mardi 1 février 2022

Brie-Comte-Robert (Pilou le 01/02/2022)

Photos du jour.

Un temps hivernal très maussade aura probablement dissuadé beaucoup puisque nous ne sommes qu'une petite quinzaine à s'être courageusement rassemblés pour cette balade de 10,5 km à travers les rues et chemins de ce qu'autrefois on appelait la "capitale de la Brie". Le développement économique de la ville a permis d'importants efforts de restauration et de conservation du patrimoine, de création de parcs, tout cela contribuant à faire de la ville fleurie qu'est Brie Comte Robert une cité où il fait bon vivre. C'est ce que nous nous proposons de vérifier aujourd'hui.

Le parc François Mitterrand.
Nous nous sommes garés sur le grand parking qui jouxte le cimetière. Nous nous dirigeons à travers les lotissements vers la "rue des Jardins' qui longe le Collège Arthur Chaussy. Nous rejoignons l'espace des 64 parcelles de 'Jardins Familiaux' qui ont été implantées en bordure du merlon végétalisé qui longe la Francilienne. Un verger a également été planté sur cet ancien terrain privé racheté par la commune. Nous longeons ces terrains en remontant vers le nord pour rejoindre le parc François Miterrand dans lequel nous pénétrons par sa porte sud. 
Photo D. Armanini.
Le bois qui s'étend au sud du parc s'est développé sur les terrains d'une ancienne sablière et présente un relief escarpé totalement inattendu sur le plateau briard. On pourrait penser à un terrain bouleversé par des explosions d'obus. En réalité, les excavations pratiquées dans cette ancienne sablière sont liées à la construction de la Francilienne qui passe tout près d'ici. Nous contournons les superbes plans d'eau où se prélassent canards colverts* et 🔰bernaches . Avec 25 hectares de verdure, ce parc représente la moitié des espaces verts de Brie-Comte-Robert. Il possède un plan d'eau, un bois, un terrain de football et un terrain de pétanque. Il est un des lieux favoris de promenade des habitants de Brie-Comte-Robert, qui peuvent y pratiquer du VTT, du jogging et des balades. Les élèves du lycée Blaise Pascal profitent de cet espace mitoyen de leur établissement. La pêche y est autorisée et réglementée, l'association "La Pêche Briarde" gère le plan d'eau. Nous sortons du parc par le 'chemin d'Iverny' et prenons plein nord vers le 'chemin des Justices'.
*J'ai consacré un petit article à l'étonnante sexualité des colverts dans la rubrique "On en Parle" de ce blog.

La maison du *bourreau.

 
Photo JPL
Nous traversons ce qui était autrefois la RN19 et nous nous engageons dans ce 'chemin des Justices'. Il longe un domaine naguère appelé la "Justice de Pamphou". Là, se dressaient les "fourches patibulaires". Ce sont les colonnes qui supportaient le gibet où on pendait les condamnés à mort par le Bailli de Brie. La petite allée 'Sanson Charles-Henri' conduit dans le petit lotissement établi sur l'espace de cet ancien domaine. La famille Sanson fut une dynastie de *bourreaux qui exercèrent leur art pendant près de deux siècles. Charles-Jean-Baptiste Sanson, fils et petit fils de bourreau fit ses débuts au pied de l'échafaud dès l'âge de sept ans. Il habita dans la maison du domaine de Brie Comte Robert. Cette maison existe toujours aujourd'hui.  Son fils Charles-Henri Sanson fut "exécuteur des hautes œuvres" à Paris. Il était cependant humaniste et discret partisan de l'abolition de la peine de mort. Il fut ainsi le promoteur de la machine de Joseph Ignace Guillotin qui proposait une méthode de décollation infiniment moins cruelle et plus efficace que la hache et le billot. C'est lui qui inaugura cette guillotine le 25 avril 1792, en Place de Grève lors de l'exécution du bandit Nicolas Pelletier, C'est lui aussi qui décapita le roi Louis XVI et Marie-Antoinette mais aussi de très nombreux révolutionnaires. Charles-Henri procéda à 2498 exécutions capitales pendant la période révolutionnaire. Son prénom est resté dans les mémoires et a valu à la guillotine le surnom de « la fille à Charlot » ou de « la bascule à Charlot ».
* Le mot "bourreau" pour désigner l'homme à la manœuvre était interdit pendant cette période de la  Révolution. Il fallait dire "exécuteur". 

