mardi 17 janvier 2023

Varennes-Jarcy, Quincy-sous-Sénart, Combs-la-Ville (Françoise le 17/01/2023)


Photos du jour.



C'est un mardi après-midi plutôt froid et humide, hésitant entre brume et crachin léger, que Françoise a retenu pour nous guider sur un parcours de près de 13 kilomètres à partir de  Varennes-Jarcy pour rejoindre la Forêt de Sénart  par Quincy puis clôturer ce circuit en passant à Combs-la-Ville. Chaussures hautes et guêtres vont nous être fort utiles sur les chemins forestiers et champêtres qui vont constituer une petite moitié de cette boucle, plutôt urbaine, tracée entre Essonne et Seine-et-Marne.


Le célèbre maître verrier et orfèvre René Lalique a débuté à Combs-la-Ville !
Nous rejoignons la Rue de Vaulx-la-Reine pour descendre vers la vallée de l'Yerres au niveau de la Passerelle Lalique. La rivière est gonflée des eaux des pluies récentes portées par la tempête Gérard

Nous longeons  les lourds bâtiments dédiés à la conservation du fonds d’archives patrimoniales (papier, vidéos et affiches) de la BNP Paribas. C'est sur ce site qu'en 1909, René Lalique loue, une verrerie, propriété de la Compagnie Générale d'Électricité. Il y produit des objets mobiliers comme des lampes, des vases et aussi, à la demande de François Coty, le célèbre parfumeur, des flacons qui vont révolutionner par leur conception originale, la présentation des parfums.
C'est ainsi que René Lalique crée pour Coty d'abord, puis pour Roger & Gallet, Houbigant, Gabella, d'Orsay, Worth et beaucoup d'autres parfumeurs, 🔰des flacons "dont l'ornement évoquait les senteurs qu'ils habillaient". En 2009, la direction a décidé que la cristallerie allait quitter la commune pour être transférée à Wingen-sur-Moder. Sur les 38 personnes qui y travaillaient, 32 furent licenciées.
Nous poursuivons le long de l'Yerres et quittons la berge pour arpenter le fort dénivelé de la Rue de la Fontaine Segrain puis continuons l'ascension du coteau par le petit Chemin François Coppée qui passe en tunnel sous la voie de chemin de fer.


Le château Leroy.
Photo D.Armanini (décembre 2021)
Encore quelques marches et nous voilà Avenue du Parc face au  Château Leroy. Ce château fut bâti par l'architecte L.Oudiou pour le propriétaire Louis Isidore Leroy sur des terrains hérités par son épouse. 
Louis Isidore Leroy est fondateur des usines de papiers peints Leroy (aucun rapport avec la famille Leroy Merlin qui elle a bâti sa fortune à la même époque à partir d'un négoce de surplus américains).

En 1929, le Comte de Monbrison mit le château de Quincy à la disposition d'une importante école de jeunes filles d’émigrés russes blancs. Signalons que la belle-sœur d’Henri Troyat a été l’une des pensionnaires de l’Ecole de Quincy. On retrouve d’ailleurs le château, sous le nom de « Château de Queroy », dans l’un de ses romans (le défi d’Olga). 

 En 1940, le château est occupé par des éléments de la Luftwaffe et des travailleurs allemands de l’organisation TODT

Après la guerre en 1946, le ministère de l’Education Nationale loue le château afin d’y installer l’Ecole Nationale Physique Féminine

En 1951, le château est mis en vente. La municipalité pense l’acquérir pour ses besoins administratifs et scolaires, mais elle recule devant le prix élevé. C’est finalement le ministère de l’intérieur qui achète la propriété le 25 octobre 1951. La Compagnie Républicaine de Sécurité N°3 prend possession du château dès novembre 1951. 

Et c'est encore la CRS 3 qui occupe les locaux aujourd'hui.

En Forêt de Sénart.

Nous empruntons maintenant la Rue du Colonel Fabien pour nous diriger vers la Forêt de Sénart. Cette rue marque la limite entre les deux communes Quincy et Combs. Ceux d'entre nous qui empruntent le trottoir de droite sont encore en Essonne tandis que ceux qui sont passés sur le trottoir de gauche s'aventurent déjà en Seine-et-Marne. Au bout de cette rue frontière, nous entrons en forêt de Sénart. Cette forêt sacrée du druidisme, est une relique de l'ancien arc boisé de l'Est parisien. Au IXème siècle, elle rejoignait encore la forêt de Fontainebleau et se rattachait au nord aux bois de Vincennes, de Livry et de Bondy.
Les randonneurs de Varennes-Jarcy connaissent très bien cette forêt et nous avons eu maintes occasions d'évoquer ses mystères, son histoire, ses anecdotes, son écologie, sa gestion. Trois mille hectares de cette forêt s'étendent sur douze communes en Essonne  (Boussy-Saint-Antoine, Brunoy, Draveil, Epinay-Sous-Sénart, Etiolles, Montgeron, Quincy-Sous-Sénart, Saint-Germain-les-Corbeil, Soisy, Tigery, Vigneux, Yerres) et une seule commune en Seine-et-Marne : Combs-la-Ville. Le domaine forestier de Combs-La-Ville ne compte qu'une centaine d'hectares.  C'est dans cette partie seine-et-marnaise du massif forestier que Françoise nous conduit sur des sentiers souvent boueux jusqu'à l'espace de détente de la Borne Blanche. Sur cet espace, un parcours de santé a été aménagé. L'espace dispose d'un parcours "énergie" de 1 km, d'un parcours motricité de 350 m, d'un parcours sportif de 750 m, de plusieurs zone d'étirements, de trois circuits d'orientation et de deux circuits VTT. Les différents parcours ont été conçus pour accueillir le plus large public possible, de tous âges, intégrant également les personnes à mobilité réduite, chacun pouvant pratiquer à son rythme et à son niveau . La Borne Blanche dispose également d'une aire de fitness en plein air.
 Nous traversons la parc jusqu'à la voie de chemin de fer que nous traversons pour rejoindre les abords du Lycée Galilée où nous rencontrons de joyeux groupes d'élèves tout juste sortant de l'établissement.

