Photo D. Armanini |
Après un début d'été très chaotique sur le plan météorologique, ce mardi s'annonce quasi estival. Nous allons enfin pouvoir reléguer ponchos et guêtres pour profiter d'un bel après-midi sur la rive gauche de la Marne entre Bonneuil et Créteil sur un parcours de huit kilomètres d'île en île et de passerelle en passerelle.
Le Bras du Chapitre.
La balade commence à l'extrémité nord du quai du Rancy qui longe la grande Darse de Bonneuil. (Voir l'article consacré au mot "Darse"dans la rubrique "On en parle".) C'est un paysage portuaire et industriel plutôt hostile et on est loin d’imaginer ce qui nous attend à 50 mètres de notre stationnement où immédiatement après avoir dépassé les installations du club nautique, nous allons découvrir une petite ruelle ombragée à la végétation luxuriante qui longe un étroit bras de la Marne tout à fait bucolique. C'est le Bras du Chapitre. Difficile aussi d'imaginer qu'autrefois, trois moulins (le moulin vieux ; le moulin neuf ; le moulin d’en-haut) étaient établis sur ce petit cours d'eau qui traversait, alors, une dynamique zone artisanale importante pour Créteil. Plus tard quand les guinguettes envahirent les bords de Marne, on venait joyeusement faire la fête à cet endroit. De tout cela ne subsiste aujourd'hui que cet étroit chemin qui déambule le long du Bras du Chapitre dans une parfaite quiétude. Les chanoines du Chapitre de Notre Dame de Paris furent propriétaires de l'endroit à partir de 980 et jusqu’au XVIème siècle, d'où le nom 'Chapitre' donné à ce petit bras de Marne.
Photo JPL |
Nous poursuivons sur ce chemin du Bras du Chapitre et découvrons un petit square installé ici depuis la fin du XIXème siècle. Il accueille un joli kiosque à musique très semblable à ceux en vogue en ce XIXème siècle si inspiré. En fait, celui-ci a été réalisé en 1989 par les apprentis charpentiers du lycée technique François-Mansart de Saint-Maur. Beau travail, vraiment ! Le nom donné à ce square, 'Daniel Jullien', est celui d'un grand résistant, natif de Créteil, mort en déportation pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Un peu plus loin, nous passons devant ce qui fut autrefois l'auberge du Petit Cochon de Lait. Pas moins de quatorze guinguettes s’égayaient tout au long du Bras du Chapitre. Toutes sont devenues, aujourd'hui, des maisons particulières. Le Petit Cochon de lait détient le record d’ancienneté et de durée : 1896-1999. Un concours de natation était organisé, chaque été sur près de 2 km, entre 'Le Petit Cochon de Lait' et une autre guinguette 'L’Arche de Noé'.
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Le Bras du Chapitre, impropre à la navigation fluviale, comptait en 1869, outre le bateau à lessive de M. Bellier, un bateau-lavoir dépendant du Moulin Vieux. Dans les registres municipaux du XIXème siècle, sont mentionnées des plaintes véhémentes portées contre les lavandières : « La commission a remarqué que la descente des chevaux était encombrée par des blanchisseuses et que la promenade à la suite servait à étendre le linge. Il est impossible que cet état de chose continue, les chevaux ne pouvant descendre dans cet abreuvoir dont les eaux sont troublées et gâtées par le savon et les produits chimiques. »
Ces lavandières locales, tant décriées par les marchands, ont cependant inspiré Victor Hugo qui, en 1859, résida un court moment dans l'auberge du Petit Cochon de Lait où il écrivit ces quelques vers :
J’ai vu, j’ai couvert de clins d’yeux
Une fille qui dans la Marne
Lavait des torchons radieux.
Près d’un vieux pont, dans les saulées,
Elle lavait, allait, venait ;
L’aube et la brise étaient mêlées
À la grâce de son bonnet.
Je la voyais de loin. Sa mante
L’entourait de plis palpitants.
Aux folles broussailles qu’augmente
L’intempérance du printemps,
Aux buissons que le vent soulève,
Que juin et mai, frais barbouilleurs,
Foulant la cuve de la sève,
Couvrent d’une écume de fleurs,
Aux sureaux pleins de mouches sombres,
Aux genêts du bord, tous divers
Aux joncs échevelant leurs ombres
Dans la lumière des flots verts,
Elle accrochait des loques blanches,
Je ne sais quels haillons charmants
Qui me jetaient, parmi les branches,
De profonds éblouissements.
Nous poursuivons le long du Bras du Chapitre. Le chemin se termine par un petit escalier que nous empruntons pour nous retrouver brutalement sur les quatre voies du trafic intense entre l'église de Créteil et le Pont de Créteil. Nous les traversons au plus vite et poursuivons sur la Rue du Port. Une petite passerelle permet de traverser le Bras du Chapitre à son extrémité nord juste avant qu'il ne conflue avec la Marne. Nous pénétrons ainsi sur le territoire des quatre Îles de Créteil qui s'étendent entre la rive gauche de la Marne et la rive droite du Bras du Chapitre.
Les Îles de Créteil.
