mardi 30 août 2022

Milly-la-Forêt, Bois de Milly et de Malabri (Claude le 30/08/2022)



Photos du jour.

Claude
a choisi ce bel après-midi de la fin d'août pour nous faire découvrir les bois de Milly et de Malabri qui s'étendent à l'ouest de Millly-la-Forêt. C'est un parcours très différent que Didier nous avait proposé pendant l'été 2020 où depuis la cité séculaire nous avions rejoint les cressonnières de Moigny puis le massif du Coquibus qui lui s'étend à l'est de la ville.
Nous nous sommes garés près de l'église Notre Dame de l’Assomption, où Claude, qui prépare toujours très soigneusement ses randos, nous fait un bref résumé de l'histoire de la ville depuis sa fondation,en l’an 285 avant Jésus-Christ, par Dryus, quatrième roi des Gaules jusqu'à l'époque contemporaine, puis sans plus attendre nous engage à le suivre sur ce parcours d'un peu plus de 12 km au cœur du Gâtinais, le "pays des mille clairières et du grès"


L’église Notre Dame de l’Assomption.

Nous  marquons un  premier arrêt devant l'église. Fondée au XIème siècle, ancienne chapelle du château, elle est reconstruite vers 1485 sur les ordres de l’Amiral de Graville dans le style gothique des XIIIème et XIVème siècles. Le clocher est haut de 57 mètres. L’arche du portail principal de style roman primitif proviendrait d’une ancienne église de Milly. Sur le côté est du clocher, côté place Grammont, les armes de l’Amiral de Graville sont encore visibles.
C'est cet Amiral de Graville, seigneur de Milly,  qui, en 1479, obtint le droit de bâtir la 🔰grande halle  de  Milly et d’y tenir 3 foires par an, ainsi qu’un marché chaque semaine.
Claude indique que la Halle est actuellement  inaccessible pour raison de grands travaux de restauration aussi n'a t-il pas programmé sa visite dans notre rando.
C'est une halle du XVème siècle, longue de 46 m, large de 16 m et haute de 13 m, elle couvre une surface totale de 730 m². Une grande activité commerciale régnait au XVème siècle sur Milly, alors idéalement située sur la route de Paris-Lyon. Sur cette place, lourds carrosses, courriers, cavaliers et piétons innombrables, ne cessaient de passer depuis les premières heures du jour jusqu’au crépuscule. Le soir, on se hâtait de gagner Milly à cause des brigands qui pillaient les voitures et rançonnaient les voyageurs dans les bois des environs. Tous les voyageurs arrivaient à Milly pour le gîte, remplissaient la place et se répandaient dans les auberges de la ville. Le jeudi, jour du Marché, la place était trop petite pour contenir tous les marchands dont les étalages débordaient dans les rues voisines. Aujourd'hui encore le marché se tient chaque jeudi.


Le Château de la Bonde et la maison de Jean Cocteau.
Sur l'École, petit affluent de l'Essonne, ce lavoir était destiné à la petite lessive, pratiquée une à deux fois par mois. Construit en 1883 puis remis en état en 1964, il est doté d'une vanne en bois appelée la bonde, qui permet de faire barrage et de contrôler le niveau de l'eau. De l'autre côté du pont, l'abreuvoir à trois pentes au fond pavé permettait aux animaux de venir boire. 

En arrière plan, le château, fut reconstruit comme d'autres monuments à Milly par l'Amiral de Graville vers 1475. Le corps de bâtiment attenant au château fut la maison de Jean Cocteau. qui choisit de s’installer à Milly-la-Forêt, en 1947, avec l’acteur Jean Marais. Il y vécut jusqu'à sa mort en 1963 avec son compagnon Edouard Dermit, dit "Doudou" qui a entretenu la demeure et préservé ses œuvres jusqu’à sa mort en 1995. Transformée en musée, la maison comporte des pièces réelles de l'époque où Jean Cocteau y vivait, et propose aux visiteurs une plongée dans l'univers mythologique et baroque du poète.
Sur le sol de la petite Chapelle Saint Blaise, au sud de la Ville, une grande dalle porte le nom de Cocteau avec l'épitaphe 🔰'Je reste avec vous'.  C'est là que Jean Cocteau est enterré. Cette chapelle "Saint Blaise des simples" était une maladrerie au XIIème siècle. On y accueillait les lépreux qui y venaient en implorant Saint Blaise le Guérisseur. Un vaste jardin d'herbes médicinales, les simples, fournissait quelques remèdes. La chapelle fut ensuite longtemps laissée à l'abandon jusqu'en 1959 où on décida de la restaurer et d'en confier la décoration à Jean Cocteau, célèbre habitant de Milly. Il choisit le thème des simples et jeta sur les murs de magnifiques 🔰hampes fleuries  qui montent vers le toit comme une prière vers le ciel. La lumière est diffusée à travers des vitraux dessinés par le Maître.
Le jardin de la chapelle lui aussi a été restauré et offre une grande diversité de plantes aromatiques et médicinales.
La culture des plantes médicinales et aromatiques a fait la richesse et la renommée de la ville, particulièrement au XIXe siècle. Aujourd’hui, la tradition demeure, avec le Conservatoire national des plantes et deux boutiques d’herboristerie situées sur la place du marché dans lesquelles on peut se procurer la fameuse menthe poivrée de Milly-la-Forêt 
Le conservatoire nationale des plantes vaut à lui seul qu'on lui consacre une après-midi de visite.

