mardi 11 janvier 2022

Étiolles, Soisy-sur-Seine (Didier le 11/01/2022)


Photos du jour.
Après une semaine marquée par une météo très pluvieuse, anormalement douce et humide, c'est aujourd'hui un après-midi hivernal bien plus agréable avec un temps beaucoup plus sec et plus frais que Didier a choisi pour nous accompagner sur un parcours de neuf kilomètres entre Étiolles et Soisy-sur-Seine, deux charmantes communes campées entre la Seine et la Forêt de Sénart. Nous nous sommes garés sur le parking 'les Coudray' à Étiolles tout près de la berge de la rive droite de la Seine, vers laquelle nous nous dirigeons immédiatement pour suivre le cours du fleuve vers l'aval en direction de Soisy-sur-Seine. La Seine gonflée des pluies abondantes des derniers jours est agitée par un fort courant. Dominique m'indique que l'enseignement de navigation donné en amont (permettant aux postulants d'obtenir le permis fluvial) est provisoirement suspendu en attendant que le fleuve retrouve un cours beaucoup plus paisible. On peut voir, sur cette photo de Didier, Philippe s'installant (prudemment néanmoins) sur l'unique barreau non immergé d'une échelle de débarquement...

Photo D. Armanini

Le Barrage éclusé d'Évry-Soisy.

Photo D. Armanini

Nous passons maintenant devant le barrage-écluse d'Évry-Soisy. C'est l'une des vingt-six écluses qui permettent le trafic fluvial sur les 517 kilomètres du cours navigable de la Seine dont la longueur totale est 782 kilomètres. Une première écluse fut aménagée en 1863 à cet endroit appelé à l'époque 'Évry-Petit-Bourg'. C'était un modèle d'écluse à sas dont la forme reprenait celle inventée 400 ans auparavant par Léonard de Vincy. Le barrage-écluse connut par la suite de nombreuses importantes transformations, la dernière en date remonte à 2014. Les travaux faisaient suite à la rénovation de quatre grandes écluses sur les sites du Coudray-Montceaux en Essonne, de Vives-Eaux à Boissise-le-Roi, de La Cave à Chartrettes et de Varennes-sur-Seine en Seine-et-Marne. Une échelle à poissons avait été inaugurée à l'occasion permettant au saumon de l'Atlantique, à la truite de mer, à l'anguille, à l'alose et à la lamproie de remonter la Seine sans avoir à se soucier du barrage de navigation qui, pour la faune piscicole, constitue une barrière insurmontable. Avec un transit de 30 à 40 bateaux de commerces par jour, l'écluse double d'Évry affiche un trafic annuel de marchandises supérieur à 3,55 millions de tonnes par an, soit l'équivalent de 177 000 camions. Plus récemment, en 2021, des travaux d'entretien ont nécessité, pendant cinq mois, la fermeture de la passerelle piétonne qui surplombe le barrage.
Nous quittons le chemin de halage et prenons le petit Chemin des Noyers qui longe les stades municipaux pour rejoindre les hauts de Soisy-sur-Seine.



Le Parc du Grand Veneur (Soisy-sur-Seine).

Photo D. Armanini
L'étroit Chemin de Bellevue permet de rejoindre la Rue du Grand Veneur que nous remontons jusqu'au Gymnase des Meillottes. Un peu plus loin nous quittons la rue de l'Hermitage' pour pénétrer dans le Parc du Grand Veneur par son entrée Nord. Cette magnifique propriété de 13 hectares s'appelait autrefois la maison des 'Bouquins'. De 'bouquins' à 'grand veneur', le glissement sémantique pourrait sembler excessif si on ignore (comme moi, jusqu'aujourd'hui) que les bouquins en question sont des lièvres mâles très recherchés par les chasseurs. Les femelles, sont des 'hases'. Le 🔰bouquinage est la période de rut quand bouquins et hases s'emploient vaillamment à fabriquer de petits levraux.

Parmi les nombreux propriétaires qui se sont succédés au domaine, signalons Antoine-Laurent Jussieu, célèbre médecin et botaniste, qui fut charger de replanter le jardin du Roi à Paris (actuel Jardin des Plantes). A.L. Jussieu est l'auteur du 'Genera Plantarum', un ouvrage considérable, catalogue de tous le genre végétal connu rangé selon la méthode naturelle.

La méthode naturelle de Jussieu eût un grand retentissement dans le monde des sciences et Cuvier, lui-même, l'utilisa dans sa classification zoologique.
Succédant à la famille Jussieu, Jacques Davelouis prit possession du domaine. Il va y engager des sommes importantes pour transformer et embellir le parc. S'inspirant de l'esprit des jardins à l'anglaise qui cherche à reproduire les éléments d'une nature idéalisée, Jacques Davelouis crée des bosquets boisés où coulent des eaux vives ; un petit pont romantique est jeté au dessus d'une allée tortueuse ; le bosquet de la glacière est créé s'apparentant à l'entrée d'une grotte naturelle ; un temple égyptien surmonté d'un kiosque apparaît...

