Sur les deux derniers mardis du mois, Françoise et Jacques nous ont proposé chacun une rando sur le territoire de Marolles/Santeny et la Forêt Notre Dame.
La rando conduite par Françoise s'est partagée entre la forêt et le dédale piétonnier des quartiers résidentiels de Marolles-en-Brie et de Santeny tandis que celle conduite par Jacques, essentiellement forestière, nous a emmenés sur les belles allées cavalières et les petits chemins de la forêt domaniale. Il m'est paru judicieux de réunir, dans un même compte-rendu, ces deux randos partageant un territoire commun.
La Forêt domaniale Notre-Dame
Constituée d’une dizaine de bois (Bois du Gros Chène, Bois de Marolles, Bois de l’érable…) et de plusieurs mares (Mare aux Nénuphares, Mare des Uselles, Mare au Héron…), la forêt domaniale de Notre Dame s’étend sur plus de 2000 hectares dans le Val de Marne et la Seine et Marne et est bordée d’une 🔰dizaine de communes.Marolles-en-Brie ; Boissy-Saint-Léger ;Sucy-en-Brie ; Noiseau ; La Queue-en-Brie ; Pontault-Combault ; Roissy-en-Brie ; Ozoir-la-Ferrière ; Lésigny ; Santeny. Composée principalement de chênes sessiles et de châtaigniers, elle compte plus de 300 mares et abrite un vaste espace ouvert formé de landes de bruyère et de fougère, parsemé de chênes pédonculés, de bouleaux et de trembles.
L'Arc Boisé Parisien |
Source Wikimedia Commons. |
Un incendie majeur s'est déclaré dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, les 15 et 16 avril 2019, pendant près de 15 heures. Une grande partie de la structure incendiée est issue de la forêt Notre Dame. Au Moyen-Âge, ces bois, qui n'étaient pas encore désignés comme le bois Notre-Dame, appartenaient au chapitre lié à l'Évêché de Paris. Les grands chênes de ces bois, parmi les plus majestueux et les plus proches de la capitale, ont ainsi servi à la construction de la "Forêt", surnom donné à la charpente de la cathédrale. Cette charpente était la plus vieille de Paris pour les parties de la nef et du transept. Elle était faite de 1 300 chênes, soit 21 hectares de forêt. De puissants attelages de bœufs acheminaient, à travers bois, les immenses grumes vers des pontons établis sur la Marne. Là, les futs de chêne étaient chargées sur des barges. Ces lourdes embarcations étaient ensuite halées par des chevaux jusqu'aux chantiers de la future cathédrale sur l’Île de la Cité via la confluence de la Marne avec la Seine entre Charenton-le-Pont et Alfortville.
La décision courageuse de reconstruire Notre Dame de Paris, sa charpente icendiée, sa flèche effondrée, ses gargouilles abîmées , ses contreforts éprouvés, strictement à l'identique a conduit, entre autres choses, les re-bâtisseurs à sélectionner un milliers de chênes dans différentes forêts de France.
Une émotion particulière s'applique aux arbres sélectionnés, ici, dans ces bois Notre-Dame, lieux originels de la charpente primitive. On peut voir parfois sur une tranche de coupe , tamponné à l'encre bleu ciel, un joli logo "Notre Dame" qui indique qu'on a bien affaire à l'un de ce millier de chênes sélectionnés par l'ONF pour alimenter le chantier prestigieux de la reconstruction de l'immense charpente de notre majestueuse Cathédrale si chère au cœur des Français quels qu'ils soient.
Les quartiers pavillonaires.
Nous avons garé nos voitures sur le parking du petit centre commercial du Clos Saint Marceau. Ces quartiers de Marolles datent des années 70 où la commune connut une formidable extension passant, en quelques années, d'à peine quatre cents habitants à plus de cinq mille. (C'est à Marolles que j'ai eu mon premier poste d'instituteur dans l'ancienne petite école ronde, récemment détruite. Son architecture était tout à fait semblable à cette de Varennes-Jarcy. M. Jaquinot, directeur, et moi-même y accueillions à l'époque de 28 élèves au total de la maternelle au CM2. Rien à voir, évidemment avec la configuration scolaire du Marolles d'aujourd'hui avec sa population décuplée).
Des lotissements de belle qualité se sont installés dan le nord du village, dans le triangle séparant Gros-Bois à l'ouest de la Forêt Notre-Dame à l'est. Les lotisseurs ont eu alors la bonne idée de ménager de belles allées verdoyantes ondulant entre les habitations et Françoise a choisi ce cheminement piétonnier bucolique pour nous permettre de rejoindre l'entrée de la forêt au nord. Un peu plus loin, nous quitterons le couvert forestier pour entrer dans le "Domaine de Santeny", un des ces lotissements très résidentiels que la commune de Santeny a vu fleurir dès le début des années 70. Tout comme à Marolles, ces lotissements permirent l'installation d'une nouvelle population nombreuse et plutôt aisée. C'est tout près de là, dans la commune voisine de Lésigny, sous le mandat du maire Jean Magne, que l'expérience française des lotissements à l'américaine prit son plein essor. Lésigny demeure aujourd'hui encore la référence hexagonale de "l'American Way Of Life". William Jaird Levitt fut le "chef d'orchestre" de cette transformation. Pour chacune des résidences, William Levitt instaure des règles de vie commune identiques aux us et coutumes anglo-saxons. Il interdit les abris de jardins ainsi que tous les signes visibles du prolétariat, comme le séchage de la lessive en plein air ou la culture des légumes. Les clôtures en façade sont prohibées, la hauteur de tonte des pelouses est définie, le fleurissement est encouragé. Ainsi naissent dans d'immenses parc des zones résidentielles avec centre commercial intégré, terrains de sport, aires de jeux, piscine de plein air et groupe scolaire dédié. Ce mode de vie s'appuie sur le développement de la voiture individuelle qui permet la liaison des lieux de travail avec ces nouveaux espaces de vie.
En fait, c'est à Le Mesnil-Saint-Denis que William Jaird Levitt bâtit son tout premier domaine soit 510 maisons de 5 à 7 pièces sur des terrains de 600 m2 qui se vendirent rapidement car elles offraient un excellent rapport qualité-prix dans un marché immobilier très restreint à l'époque en ce qui concerne la maison unifamiliale. En 1968, Levitt commercialisa le Parc de Lésigny dans une zone que le Plan d’Aménagement de la Région Parisienne avait assignée au logement de faible densité. L’opération fut un grand succès. Dès l'année suivante, Levitt commercialisa "L’Orée de Lésigny". Finalement Levitt-France déposa son bilan en 1981. Si l’aventure Levitt tourna court, la formule Levitt n’en exerça pas moins une très grande influence aux mains de concurrents comme Kaufman & Broad ou Bréguet. Les règlements contraignants comme la prohibition des clôtures ou l'interdiction de modification du bâti furent allégés et les quartiers pavillonnaires que nous traversons présentent un aspect plus traditionnel que ceux de Lésigny beaucoup plus marqués par l'influence de l'American Way of Life".