pas prendre de photos.

La salle de billard : Montgomery a habité ici de 1949 à 1955. Il a fait installer un immense billard anglais qu’il a laissé en partant. Ce billard était si lourd qu’il était intransportable. Au mur, un tableau de Charles Beaubrun représente 🔰Anne Vialar tenant un tableau qui représente le parc en 1660.Un 🔰immense tableau, peint par Sébastien de Ganay, représente les cinq fils de Jean de Ganay : Jean-Louis (1922-2013), assis à califourchon sur une chaise, entouré de André, Michel, Charles et Paul.

La salle à manger : Les murs sont recouverts de boiseries de noyer posées à l’époque de Samuel de Haber. Plus tard, Jean Louis de Ganay partagea la pièce en deux pour faire une cuisine attenante. Les boiseries sont rabattables pour servir de dessertes. Des assiettes dépareillées en porcelaine décorent le haut des murs. Philippine de Ganay a fait faire quatre tables rondes en bois imitation marbre pour donner plus de convivialité à la pièce. Un tableau représente une scène de marché. Même s’il y a au premier plan un temple antique à colonnes, la scène se situe à Paris Châtelet au XIXème siècle.

Après un petit arrêt sur la terrasse pour admirer le parc, nous descendons au rez-de-chaussée. Au fond d’une petite galerie avant l’entrée, se trouve une statue de la Charité.
La salle des trophées : Elle sert de bureau. Une cheminée en marbre du XVII è été créée par un artiste proche du Primatice (qui œuvrait à Fontainebleau). Le crâne de vache qui orne la cheminée est censé repousser les mauvais esprits. C’est dans cette pièce qu’a été tourné "Le sens de la fête" avec Jean-Pierre Bacri et Gilles Lellouche .
Nous sortons dans la cour pour rejoindre l'aile est du Château où notre guide nous invite à entrer dans la bibliothèque de Samuel de Haber. qui compte plus de 2000 ouvrages parfois prestigieux. C'est une haute salle toute en longueur avec un plafond  vouté. On appelle aussi cette pièce la galerie des Singes à cause des trois tapisseries flamandes de 4 mètres de haut. Elles représentent des 🔰singeries, thème très à la mode au XVII ème siècle. Il y en avait quatre, l’une a disparu en 1940 et a été remplacée par une tapisserie portugaise. Les singes sont nus, les chapeaux ou accessoires permettent de les identifier. Sur la première tapisserie, on voit les armoiries de Maximilien de Béthune, duc de Sully. C’est une scène de repas. Un plat posé à terre est renversé par un chien chassé par le rôtisseur. Le duc de Sully détestait les danses ("ballets, mômeries et mascarades" ), les jeux ("vraies pertes de biens et de temps"). Dans ces tapisseries, les singes caricaturent les vices des hommes. Des singes se battent, dansent ou se chassent, des amoureux se bécotent, un prêtre poursuit une guenon, un singe joue de la flûte avec ses fesses, un autre vomit... Sur la deuxième tapisserie, on voit les jeux en vogue à l’époque. Certains jouent aux cartes pour de l’argent même si c’ était en principe interdit. On joue aussi au jeu de touche l’ours, à la paume avec des raquettes, aux quilles, au trou-madame, aux billes, à la crosse, à colin-maillard, au mail (qui ressemble au golf ou au croquet), à la soule. D’autres jouent à enfiler une bague sur un bâton, font de l’équilibre, un autre exhibe son anatomie. La dernière tapisserie, assez étrange,  montre un procès. Les singes portent des turbans ou des mitres, ont un trousseau de clés à la ceinture, certains ont des pieds en sabot ou en griffes.

La chapelle  : Elle s'ouvre à l'extrémité nord de la bibliothèque. Ses boiseries datent de 1626.  Une statue de Vierge en grès du XIVème siècle, qui avait  a été déterrée par accident par un agriculteur local, domine l'autel. La tête de l'enfant Jésus qu'elle porte sur son sein n'a hélas pas résisté au soc de la charrue de ce paysan découvreur. Une peinture décore la coupole entourée par une tribune. La légende raconte que pendant l’Occupation, on pouvait enclencher la patte de l’agneau (sculpture sous l’autel) et cacher des armes dans l’espace créé.

Nous remercions vivement notre guide qui prend congé et poursuivons vers le parc.


Tout est naturel dans le parc. Les allées sont en herbe, ce qui est plus facile à entretenir (il n’y a que sept jardiniers dans ce grand parc) et  ce qui est bien agréable pour les promeneurs. Aucun produit chimique n’est utilisé. Les arbres ne sont pas ou peu taillés mais poussent librement.
Il y a trois types de paysages dans ce parc : le parc à la française un peu plus ancien que Versailles, le jardin anglais et le jardin japonais que nous rejoignons maintenant.
Créé par Berthe de Ganay et entretenu par la suite par Philippine de Ganay, ce magnifique jardin  présente des éléments traditionnels des jardins japonais mais en les interprétant à la française : le pont est en bois naturel et pas rouge, les arbres nuages sont taillés dans un if au lieu des érables japonais traditionnels. Trois bassins se succèdent dans cet espace planté de cornouillers, d’érables, de liquidambars, d’érables nains, de parotsia persica, de bambous, de gunneras, d’acers, d’hostas, de fougères. Un arbre à la forme d’un ressort...C’est un jardin fragile, on n’y pénètre pas mais on peut facilement l’admirer depuis les allées qui le surplombent. Au fond, on distingue un ancien moulin à foulon où l’on dégraissait les étoffes.
Nous n'aurons malheureusement pas le temps de nous enfoncer dans le parc pour y découvrir la Baigneuse, le Miroir, la pièce décagonale de la Gerbe, le Grand Canal, les escaliers d'eau des Nappes, le Dauphin...  Ce n'est que partie remise.
Un grand merci à Didier pour la belle organisation de cette journée si riche en découvertes.