Photo D. Armanini |
Nous entrons donc dans l'île Brise-Pain et ses petits jardins familiaux particulièrement soignés. Nous passons maintenant sous la lourde structure du pont de Créteil et marquons un arrêt près de l'écluse de Créteil. Une clôture empêche l'accès à ces importantes installations fluviales. En effet, à la hauteur du barrage de Créteil, l'écluse permet le passage vers le Port de Bonneuil de très grosses péniches de plus de 120 mètres de long et de plus de 11 mètres de large avec un tirant d'eau supérieur à trois mètres. Ces péniches peuvent chacune transporter jusqu'à 1600 tonnes de fret. Le trafic fluvial desservi par cette écluse est exclusivement celui lié à l'activité du Port de Bonneuil puisqu'au delà de l'entrée dans les darses de ce port, la Marne est interdite aux lourdes embarcations jusqu'à Joinville-le-Pont. Nous poursuivons vers le sud et passons devant la piscine Sainte Catherine. Cette piscine, désormais fermée au public, est réservée aux scolaires et aux associations. Nous nous ménageons un petit détour sur notre droite pour découvrir la petite passerelle sur la Guyère. La Guyère est un petit chenal qui délimite avec le Bras du chapitre, la petite île de la Guyère magnifiquement fleurie.
Photo D. Armanini |
Nous remontons le coteau et prenons, sur notre gauche, la rue Bellevue pour nous diriger vers le Parc Départemental du Rancy.
Le Parc du Rancy.
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Nous entrons dans ce beau parc de sept hectares par sa porte ouest. Il est magnifiquement entretenu et connait un réel succès auprès des familles des quartiers voisins. Aménagé sur ce qui était à l’origine une partie des jardins du château de Rancy, ce parc historique descend en coteau vers la Marne et le port de Bonneuil-sur-Marne. Une allée de platanes, vestige de l’ancienne allée cavalière du château, traverse le parc, donnant à cet espace de promenade et de détente un aspect majestueux. Un important programme de réaménagement a également permis de restructurer les petites allées et les entrées du parc. Ses pentes boisées accueillent de nombreux équipements de détente pour les petits et grands enfants. Le petit jardin de plantes médicinales du parc est constitué de près de 150 espèces botaniques différentes et permet de découvrir des plantes peu connues, comme la 'jusquiame noire' ou le 'gant de Notre-Dame'.
Au détour d'une allée, nous découvrons un magnolia qui conserve encore en cette saison quelques-unes de ses énormes et splendides fleurs.
Photo D. Armanini |
Nous descendons le coteau à travers les allées du parc et en sortons par la rue de l'Ouest. Nous entrons dans le secteur industriel du Port de Bonneuil.
Le Port de Bonneuil.
Nous longeons maintenant la Darse sud du Port de Bonneuil. (Voir l'article consacré au mot "Darse"dans la rubrique "On en parle".)
Le port de Bonneuil a plus d'un siècle ; On acheva sa construction dès octobre 1916 et fut immédiatement opérationnel. En pleine guerre 14-18, il s’agissait bien sûr d’approvisionner les tranchées. À l’intérieur de la ceinture des forts, très peu éloigné de la zone de front des armées sur la Marne, le site répondait aux critères indispensables. En 1918, quelques 800 mille tonnes de matériel militaire et de charbon transitent ainsi par le port de Bonneuil. Les chargements arrivent des ports du Havre et de Rouen et poursuivent leur route vers l’Est en train. L’armistice mit fin à cette activité. La ville de Bonneuil, alors peuplée de moins de 800 habitants, n’a guère les moyens d’acquérir le port. C’est donc VNF (Voies navigables de France) qui en prend la gestion, Les travaux d’achèvement du port reprennent à la fin des années vingt. La darse sud est achevée au début des années 1930. Les premières entreprises se sont implantées dès les années 20. La plus vieille entreprise encore présente aujourd’hui est la Colas, arrivée dans les années 1930. C’est le développement économique du port qui a permis le développement de Bonneuil-sur-Marne. Aujourd’hui, le port de Bonneuil, désormais propriété de Ports de Paris Haropa est le deuxième port fluvial d’Ile-de-France après Gennevilliers. Avec ses 186 hectares et plus de 150 entreprises, il accueille un trafic de marchandises par voie d’eau de 1,2 millions de tonnes et génère plus de 2000 emplois directs.
Le Port de Bonneuil.
Les deux darses du Port de Bonneuil. |
Le port de Bonneuil a plus d'un siècle ; On acheva sa construction dès octobre 1916 et fut immédiatement opérationnel. En pleine guerre 14-18, il s’agissait bien sûr d’approvisionner les tranchées. À l’intérieur de la ceinture des forts, très peu éloigné de la zone de front des armées sur la Marne, le site répondait aux critères indispensables. En 1918, quelques 800 mille tonnes de matériel militaire et de charbon transitent ainsi par le port de Bonneuil. Les chargements arrivent des ports du Havre et de Rouen et poursuivent leur route vers l’Est en train. L’armistice mit fin à cette activité. La ville de Bonneuil, alors peuplée de moins de 800 habitants, n’a guère les moyens d’acquérir le port. C’est donc VNF (Voies navigables de France) qui en prend la gestion, Les travaux d’achèvement du port reprennent à la fin des années vingt. La darse sud est achevée au début des années 1930. Les premières entreprises se sont implantées dès les années 20. La plus vieille entreprise encore présente aujourd’hui est la Colas, arrivée dans les années 1930. C’est le développement économique du port qui a permis le développement de Bonneuil-sur-Marne. Aujourd’hui, le port de Bonneuil, désormais propriété de Ports de Paris Haropa est le deuxième port fluvial d’Ile-de-France après Gennevilliers. Avec ses 186 hectares et plus de 150 entreprises, il accueille un trafic de marchandises par voie d’eau de 1,2 millions de tonnes et génère plus de 2000 emplois directs.
Il ne nous reste plus qu'à déambuler sur le quai du Rancy jusqu'à son extrémité nord pour retrouver nos véhicules.
Carte de notre circuit :
Le plan imprimable et le fichier GPX de ce circuit sont accessibles dans l'onglet "GPX&PDF". (Mot de passe nécessaire)
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