mardi 15 mars 2022

Bernay-Vilbert, le Grand Bréau (Jacques le 15/03/2022)

Photos du jour.

Jacques nous conduit, aujourd'hui, pour la dernière rando hivernale de la saison, sur plus de onze kilomètres, au cœur de la Brie Française, par les chemins de Bernay-Vilbert et de ses hameaux. Niché dans une boucle de l’Yerres, Bernay et Vilbert, deux villages voisins réunis depuis 1972, forment une jolie commune qui étend ses hameaux sur les coteaux de la vallée de l’Yerres avec Vaux, Segrès et Pompierre au Sud, et Villeneuvotte à l’entrée de Rozay au Nord-Est. Le ciel aujourd'hui est étrangement chargé. Aux nuées de l'hiver finissant s'est adjoint le voile inattendu des sables sahariens portés par les vents.
🔰Un pâle soleil s'est déguisé en lune et une lumière étrange baigne le paysage. Nous sommes stationnés près de la belle église du village et nous devisons sur l'état peu glorieux des carrosseries de nos véhicules qui portent piteusement le 🔰témoignage poussiéreux  de cet étonnant phénomène météorologique.


Un peu de l'histoire de ce charmant coin de Brie.

L'arbre La Fayette.

Un peuplier d'Italie trône majestueusement sur le parvis de l'église Saint-Pierre de Bernay-Vilbert  depuis plus de cent cinquante ans.
Comme son nom ne l'indique pas, le peuplier d'Italie est originaire d'Iran. Cette essence a été introduite en Italie puis en France, dès 1749. Le général Bonaparte, qui n'était pas encore Napoléon, l'a croisée lors de ses campagnes d'Italie et a décidé d'en planter en France. Bien des années plus tard, c'est un général non moins illustre qui inscrira la commune dans l'histoire, le général La Fayette. Ce dernier, âgé de 74 ans, coule alors paisiblement ses derniers jours dans son château de Courpalay. Fin juillet 1831, il plante ce peuplier d'Italie, baptisé "Arbre de la Liberté" sur le parvis de l'église Saint-Pierre à Bernay pour commémorer la première année de la révolution de 1830.
Le vénérable peuplier classé monument historique en 2010 est donc désormais protégé par la loi. Les scientifiques estiment qu'un peuplier d'Italie peut vivre près de quatre cents ans.

L'arbre de La Fayette pourrait ainsi connaître les années 2200 sur le parvis de cette 🔰belle église Saint-Pierre (Eglise bâtie à partir de la seconde moitié du XIIémesiècle, achevée vers 1250. Les travées de la nef sont édifiées entre le XIIIémesiècle et le XIVémesiècle.)

Un lac dans le nord du Québec....
Au XVIémesiècle,Charles Huault  de la famille du seigneur de Bernay, est envoyé par le cardinal de Richelieu en Nouvelle-France pour aider les colons à s’installer dans ce pays. Charles Huault participe à la fondation de Ville-Marie qui plus tard deviendra Montréal. Pour honorer la mémoire de ce personnage, le gouvernement canadien donna en 1945 le nom de ‘BERNAY’ à l’un des lacs situés à proximité de la rivière Saguenay au Québec.


La Bastille.
14 juillet 1789.
Au début du XVémesiècle, la Seigneurie de Bernay fut achetée par la famille de Culant. Pour réunir les fonds nécessaires, Guillaume de Culant avait vendu au roi de France, en 1382, un très vaste terrain situé au faubourg Saint-Antoine à Paris. C'est sur ce terrain que sera construit un grand château fort qui deviendra plus tard la redoutable prison de la Bastille.

Les hameaux.

Nous quittons le village par le 'chemin de la Queue Nivelle' qui domine le cours de l'Yerres. Nous allons suivre ainsi le méandre de la rivière sur le coteau de sa rive droite jusqu'aux maisons en pierre meulière du  petit hameau de Pompierre. Nous marquons un arrêt sur le petit pont qui franchit l'Yerres pour admirer une  belle propriété dans lequel le paysagiste a su brillamment utiliser la confluence naturelle de l'Yerres et de l'Yvon pour mettre en valeur un jardin à l'anglaise tout à fait remarquable. Nous allons maintenant suivre le cours de l'Yvon ce petit  affluent de l'Yerres. La rive est encore bien détrempée des pluies abondantes des derniers jours et notre progression est parfois malaisée mais personne ne se décourage et c'est dans la bonne humeur de cette marche vivifiante que nous rejoignons le Grand Bréau, un petit hameau de Courpalay. Là nous quittons le cours de 🔰l'Yvon , puis empruntons quelques sentes étroites pour traverser le village. Nous poursuivons, direction nord à travers champs pour rejoindre les coteaux de l'Yerres au niveau du hameau de Segrés. Nous empruntons le 'chemin du Moulin Aubert'. Là, de jolies maisons aux volets bleus bénéficient d'une vue inégalable sur le lac de Segrès en contrebas, un plan d'eau bucolique alimenté par les eaux de l'Yerres. Nous nous acheminons vers Vaux, un autre hameau de Bernay-Vilbert. Nous longeons l'interminable mur d'enceinte du harras du Prieuré, un établissement récent qui s'inscrit dans la belle tradition équestre de Bernay-Vilbert.


Bernay-Vilbert, terre de trotteurs.
Driver sur son Sulki.
Nous longeons le Haras du Prieuré et ses longues pistes d'entraînement hippique. Le haras est de création récente (2017) mais l'activité hippique sur le territoire de la commune est beaucoup plus ancienne. Le regretté Ali Hawa, entraîneur de trotteurs prestigieux,  a exercé ses talents au  haras de Villeneuvotte, au nord de  Bernay-Vilbert. 
Léopold Verroken, entraîneur et driver à succès, s'est aussi fixé à Bernay-Vilbert à partir de 1971. Il y réalisa un des plus beaux palmarès du trot français, grâce à des champions tels que Éléazar, Jorky, Vourasie (sœur utérine du crack Ourasi et fille du grand étalon Fakir du Vivier).
Verroken a drivé lui-même ses chevaux jusqu'à la fin des années 1980. Il prit sa retraite en 1996 et Michel Lenoir, prenant sa suite, se trouva à la tête d'un des plus grands effectifs de France. Il terminera, à trois reprises, tête de liste des entraîneurs pour les gains. Depuis 2012, le haras est dirigé par les frères Martens, deux personnalités reconnues du trot international.


Nous entrons dans Bernay-Vilbert par la Rue de Vaux, passons devant la petite mairie, puis rejoignons la rivière que nous traversons par le pont de l'Avenue du général Leclerc. Un panonceau d'ancienne facture a été conservé ici et porte en lettres gris-bleu la mention "YÈRES (RIVIÈRE)". L'orthographe 'Yères' nous interpelle. Un rédacteur inattentif aurait-il laissé passer cette forme fantaisiste ? Évidemment non ; nous évoquons là une époque où l'orthographe était une vertu cardinale. "Yéres" est, en réalité, l'ancienne écriture de "Yerres" qui, aujourd'hui a quasiment disparu même si on la trouve encore sur certaines cartes. Il ne nous reste que quelques dizaines de mètres à parcourir pour rejoindre nos véhicules et nous séparer non sans avoir pris le temps d'aller vivement remercier Jacques pour cette intéressante plongée dans la douceur paysagère de la Brie profonde.