À travers les lotissements de Combs-la Ville.
Nous poursuivons à travers le réseau d'allées vertes et de chemins piétonniers qui se faufilent entre les différents lotissements dans le nord-est de Combs-la-Ville. Nous allons ainsi passer devant la 'Résidence Sénart' (foyer d'accueil médicalisé) , le Centre aquatique Camille Muffat puis l'école élémentaire 'l'Orée du Bois' pour rejoindre le petit Bois l'Évêque que nous traversons pour nous diriger vers les Terres d' Égrenay.

Dès les années 70, comme beaucoup de villes à la périphérie de l'espace urbanisé de la région parisienne, Combs-la-Ville a connu un développement urbain dit "en tâche d'huile" qui a progressivement grignoté la partie occidentale du plateau d'Égrenay. Le 5 juillet 1995, malgré la pression des promoteurs, le conseil municipal décide courageusement de mettre fin au processus et de préserver le plateau d'Égrenay en en classant toutes les terres en surface agricole, limitant l'expansion de ces lotissements qui conservent ainsi une dimension humaine. Nous marchons sur le chemin qui s'étire entre le plateau agricole d'Égrenay et les lotissements.  À notre droite s'étend le plateau briard, ses terres immenses vouées à l'agriculture tandis qu'à notre gauche vers l'ouest se prolonge, sur des dizaines de kilomètres, la zone urbaine démesurée de la région parisienne .
Nous traversons la Route d'Évry-les-Châteaux puis, un peu plus loin la Route de Villemeneux pour descendre vers l'Yerres au niveau du moulin du Breuil.

Le moulin du Breuil. (Combs-La-Ville)

Photo JPL (juin 2020)
En 1936, Helena de Rubinstein (1870-1965) transforme le vieux moulin en belle résidence secondaire, En 1963 il est occupé par Mme Spoturno-Coty. Enfin cette superbe demeure sera racheté par "Themepark Properties Limited" (société dirigée par B.Tapie). Elle sera, en fait, régulièrement occupée par le célèbre président de l'OM qui  nous a quittés récemment pour rejoindre le paradis des hommes d'affaires. Didier, nous raconte avoir plusieurs fois rencontré le businessman à Varennes-Jarcy ou à Combs-la-Ville. Il nous dit  conserver de l'homme le souvenir d'une personne simple, de contact agréable et aisé. Nous poursuivons vers Varennes.
Une courte passerelle  enjambe un petit bras secondaire de l'Yerres qui alimentait l'ancien moulin du Breuil qui fut longuement exploité par la dynastie des meuniers Papillon de 1816 à 1913. Une seconde passerelle, ouvrage métallique de 1959,  marque le passage de Combs-la-Ville à Varennes. On s'y arrête un instant pour observer le fort courant qui anime les eaux de la rivière gonflées par les  pluies abondantes d'un hiver trop doux. 
Il  restera encore à traverser le méandre des Aufrais par le chemin du BreuilLe chemin est détrempé, parfois glissant et je profite de cette particularité pour effectuer, dans un style impeccable, 🔰une chute avec atterrissage en souplesse dans une flaque de boue.


Retour au bercail

Il ne me reste heureusement plus que quelques centaines de mètres à effectuer, les fesses au frais, pour boucler le circuit. Nous passons devant les haras de la Nouvelle Étoile puis devant les bâtiments du Centre Médical & Pédagogique. Ici, les patients ont entre 12 et 25 ans. Le centre dispose d’une capacité d’accueil de 60 jeunes en hospitalisation à temps complet et de 15 jeunes en hôpital de jour. Les séjours s’échelonnent de trois mois à un an, rarement plus. La vie s’articule autour de 2 pôles principaux: le pôle médical et le pôle pédagogique. Ici on traite des polytraumatismes et des maladies graves ; c’est un endroit où l’on sauve de jeunes existences, où l’on réapprend à exercer son corps, à parler, écrire et compter...
Nous jetons un coup d'œil au complexe réseau ferroviaire miniature installé dans le hall de la médiathèque (notre ami Jean-Louis a d'ailleurs activement participé à l'installation de ce paysage ferroviaire miniature). Nous rejoignons le parking de l'école où nous nous séparons après avoir chaleureusement remercié Françoise pour la bonne organisation de cette rando.


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