mardi 25 janvier 2022

De Yerres /Propriété Caillebotte à Crosne /Parc du Moulin (Aimé le 25/01/2022)

Photos du jour.
Photos D. Armanini (mars 2021)

Le temps maussade  et la température glaciale de ce mardi n'auront pas décourager une quarantaine d'entre nous pour découvrir cette belle rando de 9,5 kilomètres au fil de l'Yerres qu' Aimé a organisée au départ du parking de la Rue de l'Abbé Moreau à Yerres. Une longue clôture de chantier sépare les parkings du parc du château Guillaume Budé où les travaux sont toujours en cours pour réamènager cet espace en allées piètonnes, pour y développer des espaces boisés, pour  y restaurer la grotte monumentale, pour y réhabiliter les sources qui à nouveau alimenteront la fontaine Budé redessinée et la "fausse rivière" nouvel émissaire de ces eaux cristallines vers son exutoire,  l'Yerres toute proche. Tous les Yerrois ont, comme nous, hâte que soit ouvert au public cet espace si prometteur.




La Propriété Caillebotte.

Photo D. Armanini (mars 2021)
Nous nous dirigeons immédiatement vers la Propriété Caillebotte. C'est un magnifique parc à l'anglaise de 11 hectares où nous (re)découvrons la Maison Caillebotte totalement réhabilitée et rouverte au public en juin 2017.  Elle offre au public 12 salles sur 3 niveaux, depuis le très beau vestibule tel que l’avait conçu Pierre-Frédéric Borrel jusqu'à l’atelier du peintre Gustave Caillebotte et à la cuisine, restituée avec ses carreaux de Delft du XVIIIème siècle posés au-dessus de la cuisinière en fonte. Cette maison est l'ancien manoir des Budé ou Hôtel de Narelles que le père de Gustave Caillebotte avait acquis en 1860. Pendant les étés des années 1870, Gustave installé dans la villégiature familiale, promenait son chevalet sur les bords de l'Yerres et peignit, ici, plus de 80 toiles impressionnistes, certaines témoignant de la passion pour le nautisme qu'il partageait avec son ami Alfred Sisley, d'autres illustrant de la passion pour le jardinage et l'horticulture qu'il partageait avec son ami Claude Monet. Outre la Maison Caillebotte, on peut admirer dans ce parc remarquablement arboré, le Potager et les fameuses "Fabriques". Les "fabriques" ou "fabriques d’ornementation" sont les constructions de forme pittoresque, placées dans les scènes d’un jardin paysager. À l’origine "fabrique" est un terme purement pictural, désignant les édifices qui ornent les tableaux dans la peinture de paysage.
On pourra, ainsi, s'attarder, sur cette rive de l'Yerres, devant l'Excèdre, l'Orangerie, la Volière, la Ferme Ornée, le Chalet Suisse, la Chapelle, le Kiosque et d'autres éléments ornementaux comme la Glacière, la Passerelle ou l'Embarcadère.
Évelyne qui connaît très bien les lieux indique que les prix marchands de l'oeuvre de Caillebotte atteignent actuellement des records à la cotation. Ainsi, en 2019, 🔰Chemin Montant , qui s’était vendu pour 6,8 millions de dollars en 2003, décroche le record de 22,1 millions de dollars chez Christie’s à Londres. Ce type de progression a pour effet immédiat de faire exploser à la hausse la cotation de toutes les autres oeuvres de l'artiste. Ainsi,  il se murmure que son tableau 🔰Homme au balcon,boulevard Haussmann , s’est vendu de gré à gré autour de 40 millions de dollars.


La Liaison Verte
"Liaison Verte": Ici un long platelage installé en zone marécageuse. Photo D. Armanini (Mars 2021)

Nous sortons du parc Caillebotte en suivant la rive gauche de l'Yerres particulièrement bien aménagée pour la balade ou la flânerie. Pour valoriser l’environnement, la Ville de Yerres avait lancé, il y a plus de vingt ans, un plan vert recensant les investissements à effectuer tant pour les liaisons douces, l’embellissement des parcs que pour l’aménagement des berges de l’Yerres sur environ 21 kilomètres entre les six villes du Val d’Yerres. Depuis, la communauté d’Agglomération du Val d'Yerres a réalisé une promenade dotée d’espaces récréatifs, naturels ou culturels. À Yerres, la "Liaison Verte" est achevée et relie dorénavant la ville à Montgeron/Crosne. L'aménagement prévu entre Yerres et Varennes Jarcy est encore à l'ordre du jour. Une branche de la Liaison Verte vers l'est, se prolonge le long du Réveillon jusqu’à Villecresnes et devrait à terme permettre de rejoindre Santeny.