Le chemin des roses.
Sortant du 'chemin des Justices', nous entrons dans la zone commerciale et industrielle de la ville. Nous
prenons la 'rue de l'Industrie' qui traverse la Zone industrielle de la Pierre Blanche. C'est la plus  anciennes des quatre zone industrielles que compte la ville sur lesquelles 300 entreprises travaillent.
Nous voilà maintenant 'rue du Coq Gaulois' où nous faisons une petite pause devant la façade industrielle du restaurant "La Fabrique". La plupart d'entre nous connaît le lieu et nous échangeons sur les sentiments plus ou moins enthousiastes que les mets servis ici ont provoqué en nous. On peut désormais retrouver les menus de La Fabrique à Varennes-Jarcy  désormais disponibles à la 'Maison La Feuilleraie' ouverte depuis décembre 2021. 

Nous voici maintenant 'Rue Pasteur'. Nous rejoignons le Chemin des Roses par la 'rue Winogradski'. Ce chemin est aménagé sur l'empreinte de ce qui constituait autrefois la fameuse ligne de Vincennes qui reliait Paris-Bastille à Verneuil l'Étang. 
Aujourd'hui, les voies ferrées ont laissé place à ce cheminement bucolique et les wagons qui transportaient la production des rosiéristes vers les Halles de Paris, à l'exception de celui conservé au musée de la rose à Grisy-Suisnes, n'apparaissent plus que sur de vieilles cartes postales.
Victor Étienne Gautreau, horticulteur-rosiériste à Brie-Comte-Robert fut, dès 1885, trésorier de la Société des rosiéristes de la Brie. Il créa 23 variétés de roses dont la splendide 🔰"Camille Bernardin" .
La plus vieille tradition festive briarde, la Fête des Roses, est devenue un événement incontournable du printemps en Seine et Marne. Plus de 250 000 roses en papier sont confectionnées chaque année pour décorer la dizaine de chars qui défilent dans les rues de la cité.

Nous quittons le chemin des roses au niveau des lotissements de la Rue des Chênes que l'on peut traverser par de petites sentes puis nous rejoignons la rue de Cossigny pour remonter vers le centre ville.
Nous passons devant le bâtiment en briques rouges des 🔰bains-douches municipaux qui fonctionnèrent de 1928 à 1970. Aujourd'hui le bâtiment abrite l'Office du Tourisme et du Commerce.


Le Château.
Nous voici arrivés à la porte sud du château. Le château de Brie-Comte-Robert fut construit vers 1160, par Robert Ier de Dreux, premier seigneur de Brie. C'est lui, bien sûr, ce 'Comte Robert' dont la ville a pris le nom.
Photo D. Armanini.

 Au XIVème siècle, devenu propriété de Jeanne d'Evreux, épouse du Roi Charles IV Le Bel, le château connut d'importantes transformations et la forteresse devint un château-résidence très confortable. Après les destructions de la guerre de Cent Ans et la dégradation progressive de l’édifice, le début du XVIème siècle fut  pour l'édifice un temps de  reconstruction des bâtiments intérieurs à l’enceinte dans le style Renaissance. Le confort du château retrouva alors un bon niveau puisqu’il accueillit François 1er à l'occasion de brefs passages. Puis les siècles suivants consacrèrent la lente dégradation du château, les tours en furent arasées.

