mardi 1 mars 2022

Champeaux, Saint-Méry, Blandy-les-Tours (Pilou le 01/03/2022)

Photos du jour.

Après quelques jours très ensoleillés, le ciel s'est légèrement voilé aujourd'hui. Cependant ce 🔰mardi gras promet une belle luminosité et une très agréable température pour découvrir, sur une boucle de 11 km, ce petit coin de Brie qui s'ouvre à nous comme un livre d'histoire tant il est riche en patrimoine.

Le ru d'Ancoeur, un ru qui prend différents noms selon le lieu ou il coule.

Notre parking de départ est au niveau du Pont Paillard qui enjambe le Ru d'Ancoeur à Blandy. C’est un affluent de la Seine en rive droite. De sa source, à l'Est de Nangis, jusqu'à Fontenailles, il porte le nom de "ru de Courtenain"   puis, en amont de  Blandy, il devient "ru d'Ancoeur". En aval de Blandy, il alimente le complexe système hydraulique du château de Vaux-le-Vicomte sous le nom de  "ru d'Ancœuil "et au delà de Maincy, il devient "l’Almont" jusqu'à sa confluence avec la Seine à Melun.
Nous remontons donc le cours de l'Ancoeur sur sa rive droite pour entrer dans le Bois des Brosses où de superbes 🔰tapis de jonquilles subliment les lieux même si les chemins forestiers encore détrempés des pluies abondantes de février compliquent un peu notre progression vers le château d'Aunoy.





Le château d'Aunoy.
Photo D. Armanini
En 1750, le château du domaine fut totalement détruit par un incendie. Le château que nous pouvons admirer aujourd'hui a été rebâti peu avant la révolution française par un financier parisien JB Chabert. Il y fit aménager un magnifique 🔰jardin à l'anglaise que nous ne pouvons hélas pas apercevoir depuis la grille d'entrée. Pour éviter tout risque de nouvel incendie, la construction utilise la technique des plafonds et combles briquetés (voûtes catalanes) ce qui permet d'exclure le bois mais nécessite des murs de plus de 2 mètres d'épaisseur. En 1837, le château subit les ravages de la "Bande Noire", un groupe de spéculateurs qui pour s'enrichir, rachetaient à vil prix les biens saisis par la Révolution. Le château, les communs, le parc et les grandes allées furent alors rassemblés en un seul lot et le reste des terres de la seigneurie d’Aunoy fut divisé et vendu en 95 lots, à des fins de spéculation. Le corps de ferme fut démoli pour en vendre les matériaux. Au cours du XXéme siècle, d’importants travaux de restauration du château et du parc sont entrepris par le décorateur Emmanuel Motte. En 1961, Ahmed Ben Bella et ses compagnons algériens du FLN ont été détenus en résidence surveillée dans ce château d'Aunoy.



Nous poursuivons à travers champs pour rejoindre Champeaux. Nous découvrons, à la hauteur de la D226,  un très original "hôtel à Insectes" qui est une parfaite réplique miniature en bois, de la célèbre Collégiale. 
Notons que l'intérêt des hôtels à insectes abritant plusieurs espèces est aujourd'hui controversée. Leur implantation serait responsable de la multiplication de certains parasites.  Leur efficacité pourrait être sensiblement améliorée par la mise en place d'abris plus petits, séparés, dédiés chacun à une seule espèce. 
Nous ne prendrons pas parti dans cette polémique qui oppose d'éminents spécialistes.

Nous empruntons ensuite une petite sente qui se faufile entre les maisons pour déboucher "rue des Cloîtres" sur l'impressionnante Collégiale Saint-Martin en grandeur nature.



Photo D. Armanini



Champeaux - la Collégiale Saint-Martin.
Photo D. Armanini
Par sa petite porte, nous pouvons pénétrer dans l'immense volume de la nef. Classée monument historique par la liste de 1840, la collégiale Saint-Martin de Champeaux compte parmi les plus grandes églises gothiques des XIIéme et XIIIéme siècles en Île-de-France.
Avec une longueur de 65 mètres, ses dimensions sont particulièrement imposantes. 
Elle est le fruit de la présence, ici, d'un célèbre collège de chanoines où passèrent quelques-uns des principaux théologiens du Moyen-Âge, dont Abélard. La prospérité de ces chanoines permit la construction de cette merveille aux qualités architecturales remarquables. Les parties les plus anciennes du bâtiment, comme le transept, remontent à la première moitié du XIIéme siècle et le reste de l'église illustre les principales étapes de l'architecture gothique rayonnante. L'ensemble, achevé au début du XIVéme siècle, nous est parvenu pratiquement complet, enrichi à la Renaissance par un grand retable de bois sculpté et par de très belles stalles sculptées. Elles ont été réalisées par un certain Falaize, menuisier à Paris, en 1522 et sont au nombre de 54 réparties sur les deux côtés du transept. Elles illustrent les travaux de Job.  On compte également plus de cinquante dalles tombales sous lesquelles sont inhumés les chanoines du chapître originel ainsi que de très riches et généreux donateurs qui voulaient reposer en ces lieux, espérant, pour leur âme, une place privilégiée au paradis. Restaurée peu à peu depuis 1947, l'église reste consacrée au culte tout en ouvrant ses portes au public. En dehors des cérémonies religieuses, un festival très réputé de musique d'art sacré y est organisé tous les ans en Juin. Le célèbre sculpteur Rodin fut attiré par le monument et y réalisa de nombreux dessins d'architecture. La courte vidéo promotionnelle ci-dessous pourra aider à mieux nous remémorer notre visite. Nous sortons de Champeaux par la "rue du 🔰Four Banal", puis à travers champs, prenons la direction de Saint-Méry.