Le Moulin de Senlis.
Photo D. Armanini (mars 2021)

Juste avant de traverser l'Yerres pour rejoindre le Parc du Moulin à Crosne, nous passons devant ce qui nous semble un édifice religieux en assez piteux état. 

Il existe un lien très ancien entre ce domaine et la diaspora russe :  Anne de Kiev, fille du prince Iaroslav le Sage, s’était installée en 1051 au château de Senlis (Oise) dont l’abbaye possédait des terrains à Montgeron. Ce sont ces parcelles qui furent choisies au XVème siècle pour la construction d’un moulin sur l’Yerres.
Le moulin à eau fut très utilisé jusqu'au XIXème siècle. C'était un des 20 moulins situés sur les berges de l'Yerres, produisant autrefois de la farine.  Par la suite, le lit de la rivière fut déplacé un peu plus au nord et le moulin perdit toute utilité. 
En 1902 la famille Esnault acheta le domaine pour le transformer dans ce style néo-gothique inattendu.
A partir des années 1920, les liens entre ces terres et la Russie ressurgirent du passé lointain : une communauté d'immigrants russes s'y installa et y construisit une église orthodoxe. Depuis 2016 les lieux sont inhabités. Les 25 familles originaires des pays de l'Est qui vivaient là ont été expulsées et relogées suite à un arrêté de péril imminent lié au fait que le bâtiment a été fragilisé par la crue trentenaire de l'Yerres en 2016. La mairie de Montgeron espère un nouvel avenir pour ce site. "Cela fait partie du patrimoine de la ville, nous ne voulons pas qu'il parte aux mains d'un promoteur", explique Sylvie Carillon, maire de Mongeron. "Nous devons désormais trouver un projet qui soit cohérent avec le lieu.". C'est aussi ce que , nous randonneurs, souhaitons vivement pour ce domaine chargé d'histoire. Christine indique que ce projet de restauration des lieux est en bonne voie.




Le Parc du Moulin

Photo D. Armanini
Nous passons la rivière et changeons de commune. Nous voilà ici à Crosne à l'entrée du Parc du Moulin. Face à nous, sur le coteau, on peut observer la façade imposante de l'Hôpital intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges qui ,comme son nom ne l'indique pas, est établi sur le territoire de Crosne. Le bâtiment principal date de 1971 et dans le demi siècle qui s'est écoulé depuis, d'autres structures sont venues s'ajouter proposant d'autres perspectives architecturales pour de nouveaux services hospitaliers.
Nous pénétrons dans le parc. Laisser la nature reprendre ses droits dans cet espace de 10 hectares arraché à un territoire urbain est ici le leitmotiv de la Communauté d’Agglomération. Avec ses cheminements aménagés, ses aires de repos, tant pour les promeneurs que pour la faune et la flore, ses points d’observation et son étang, cette zone d’expansion de crues a une vocation paysagère, écologique et pédagogique. (La lutte contre les crues est ici un enjeu majeur ; nous ne sommes effectivement qu'à deux pas des quartiers bas de Villeneuve-Saint-Georges coincés entre la Seine et l'Yerres et régulièrement inondés lors des crues majeures de la rivière).
Nous observons quelques moutons à laine noire, probablement de la race Noire du Velay, paître paisiblement dans la partie ouest du parc. Un projet municipal  baptisé "Coulée Verte" est dores et déjà engagé pour permettre le passage en liaison douce du Parc du Moulin jusqu'au Verger de Crosne puis jusqu'aux jardins familiaux des Uselles et le chemin du Grand Ha-Ha qui rejoint le Bois de Lagrange. Un bonheur pour nous randonneurs.


L'Île des Prévosts .