Les ruines dormaient sous des remblais séculaires et la végétation., les douves évoluaient vers un marécage malodorant. quand  en 1997, une réflexion globale s’engagea sur la nécessaire conservation de ce fabuleux patrimoine. On décida qu'un Centre d’Interprétation du Patrimoine tourné non seulement sur les recherches historique et archéologique, mais aussi vers la pédagogie et la transmission des savoirs, pourrait voir le jour dans le cadre restauré des ruines du vieux château. Ainsi le château de Brie-Comte-Robert est redevenu, aujourd'hui, un lieu de vie pour les briards qui le traversent, pour les touristes qui le découvrent, pour le jeune public scolaire qui y trouve des ateliers d'animation, pour les amoureux d’histoire, d’archéologie et d’architecture et pour tous ceux qui souhaitent partager leur passion du Patrimoine.

Chaque année, début octobre,  la cité moyen-âgeuse, renaît l’espace d’un week-end ! Le château et les rues pavées s'emplissent d'un tumulte sonore et visuel : La Fête Médiévale de Brie attire plus de 25000 personnes sur les deux jours lors de chaque édition.

Le jardin des Bienfaîtes.

Nous rejoignons le centre-ville, traversons la place du marché et nous nous engageons dans le réseau de petites ruelles jusqu'au 'Jardin des Bienfaîtes'. (Simon des Bienfaîtes fut le seigneur de ce fief au XIIIème siècle.)  Le Jardin des Bienfaites possède une longue tonnelle couverte de multiple rosiers exprimant leur splendeur pendant tout 🔰l'été mais évidemment dans leur état hivernal aujourd'hui. Cette roseraie se veut le témoin de l’histoire cette production horticole de renommée internationale qui impactait l’environnement économique et local de la région durant plus d’un siècle.
Nous découvrons la petite ferme installée à l'entrée des jardins. Poules et coqs rivalisant d'élégance, une petite chèvre, un âne nous accueillent dans leur espace. Nous poursuivons sous la tonnelle dont on se prend à imaginer l'éclat l'été venu. Nous sortons du petit parc pour rejoindre le parvis de l'église.

L'église Saint-Etienne.
Photo D. Armanini. (mars 2020)
L'église de Brie est un vaste édifice, élégant, élevé et lumineux, d'un plan homogène et d'une exécution particulièrement soignée. L'église date 1230. Sous la Guerre de Cent Ans, l'église est saccagée pendant les années 1420.  Elle retrouve son éclat à la Renaissance à partir de 1540. Ce n'est qu'à partir de 1997 que commençe un grand programme de restauration portant d'abord sur les structures extérieures. 
La Charte internationale de Venise fournit des directives rigoureuses en matière de restauration. C'est dans ce cadre qu'on s'appliqua à redonner à l'édifice son harmonie originelle : À l'intérieur, on se débarrassa du badigeon de chaux délabré ;  on découvrit alors qu'à l'origine l'église était entièrement peinte. Ainsi, les couleurs telles qu'elles apparaissaient au XIIIème siècle ont été fidèlement reproduites.
Nous déambulons dans la rue de l’église, levant la tête pour  admirer les 🔰gargouilles qui surplombent la petite rue. Ces sculptures s’ornent d’une figure animale ou fantastique. Plusieurs interprétations expliqueraient leur monstruosité. Certains pensent que leur aspect terrifiant aurait une fonction protectrice de l’église. D’autres préfèrent y voir la matérialisation dans la pierre des démons en train de fuir l’édifice, repoussés par la sainteté du lieu. Cependant seule leur utilité au bon système d’égouttement d’eaux pluviales est attestée archéologiquement. À l'occasion de la restauration en 1997, deux gargouilles ont été taillées grâce au don de madame Suzanne Crochard, bénévole de l’Association Les Amis du Vieux Château, décédée en 1998. Elles portent les initiales de leur bienfaitrice.

L'Hôtel Dieu.
Photo D. Armanini.
Nous nous arrêtons place des Halles pour admirer la façade de l'ancien Hôtel-Dieu. Construit au XIIIème siècle, il fut initialement utilisé comme lieu de repos pour les voyageurs et les marchands de passage. Il devint ensuite hôpital, puis école de filles, et sert aujourd'hui de salle d'exposition.

Nous descendons par la petite 'rue de la Madeleine' vers la Poste, puis rejoignons le collège Georges Brassens qui jouxte le parking où nos véhicules nous attendent. 

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