Saint Méry
Nous passons le long du bel étang  privé de la Varvanne puis traversons le ru de la Prée avant de rejoindre l'espace de stokage et de chargement de pétrole brut de la 🔰société "Vermilion Emeraude" . C'est une société appartenent au leader canadien Vermilion arrivé en France en 1997 et qui aujourd'hui, après avoir racheté des champs matures à Esso et Total, est le premier producteur national de pétrole. Il exploite 19 gisements en en Île-de-France et en Aquitaine. À saint-Méry, le pétrole est séparé de l'eau et du gaz d'extraction et envoyé par pipeline à la raffinerie de Grandpuits à une dizaine de kilomètres de là.

Nous poursuivons, sur un chemin en sous-bois, jusqu'à l'église Saint Médéricus (nom latin de Mery). Mentionnée dès le XIIéme siècle, elle a subi de multiples modifications au cours des siècles passés. Construite sur une pente à forte déclivité, elle est constituée de deux parties distinctes : une partie basse – la nef – et une partie haute comprenant le chœur, le collatéral sud et le clocher. Le clocher à grande flèche octogonale culmine à une vingtaine de mètres et n’abrite qu’une seule cloche, "Hélène Camille", installée en 1892. Notre arrivée est saluée par le hiératique tintement d'Hélène Camille qui ponctue les heures.
Nous passons devant 🔰le lavoir puis longeons le  "ru de la Prée" en direction du moulin de Flagy.
De là, à travers champs, nous gagnons les dépendances du château d'Aunoy, et nous nous enfonçons dans le Bois des Brosses pour rejoindre le ru d'Ancoeur que nous traversons sur une passerelle équipée d'un dispositif de contrôle des crues. Nous remontons le coteau par les sentes de Blandy-les-Tours et arrivons enfin sur le site du splendide château médiéval.

 
Sur une petit pelouse extérieure au château se dresse une petite statue 🔰"Le joueur de Flûte" de  Michel Lévy, sculpteur villecresnois. J'ai tout particulièrement tenu à présenter cette oeuvre au groupe de randonneurs puisque le jeune garçon ayant servi de modèle au sculpteur n'est autre que Jérôme, le fils d'un ami de très longue date. Le tout jeune adolescent que le sculpteur a figé dans la pierre a aujourd'hui la cinquantaine. Comme le temps passe !

Photo D. Armanini

Le château médiéval de Blandy-les-Tours.
Photo D. Armanini
Les vicomtes Guillaume II et Adam III de Melun, compagnon d'armes de Philippe Auguste à Bouvines, seraient les bâtisseurs de la première enceinte du manoir de Blandy, dès 1220. À partir de 1316, plusieurs campagnes de construction font évoluer la vieille enceinte vers le château fort que nous connaissons aujourd'hui.
Blandy fut un lieu de défense mais aussi de résidence au seuil de la guerre de Cent Ans.
Le XVIIIéme siècle marque un tournant majeur dans l’histoire de Blandy cristallisée autour d’un personnage : le maréchal Claude-Louis-Hector de Villars. Ce dernier, élevé au rang de duc en 1705 achète le Comté de Melun et la Seigneurie de Blandy. Son nouveau titre est alors attaché aux terres de Vaux-le-Vicomte, dont il acquiert le château. Dés 1707, le Maréchal transforme le château de Blandy en une simple ferme agricole. Aussi, il fait retirer les toitures des tours du château, éventrer la porte d’entrée et combler le fossé. L’édifice sera petit à petit abandonné et ses fortes détériorations vont le conduire dans un état de ruine avancée. Ce n’est qu’en 1986 qu’un projet de restauration est élaboré. Son rachat au franc symbolique par le Conseil Général de Seine-et-Marne va permettre la concrétisation du projet sous la direction de Jacques Moulin, architecte en chef des Monuments Historiques. C'est ainsi que nous pouvons désormais admirer ce château fort avec tous ses éléments caractéristiques : la porte fortifiée, avec pont levis à flèches, le corps de logis, les trois grosses tours au sud. l'ancienne courtine surélevée et renforcée, le nouveau donjon, tour maîtresse du dispositif, la tour des gardes (avec chemin de ronde ceinturé d'un parapet) et la tour des archives (avec tour latrines).
Francis me raconte que des os de nourissons mots-nés retrouvés dans les ruines de la  chapelle castrale de Blandy montrent que l'endroit fut autrefois un "sanctuaire à répit", un lieu sacré où le miracle de la 'vie retrouvée' permettait le baptème et donc la garantie du paradis pour ces malheureux enfants. 🔰Un article consacré à ce thème est disponible sous l'onglet 'On en parle' du Blog.

Nous faisons le tour du château, passons sur la place du Colombier où nous trouvons un moulin à pommes.  Ce broyeur de 6mètres de diamètre présente un sillon circulaire de 50 cm de profondeur. La meule, tirée par un cheval, écrasait les pommes additionnées d'eau ; cette mixture était ensuite portée au pressoir attenant. Cette meule de grès parfaitement conservée est aussi un témoignage de la reconversion de la région après les ravages de la mouche phylloxéra qui ont déterminé l'abandon des vignobles au profit de l'exploitation de la pomme.
Nous contournons l'Eglise Saint Maurice dont le clocher, carré, se distingue par les quatre pignons de l'école rhénane.

Il ne nous reste plus qu'à rejoindre nos véhicules après être passés sur le "pont Paillard" dont le nom inspire certains d'entre-nous qui, traversant le petit ru d'Ancoeur, se sont sentis autorisés à entonner un joyeux refrain contant certains aspects anatomiques de la personnalité très peu monastique d'un célèbre curé breton.

Photo D. Armanini





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