Cet agencement audacieux préfigure l'actuel jardin où nous avons le loisir de nous aventurer aujourd'hui, privilège d'autant plus précieux que le style 'à l'anglaise' est peu fréquent dans notre région si l'on excepte les stars du genre que sont le jardin anglais d'Albert Kahn à Boulogne Billancourt, le petit Trianon à Versailles, le jardin anglais du château de Fontainebleau, celui de Rambouillet ou encore le parc Rousseau à Ermenonville.
Didier marque une pause devant l'entrée de la glacière et nous propose un speach très documenté sur l'histoire des lieux. Il nous raconte aussi les dégâts de la tempête de 1999, la disparition du 'totem de la nature et de la vie' sculpté dans un cèdre abattu par les vents. Néanmoins, subsistent ici de majestueux séquoias plantés en hommage à A.L. Jussieu qui le premier dota le Jardin des Plantes de cette magnifique essence.
Photo D. Armanini

Outre l'histoire du domaine, Didier nous apprend que Soisy-sur-Seine, est la commune où , après la mort de son mari Pierre, Marie Curie a passé les dernières annés de sa vie dans la villa de sa fille Irène et de son gendre Frédéric Joliot. On se souvient de Frédéric Joliot Curie à Soisy pour sa courageuse participation aux actions de résistance contre l'occupant allemand. Dans une discrète grange de la commune, il s'était spécialisé dans la fabrication d'explosifs. Sa belle mère, Marie, deux fois prix Nobel de Sciences Physiques pour ses recherches sur la radio-activité est l'une des cinq femmes à ce jour inhumées au Panthéon aux côtés de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Simone Veil et, très récemment, Joséphine Baker.

Nous voici maintenant face au château du Grand Veneur. Rénové en 2007, puis en 2012 par la Ville et la Communauté d’Agglomération Seine Essonne, il accueille désormais au premier étage la Médiathèque Gilles Mallet. Elle offre un service complet : une bibliothèque avec ses sections Jeunesse et Adultes, une CDthèque, une vidéothèque, un espace public numérique. La médiathèque Gilles Malet propose également de nombreuses animations : expositions, lectures de contes etc...Le Conservatoire de musique est installé dans l’aile droite du Château du Grand Veneur qu’il occupe sur les deux niveaux (rez de chaussée et 1er étage). L’école municipale d'arts plastiques de Soisy-sur-Seine accueille toute l’année dans les locaux du château une initiation à la pratique artistique, techniques et couleurs, peinture…Les cours sont encadrés par des artistes professionnels en suivant un thème annuel.
 
L'église Notre Dame de l'Assomption (Soisy-sur-Seine).


Nous quittons le Parc du Grand Veneur par sa sortie Sud et nous nous dirigeons vers le centre ville pour nous y arrêter devant la façade de l'église Notre Dame de l'Assomption. Didier qui a soigneusement préparé cette rando sort ses notes et nous dit quelques mots sur l'édifice. Elle est le vestige d'un ancien château du XIIéme siècle démoli en 1874. Elle en aurait été la chapelle. Au XVIIéme siècle, la veuve de Nicolas de Bailleul fit un don qui permit l'agrandissement de l'église. En 1728, le clocher s'écroule. Deux ans plus tard, sa réédification put être entreprise, ainsi, la lourde tour-clocher à abat-sons qu'on peut observer aujourd'hui date de 1730. La cloche date de 1774 et porte l'écusson des Bailleul.
Didier insiste sur la richesse à l'intérieure de l'église où on peut admirer de magnifiques retables, l'un représentant la crucifixion du Christ, l'autre à l’effigie de Gilles Malet, bibliothécaire de Charles V et Seigneur de Soisy. L'église ne peut malheureusement être visitée aujourd'hui. Elle est généralement ouverte au public chaque vendredi et samedi. Notons enfin que Alphonse Daudet qui vécut à Soisy a écrit en 1895 l'ouvrage intitulé 'La Petite paroisse' relatant la vie dans la commune.

Tout près de l'église, nous découvrons la 🔰belle demeure , datant de 1878, que la Mairie de Soisy-sur-Seine a acquise en 2012 pour y installer ses locaux. Nous remontons maintenant vers le Chemin des Voûtes qui longe le côté est du Parc du Grand Veneur. Sur le Chemin de l'Hermitage, nous passons devant les bâtiments du Collège de l'Hermitage qui bénéficie de sa position à l'orée de la forêt de Sénart. Nous poursuivons sur ce chemin qui va nous conduire à Étiolles au carrefour du Trou Rouge, un grand rondpoint établi à l'extrémité sud du Golf d' Étiolles



Photo D. Armanini

Retour à Étiolles.


Nous nous dirigeons, à présent, vers le centre ville d'Étiolles. Nous passons devant la petite église Saint Martin. C'est une église du Xéme siècle rebâtie au XIIéme siècle dans un style roman puis agrandie au XVIIéme siècle à l’emplacement de l’ancien cimetière transféré en 1833 suite à une épidémie de choléra.

Nous nous dirigeons vers le lotissement de l'avenue du château. Sur notre gauche un mur aveugle  clôture le domaine du château de Hauldres. Ce château a notamment hébergé l'École Normale de Filles puis l'IUFM Mixte de l'Essone jusqu'à son déménagement en 2013, l’entretien du parc et du château étant devenu une charge trop lourde pour le Département.

Un petit chemin champêtre permet de sortir du lotissement pour rejoindre le centre commercial 'les Coudray'. La traversée de la route de Corbeil (D448) au trafic intense s'effectue en tunnel piétonnier. Il s'agit d'un boyau étroit assez sombre qui permet de rejoindre sans aucune difficulté le parking où, avant de regagner nos véhicules, nous allons pouvoir remercier Didier pour l'excellente organisation de cette rando. 

Photo D. Armanini


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