Avant de sortir de Milly pour emprunter le chemin du bois de Milly, nous faisons une petite halte devant le Lavoir du Coul d'Eau.
Le lavoir est alimenté par une source appelée La Fontaine du Cheval Blanc. Sa charpente actuelle, provenant du lavoir Saint-Laurent, fut installée en 1920. Comme tous les lavoirs sur source, il fut construit selon un plan carré pour lui donner un aspect plus protecteur. Il fut utilisé jusque dans les années soixante.



Le "Cyclop" de Jean Tinguely.


Nous nous engageons maintenant dans le Bois de Milly par le GRP des Vallées de l'Essonne. Un petite ascension nous permet de rejoindre le sentier de crète qui sépare le Bois de Milly du Bois de Malabri.
Le couvert végétal dense offre une ombre particulièrement bienvenue sur ces chemins sableux parfois difficiles à arpenter. Nous traversons sans difficulté la D105 puis commençons la descente vers l'est pour rejoindre, tout près de Milly, le site où s'élève la célèbre statue de Tinguely, le Cyclop. Nous découvrons malheureusement porte close, sans qu'on sache vraiment pourquoi. Les travaux de restauration engagés en 2021 sont maintenant achevés et le site (payant) est normalement ouvert au public désireux d'aller contempler l'imposant Cyclop  brillant  à nouveau de tout son éclat initial.

C'est une œuvre sculpturale en béton, métal et recouverte en partie de miroirs, haute comme un immeuble de sept étages. Monumentale et cachée, elle scrute l’environnement de son œil unique et doré. 

Photo D. Armanini (Juillet 2020-avant la restauration)




Le Cyclop restauré 2022.

Une incroyable mécanique permet le réveil du monstre mythologique qui se met alors en marche en  grondant. Jean Tinguely, sa femme Niki de Saint Phalle et et de toute une bande de leurs copains artistes ont travaillé de 1969 à 1994 à ériger ce bidule rempli de trucs étonnants dans une ambiance familiale et festive.
Tinguely  avait acheté pour presque rien  ce terrain à Milly et s’était abstenu de demander un permis de construire suivant les conseils du maire de Milly qui savait devoir le lui refuser. Le chantier sera donc clandestin. La provenance de certains matériaux a de quoi surprendre, telle cette manche à air chipée au Centre Pompidou : le larcin fut légalisé plus tard par le directeur du Musée national d’art moderne, Pontus Hulten. Jean Tinguely fit don de son grand œuvre à l’État français en 1987. Achevé 25 ans après les premiers travaux, Le Cyclop est inauguré et ouvert au public en 1994. La façade cache un bâtiment fait de bric et de broc, rêve de soudeurs fous, semé de roues animées par des chaînes ou des courroies, traversé par de grosses billes d’acier inoxydable qui, tractées lentement vers le haut, redescendent des goulottes à toute vitesse et dans un boucan d’enfer. Là, un gigantesque marteau déclare violemment son amour à une dame-jeanne ; ici, Spoerri a reconstitué la chambrette parisienne où il accueillit Tinguely et sa première compagne, Eva Aeppli, à leur arrivée en France. La seule différence avec la pièce originale, c’est que celle-ci est installée à la verticale, lit compris.
Béatrice Salmon, directrice du Centre national des arts plastiques, a assuré la restauration en 2021. Le seul remplacement des miroirs a nécessité 1,2 million d’euros. Coûteux, mais pas déraisonnable selon elle. Déraisonnable, Tinguely, lui, l’était totalement : l’aventure l’a presque ruiné. « On a foutu notre argent en l’air, on a claqué notre fric ! », disait-il gaiement, comme le rapporte le petit catalogue édité à l’occasion de la restauration. Rien n’avait plus de valeur aux yeux de l'artiste que d’introduire la note décalée qui surprend, dérange, déverrouille la porte du merveilleux. Le Cyclop est une folie tellement réjouissante !


La petite vidéo ci-jointe permet de mieux prendre conscience de l'intérêt de cette douce folie que nous n'avons pas pu hélas  avoir le bonheur de visiter.


Il ne nous reste plus que quelques centaines de mètres à parcourir pour, avant de rejoindre nos véhicules, adresser un grand merci à Claude pour la parfaite préparation de cette très intéressante rando.