mardi 13 décembre 2022

Coubert, Grisy-Suisnes (Claude le 13/12/2022)

Photos du jour.
Claude a judicieusement choisi ce mardi froid mais idéalement ensoleillé pour nous accompagner sur un parcours d'à peine 9 km, sans le moindre dénivelé, dans un cadre champêtre, berceau de l'histoire de la culture et de l'essor commercial de la rose. Notre parking est celui de "La Cueillette Chapeau de Paille de la Grange" à Coubert qui vient tout juste de fermer ses portes pour la saison hivernale. Le jardin de la Cueillette s’étend aujourd’hui sur 35 hectares. Dès le printemps, les amateurs de ce mode de distribution pourront retrouver brouettes, paniers, et outils de récolte pour partir à la découverte des champs et y cueillir fraises, tomates, salades, pommes de terre, choux, courgettes, haricots, petits pois, pommes, framboises, prunes, cerises, etc.….. Plus de cinquante variétés sont à leur disposition permettant de bénéficier de produits parfaitement locaux respectant une stricte saisonnalité. On peut aussi y cueillir toutes sortes de fleurs pour offrir ou pour embaumer sa maison.




Le Parc de Coubert.
Nous nous dirigeons vers la petite commune de Coubert qui est surtout connue pour son parc hébergeant un très important centre de réadaptation fonctionnelle.(système nerveux, appareil locomoteur, brûlés, douleur...)
Source UGECAM IDF
Le centre UGECAM de Coubert dispose d'un plateau technique très complet : Gymnase, salle de musculation, piscine, tennis, simulateur de conduite automobile, parcours extérieurs de rééducation, etc....
Le parc immense a abrité un château qui fut probablement construit au XVème siècle sur les ruines d’un ancien fort médiéval. Il fut habité par la famille de Nicolas de l’Hospital bien connu pour avoir assassiner, en 1617, Concini, Maréchal d’Ancre, sous l’ordre du jeune Louis XIII.
C’est au XVIIème siècle et XVIIIème  siècle que la demeure prend toute son ampleur, lorsqu’elle est achetée par Samuel Bernard, richissime financier, qui aida Louis XIV et Louis XV à maintes reprises ce qui lui valut d'être anobli pour devenir Comte de Coubert. Samuel Bernard débuta dans la draperie de luxe puis exploita le traite négrière, négocia à vil prix les biens saisis à la piraterie par les corsaires, se lança dans les activités bancaires et, redoutable usurier, ne tarda pas à devenir l'homme le plus riche d'Europe et d'apparaître comme le  "Banquier des Rois et Sauveur de l'État".

Il ne reste plus que quelques ruines du château de Samuel Bernard, abandonné et dévasté depuis la révolution. Le 🔰nouveau château est construit en 1890 par la famille Desmarais.  La propriété est une demeure bourgeoise, d’un style anglo-normand très en vogue à la fin du XIXème siècle. Cette demeure ne peut pas être visitée.  Le parc est également réservé à l'usage exclusif du centre de réadaptation.
Source : Screenshot Google Maps


Les deux pavillons à l'entrée du parc et le 🔰fronton de l'Orangerie, à peine visible depuis la grille du parc, constituent les seuls vestiges (encore debout) du château de Samuel Bernard. L'ornementation du fronton représente cinq enfants jouant parmi les fleurs et la vigne. Sont également sculptés des outils de jardinage et des paniers, illustrant les fonctions de l’Orangerie.

Nous passons maintenant devant l'auberge de l'Escargot d'Or puis, un peu plus loin marquons un arrêt devant  l'église Sainte Geneviève de Coubert.  Derrière l'abside, il existe une verrière représentant sainte Geneviève dont une vieille statue en bois a été reléguée au jardin du presbytère. La sainte y est accompagnée de son agneau. Pendant la Révolution, alors que l'église avait été transformée en lieu de réunion publique, le curé, apeuré, abandonna la soutane puis ne tarda pas à se marier.
Nous empruntons un dédale de petites sentes et ruelles, traversons le petit parc du Monument aux Morts. Là, nous faisons une courte pause pendant laquelle Claude précise que les habitants de Coubert sont les Curtibéhardiens et les Curtibéhardiennes. Nous avons la surprise de rencontrer 🔰quelques chèvres alors que nous poursuivons vers l'ancienne gare de Coubert/Soignolles pour rejoindre le 'chemin des roses'.  Ce chemin a été aménagé sur l'ancienne ligne qui reliait autrefois Gretz à Paris/Bastille. Là circulait le célèbre 'train des roses' dédié à l'acheminement de la production des rosiéristes vers la capitale. Nous suivons l'ancienne voix ferrée sur ce chemin bien empierré jusqu'à l'ancien pavillon du garde barrière sur la D319 à l'entrée de Grisy-Suisnes