Photo JPL (juin 2020)

Il est temps de nous en retourner. Nous regagnons la rive gauche que nous remontons le long de l'Île des Prévosts puis traversons à nouveau la rivière pour découvrir un joli panorama sur l'île. Là, une plateforme d'observation panoramique a été installée présentant un large affichage illustré informant sur la faune et la flore que l'île abrite. Située entre deux bras de l’Yerres, l’île des Prévôts est inaccessible au public, non sans raison. Pollutions sonores, déchets, dégradations… la présence de l’homme compromettrait la biodiversité de ce patrimoine naturel exceptionnel. Ce lieu abrite, entre autres, sureaux, églantiers, frênes, érables, ronciers, orties… Ces dernières sont très prisées de la rousserolle verderolle, une espèce d’oiseau, qui y construit son nid et y trouve de la nourriture, avant de migrer en août ou septembre vers le Sud-Est africain. Parmi les oiseaux qui y séjournent, on trouve également la fauvette grisette et le faucon crécerelle. 


Crosne.
Nous longeons le côté est de l'Île des Prévost, traversons le bras nord de l'Yerres pour rejoindre le centre-ville.
Nous faisons une pause devant un 🔰panneau d'information installé face à ce qui fut autrefois le Château de Crosne. Bonaparte souhaitait que l'ordre de la Légion d'Honneur soit prestigieux. Le choix des bâtiments devait donc se porter sur de beaux locaux, ayant suffisamment d'éclat pour être la résidence du chef de la cohorte, mais aussi imposant pour permettre l'installation des légionnaires nécessiteux ou désireux de se rencontrer.  Ainsi, le château de Crosne répondant à toutes ces exigences fut choisi par Napoléon pour devenir le chef lieu de la première Cohorte de la Légion d'Honneur.  Le château devenu inhabitable après des crues exceptionnelles a été entièrement démoli pendant le Second Empire et ses pierres furent récupérées et utilisées pour les grands travaux hausmaniens de la transformation de Paris.

Nous remontons maintenant vers l'Avenue Jean Jaurès, l'artère principale de Crosne que nous quittons un moment pour rejoindre la place de l'Église. La petite église, Notre Dame de l'Assomption, blottie dans un charmant réseau d'étroites ruelles. Elle conserve quelques éléments d’architecture du XIIème ou XIIIème siècle, comme les chapiteaux du chœur ou le portail. Mais l’essentiel de l’édifice a été construit au XVIème siècle. Elle reste ouverte en journée et plusieurs d'entre nous en profitent pour  aller visiter les lieux où on peut apprécier de très beaux chapiteaux (oiseaux et griffons) surmontant les quatre piliers du chœur. Parmi les œuvres d’art les plus anciennes qui subsistent dans l’église figurent la statue de Sainte-Anne du XVIIème siècle et une copie de la vierge d’Autun. La restauration a été effectuée entre 1997 et 1999. Au cours des travaux, des sépultures datant du IXème siècle ont été découvertes.

 La petite Rue Suzanne nous permet maintenant de regagner la rive gauche de l'Yerres. Nous suivons la rivière en direction de Yerres. Ici, on ne ressent guère la pression urbaine pourtant très forte dans ce petit coin de l'Essonne. L'environnement de la rivière, protégé, choyé par les populations et les politiques locales conserve un caractère bocager et pastoral tout à fait réjouissant. Un panneau d'information indique que, dans le cadre d’un projet d’éco-pâturage, des moutons viendront dès le printemps participer à l'entretien des roselières.
Nous passons, maintenant, devant la piscine Pierre de Coubertin dont la réfection complète s'élevant à quelques 400 mille € avait créé une polémique municipale en 2017. Nous pénétrons à nouveau dans le Parc Caillebotte et regagnons nos véhicules en suivant le 'Chemin des Poètes'.  Une vingtaine de 🔰stèles y ont été installées, de place en place, au fil de l'Yerres, chacune présentant un ou deux courts poèmes. Dans ce cadre idéal, le fil conducteur de tous ces petits poèmes ne pouvait être que l'amour bien évidemment, thème éternel de la poésie. Il ne nous reste plus qu'à traverser le Pont du 18 Juin pour rejoindre nos véhicules garés un peu plus loin sur la rive droite de l'Yerres. Un grand merci à notre ami Aimé pour la parfaite organisation de cette belle rando.

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