Le Musée de la Rose.
Nous rejoignons à présent l'ancienne gare de Grisy-Suisnes qui abrite le site du 🔰Musée de la Rose.
Sur un terrain de 1700 m2, deux mille porte-greffes ont été plantés en novembre 2011, greffés en août 2012, pour une première floraison en juin 2013, au moment de l’inauguration du site. Les visiteurs peuvent y flâner librement, admirer et comparer les couleurs, humer les différents parfums, ou tout simplement profiter d’un banc au cœur des parterres de roses. Une buvette propose café, thé ou boissons rafraîchissantes.
Photo J. Fillis
Le musée accueille les visiteurs tous les dimanches après-midi d'avril/mai/juin/juillet et septembre.
La gare de Grisy-Suisnes fut ouverte en 1892 sur la ligne Paris/La Bastille – Verneuil l’Etang qu'on appelait le "ligne de Vincennes" ou la "ligne V". C'est une des dernières lignes de chemin-de-fer créée à partir de Paris. La ligne fut définitivement fermée en 1964. La gare de Grisy-Suisnes était tout particulièrement désignée pour accueillir le Musée de la Rose parce que c'est à partir de ce lieu que sont parties des tonnes de roses,  vendues dans la nuit sur le carreau des Halles. A partir de 1900, les trains furent appelés "trains des rosiéristes".
Grisy-Suisnes est le berceau de l'histoire de la rose dans notre région. L'Amiral Bougainville et  son jardinier Christophe COCHET eurent un rôle fondateur dans cette histoire de la rose.
Bougainville, officier de marine et explorateur a effectué le premier tour du monde français entre 1766 et 1769. Le botaniste Philibert Commerson l'accompagnait au cours de cette expédition. 



Commerson récolta au brésil quelques spécimens d'une très jolie fleur prélevée sur un arbuste qu'il nomma le "bougainvillier" en l'honneur de son capitaine. La  fleur reçut un nom très proche avec quasiment la même orthographe : la "bougainvillée" (c'est une minuscule fleurette blanche  apparaissant au milieu de ce qui semble être une fleur mais qui est un réseau de petites feuilles terminales aux couleurs intenses).
Bougainvillier (Source Pixabay)
 Ce n'est qu'à l'âge de 70 ans que l'Amiral Louis-Antoine de Bouganville s'installe dans le 🔰château de Suisnes.  Passionné d'horticulture, il engage le jeune jardinier Cochet à qui il offre une pépinière voisine pour y développer la culture des roses où le jeune homme fait merveille.
Conscient de la valeur de son jardinier, Bougainville l'encouragea à installer une véritable roseraie. En 1802, avec l’aide financière de Bougainville, Christophe Cochet acheta le 🔰prieuré de Vernelles où il installa sa toute première roseraie. Grâce aux recommandations de l'Amiral, la roseraie Cochet devint très réputée dans la région et connut un réel succès. La collection de roses augmenta considérablement, les pépinières de Suisnes prirent une grande extension, elles atteindront bientôt 28 hectares. (Ce développement fut également facilité  par l'abandon des terres consacrées à la vigne victime du phylloxéra).
Trois générations et soixante-quinze ans plus tard, le petit-fils de Christophe, Scipion (1833-1896), semeur de roses et rosiériste de grande renommée, réalisa que les hybrideurs français avaient besoin de décrire et d’illustrer avec précision leurs créations. Il fonda, à Suisnes, le 🔰Journal des Roses, revue mensuelle servant de relais entre les rosiéristes amateurs et les professionnels.
Aujourd'hui, on ne compte plus que deux producteurs de roses à Grisy-Suisnes.

Blanc double de Coubert. Source Pixabay
Un autre petit-fils de Christophe Cochet, Philémon Cochet, se maria avec la fille du maire de Coubert, et vint s’installer comme rosiériste à Coubert. Son fils, Charles, savant botaniste, s’attacha à poursuivre cette activité.
C’est Charles Cochet qui créa en 1892, une rose blanche dont les pétales fins et volumineux semblent se superposer indéfiniment. Elle est reconnue parmi les variétés de roses anciennes et a fait la célébrité de Coubert dans le monde entier sous le nom de « Blanc double de Coubert »

Nous passons devant les serres de J.C. Boutcreux,  encore et toujours rosiériste malgré la concurrence féroce sur le marché de la rose classique  dominé par l'Afrique, l'Équateur, les Pays-Bas, et même l'Italie. Nous rejoignons le Chemin des Roses qui va nous ramener à notre parking de départ. Quelques uns parmi nous s'arrêtent au 🔰Panier de la Ferme, voisin de la Cueillette de la Grange, pour faire quelques emplettes dans ce petit magasin installé sous une magnifique charpente. On peut y acheter des produits de petite production artisanale, de la bonne charcuterie, des fromages locaux, des primeurs de qualité, etc...
Merci à Claude pour l'impeccable organisation de cette agréable rando seine-et-marnaise.

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